Une petite expédition, pour se chauffer

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Dim 26 Mai - 5:57

     L’air frais. Le souffle délicat du vent sur l’herbe. Le bruissement de la foule, qui par potron-minet commençait à s’affairer au marché. Tous ces Dessinateurs, confrères cyantifiques, marchands itinérants, artisans, clients et badauds. Une journée aussi belle ne devait pas être passée à rien faire. Après avoir remercié Dieu, pris un solide petit-déjeuner et ramassé tout son matériel qui traînait dans sa chambre d’hôtel, Amundsen descendit sur un des croisements de la longue avenue du marché, dans sa partie couverte – car il pleuvait de l’eau verte, aujourd’hui, particulièrement salissante –, et installa son écriteau. On pouvait y lire, en grosses lettres :

ON RECRUTE : EXPÉDITIONNAIRES POUR BRAVER LE LABYRINTHE

     Et il se posa sur une chaise, attendant les volontaires, un livre à la main. Au bout de quelques dizaines de minutes, Amundsen parvint à recueillir l’attention d’un bien étrange personnage : un homme d’âge mur, aux traits burinés sur sa peau d’un bleu de Sèvres presque pur, aux yeux en amande, aux cheveux noirs et au visage relativement rond, et qui portait un équipement bien curieux. Sa tenue, tirant vers les gris, était en fourrure et cuir, bardée d’épaisses sangles, le tout rappelant à Amundsen la tenue des parachutistes. Cependant, en lieu et place d’un fusil d’assaut, il portait en bandoulière une pioche assez particulière, car sa lame était bien plus large et fine, avec des dents sur les côtés, et son pic était droit, et assez court. Il allait aussi avec un véhicule en tout point esquisséen : une chaise de bois vernis, guidée par une laisse, de presque deux mètres de haut, au siège en osier, mais dont les brins seraient plus proches des câbles articulés. Certains gigotaient sans cesse, tandis que d’autres tenaient fermement des paquets. L’homme se présenta comme un fromineur : un mineur de fromage, qui traquait les fromalunes, des structures rebondissantes de taille prodigieuse composées de fromage, qui se vendait au kilo sur le marché de la Ville. Or, comme il vieillissait, ses ventes ne parvenaient plus à lui fournir un revenu suffisant, et pour diverses raisons qu’il ne voulut pas expliquer, il bénéficierait pas de la caisse de cotisation que son entreprise frominière avait installée pour les retraites de ses employés.
     En somme, tant qu’il avait encore de l’énergie et de la vaillance, il voulait se reconvertir, trouver un trésor, et pouvoir vivre peinard ses derniers jours dans l’Esquisse.
     « Vous êtes tout à fait le profil que je recherche. Signez là : vous êtes engagé. Vous voulez que je vous appelle comment ?
     – Mon nom complet c’est Toklo Pikkorippoq mais Toklo, ça ira très bien.
     – Ah, tiens. Ça vient d’où ?
     – Groenland.
     – Hé bien. Dieu est grand ; jamais ailleurs que dans l’Esquisse aurais-je croiser quelqu’un comme vous.
     – Si vous le dites. Vous attendez combien de gens ?
     – Maintenant que nous sommes au moins deux, je vous propose de rester là encore une petite heure, et si personne ne nous rejoint, nous partirons.
     – Va. »
     Et il posa sa pioche, sortit un tabouret repliable de son Objet dressé, et s’assit.


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Lun 27 Mai - 0:45


Je soupire en sortant du bâtiment où je viens de passer ma matinée à être pesée, mesurée, piquée, et pleins d’autres choses peu agréables il est vrai. J’ai accepté d’être étudiée par une femme qui m’avait abordé la veille alors que je me baladais entre les étals du marché. Elle disait être scientifique. J’avais fini par me rendre compte de ma singularité et bien que je ne réussisse plus à me souvenir de comment j’étais « avant » j’avais du mal à me faire à cette peau-voie lactée, alors j’avais accepté de me soumettre à ses tests. Après tout si elle pouvait m’aider à comprendre.

