Pourquoi n'y a-t-il pas rien, plutôt que l'Esquisse ?

Kaoren
Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
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Kaoren
Sam 8 Oct - 19:30
Salut ! Depuis un certain temps, maintenant, on voulait créer un sujet sur la philosophie appliquée à l'Esquisse. Et on a tiré aux dés qui se chargerait de l'introduire, et c'est naturellement tombé sur ma pomme.
Et comment mieux commencer un pareil sujet qu'en définissant le concept même de philosophie ?






Le concept de « Philosophie » :

D'aucuns vous diront que le mot « philosophie » aurait été créé par Pythagore. Mais hé, vous avez vu l'engin ? Le seul mot qu'il serait capable d'inventer, c'est « Blblbl ». Et même là-dessus, il s'est fait devancer !
En vérité, on ne saurait vraiment dire qui fut le premier utilisateur de ce terme. Cependant, son étymologie ne fait aucun doute ! Comme vous le savez, beaucoup de nouveaux arrivants dans l'Esquisse, n'ayant aucune idée de comment fonctionne ce monde, avaient tendance à demander aux plus expérimentés de les aider à le comprendre. Au départ, tout le monde s'y prêtait plus ou moins gaiement, mais à la longue, quand c'est le cinquième qui vous passe dans la journée, vous aussi, en auriez eu marre. Mais ce n'était pas le cas de quelques Dessinateurs plus philanthropes, toujours prêts à offrir leurs assistances aux jeunes novices ! Une certaine Sophie décida donc de rassembler ces philanthropes, et créa des offices de renseignement pour aider les perdus. Vous voyez où je veux en venir ? Vous l'avez très bien compris ! La philosophie, c'est exactement ça. Un système logiquement conçu pour aider à comprendre le monde. Et le mot, ce n'est bien sûr qu'un néologisme, issu d'une contraction de ce que les anciens blasés s'étaient habitués à répondre aux rookies qui les abordaient pour leur demander le sens de la vie : « File aux offices. »

La philosophie, c'est un questionnement, né de l'étonnement. C'est une réponse au monde qui nous interpelle. Le philosophe est celui qui trouve incompréhensible ce qui est en effet incompréhensible, mais que l'esprit naïf accepte spontanément. Le philosophe va soumettre à l'examen tout ce qui est admis, qu'il s'agisse de concepts vulgairement définis comme « cohérents » ou « incohérents ». Nous y reviendrons dans un prochain chapitre dédié à la dimension de la cohérence Esquisséenne.
L'opinion publique manque de rigueur : Elle ne démontre pas, ni n'argumente. La philosophie se base sur des raisonnements précis, aux résultats probables (quoique jamais nécessaires). Il peut s'agir de la déduction ou de l'induction, convenue ou folle. Nous y reviendrons dans un prochain chapitre dédié à la raison, au réel, et au pseudo-réel.

Contrairement à l'attitude naturelle de la conscience dans son rapport au monde, l'attitude philosophique est critique, ce qui implique chez elle le doute vis-à-vis de ce qui est préjugé. Toutefois, le principe originel de la philosophie étant de tendre vers la rigueur cyantifique, elle rompt également avec l'idée que rien dans l'Esquisse ne peut être expliqué.

Le philosophe réfute donc à la fois les vérités admises et l'impossibilité d'en admettre. Son objectif est à terme de maintenir la connaissance humaine dans un état tel que des questions s'y posent encore. Sinon, il risque de se retrouver au chômage, ce serait triste.

Certains philosophes considèrent que les terriens sont les premiers à avoir philosophé, car s'ils n'étaient pas confrontés aux aléas de Folie, ils n'étaient pas pour autant pleinement conscients des réalités de leur monde. Cependant, les Dessinateurs, désireux de comprendre l'Esquisse, ne se sont plus satisfaits des représentations cohérentes de la logique terrienne. La philosophie terrienne comporte des énoncés logiques et des démonstrations aux conclusions nécessaires. Elle s'oppose donc à la philosophie Esquisséenne comme la fantaisie à la raison. Toutefois, le discours terrien a longtemps coexisté avec l'appréhension de l'Esquisse. En effet, il est source d'exemples, d'illustrations, et peut servir de détour pour permettre à l'esprit d'accéder plus aisément à des notions abstraites.

