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Alev
Allez râlez pas, racontez-moi plutôt vos complexes !
Personnages : Alev
Messages : 283
Date d'inscription : 22/01/2015
Alev
Mer 7 Fév - 21:41

La jeune femme courait éperdument, un peu comme une folle, au milieu des rues de sa ville natale. Plus précisément, de son quartier. L'égyptienne balaya rapidement une mèche qui était venue devant son visage, le visage légèrement rougi par les efforts. Mais bon sang, où était-il passé ? Elle regarda à gauche, puis à droite, avant de reprendre sa route. Au fait, il n'y avait pas vraiment de route, elle tournait principalement en rond dans les quartiers, aussi stupide que cela puisse paraître. En même temps, les chances qu'un garçon de son âge aille très loin se perdre dans les quartiers n'étaient pas énormes. Comme d'habitude, voilà qu'il faisait encore une crise de colère. En même temps, c'était un peu l'adolescence qui se profilait à l'horizon... Il grandissait vite, dis donc. Il avait déjà onze ans. Le reste de ses frères avait aussi grandi, d'ailleurs. Et c'était là la principale cause de sa crise de colère. Enfin, pour aujourd'hui.

Ah. Voilà comment cela s'était passé. Le matin même, toute la famille s'était levée tôt, puisque le deuxième fils de la famille allait repartir. L'aîné, Jamel, avait déjà quitté la maison depuis un moment, maintenant qu'il avait épousé une charmante femme et avait déjà eu deux enfants avec elle. On ne pouvait pas dire qu'ils passaient souvent chez les parents, cette petite famille. Tahar, le second, allait bientôt repartir, lui qui avait trouvé un travail dans une autre ville, et qui passait lui aussi de moins en moins souvent, même s'il passait plus souvent que Jamel. Sauf que cette nouvelle n'avait pas plu au cadet, Karim, qui avait pile poil choisi le bon moment pour partir en courant et se jeter dans les bras des rues avoisinantes, laissant le reste de la famille en plan. C'était visiblement le seul moyen qu'il avait trouvé pour exprimer sa colère, ou son désarroi, elle ne savait pas vraiment, au fait. Mais elle savait bien que le dernier de ses frères était assez affecté par le départ de son grand frère, ils étaient tout de même plutôt proches.

Alev soupira, à bout de forces. Cela faisait maintenant une bonne demie heure que tous s'étaient lancés à sa recherche, et personne ne l'avait encore trouvé. A un moment, la jeune femme décida de s'arrêter, réfléchissant un instant, avant de faire marche arrière. Si elle n'arrivait pas à le trouver ici, alors ce sera ailleurs. Elle avait une petite idée derrière la tête de sa cachette, même si elle n'en était pas sûre. Elle eut un mal fou à passer par l'espace entre les deux murs, qu'elle avait emprunté mille et une fois quand elle était petite. Elle se souvenait des cris de ses parents qui l'appelaient pendant qu'elle se cachait dans le coin. Ses frères avaient fait de même, que ce soit ses deux frères aînés et ses deux frères cadets. Heureusement, même si elle était une adulte, elle était une jeune femme qui n'avait pas une véritable carrure de dame, et bientôt elle parvint à passer la toute petite route qui n'était accessible que par les personnes de petites tailles, soit les enfants, les nains, ou les Alev. Quoi que, même s'il était un adolescent, peut-être que Mustapha pourrait réussir aussi.

Visiblement, personne n'avait eu l'idée d'y aller, puisqu'elle était la seule à s'y être rendu. Et puis, elle avait trouvé juste, puisque Karim était là, assis, et entourait ses jambes de ses bras. La jeune femme avait sûrement fait un bruit monstre en arrivant ici – la discrétion n'était pas son fort – mais le garçon faisait mine de rien. Technique numéro un de l'enfant énervé : ignorer tout le monde. Mais ce n'était pas ce qui allait l'abattre :

-Karim ! Je te retrouve enfin !

L'espace était de la taille d'une petite terrasse, et se trouvait entre plusieurs maisons. Au dessus de leurs têtes, ils pouvaient apercevoir le linge qu'avait étendu le voisinage, pendant tranquillement au gré du vent. Alev soupira de soulagement en prenant place à côté de lui, étendant ses jambes devant elle.

-Vas t'en, dit l'enfant sans lever la tête.

