J'AI FAIM, OK? ♦ Mimy & La Chaussette

Anonymous
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Dim 16 Déc - 3:02
Curieux, cet endroit. Cela ne faisait pas si longtemps que j'y étais (peut-être quelques heures, peut-être quelques jours, peut-être plus) et j'avais encore cet espèce d'impression d'engourdissement, comme si je n'étais pas vraiment là. Comme ce que l'on ressent parfois lorsqu'on est très fatigué ou émotionnellement mort. On avance dans un brouillard, notre mémoire ne fonctionne plus qu'à moitié et même la plus incongrue des visions nous laisse indifférent. Peut-être était-ce la bizarrerie de cette endroit. Peut-être était-ce aussi le fait que ce n'était probablement qu'un rêve bien réaliste. Mais certaines choses qui se trouvaient ici, j'avais de la difficulté à concevoir que mon cerveau eut pu les imaginer. Un être marchant sur quatre jambes de deux mètres de haut, la tête située sous son « torse » rectangulaire dont la peau bleue luisait dans l'obscurité, ou encore un être humain dont les trois jambes se finissaient par des patins et le dos était recouvert d'une épaisse fourrure jaune... Ces créatures n'étaient pas vraiment effrayantes, mais cette façon que certaines avaient de vous regarder, comme si elles allaient vous sauter à la gorge dans la minute suivante, pouvait facilement vous glacer le sang.

Il n'y avait pas que cela. Il y avait aussi le monde autour de moi qui était remplis d'apparences trompeuses, comme si quelqu'un, quelque part, s'amusait à jouer aux farces et attrappes avec moi. Exemple très simple: ce sandwich que je voulais manger il y a quelques minutes à peine qui n'était en fait qu'un morceau caoutchouteux au goût fade. Les apparences étaient si trompeuses que manger un morceau de tuyau au goût de chocolat semblait complètement logique. Néanmoins, la faim tenaillait mon pauvre estomac qui n'avait pu se sustenter que de quelques bouts de caramel mou arraché à ces plantations que j'avais trouvé en me rendant dans cet endroit que je ne pouvais me résoudre à qualifier de villes. Jouets pour enfants agrandissement 500%, boîtes de conserves, vêtements, camions, châteaux, etc. Tout ce qui pouvait contenir quelque chose avait été agrandi et transformé en logement de fortune. Le problème n'allait pas tarder à se poser pour moi aussi. La fatigue rendait mes paupières de plus en plus lourdes et mes pauvres pieds avaient peine à me porter tant ils étaient enflés.