L’un des premiers test qu’elle avait fait avait consisté à me faire passer des habits de différentes matière. Elle avait plusieurs hypothèses que je n’avais d’ailleurs moi-même pas testées. Elle m’avait demandée si j’étais nue, ce à quoi j’avais répondu par la négative. Bien entendu que je ne me baladais pas en tenue d’Eve dans les rues ! Cette simple pensée m’avait fait frissonner. De froid ou de dégout je n’en étais pas certaine.

Alors elle m’avait demandé d’enlever mes vêtements, aussitôt que je les retirais les morceaux de tissus reprenaient leur couleur et leur aspect cotonneux. Elle avait tenté de me faire porter du cuir qui lui ne se teintait pas entièrement contrairement à tous les autres matériaux testés. Elle prenait sans cesse des notes après chaque nouveau test, cochant parfois des réponses pré-écrite. J’avais pris peur en voyant l’une d’entre-elles : la chair du spécimen est-elle d’une couleur normale ?

La question m’avait effleuré l’esprit je l’avoue mais j’avais eu la présence d’esprit de ne jamais vérifié cette hypothèse. J’avais profité d’une de ses pauses clope étranges… Elle appelait clope des sortes de morceau de réglisse qu’elle fumait et qui laissaient sur ses doigts une coloration violette… Bref j’avais filé à l’anglaise et étais revenue à mon point de départ : le capharnaüm du marché. Sauf que j’crois que j’l’ai vue qui trainait, enfin qui me cherchait et j’ai pas beaucoup trop aimé ça. Tombant sur un écrito des plus typiques du marché j’me dis que c’est une bonne idée de me mettre au vert quelques temps.

« Vous cherchez encore du monde ? » je demande aux deux types qui attendent derrière la petite affiche.


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Lun 27 Mai - 21:02
     Au grand dam d’Amundsen, son compagnon ne s’était pas avéré être quelqu’un de très loquace. Son recrutement terminé, il n’avait plus pipé mot, se contentant de se poser sur la selle de son Objet de trait et d’observer les passants. Amundsen, lui, avait ressorti un livre.
Il était au milieu d’un passage passionnant sur les mémoires d’un confrère cyantifique qui traitait de tempêtes transformant le paysage, quand une voix de jeune demoiselle vint l’interrompre dans sa lecture. Levant les yeux, il ne put s’empêcher de hausser les sourcils d’étonnement en constatant l’apparence de celle qui se tenait devant elle. Elle était d’un noir si profond qu’on aurait cru que quelque esprit avait cisaillé dans la fabrique de la réalité et laissait entrevoir le vide intersidéral par l’ouverture ainsi formée.
     « Si on recherche encore du monde ? Ma foi, oui. Nous sommes deux, comme vous le voyez, et avec vous, ça fera trois. Largement assez, je suppose. »
     Il se leva, ôta ses lunettes, les rangea dans une poche sur le haut du torse de son manteau.
     « Enchanté, je m’appelle Amundsen, je suis cyantifique, comme vous pouvez le deviner. Mon compagnon sur sa… chaise, se nomme Toklo. Je vous résume les objectifs de l’expédition rapidement : aller jusqu’au Labyrinthe, y pénétrer, et tenter d’en ramener quelque chose. Mon objectif n’est pas de l’explorer intégralement, mais de l’étudier de la manière la plus méthodique possible, en vue, peut-être, de lancer de plus amples expéditions, plus ambitieuses, et aux gains plus importants. Enfin, nous verrons. Pour ce qui est des gains, nous mettrons en commun nos découvertes, et nous les partagerons à la fin de l’aventure, à parts égales. Oh, mais je vois que je vous embête avec les détails. »
     En effet, cette jeune personne semblait pressée d’être ailleurs que là où elle était actuellement. Cela ce voyait par des regards, des légers trépignements. Amundsen savait reconnaître quelqu’un en cavale, l’ayant lui-même été à quelques reprises, ou vu plusieurs de ses proches dans ce cas. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour convaincre Amundsen de partir tout de suite. Comme il ne voulait pas l’embêter, et comme il n’y avait quasiment aucune autorité détenant du pouvoir de la violence et pouvant l’exercer à large échelle dans l’Esquisse, il n’allait pas lui demander qui la poursuivait, ou pourquoi. Les conséquences n’en serait que minimes, s’il devait y en avoir.
     « Toklo, mon ami, nous partons ! J’ai un troisième membre, comme vous voyez. »
     L’intéressé se contenta d’un petit coucou, et ouvrit la marche.
     « Bon ben suivez-moi, j’connais la route. »
     Amundsen remballa son tabouret et son écriteau, les rangea sur son gélatinomadaire, sa monture ressemblant à une grosse bosse imbibée d’eau qui rampait au sol avec un petit bruit de succion, et pouvait trimballer une grande quantité d’équipement sur son dos, et monta sur la selle, utilisant l’étrier comme échelle. Une fois en faut, il tendit la main à sa nouvelle compagnonne.
     « Montez derrière ! Il y a bien assez de place pour deux. »
     En effet, on pouvait s’installer derrière lui, sur le bord de la selle, à condition qu’Amundsen s’avance un peu, ce qu’il fit bien volontiers.


