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La rencontre des robots [Sydonia / Zoé]

Eelis
Qu'est-ce qui est jaune et qui traverse les murs ?
Personnages : Al, Sydonia, Even, Dylan et Al'
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Date d'inscription : 10/06/2012
Eelis
Jeu 14 Nov - 20:11
— Chambre 108, c’est au premier étage, avec le dessin de camomille sur la porte !

Quand elle n’était pas occupée à se balader un peu partout en Ville ou au-delà pour des raisons plus ou moins farfelues, Sydonia s’occupait assidûment de l’Hôtel. Si l’on pouvait lui reprocher (tout à fait à raison) de raconter n’importe quoi, d’avoir envoyé plus d’un Dessinateur au casse-pipe et d’enfreindre tous les principes de l’ESPOAR avec la carte de sa taverne, son efficacité dans la gestion des affaires ne pouvait elle, guère être critiquée. Enfin, si, il y avait bien le travail gratuit récurrent de la part de nouveaux Dessinateurs naïfs, mais ce détail mis à part, Sydonia tenait bien ses comptes, savait toujours précisément à qui était attribuée quelle chambre et retenait du premier coup les boissons préférées de chaque client.

— Chambre 401, avec les trois poignées. Vous dormirez sur le petit lit dans la commode. Et je vous fais monter un croix-sang.

En vertu, donc, de cet équilibre entre roue libre totale et rouage bien huilé, l’Hôtel continuait d’être un lieu incontournable en Ville en dépit de l’existence d’une concurrence certaine. Bon, si l’on était honnête, l’Hôtel jouissait aussi beaucoup de sa position, du fait d’avoir été le premier et surtout d’être le seul bâtiment dans le coin qui avait la structure, la taille, la capacité et même le stock de lits d’un hôtel. Ajoutez à cela que les lieux alentours s’étaient adaptés en conséquence et ainsi renforcé le caractère incontournable du lieu, et peut-être bien que l’Hôtel était une machine assez solide pour continuer à tourner même avec un rouage central légèrement défaillant.

— Chambre 101. Avec le poème peint en vert.

Du moins, en temps normal.

— Chambre 101. Avec le poème peint en vert. Vous dormirez sur le sac de couchage.

Or, quiconque a passé plus d’une semaine dans l’Esquisse — ou à défaut avait écouté parler des Dessinateurs dans une taverne — sait qu’il y a rarement des temps normaux… Ou bien, car je vous vois venir au fond, cette personne a, pour me donner tort, changé sa définition de la normalité en “superposition de situations chaotiques”.

— Chambre 202. La porte rose et ronde.

Ce jour-là, l’Hôtel devait gérer trois évènements. Le premier était une nuit qui se faisait un peu trop longue et qui poussait les Dessinateurs perdus à se réfugier dans des lieux ouverts et lumineux — dont l’Hôtel faisait partie — et les clients de sa taverne à se refiler leur anxiété comme une épidémie. Le second était un certain Cirque Zigouigoui, qui avait ramené en Ville des Objets particulièrement dangereux et “oublié” de fermer leur cage, ce qui avait contraint bon nombre de personnes à fuir pour se réfugier dans des lieux fréquentés et si possible où ils pourraient passer la nuit. Le troisième était un énième incident de canaux dans le quartier du Centre, qui avait privé d’eau des rues entières et saccagé quelques habitations au rez-de-chaussée, et quel meilleur endroit que l’Hôtel pour prendre une bonne douche et passer la nuit, surtout avec ces Objets dangereux qui rôdent ?

— Chambre -101, dans le sous-sol. Celle où il y a écrit “Salle de bain” sur la porte.

En conséquence, l’Hôtel était frappé d’un tel coup de chaud qu’il avait plus que besoin d’une tavernière au sang-froid à toute épreuve et au sourire imperturbable pour gérer le flux d’arrivées, faire le compte des trocs réalisés et s’assurer que tout le monde aurait un endroit pour dormir — quitte à être trois personnes par lit.  Elle avait pour l’épauler toute une équipe d’intérimaires qu’elle recrutait à la volée sur base d’un entretien qui durait moins de cinq minutes, son fidèle canard géant de compagnie qui mordait les tirent-au-flanc, trois hussards qui “faisaient la sécurité” en créant la plupart des problèmes qu’ils essayaient de résoudre, deux magendarmes qui profitaient de l’afflux de témoins pour faire avancer leurs enquêtes, une cy-anti qui distribuait ses affiches et ses hypothèses sur l’origine de tous ces problèmes…

Et puis, soudainement, tout s’arrêta.