Quoi faire, donc, dans ce monde où tout semblait factice, rembourré? Pouvait-on être fatigué dans un rêve? Tout ceci était beaucoup trop réaliste pour un rêve, mais en même temps beaucoup trop irréel pour faire partie de la réalité. Marchant toujours malgré la douleur de la plante de mes pieds, je débouchai sur un endroit dégagé, ouvert. En son centre trônait une estrade de bois couvert et le lieu était entouré de bâtisses bizarres de toutes sortes de formes, pas très différent de tout ce que j'avais vu jusqu'à ce moment. Épuisée, je me dirigeai vers la construction au centre de la place et m'affaissai sur le bord de celle-ci. Soupir. J'essuyai la sueur sur mon front et chassai quelques mèches de devant mon regard, avant de fixer d'un oeil vide les gens qui circulaient autour de moi.
Anonymous
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Dim 16 Déc - 13:02
Journée habituelle pour SamSock. Déambulant d'un pas tranquillisé par l'habitude, il offrait ses fleurs et discutait avec les passants. Enchaînant avec un calme olympien les conversations qui ne tenaient pas debout, il continuait ainsi sa marche à travers la ville, collectionnant les anecdotes insolites et les informations sans queue-ni-tête. Répondant toujours avec un sourire aimable ou une exclamation intéressée remarquablement bien imitée. Il donnait de la joie à ses clients, presque malgré lui. Et c'était ainsi, quasiment tout les jours. Tous les jours, il devait se forcer à être aimable avec ces créatures affreuses qu'il détestait, et donner des fleurs à des personnes si étranges que le jeune homme les aurait volontiers rangé dans la case "abomination". Il ne pouvait rien apprécier dans ce monde, à part les fleurs. Une fois qu'il eut écoulé le grand bouquet qu'il portait avec lui, il décida de rentrer chez lui. Son pas s'accéléra sensiblement. Fendant la foule tel un fantôme, il n'avait qu'une hâte: retrouver le semblant de normalité qu'il entretenait chaque jour. Dès qu'il fut arrivé devant son petit appartement, proche de la Grand-Place, il s'y enferma en soupirant. Il se sentit tout à coup beaucoup plus serein. Bien sûr, ce n'était qu'une illusion, car il ne pouvait être vraiment tranquille tant qu'il demeurerait dans ce monde étrange. Mais la contemplation de son chez-lui, c'est-à-dire de tous les efforts qu'il avait fait pour avoir un simulacre de normalité dans son existence ne pouvait que lui redonner une ombre de sourire. Son habitat était une maison, une toute petite maison, composée d'à-peine trois pièces, si bien qu'il considérait plutôt ça comme un grand studio que comme une véritable habitation. Sa chambre, aux murs dépourvus de la moindre décoration, n'abritait qu'un grand matelas posé à même le sol, avec, à sa gauche, une grande armoire contenant ses habits. La salle de bains, ensuite, était tout ce qu'il y avait de plus classique. Et c'était justement cet aspect qui était choquant ici: elle était normale. Enfin, le salon, pièce centrale de l'habitat, était la pièce préférée de SamSock. Avec son plancher en bois vert pomme et ses belles fenêtres (associées avec des rideaux parfaitement adaptés aux tons), c'était la réussite de l'existence de Samuel depuis son arrivée ici. Un côté de la pièce contenait four, évier et frigidaire, ainsi qu'un placard à ustensiles, et de l'autre, un entassement bien disposé de paniers d'osier tressés et d'autre chaises empaillées, deuxième passion du jeune homme. Au centre se trouvait une table, à peine suffisante pour les coudes d'une personne, accompagnée d'une chaise pliante (verte) elle aussi, minuscule. L'élément primordial était la rose aux teins mordorés qui se trouvait sur le pupitre en question. Une vraie fleur. Le fleuriste s'occupait d'elle avec toute l'attention du monde, comme il en faisait d'ailleurs pour son appartement, qu'il entretenait avec plus d'acharnement que d'amour. C'était ainsi, le combat implicite qui menait contre la folie de ce monde stupide.
Car en effet, avoir des objets communs au monde normal relevait de l'exploit quand on vivait dans l'Esquisse. Souvent, ce qui avait l'allure d'un objet représentait souvent l'inverse de ce qu'il laissait penser. Les apparences n'étaient jamais aussi trompeuse qu'ici. C'était pour cela que le jeune homme était constamment aux aguets, sur là où il marchait, ce qu'il touchait, à qui il parlait. Cette prudence paranoïaque s'était insidieusement ancrée jusqu'au plus profond de lui avec le temps. Alors qu'il observait sa rose jaune, installé du mieux qu'il pouvait sur son semi-tabouret, il pensa à ceux qui était encore de l'autre côté. Ses amis, sa famille... Comment se portaient-ils, eux ? L'idée de ce qu'avait pu provoquer sa disparition soudaine l'effleura. Il repoussa aussitôt cette pensée sordide. "C'est bon, pas besoin d'en rajouter", c'était-il dit. Il resta un moment immobile, l'esprit vide, presque en état de plénitude. Puis, finissant par avoir mal au dos, il reprit contact avec la réalité et se décida à faire un tour dans la ville, juste pour de dégourdir les jambes. Mine de rien, il était resté des heures planté devant sa rose. Il enfila un manteau noir et une écharpe pourpre, puis alla flâner dans les ruelles. L'ennui, ça aussi c'était terrible. Heureusement qu'il trouvait toujours le moyen d'occuper convenablement son existence chamboulée. Après avoir trotté durant plusieurs minutes, il se mit à chercher un banc pour pouvoir s'y reposer un peu. Cela faisait partie de ses rituels du soir, admirer le ciel avant d'aller se coucher. Il sourit quand il remarqua que ses pas l'avaient guidé sur la Grand-Place. Son parcours finissait toujours par avoir l'air d'une grande boucle. Il arqua un sourcil en surprenant une personne qu'il n'avait jamais vu auparavant dans la ville. A force, il était devenu un "habitué" de la région, aussi il commençait à connaître les diverses personnalités qui hantaient ces rues. Et pour le coup, il y avait une inconnue parfaitement normale d'apparence, qui semblait épuisée, et dont l'attitude était beaucoup trop singulière pour être celle de quelqu'un d'ici. Une nouvelle arrivante ? L'altruisme de SamSock prit finalement le pas sur sa méfiance, aussi, il se risqua à l'aborder. Et si c'était encore un timbré d'esquisse, tant pis, il n'aurait qu'à s'écarter poliment. Il s 'approcha de l'inconnue et lui de demanda d'une voix douce:

-Tout va bien mademoiselle ?
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Dim 16 Déc - 23:21
La fatigue et la faim pesaient encore plus lourd sur mon pauvre crâne maintenant que j'étais immobile. Le rythme de la foule marchant à pas réguliers dans une direction ou dans une autre avait de quoi à vous hypnotiser. Je ne sais pas ce que je faisais à cet endroit. Attendais-je que des frites et des hot-dogs tombent du ciel? Je ne savais pas quoi manger et je ne savais pas non plus avec quelle monnaie ces gens transigeaient. Ce qui était certain, c'est que je n'en avais pas un centime et que je ne pouvais donc pas me procurer quelque chose de comestible dans un supermarché ou quelqu'endroit que ce soit qui vendait de la nourriture par ici. Et il y avait toujours le problème de me trouver un toit. Allais-je dormir sur un banc en espérant que celui-ci soit assez compatissant pour se faire mollasson? Nouveau soupir. Ce n'est pas comme si j'avais la moindre idée de l'endroit où j'étais.

Et soudainement, alors que tout semblait se brouiller devant mes yeux, il me sembla qu'une silhouette se détachait de la foule. Un sauveur? Non, probablement pas. Mais si, ce jeune homme semblait bien se diriger vers moi. Grand, mince, chevelure en bataille et air sérieux. Assez charismatique, mais ce n'était pas mon genre. Et comment ce fait-il que je pensais à draguer? Ce n'est pas perdue dans cet univers fantasmagorique et prisonnière du corps d'une mioche de 12 ans que j'allais faire quelque impression que ce soit. Il portait un manteau foncé et une écharpe d'un rouge vin profond tirant sur le violet. Comment appelait-on cette couleur, déjà? Je ne m'en rappelais plus, mais qu'importe, il était de plus en plus évident que cette personne se dirigeait bel et bien vers ma personne recroquevillée contre l'esplanade de bois. Lorsqu'il fut assez près pour que je l'entende, il m'adressa la parole (j'assumais depuis le début qu'il s'agissait d'un homme mais qui me disait que ce n'était pas une femme?).

« Tout va bien, mademoiselle ? » demanda-t-il doucement.

Un autre fou venu me tendre une main faussement amicale? Peut-être que si, peut-être que non. Je levai le regard pour croiser le sien, franc et clair. Il avait au moins l'air de ne pas avoir la tête obscurcie par quelque moucheron de folie. Je réfléchis un instant avant de répondre, déglutissant avec peine le peu de salive collante qui traînait dans ma bouche trop sèche.

« Vous n'auriez pas quelque chose à manger qui traîne dans le fond d'une de vos poches? » répondis-je en tâchant de ne pas trop avoir l'air d'une mendiante.

