[J15, P1][Salle gravitationnelle&pressing][avec Striky] Un échange de faible gravité

Anonymous
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Dim 13 Aoû - 22:29
PS : Pardon pour l'intro un peu longue, à chaque fois que je me remets en jambe sur un perso j'ai besoin de reposer à plat la situation. J'espère que ça te va
Titre mis au pif, on change dès que t'as une idée




Pour nombre de dessinateurs, l'Esquisse était un tourbillon d'adrénaline au sein duquel chaque seconde était synonyme de menace. Dans ce flot, la phrase "Cet instant pourrait bien être le dernier" trouvait un sens si intense que l'on s'abandonnait volontiers à la folie pour ne plus la voir.  Là où les objets vous sautent à la figure et où l'on parle de guerres, d'armes, de conflit, quoi de plus normal que de voir les jours filer à toute vitesse sans octroyer à chacun l'opportunité de se poser ?

Puisque tout allait si vite, puisqu'on ne pouvait rien construire sans que tout soit démoli, le temps était précieux.

Tout en ayant conscience de cette perspective, Ambros ne pouvait pas s'empêcher d'en ressentir très exactement l'inverse. Chaque jour qui passait après la Tempête - ou même depuis le début ? - était à ses yeux incroyablement lent.

Lent au point d'en être douloureux.

Il n'avait rien de particulier à faire (ou plutôt estimait-il qu'à peu près tout était soit vain, soit en-dehors de ses capacités), il n'avançait pas vers un rêve et surtout n'aspirait en aucun cas à sortir de là au plus vite. Sans rien d'autre à chérir que des souvenirs craquelés, il se retrouvait éternellement face à cet abîme dans lequel l'Esquisse le faisait doucement tomber.

Là où d'autres craignaient d'y être précipités brutalement, de mourir à tout moment, il n'aspirait - en fin de compte - qu'à cela, quand bien de même il restait trop humain pour courir au-devant des objets comme un abruti. En plus d'être coincé, il n'était qu'un parasite pour tous ceux qui cherchaient la sortie. Et tous ceux qui luttaient. Et tous ceux qui faisaient semblant plus d'une minute. Même cet idiot de Striky avait quelque chose qui le faisait se lever et agir, quand bien même il gérait mieux ses brioches que ses batailles.

...

Dans la pièce, il n'y avait rien d'autre que les machines à laver, du linge étalé en vrac et sans doute plusieurs choses qui n'avaient rien à faire là, comme un ballon de football. Et, bien sûr, lui-même. Puisqu'il ne cherchait qu'à occuper les longues journées qui lui restaient, il s'était rendu là sans but précis. Naturellement, il y avait fait du rangement, puisque ça ne demandait ni compétence ni concentration. Cela lui convenait d'autant plus qu'on ne saurait pas que c'était son oeuvre, et donc qu'on ne lui reprocherait rien à ce sujet. Quitte à être inutile, autant rester discret.

Ne croiser personne. Ne toucher à rien d'important. Ne pas assister aux événements, ni participer à la vie de la Base.

Il soupira un coup et se leva pour faire les cents pas dans la pièce. Même ça, il restait trop faible pour le faire, et tout en souhaitant disparaître le plus vite possible… il avait également un désir irrépressible d'avoir de la compagnie. Parler à quelqu'un. Faire des trucs idiots. Ou juste se regarder dans le blanc des yeux. Hélas, histoire d'empirer son cas, il s'était fâché la veille avec le seul qui arrivait à le supporter, sans même le recroiser depuis.

Par peur d'être rejeté, sans doute, il ne l'avait pas cherché.

À l'instant même où il se l'avoua, une énième fois, le destin décida de frapper un coup fort en ébranlant ses fondations.

Mais cette fois, littéralement.

Il lui fallut une seconde de trop pour réaliser que ses pieds étaient précisément posés au-dessus de la trappe qui menait à la salle gravitationnelle, juste-en-dessous de lui. Et que quelqu'un venait très précisément de l'ouvrir - sans difficulté puisque par les joies de l'Esquisse, cette trappe-là s'ouvrait par le bas.

Il eut tout juste le temps de s'agripper au sol du pressing, non sans probablement envoyer un coup de pied au malheureux qui se tenait en-dessous, avant de se dégager en hâte. Il osa jeter un regard vers la victime, histoire de bafouiller quelques excuses en vitesse avant de se sauver, mais sa gorge se glaça au moment où il aperçut Striky (il aurait pourtant s'en douter, au vu du coup de maître…). Est-ce qu'il allait devenir aussi rouge que son bandeau et se venger ?

En guise d'explication, d'excuse et de salutation, Ambros n'articula finalement que deux syllabes.

« Salut... »

C'était tout ce qu'il avait à dire. Puisqu'il avait mis son cerveau en veille pour éviter la surchauffe, c'était déjà pas mal de ce point de vue là.


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