Ignorant bellement sa réplique, la grande sœur se contenta de légèrement pousser le petit frère par l'épaule, taquine. L'autre ne répondit à aucune de ses provocations, toujours comme rouler en boule.

-T'es pas content parce que Tahar va repartir ? Allez, parle moi ! Tu sais bien que je ne le répéterai pas.

Finalement, au bout d'un instant Karim hocha la tête :

-Je serai seul ensuite.
-Mais non ! Il y a toujours Mustapha ! Il n'est pas parti, lui !
-Lui ?! C'est un idiot ! Il ne pense qu'à m'embêter !
-Non, ce n'est pas un idiot. C'est un a-do-le-scent. Ses neurones sont juste en vacance pour une durée indéterminée.

Même si elle souriait à sa blague, en revanche, l'autre n'avait pas l'air de réagir. En attendant, Alev se contenta de continuer de lui faire des pichenettes à l'épaule, tout en réfléchissant.

-Je suis là aussi, moi.
-Mais tu es une fille !
-Comment ça ?!
-Fais pas comme si ! T'as compris !

Elle avait parfaitement compris. Elle ne pouvait que comprendre ce que pouvait être une relation entre frères, puisqu'elle en avait été témoin à plusieurs reprises. En revanche, elle ne savait que théoriquement ce qu'était une relation entre sœurs, puisqu'elle était la seule fille de la famille. Et elle ne savait que trop bien les différences qu'il pouvait y avoir dans des relations entre un frère et une sœur. Même s'ils étaient proches, il y avait toujours une différence entre un frère et une sœur. La jeune femme soupira, reprenant tout son sérieux, avant de reprendre, tranquillement :

-Tu sais, la vie est ainsi. On naît, on grandit, et un jour on s'en va. Mais ça ne veut pas dire que les liens sont définitivement coupés. Tahar reviendra, comme Jamel. Un jour aussi, je partirai, et Mustapha aussi. Et toi aussi, un jour, tu voleras de tes propres ailes. Mais, le plus important, dans une famille, c'est l'union qui dépasse toutes les distances, ce sentiment qui est dans nos cœurs. Un jour tu comprendras qu'il y a...
-...Le téléphone. Il y a aussi le téléphone.
-Euh... J'allais dire quelque chose d'un peu plus... Spirituel. Mais il y a aussi le téléphone. Tu pourras les téléphoner autant que tu veux !

S'apercevant qu'il avait enfin décidé de la regarder en face, Alev se leva, puis lui tendit une main :

-Allez. On rentre à la maison. Tout le monde s'inquiète pour toi.

Le garçon se redressa finalement un peu, puis lui prit la main pour se relever entièrement.
Voilà un petit problème en moins pour la journée.


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Alev
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Alev
Mer 7 Fév - 21:43

-Il est pas à toi ! C'est le mien ! Je l'ai trouvé l'premier !

Les garçons l'entouraient, ils l'encerclaient. Jawad, avec sa petite taille, ressemblait à un furet, et on aurait presque dit qu'il était en train de montrer les crocs. Sa bande de copains riaient. Ils pensaient dominer la situation, et, hélas, c'était bien le cas. La jeune fille la resserra contre elle. Autour d'eux, il y avait des tâches de sang, et ses vêtements aussi en avaient. La clic se rapprochait encore d'elle, et elle avait beau chercher une issue, Alev n'en trouvait aucune. Jawad rouvrit la bouche, aboyant comme un roquet :

-T'as d'la chance que t'es une fille ! Sinon on t'aurait déjà éclaté !

Bientôt, le cercle se fit plus petit, et l'un d'eux commença à tirer sur son bras. Mal à l'aise, l'animal blessé planta ses griffes dans le tissu de son gilet en feulant, les oreilles plaquées en arrière. Mais elle ne céda pas, continuant de serrer la chatte amochée contre elle, reculant en repoussant le garçon en faisant un grand geste de l'épaule.

-Lâche moi !

Comme si elle avait soudainement de l'influence sur eux, les garçons se reculèrent, une expression de terreur sur le visage. Jawad leva la tête, regardant quelque chose au dessus de lui, comme si la punition divine lui était venue. Ses copains firent de même, et l'un d'eux décida même de partir le premier sans même se la jouer protecteur envers les siens.

-On s'casse ! Ordonna le chef du groupe en carton pâte.