À moins d’une minute d’intervalle, on annonça le retour du jour, la capture des Objets évadés et… Bon, le problème de canalisations n’était toujours pas réglé, mais une bataille de pistolets à eau avait été lancée.

Dernier clou dans le cercueil, on annonça qu’un stand de crêpes avait ouvert à deux rues d’ici.

En conséquence, la foule se dispersa et le calme tomba brutalement sur l’Hôtel.

Soudainement désœuvrée, sinon pour tout le nettoyage à faire et les quelques clients qui finissaient leur consommation, Sydonia se laissa choir dans son fauteuil, dans un soupir rare.

Des crêpes… Il faudrait qu’elle envoie quelqu’un voler la recette, à l’occasion.

En attendant, la tavernière regardait son comptoir bardé de post-it, son tas d’objets à trier, son thé à peine entamé mais déjà froid, le plafond de l’Hôtel et son chandelier qui se balançait tendrement d’avant en arrière…

Des pas foulèrent le pas de la grande porte. Sydonia enfila son plus beau sourire et se redressa d’un geste vif.

— Bienvenue à l’Hôtel !


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Kalisto
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Kalisto
Ven 15 Nov - 10:29

Ça pourrait être pire. Ça a déjà dû être pire. Au moins, elle est au chaud et elle a échappé au tuyau d'arrosage fou. De temps en temps, elle se tourne discrètement vers la porte d'entrée, pour vérifier qu'il ne s'apprête pas à y entrer en serpentant, projetant des flots d'eau sale partout sur son chemin quand il n'essaie pas de s'enrouler autour des gens pour les étrangler, ou de se prendre dans leurs pieds pour les faire trébucher. Qui aurait cru qu'un tuyau d'arrosage pouvait être aussi retors ?

Plus que de l'étranglement ou de la chute, Zoé a eu peur de l'eau. Elle n'a pas eu besoin que l'Interface lui débite son laïus (« Avertissement : l'appareil JL 203 doit être maintenu en parfait état. Éviter le contact avec l'eau. Éviter...») pour se douter qu'inonder ses circuits électriques fragiles ne serait pas une bonne idée. Du moins, elle les suppose électriques. Fonctionnent-ils sur batterie, sur pile, avec quel carburant ? Elle ne se le demande pas, de peur de réveiller l'Interface. Tout à l'heure, elle a eu beau lui dire de se taire, ça ne l'a pas empêchée de continuer, comme un disque rayé.

Maintenant, dans l'Hôtel en pleine effervescence, l'Interface ne dit plus rien, supplantée par le brouhaha ambiant, les récriminations et les plaintes. Zoé n'a pas voulu déranger ; elle est déjà bien assez contente que le chaos environnant ait eu raison de la voix lancinante ; alors, elle s'est mise dans un coin de la pièce d'où elle n'a pas bougé, observant les uns et les autres depuis les stries noires et blanches de son champ de vision.

À cause de son immobilité, une grande femme brune la confond avec le décor et lui scotche une affiche sur l'écran. En tout cas, Zoé suppose qu'elle l'a confondue avec le décor, mais doit revoir son jugement quand elle s'adresse directement à elle en lui tenant un discours exalté auquel elle ne saisit rien, si ce n'est « scientifiques » et « biopouvoir ». En soulevant l'affiche dont on l'a placardée, Zoé voit la brunette s'éloigner en continuant ses harangues et scotcher un autre tract sur le torse d'un homme tout ce qu'il y a de plus humain.

Puis, d'un coup, toute la pagaille retombe, toute la foule se dissipe. Et le silence reprend ses droits dans l'Hôtel. Avec le retour du silence, l'Interface juge vraisemblablement le moment opportun pour revenir en force, puisqu'elle se met à déblatérer :

Entretien de l'écran. Éviter, autant que possible, de toucher l'écran pour ne pas le détériorer. Pour nettoyer la surface, privilégier une lavette légèrement humidifiée...