Pourtant, c'est bien cela que j'étais en train de faire, c'est-à-dire mendier mon repas. Je ne savais rien de ce lieu et je ne savais pas du tout où trouver de quoi à me sustenter. J'étais désespérée, perdue, presque malade car je ne savais toujours pas comment j'allais réussir à ne pas mourir dans un coin. Je dépliai mes jambes avec difficulté. Je n'avais envie que de retirer les bottines qui enserraient mes pauvres petits petons. Souffrance, ô souffrance, pourquoi t'acharnes-tu sur mon insignifiante personne? Mais le faire maintenant qu'un étranger m'observait serait impoli.
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Lun 17 Déc - 19:39
SamSock eut un petit sourire en entendant la requête de la jeune fille. C'était presque mignon, cette sorte d'innocence sur laquelle il venait de tomber. Non pas qu'il sous-considérait la femme qu'il avait devant lui, mais que cela lui évoquait tellement de choses de sa vie d'avant qu'il n'avait pu s'empêcher d'éprouver une certaine satisfaction. Il repensait à ce moment où, un jour, il avait offert son pain au chocolat à un pauvre hère qui était passé devant sa boutique. C'était fou ça, de vivre dans une société qui menait à croire qu'offrir un peu de nourriture dont la valeur était misérable faisait de soi un homme profondément bon, empreint à l'amitié et la solidarité. C'était bien sur le coup, mais ce n'était pas avec ça que le mendiant allait survivre, mais qu'importe. Samuel ne voyait absolument pas l'inconnue comme une misérable mais plutôt comme quelqu'un avec qui, peut-être, elle allait pouvoir s'entendre. Il se souvint de toutes les fois où ils se fit berner par les apparences depuis son arrivée ici. L'espoir fait vivre, comme on dit. Aussi, il tenta. Il lui restait un sandwich, un jambon-beurre, soigneusement emballé dans un aluminium vert (le seul qu'il avait pu trouver de convenable dans l'Esquisse), qui attendait au fond de la poche de son manteau. C'était souvent ce genre de casse-croute qui composait l'essentiel des repas du jeune homme. Comme c'était le met le plus facile et le plus pratique qu'il pouvait se procurer ici, il en avait fait son quotidien alimentaire. Il aimait bien ça, c'était rapide et ça se laissait manger à toutes les occasions. Ce quatre-heure oublié, qu'il n'avait pas eu envie de consommer dans la journée, constituait le parfait présent à remettre à la jeune fille. C'est ce qu'il se décida de faire. Il la lui remit, défaisant son petit paquet avec beaucoup de technique, et lui tendit. Elle s'empressa de s'en emparer et l'attaqua avec un appétit féroce qui faisait plaisir à voir. Se disant que la glace était brisée, il se permit de s'installer à ses côtés, sur le banc. Ses yeux étaient hypnotisés par le ciel.

-Et ça fait longtemps que vous êtes ici ? Demanda-t-il.


Dernière édition par SamSock le Mer 26 Déc - 14:36, édité 1 fois
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Jeu 20 Déc - 3:56
NOURRITURE! Il sortait, il sortait... Mais qu'est-ce qu'il sortait? De sa poche, il extirpa un étrange paquet enveloppé dans une matière brillante, verte, métallique. Du papier d'alu vert? Il défit soigneusement ledit paquet qui révéla son contenu... Un sandwich. YES! SANDWICH! Mon estomac gargouillait déjà et un flot de salive inonda ma pauvre bouche et je m'en emparai avant même qu'il eut terminé son mouvement pour me le donner. Avidement, presqu'en une seule bouchée, cette précieuse offrande disparut dans mes entrailles. Omnom. Ça faisait tellement du bien. Du jambon, du pain, du beurre. Simple mais assez pour calmer mon appétit pour au moins une heure... J'étais agréablement surprise de trouver des aliments qui goûtaient et qui avaient la même texture que le laissaient présager leur apparence. Seraient-elles moins trompeuses que je ne le pensais? Néanmoins, avec ce pain, ma bouche était de nouveau sèche comme un désert. L'inconnu, visiblement satisfait, s'avança et s'assit sur le banc de bois austère, sur ma droite.

« Et ça fait longtemps que vous êtes ici ? » me demanda-t-il.

En fillette de peu de classe -ce corps était peut-être pratique finalement-, j'essuyai grossièrement ma bouche et avalai les dernières miettes qui traînaient entre mes dents. Je déglutis avant de répondre d'une voix rauque.

« Pas tant que ça... Peut-être quelques heures, peut-être une journée, peut-être deux... »

J'étouffai un bâillement et étirai mes bras au-dessus de moi. Eh ouais, l'estomac plein, voilà que la fatigue pesais encore plus lourd sur mon crâne. Mais la soif restait. Et je levai les yeux. Le jeune homme observait le ciel rosé. J'y levai les yeux aussi. Les mots, peu différents d'à mon arrivée, se battaient toujours pour occuper l'espace, si bien qu'arriver à en lire plus de deux à la suite était un miracle.

« Merci beaucoup pour le... euh, sandwich. »