L'intérêt de philosopher est de connaître les phénomènes, et au-delà de leurs apparences, aller à l'essentiel. La question essentielle du philosophe est : « Qu'est-ce-que... ? » Elle se pose, non pas pour le sens d'un mot, mais pour l'essence d'une idée, ou d'une chose. Car si un nombre infini de différences peuvent stigmatiser deux objets d'étude, une similarité de leurs essences impliquera la vérification d'un énoncé appliqué à tous les membres de leur essence commune. Cet énoncé est appelé une « Tee-au-riz ». Bien sûr, un tel énoncé ne pouvant être nécessairement démontré, il ne pourra être utilisé à des fins pratiques.

Je terminerai donc ce premier exposé en citant le grand penseur Manigance, qui disait que l'objectif de la philosophie est de « prendre conscience du problème vivant qu'est l'Esquisse. »


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Mar 8 Nov - 15:31
(j'ai longtemps hésité à comment répondre à ce sujet.. Et je me suis dit que j'allais réécrire un de mes premiers cours de philo de cette année, avec un peu d'arrangements personnels bien entendu :D)(c'est de la prise de notes totale d'un prof qui parlait en roue libre alors je ne garantis pas l'exactitude de ce que je dis, même si de toute façon on s'en fiche)


Les premières conceptions de la philosophie esquisséenne



Aux origines, la réflexion philosophique esquisséenne se questionne sur l'origine du monde à travers un principe unique de création et d'équilibre. Les premiers dessinateurs à se pencher sur la question pensent que l'Esquisse est à la fois close et stable (une idée qui paraît bien curieuse aujourd'hui, mais ils n'avaient pas connu les Tempêtes), en s'intéressant tout d'abord à ce qui leur est le plus lointain : la cosmologie. Autrement dit, ils étudient le ciel, cherchant à y trouver quelque principe fondateur de l'existence, des bonnes recettes, l'avenir, des informations croustillantes sur leurs pairs, l'horoscope et bien entendu la position de Watson.

Le premier dessinateur connu à s'y pencher est Thaloche, très lointain ancêtre dont on raconte que le nom vient de sa façon de saluer les gens et de régler ses joutes verbales, vivant au jour 800 avant la création du forum (on dira, par abus de langage, -800). Thaloche déclare, après avoir longuement observé la flore de son époque, que l'ice tea est le principe vital. « Là où il y a de l'ice tea, il y a de la vie » aura noté l'un des scribes de l'époque sur son journal de bord. L'ice tea serait l'anima, l'âme, éternelle et en mouvement - et l'Esquisse elle-même flotterait en équilibre au milieu de l'ice tea. Thaloche en vient même à considérer que tout dérèglement dans la nature (les objets agressifs, les petites Tempêtes de l'époque) vient tout simplement des déséquilibres au sein de l'ice tea. Il mourra d'ailleurs d'une overdose d'ice tea quelques jours après, laissant malgré tout derrière lui les bases de toute une science.

Heureusement, Thaloche a eu plusieurs adeptes avant d'être emporté par la boisson. Citons notamment Salamandre, une salamandre, qui reprendra ses théories en déclarant toutefois que l'ice tea n'est pas le principe vital. Selon elle, en effet, il n'y aurait pas d'origine naturelle qui puisse être datée, observée, mais plutôt un certain "mystère" de la création, même si ce n'est pas encore l'idée d'une Folie d'Esquisse telle qu'elle sera développée plus tard.

Un autre successeur de Thaloche, élève de Salamandre, arrivé au jour -585 et nommé Anaximêle, se mêlera à la discussion proposera une autre théorie similaire. Le "principe indéterminé" se manifesterait dans l'air, rendant le vent et le souffle porteur de vie. Il passa ainsi beaucoup de temps à chercher les Tempêtes et disparut au jour -525.

Ce qu'il faut retenir de ces trois précurseurs de la philosophie esquisséenne, c'est une absence encore totale de théologie. On sait qu'à l'époque des jours -800 et -500, des dieux esquisséens existaient dans la culture populaires, tels que la Carpe Céleste (dieu de la pêche, des carpes et du dessin) ou encore Confiture (la déesse des gelées), mais ceux-ci ne sont pas les créateurs du monde. Disons, plutôt, qu'ils sont simplement des êtres divins vivant dans un monde parallèle nommé le Croquis, et apportant un soutien à l'activité des dessinateurs (d'une façon ou d'une autre). Il s'agit donc plus d'une sorte de partenariat entre les dieux et les dessinateurs qu'une explication à la création du monde.