Tâchant de l'ignorer, Zoé arrache l'affiche qu'on lui a distribuée, mais le bout de scotch reste sur l'écran, ce qui ne manque pas de faire redoubler d'intensité l'explication de l'Interface. Impossible, en l'état, de se concentrer suffisamment sur l'affiche pour lire ce qui y est écrit et de quoi il est question. Vite, vite, un moyen de faire taire l'Interface, de nouveau. Où sont le bruit, la pagaille et le désordre quand on a besoin d'eux ?

Elle guette avec un regard plein d'espoir le nouveau client, tout vêtu de noir, qui passe le seuil de l'Hôtel, curieuse de voir ce qu'il va annoncer. Mais voilà que, sitôt rentré, il se penche vers la réceptionniste à l'accueil et lui parle à voix basse. Zoé hésite, puis se détache du mur contre lequel elle s'était appuyée. Elle s'approche du comptoir, l'air de rien — ce qui est difficile quand on a, en guise de tête, une vieille télévision qui dodeline de droite à gauche à chaque pas qu'on fait et grésille atrocement —, dans l'espoir de capter la conversation.

— ... il faudrait donc que vous réceptionniez ce colis, poursuit l'homme en noir avec des airs de conspirateur, et rappelez-vous...

Il s'arrête net, soudain, et jette un regard inquisiteur à Zoé, qui s'est un peu trop rapprochée de lui. Incapable d'expliquer qu'elle ne suivait cette conversation qui ne la regarde pas que pour faire taire la voix dans sa tête qui s'obstine à lui détailler minutieusement son manuel d'utilisation, elle prend le parti de faire diversion. Levant trois mains pas très synchronisées en direction de la carte des boissons, elle demande, à l'intention de la réceptionniste :

— Je venais commander...

Elle n'a pas réfléchi à quoi. Elle ne sait même pas vraiment si elle peut boire. Dans son élan, elle s'est un peu décalée sur le côté et c'est alors qu'elle aperçoit le canard géant. (Difficile, dira-t-on, de manquer un canard géant dans le lobby d'un Hôtel, mais dans la pagaille générale et la confusion de son arrivée récente, Zoé avait d'autres choses en tête). Maintenant qu'elle l'a vu, elle ne le quitte plus du regard, bouche bée (enfin, si elle avait une bouche... celle-ci serait bée).

— Qu'est-ce que c'est ? demande-t-elle, stupéfaite.

Quelque chose lui crie que c'est important. Et elle est presque sûre que ce n'est pas l'Interface — l'Interface ne crie jamais.
Eelis
Qu'est-ce qui est jaune et qui traverse les murs ?
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Eelis
Mar 19 Nov - 7:02
Un individu louche et un mystérieux colis à récupérer ? Rien de bien inhabituel pour la tavernière. D’aucuns auraient même dit que l’Hôtel était une sorte de relais colis à la fois central dans le commerce respectable que dans le commerce moins respectable, même s’il y avait d’autres lieux en Ville qui lui faisaient concurrence — à l’instar de ses activités hôtelières. Ces mêmes “aucuns” propageaient parfois des rumeurs selon lesquelles Sydonia était impliquée dans du trafic d’Objets et que c’était pour cela que l’on entendait parfois des couinements dans l’arrière-boutique, mais il ne s’agissait en fait que de stagiaires qui se prenaient le pied dans la réserve mal rangée.

Ils pourraient cependant avoir raison, car Sydonia, qui avait la morale d’un banquier, ne se souciait jamais de la nature de ce qu’on lui confiait, tant qu’on la payait et que l’on respectait la limite de six objets par personne — ou qu’on payait un prix exorbitant pour la doubler.

Alors qu’elle allait donc apaiser son client du jour en lui disant que tout était clair pour elle, une télévision s’invita dans leur échange. Une télévision avec six… huit bras ? Comme elle n’avait pas attendu son tour dans la queue, le chien de garde des lieux s’était approchée d’elle en se léchant les babines.

Du moins, si ça avait été un chien de garde, il se serait léché les babines.

Sydonia, de son côté, géra la situation comme elle en avait l’habitude, avec un sourire de Barbie.