Je recroisai les jambes et étouffai un hoquet. Fffffuuu.
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Mer 26 Déc - 14:56
Samsock était éblouit par tant de spontanéité. La jeune fille semblait pétiller d'une énergie que le fleuriste n'aurait jamais cru retrouver un jour. C'était cela, l'élan de l'innocence et de la joie simplement exprimé. Un sandwich, un bête sandwich, mais qui semblait apporter tant de réconfort à l'adolescente que Samuel ne fit aucune remarque (il ne voulait absolument pas gâcher son plaisir). Après un court instant, il reçut la réponse à son interrogation suivit d'un remerciement qui lui fit avoir une ombre se sourire. Sa confiance qu'il éprouvait pour l'inconnue s'accentua. Elle avait l'air si franche qu'il eut maintenant presque des scrupules à douter de sa loyauté. Mais qui sait, la Voix d'Esquisse est plus que sournoise... Il poussa un profond soupir. Plongé dans ses pensées, il remarqua, au bout d'un petit moment, que le regard de la fille était posé sur lui. Il eut alors l'impression de sortir d'un profond sommeil. Cette manie de s'enfermer dans ses réflexions quand il était seul le pourchassait aussi quand il était en société. Mais comment le blâmer ? Il se sentait si seul parfois, dans ce monde de timbrés où il avait l'impression d'être le seul conscient d'être plongé dans ce sinistre rêve, que parfois, il se demandait s'il n'en devenait pas misanthrope. Il reprit aussitôt contenance et fit d'un air aimable:

-Vous m'avez l'air épuisé. Si ça ne vous dérange pas, nous pourrions allez chez moi, c'est à deux pas d'ici. C'est la première fois que je croise quelqu'un de normal, et je n'ai pas envie que l'on épie notre conversation...

Il avait terminé sa phrase avec un ton plus méfiant qu'il ne l'aurait voulu. D'ailleurs, en y repensant, il avait belle figure, à inviter ainsi une jeune fille qu'il ne connaissait pas ! Enfin, en soit ce n'était pas si grave. Au sein de l'Esquisse, personne n'irait le lui reprocher. Et puis Samsock était loin d'avoir des intentions malhonnêtes. Tout ce qu'il voulait, c'est avoir un peu de compagnie. La découverte de personnes qui figuraient dans le même cas que lui fut d'ailleurs une excellente surprise. Peut-être y en avait-il d'autre, perdus, en train d'errer dans cet univers de fantaisie ? Force était de constater que la réponse de l'enfant ne se fit pas attendre et vu même agréablement positive. Alors, en homme galant, Samuel se chargea de l'accompagner convenablement à son logis. Il l'a fit entrer la première, puis referma doucement la porte derrière lui. Elle semblait subjugué par le style de son intérieur.

-Voila... Comme je te l'ai dis, c'est assez étroit, mais bon, on fait avec. Vu que tu viens d’atterrir ici, tu n'as nul part où dormir, j'imagine ?
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Mar 8 Jan - 23:33
Que faire maintenant, mais que faire? La suite n'avait rien à promettre. Je dormirais dans un coin pendant quelques heures avant de me faire réveiller à nouveau par mon ventre geignard. Il me fallait quelqu'un qui puisse m'aider à comprendre où j'étais. Certes oui des choses apparaissaient comme par magie, mais elles étaient rarement ce qu'elles semblaient être, ou sinon avaient une apparence complètement différente de ce qu'elles étaient vraiment. Pfew. Cet endroit me donnait déjà le tournis. Serait-je capable d'y survivre et, surtout, d'en trouver la sortie?

Le jeune homme assis près de moi saurait probablement m'aider. Je me surpris à détourner le regard du ciel pour le fixer d'un regard qui insistant. Après un moment ainsi, il détourna les yeux vers moi et, semblant émerger de pensées bien profondes, s'adressa à moi.

« Vous m'avez l'air épuisée. Si ça ne vous dérange pas, nous pourrions allez chez moi, c'est à deux pas d'ici. C'est la première fois que je croise quelqu'un de normal, et je n'ai pas envie que l'on épie notre conversation... » dit-il.

Je me sentis aussitôt un peu coupable de l'avoir dérangé. Après tout, vivre ici ne devait pas être facile et ce compatriote devait avoir son lot de soucis sans que je ne doive m'y ajouter. J'hésitai à le suivre. Il pouvait tout aussi bien être un meurtrier en série déguisé sous les traits les plus humains qu'il m'ait été donné de voir depuis que le ciel a tourné au rose... Mais l'espoir d'en apprendre plus était le plus fort et me fit néanmoins accepter son offre. Il me conduisit jusque chez lui et m'ouvrit galamment la porte de sa maison. C'était assez petit, mais le détail le plus saisissant était que... tout était vert. VERT. Comme des plantes quoi. Comme le papier d'alu. Comme la salade, comme le gazon, comme les crottes de nez, comme les citrons verts. Bah enfin, pas TOUT était vert. Mais une bonne partie l'était. Et puis c'était assez normal comme maison. Propre, simple, pas trop chargé malgré son exiguïté. Une bouffée d'air frais dans ce monde de bizarrerie. Il ne devait pas avoir l'habitude d'accueillir des invités car il parla à nouveau du fait que c'était plutôt petit, avant de me demander si j'avais un endroit où dormir. Je lui répondis timidement.