Ces approches cosmologiques peuvent sembler quelque peu naïves, mais démontrent que les dessinateurs faisaient - dès le début - preuve de curiosité dans tous les sens du terme. Parallèlement à ces théories, la vie dans la cité va s'organiser, et la philosophie va également s'intéresser au collectif - en particulier dans une Esquisse déjà bien conflictuelle à l'époque. Dans le prochain épisode, nous parlerons donc de la Ville et de ses penseurs marquants !
Kaoren
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Kaoren
Ven 9 Déc - 20:14
Oui, je sais, Eelis a promis que le prochain chapitre serait sur la Ville et ses penseurs marquants, mais ce sera son prochain chapitre, pas le mien. Parce que j'ai pas une fichtre idée de quoi en dire. /meurt

La conscience, l'inconscient, l'onirique

Les devoirs du Dessinateur, qu'ils soient concrets ou moraux, ne concernent que des êtres qui savent – ou du moins croient savoir – ce qu'ils ont à faire et pourquoi ils doivent le faire, bien qu'ils puissent vouloir s'y soustraire. Ces devoirs, dans le cas d'une personne douée de raison, supposent donc conscience et réflexion.

La conscience désigne le savoir qui accompagne les pensés, sentiments, actions... Être conscient est donc sentir, penser, vouloir agir, et savoir qu'on le fait. C'est, avec l'onirique, l'un des deux états de veille.
L'onirique désigne un sentiment de conscience indépendant des faits concrets. Il se manifeste à travers des rêves, des songes abstraits, ou encore des illusions.

On distingue la conscience immédiate, simple rapport au monde, comme « je vois », et la conscience réfléchie, rapport à soi (d'où le terme « réflexion »), quand l'esprit fait un retour sur ce qui est pensé, senti, vu... « je sais que je vois ». L'onirique est toujours immédiat, un onirique réfléchi étant par nature une conséquence de la conscience réfléchie.
La distinction entre conscience immédiate et réfléchie peut sembler artificielle, car en faisant, en pensant, je me saisis moi-même faisant, pensant, j'en suis conscient ou rêveur – adjectif admis pour une personne sujette à l'onirique.

La philosophie pré-esquisséenne faisait également la distinction entre la conscience « pshychologique », rapport au monde et à soi-même, et la conscience « morale », sentiment intérieur par lequel le penseur se rend témoignage à lui-même du bien et du mal qu'il fait. Toutefois, la vision matérialiste de la majorité des philosophes de l'Esquisse suppose que la conscience morale n'est que le fruit d'un calcul des conséquences que pourraient avoir sur le milieu extérieur les actes dont l'auteur se révèle fortuitement être le penseur. La distinction sera donc abandonnée dans la plupart des thèses. Le philosophe Jacques-Jean Roseau écrira d'ailleurs « La conscience ne se trompe jamais, pourvu que personne ne l'interroge », appuyant l'idée d'une conscience « toujours intrinsèquement morale ».

Peut-on considérer pour autant que la conscience est souveraine au sein du psychisme, c'est à dire qu'un être conscient serait entièrement maître de son esprit ? On peut objecter deux arguments à cela :
En premier lieu, introduit précédemment, vient l'onirique. Puisqu'il est immédiat, il ne peut être fruit de la conscience, et la conscience n'a par conséquent aucun pouvoir sur lui. Notons d'ailleurs que, si la conscience décide des codes de sa morale, l'onirique peut raviver, selon Malin, des instincts pré-esquisséens, et des souvenirs de l'époque durant laquelle la philosophie considérait une morale universelle. Cette morale, pour la résumer grossièrement, est le devoir de satisfaire les morales (au sens esquisséen, cette fois) d'autres individus. Par conséquent, malgré l'ostentatoire puissance de la conscience sur le libre-arbitre, l'onirique se révèle un contre-pouvoir. Nous reviendrons sur l'impact de l'onirique dans le choix conscient dans un prochain chapitre dédié à la liberté et au libre-arbitre.
Le troisième maître du psychisme est l'inconscient. Si la conscience se définit à la fois par une appréhension et une capacité de réaction, et l'onirique comme une appréhension sans capacité de réaction, l'inconscient est le troisième pôle, se définissant comme une capacité de réaction sans appréhension. Contrairement à la plupart des thèses pré-esquisséennes, Manigance ne considère pas les rêves comme une manifestation de l'inconscient, puisque, selon lui, « Il n'est pas d'inconscient dont le penseur puisse avoir conscience ». L'inconscient se manifeste à travers les réflexes, les habitudes, les lapsus...