Bienvenue à l’Hôtel, je prendrai votre commande dans quelques instants. En att… (elle allait dérouler toute sa boîte de dialogue habituelle, mais la surprise de la cliente la fit basculer sur une autre) Oh, celle-là, c’est juste Daisy, elle…
Qu’est-ce qu’était Daisy et que faisait-elle à ses côtés, déjà ?
— …vous aimera beaucoup, si vous lui donnez un peu de papier.

Elle s’approcha du canard qui lui avait semblé un bref instant étranger, puis lui frotta la tête comme si elles avaient toujours été les meilleures amies du monde.

— Regardez comme elle est adorable.
Daisy continuait à fixer Zoé d’un air… aussi intense que pouvait l’être l’air d’un canard géant.
— Je finis avec mon client actuel et je prendrai votre commande dans quelques instants. En attendant, vous pouvez vous asseoir sur l’un des sièges. Daisy vous montrera.

S’il y avait bien une chose qui était sûre, après tout, c’était que Daisy connaissait très bien l’Hôtel. Peut-être même mieux qu’elle.



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Kalisto
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Kalisto
Jeu 21 Nov - 17:17
L'hésitation de Sydonia vis-à-vis de son canard géant passe tout à fait inaperçue auprès de Zoé ; il n'en va pas de même pour l'Interface qui, maligne, repère le silence et s'empresse de le combler en diagnostiquant, robotique et sans appel :

Un ralentissement peut être le signe d'un dysfonctionnement plus profond. Si le bug s'éternise, redémarrer l'appareil et...

Allons bon. Voilà que, non contente de répondre à chacun des gestes de Zoé par un nouvel extrait du manuel d'utilisation, l'Interface s'amuse en prime à plaquer cette notice sur les autres ? C'est ridicule et absurde, juge Zoé. Ce n'était pas un bug, cette inconnue n'est pas un... un... Cette inconnue n'est pas une machine qui s'abîme et plante. C'est une... c'est un... c'est un système de type humain, voilà. Apparemment proche d'un autre système de type...

— Dai-sy ? répète la jeune télévision, la voix mêlée d'une incertitude qui pourrait venir 1) du grésillement constant qui émane d'elle 2) d'une certaine inadéquation entre l'attribut [adorable] et le regard fixe, un rien menaçant que le canard pose sur elle 3) de la peur, discrète mais croissante, du regard que Daisy darde sur elle.

Pendant que Zoé se laisse guider jusqu'aux sièges tout en s'efforçant de rester à une distance prudente du pseudo chien de garde, l'homme en noir reprend, passablement irrité par ces digressions :

— Donc ! Comme je le disais : rappelez-vous, si le colis essaie d'engager la conversation, contentez-vous de ne pas lui répondre. On a perdu trop de membres prometteurs à son bavardage sans queue ni tête. Mais, entre nous, on m'a dit que vous étiez la personne à contacter pour ce job ; vous n'aurez qu'à le surveiller un peu, le temps que Gus le Cactus vienne le récupérer ; ça devrait aller, non ?

Il jauge un peu Sydonia puis, apparemment satisfait, lui serre la main pour conclure le marché, tourne les talons et ressort de l'Hôtel aussi vite qu'il y est entré, non sans jeter un regard aussi noir que ses habits en direction de Daisy et Zoé. Cette dernière a réussi à surmonter son appréhension première pour hasarder un geste en direction des plumes du canard — bien qu'elle ne ressente à peu près rien au toucher. Voyant le comptoir de nouveau libre à l'exception de sa tenancière, de l'autre côté, elle se relève, chancelle un peu sur ses jambes mais marche d'un pas décidé — quoiqu'un peu grippé — vers Sydonia.

— Daisy, reprend-elle, perplexe, ce n'est pas un... ce n'est pas une chose comme vous. C'est un...

Elle cherche le mot. Intense concentration. Puis :

— Animal ? Est-ce que vous êtes aussi un [animal] ? Est-ce que je suis... ?

Erreur fatale, elle a prononcé les mots maudits. Déjà, l'Interface, volubile, se remet à lui lister les membres et composants qui la constituent.
Eelis
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Eelis
Dim 24 Nov - 22:56
Sydonia afficha son plus beau sourire de commerçant à son client tout de noir vêtu.