Alev se retourna, ne prêtant plus attention aux gamins qui détalaient face à l'individu qui était apparu. Ensuite, les deux personnes restantes prirent le chemin de la maison, alors que la chatte s'était apaisée.

-Tu as vu ce qu'ils lui ont fait ?! S'emporta-t-elle finalement, ne pouvant plus retenir sa colère.
-Peut-être que ce n'est que superficiel, la rassura Jamel. On verra bien à la maison.
-Oh, à la maison...

A la maison, il y avait quelqu'un qui n'aimait pas vraiment la présence des animaux. Sa mère s'était évertuée des années durant à lui montrer que les chats et les chiens ne laissaient que des poils partout et qu'il n'était pas très judicieux d'en avoir à la maison. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas les animaux, au contraire. Mais elle avait toujours été maniaque, et toute présence de saleté la mettait hors d'elle. Alev avait un peu hérité de ces traits, elle qui tenait en horreur la poussière et qui en était même allergique. Mais entre l'absence de poil et le chat blessé, elle avait vite fait son choix.

La première heure, le visage de sa mère était passé de la joie à la colère. Alev s'était rapidement éclipsée dans sa chambre, laissant à son frère aîné le soin de présenter l'affaire et de prendre la défense du félin. Elle avait confiance en son grand frère, qui savait tempérer et calmer le jeu, lui qui faisait preuve d'une grande maturité. Elle, par contre, était une fille un peu trop passionnée, qui aimait défendre ses choix, et était même parfois un peu trop têtue. Finalement, les pourparlers furent terminé, et on choisit de la laisser s'occuper du chat le temps de quelques jours, pour qu'il se remette de ses blessures.

Pendant le premier jour, elle avait tout fait pour soigner la chatte, et au second jour, elle avait l'air de bien mieux se porter. Jamel avait eu raison, finalement, ce n'étaient que des blessures superficielles. Mais Alev avait peur de laisser la féline redevenir un chat errant pour qu'ensuite la clic d'imbéciles menée par Jawad revienne et finissent ce qu'ils avaient commencé avec elle. La jeune fille avait beau y réfléchir, et à part trouver quelqu'un qui saurait en prendre soin, elle n'avait trouvé aucune autre solution.

Alors bientôt, accompagnée de Jamel, qui avait l'air concerné par la situation, elle commença à faire du porte à porte, dans le voisinage. Les familles n'avaient pas l'air de tellement se préoccuper de l'animal, avançant qu'il y avait des tas de chats errants partout en ville. D'autres disaient en avoir assez d'eux, et certains disaient qu'il y avait des chats qui avaient décidé de mettre bas à leurs terrasses. On ne pouvait pas dire que la chatte était chanceuse.

Le temps s'écoulait bien trop vite à ses yeux, et bientôt, elle se rendit tant bien que mal compte que le délais que ses parents lui avaient donné était presque terminé. L'inquiétude montait et nouait son estomac à mesure que les jours passaient. Au dernier jour, cependant, un dernier espoir naquit, quand son père lui annonça qu'en allant au café dans lequel il se rendait habituellement, il avait parlé avec un ami qui vivait à l'autre bout de la ville, et qui était intéressé par cette histoire. Ce fut avec Jamel qu'Alev se rendit chez cet homme. Arrivés devant la porte, la chatte dans les bras, la peur au ventre de recevoir un nouveau refus, elle se tenait droite comme un i, tremblante. Finalement, la porte s'ouvrit sur une jeune femme, qui les accueillit avec un sourire.

-Cette petite est adorable ! Dit Narimen – car tel était son prénom – en caressant la féline entre les deux oreilles.
-Oui, moi aussi je trouve, répondit aussitôt Jamel.
-Et vous lui avez trouvé un nom ? Demanda-t-elle.
-Je n'y ai pas pensé ! Répondit Alev en secouant la tête, se sentant idiote.
-Oh, je sais ! Pourquoi pas Farah ?
-J'adore !
-Oui, moi aussi, répondit aussitôt Jamel en hochant la tête.

La discussion se prolongea encore quelques minutes, un moment agréable qui représentait un soulagement énorme pour Alev. La jeune fille promit à Narimen qu'elle reviendra pour revoir Farah, et Jamel, lui, avait l'air tout aussi motivé à accompagner sa petite sœur pour retrouver la chatte.
La jeune fille doutait bien que ce n'était pas pour cette raison qu'il tenait à vouloir revenir...
Mais ça, c'était une autre histoire !


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