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Mar 28 Mai - 21:56

Jamais deux sans trois, jamais trois sans moi. C’est orgueilleux et je ne sais pas de qui je tiens cette expression. J’avoue que ça m’embête un peu toutes ces pertes de mémoire. En tous les cas j’entre maintenant dans leur équipe. Je souris, mais je ne suis pas certaine que cela se voit. Je vais pouvoir m’éloigner de l’autre folle quelques temps. Mon sourire disparait, encore un scientifique… J’espère que celui-ci n’entreprendra pas de me disséquer, cela n’a toujours pas l’air de faire partie de ses plans actuels et j’aurais tôt fait de m’esquisser.

« D’accord, moi c’est Carmen. »

Je n’ai pas plus à dire pour me présenter et je ne sais exactement comment parler de moi étant donné que j’ai encore des trous de mémoire. Je me déplace légèrement en voyant apparaitre l’autre scientifique dans mon champ de vision histoire de ne pas entrer dans le sien. Le troisième membre de l’expédition ressemble à un mineur mais n’est pas très loquace. Il prend le rôle de guide et nous prenons sa suite.

C’est quoi cette monture ? Sérieusement ? C’est n’importe quoi ! Comment ça se fait qu’il ne traverse pas cette gelée ? C’est ah. Il me tend la main et j’m’en saisi en l’imitant pour monter sur sa monture. Une fois installée elle laissa éclater sa curiosité :

« Dites, comment se nomme cet animal ? »


Il semble qu’ici ce soit une chose courante que de poser cette question… Waaaah ! C’est hyper bizarre comme sensation, j’ai l’impression de me déplacer à dos de limasse en bien plus rapide. Je crois que je n’ai jamais fait d’équitation ou de gelétation avant. Je n’en suis pas certaine, en tous les cas je ne sais pas comment tenir en équilibre sur cette celle et je passe le trajet à changer mes appuis en essayant de trouver une position confortable.