Si la philosophie pré-esquisséenne ne soutenait l'existence que de deux des trois « mentors » du psychisme, ainsi que les nomme Fourchelien – aucune parenté avec l'inventeur du Fourchelier – on peut retrouver l'essence de l'onirique sous d'autres noms dans des thèses sur la conscience. Par exemple, la trinité tragique « Honneur - Raison - Passion » peut s'exprimer à travers leurs mentors respectifs Onirique - Conscience - Inconscient.

Nous terminerons ce chapitre en détaillant la thèse de la « Conscience de l'Esquisse », aussi appelée « Conscience du Ciel Rose », « Conscience du Ciel » ou, plus récemment, « Concyance ». Cette thèse, initialement conçue par le très controversé Rancœur, suggère l'existence d'une forme de conscience suprême et quasi-omnipotente, assimilée au Ciel, et tâchant de contrôler l'esprit de tous les êtres pensants de l'Esquisse. Dans cette théorie, ses manifestations sont tout ce qui se rapporte à l'onirique, mais aussi certaines réactions communément rattachées à l'inconscient. Par exemple, il peut arriver qu'un Dessinateur se retrouve à effectuer une action qui n'a pas de raison d'être, qu'il n'a pas réfléchie préalablement, mais qui s'avère avoir des conséquences bénéfiques ostentatoires pour un certain parti. Ce phénomène est couramment appelé « impasse scénaristique » – l'origine de cette expression reste en cours de débat. D'autres manifestations communément liées à l'inconscient sont toutes celles liées à la théorie désormais bien explorée dite du « ship ». Nous y reviendrons dans un prochain chapitre dédié à la passion et au ship.
Il existerait donc une sorte de marionnettiste, essayant de tracer les destins des Dessinateurs, mais dont les fils ne peuvent pas nécessairement altérer la structure originelle ou l'essence des marionnettes en question. Cette limite semble être posée par l'inconscient. En effet, si l'onirique peut être perçu par la conscience, et par conséquent influer dessus, l'inconscient en est totalement indépendant. Par ailleurs, la conscience repose sur certains axiomes qu'elle ne peut appréhender, et qu'elle accepte donc inconsciemment. Elle possède donc également un seuil de sûreté inaltérable par la Conscience du Ciel. C'est pourquoi la plupart des êtres pensants se considèrent comme entièrement maîtres d'eux-mêmes, malgré ce lien probable de marionnettiste à marionnette.
Si Rancœur considère le Ciel comme la manifestation d'un non-être pensant, et qu'il désigne comme cette conscience suprême qu'il a théorisé, un certain nombre de ses disciples reprendront sa théorie plus tard en assimilant le marionnettiste à d'autres êtres suprêmes théoriques. Cantabre sera d'ailleurs le premier à le rattacher à la « Voix d'Esquisse ». Nous y reviendrons dans un prochain chapitre dédié aux Trouble-fêtes.

Rappelons pour finir cette citation de Manigance qui disait que l'objectif de la philosophie est de « prendre conscience du problème vivant qu'est l'Esquisse ». Maintenant que nous avons défini la conscience, que lit-on ? La définition de l'expression « prendre conscience d'un problème » est assez évidente, mais il convient de souligner que la phrase suggère qu'en l'absence de philosophie, le Dessinateur n'a pas conscience du dit problème. L'Esquisse se manifeste initialement dans la conscience immédiate et dans l'onirique, mais il est possible d'en acquérir une conscience réfléchie. Par ailleurs, l'augmentation du pouvoir de la conscience réfléchie atténue celui de l'onirique, comme nous l'avons vu. Toutefois, si la théorie de Rancœur appréhende l'onirique comme une menace, elle n'est pas certaine, et un certain nombre de ses confrères vantent au contraire les bienfaits de la capacité à rêver.
Alors faut-il encore élever la philosophie jusqu'à ses réflexions les plus profondes, au risque de perdre notre capacité à rêver ?

Vous avez quatre heures.


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