Ne vous inquiétez pas, j’ai l’habitude des clients retors, y compris des cyantifiques, le rassura-t-elle, en tirant au passage une balle perdue vers une petite partie de sa clientèle.

Une fois l’affaire conclue, elle réarrangea rapidement quelques affaires qui traînaient sur son bureau, puis reporta son attention vers la télévision vivante. Elle n’eut pas le temps de se présenter plus formellement que sa nouvelle cliente lui posa une bien étrange question… qu’on lui posait en réalité tous les jours.

— Animal, Objet… Nous sommes tous les enfants de la Déesse, alors les noms ne comptent pas, lui répondit-elle calmement, alors qu’elle s’asseyait à côté d’elle. Vous pouvez lui donner celui qui vous chante, tout comme elle se donne celui qui lui chante.

Si les rares personnes à porter attention à ce que Sydonia racontait avaient remarqué qu’elle avait commencé à glisser la Déesse dans toutes ses explications depuis qu’elle s’était rendue aux Monts Vêtus quelques semaines plus tôt, Sydonia elle-même était savait, comme elle savait tout, qu’il en avait toujours été ainsi. Easel serait-elle ravie d’entendre que sa bonne parole était massivement diffusée auprès des nouveaux Dessinateurs ou consternée de constater qu’elle avait été très librement interprétée, nous le saurons sans doute un jour…  

Pendant ce temps, Daisy fixait toujours la cliente avec insistance. La rousse tiqua :
— Vous avez ou aviez du papier sur vous, non ?

La tavernière sortit de sa propre poche une note que lui avait donnée un client un peu plus tôt. Aussitôt, l’animal tourna la tête et se précipita vers elle afin de gober le morceau de papier comme une croquette. Il était connu des réguliers de l’Hôtel qu’il valait mieux conserver ses documents en sécurité, au risque de voir une créature ouvrir la porte pendant la nuit pour les avaler d’une traite — une vision terrifiante sous bien des aspects.



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Kalisto
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Kalisto
Dim 1 Déc - 18:25


« Nous sommes tous les enfants de la Déesse alors les noms ne comptent pas » dit Sydonia et, face à cette simplicité ésotérique, l'Interface se tait. Le terme « Déesse » est un gouffre qui absorbe tout le reste, qui dévore ses protocoles et ses instructions ; il ne figure pas à son vocabulaire, ne renvoie pas à une nouvelle annexe de ce mode d'utilisation sans fin qu'elle ne cesse de dérouler. Zoé sent la tension qui parcourait, électrique, ses articulations, se dissiper pour un temps.

« Les noms ne comptent pas » dit l'aubergiste et cette affirmation lui est bizarrement réconfortante. « Les noms ne comptent pas », alors qu'importe qu'elle ait à moitié oublié le sien, pas vrai ? Qu'importe qu'elle ne sache pas quoi faire des attributs confus que lui crie le processus archaïque enseveli dans sa mémoire, [animal], [humain], [machine], qu'importe qu'elle ne sache plus si elle est une [Zoé] ou juste 203... Elle est là. Elle est.

Et, oui, elle a du papier, se rappelle-t-elle, quand son interlocutrice le lui demande, avant de tendre le prospectus distribué plus tôt par l'inconnue aux cheveux bruns — en quelques bouchées goulues, Daisy l'engloutit. Est-ce cela qu'attend le canard depuis le début ? En l'observant déchiqueter l'affiche à coups de bec, Zoé se rappelle le vieillard au visage de papier qu'elle a croisé sur son chemin vers l'hôtel, ses pupilles d'encre, ses traits chiffonnés par les rides, celui qui fuyait le tuyau d'arrosage avec la même terreur instinctive qu'elle. Elle se demande si Daisy a déjà mangé des gens. Elle se demande ce que c'est, « des gens », et pourquoi ce flyer ne lui semble pas appartenir à cette catégorie distincte. Mais quand elle se tourne vers Sydonia, elle ne se résout pas à poser cette question — ne vient-elle pas de lui dire que cela n'avait pas d'importance ? — et à la place, elle dit :

— Vous pouvez me parler de la Déesse ? S'il vous plaît.
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