« Combien de temps pensez-vous passer dans le labyrinthe ? »





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Dim 2 Juin - 14:45

     Leur jeune compagnonne inopinée donna uniquement son prénom. Un beau prénom, qui sonnait européen. Elle n’avait par contre pas donné son nom de famille. Notez, Amundsen n’avait pas donné un nom en deux parties non plus, mais son cas était un peu particulier. En tant qu’adepte de la pratique du surnom, et qui l’avait été à de très nombreuses reprises dans sa vie, il ne put s’empêcher de projeter ses catégories mentales dans les intentions qui avaient guidées les paroles de cette jeune femme. Après tout, n’avait-elle pas rejoint leur expédition pour fuir quelque chose ? Quoi de plus normal pour un fugitif que d’emprunter n’importe quel nom lui venant à l’esprit. Carmen était, Amundsen en avait un petit doute, un nom assez passe-partout, vu qu’il faisait référence à quelque production artistique européenne connue, bien qu’il ne pût pas se souvenir exactement de l’opéra éponyme.
     Passés cette première réflexion très humaine, qui lui avait fait immédiatement supposer le pire cas et non le plus raisonnable, sa pensée rationnelle reprit le dessus. Était-il sérieusement en train d’accorder plus de confiance à Toklo, qui aurait pu le décapiter d’un seul coup de sa pioche tranchante, ou l’assommer avec ses bras puissants, qu’à une jeune femme tout aussi inconnue, mais qui ne trimballait aucune arme ? Certes, le propre du bon assassin est qu’on ne peut pas le suspecter d’en être un, mais ce genre de réflexion entraîne des apories dans l’analyse des gens très rapidement.
     Et par ailleurs, il n’était plus sur Terre. Ici, plus personne, sans doute, n’enverrait de tueurs à gage à ses trousses. Quelle délicieuse sensation ; qui l’était d’autant plus parce que bien trop peu goûtée, que de pouvoir parler à des inconnus sans crainte, sans réserve, sans arrière-pensée.
     « Très joli nom. Oh, le nom de cet Objet l’est beaucoup moins, j’en ai peur. Il s’agit d’un gélatinomadaire. Parce qu’il remplit à peu près les fonctions d’un dromadaire, et… qu’il est gélatineux. Mais si vous voulez parler de son nom à lui, je crois que son ancien maître lui en avait donné un, mais il ne réagissait jamais quand on l’appelait. Pour tout vous dire, je ne suis même pas sûr qu’il dispose d’une audition. Ou de quelque sens comparable à celui des êtres humains, par ailleurs. »
     Et voilà qu’il s’était emporté dans des considérations cyantifiques. Ne voulant pas ennuyer sa compagnonne avec des longues thèses de biologistes qu’il avait lu et qu’il se serait fait un plaisir de vulgariser pour occuper le voyage, Amundsen se lança dans une autre digression sur son voyage. Pas forcément plus intéressante, mais en tout cas ayant plus trait à leur mission. Il en avait déjà expliqué les grandes lignes à Toklo, et ne prit donc pas la peine de parler fort pour être bien entendu de tous.
     « Pour tout vous dire, bien qu’étant explorateur de métier, ce n’est pas tellement le Labyrinthe qui titille ma curiosité en soi. Je pense monter une expédition jusqu’à ce que nous ne puissions plus avancer, ce qui peut revenir à au moins cinq jours, si nous ne trouvons aucun moyen de nous réapprovisionner et que nous avançons sans rencontrer aucun obstacle, comme maintenant. Vous comprenez que c’est fort irréaliste. Une estimation plus raisonnable serait donc de diviser au moins par deux notre temps dans le labyrinthe. D’ailleurs, possédez-vous une montre ? Moi non, et considérant la nature aléatoire du cycle jour-nuit de l’Esquisse, ce serait fort pratique. Enfin, le rythme biologique de nos propres corps ; manger, dormir, est un indicateur assez satisfaisant. Mais pour revenir au sujet, si on devait se projeter dans un temps un peu plus long, je pense prévoir à peu près trois, quatre expéditions, selon mes moyens – et si Dieu le veut. On verra après. L’idée générale étant plus de roder mes compétences en exploration sur un terrain déjà bien balisé par mes confrères cyantifiques, avant de me lancer dans des projets plus ambitieux. »


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