« Euh... Non... J'ai nulle part où pioncer. Mais je veux pas m'incruster... Je suppose que j'irai en quête d'un logis d'ici peu... Si je pouvais faire une sieste d'une heure ou deux ça serait suffisant... »

Je n'aimais pas du tout l'idée de demander l'asile même pour si peu, mais si je ne dormais pas, je m'effondrerais comme une masse d'ici quelques heures et qui sait ce qui pourrait m'arriver si c'était le cas? J'arpentai la pièce d'un pas lent, et avant même qu'il ne puisse me répondre, j'ajoutai:

« En tout cas c'est très joli comme endroit... votre maison et tout. J'ai tellement de questions sur cet endroit mais je veux pas vous harceler. Tiens, je vous ai même pas demandé votre nom en plus! »

Je m'arrêtai finalement au bord du comptoir de la portion cuisine de la salle principale de son logement, et y appuyai un coude.
Anonymous
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Mer 9 Jan - 19:18
SamSock eut comme un sourire en observant l'expression ébahie de l'inconnue. Elle avait l'air d'une jeune enfant (ce qu'elle était belle et bien, soit dit en passant) qui découvrait un univers enchanteur. Pourtant, ici, dans ce petit appartement, rien n'était surprenant. Des meubles simples. Des murs communs. Une petite table, quelques chaises et autres tabourets basiques, suivis du strict nécessaire à une vie solitaire, tranquille et plutôt confortable. Mais c'était justement ça. C'était ce côté banal, ce côté classique, qui donnait à cette habitation toute sa singularité. Les choses jugées anormales ou impossibles ne le sont que selon un milieu précis. Ce qui est fou ici est logique ailleurs, et inversement. Les diverses croyances, pratiques traditionnelles, le langage, les habits, tout changeait avec la distance. On ne trouvait qu'étrange ce à quoi nous n'étions pas habitué. La société est faite ainsi, et c'est d'ailleurs de là qu'en découles beaucoup de choses, comme les règles de conduite lorsque l'on est avec ses camarades, les façons de se saluer... Aussi, là, à cet instant précis, le simple deux-pièces de Samuel était la construction la plus inédite d'Esquisse, de par la normalité de sa conception mais aussi par les habitants qu'elle renfermait. Deux personnes normales, qui avaient une conversation normale, et une attitude normale. Comme c'était rare !
Après avoir fait le tour, l'enfant prit la parole, d'une voix claire, fraiche et innocente. Elle avait une diction à la pureté impressionnante. Quelque-peu tremblotante certes, mais qui était légitime après le traumatisme qu'elle venait de subir. Ce qui était frappant pour le fleuriste, c'est qu'elle avait le mérite d'être limpide, comme transparente. Elle était dépourvue de cette autre facette que les résidents d'Esquisse se plaisaient à dissimuler pour mieux la ressortir de façon surprenante. SamSock détestait ça. Combien de fois avait-il été trompé par ce double-jeu ! Il avait finit par détester cette fausse sympathie et c'était là que sa méfiance envers le monde entier avait commencé à se développer en lui. A force d'observation, il parvenait maintenant à cerner le caractère d'une personne du premier coup d’œil, bien qu'il n'y parvenait pas toujours. Pendant qu'il écoutait son invitée parler, il se rendait compte qu'il se sentait relativement détendu, plus que d'habitude. Cette sensation acheva de lui faire croire que cette fois c'était la bonne. Enfin, une amie... C'était ce qu'il espérait. Peut-être serait-elle méfiante elle aussi, peut-être qu'elle deviendrait agressive, qu'elle lui ferait un coup bas. Après tout, cette solitude, ce sentiment d'abandon pouvait très bien rendre les personnes fragilisées terriblement viles et dangereuses, la peur et le stress faisant monter les plus bas instincts à fleur de peau. Tout en méditant là-dessus, il se dit qu'il n'avait rien à perdre. Alors, il répondit d'une voix blanche. Il prononça cette phrase, qui était basique, mais qui pour lui, voulait tout dire. C'était un gage de sa confiance, la marque de son envie de nouer un lien, pour supporter cet enfer à défaut d'en sortir.

-Je m'appelle Samuel Render Sock, mais tout le monde m'appelle SamSock.
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