UNE FOLLE 2.

Description

Agrippine, en vraie, elle est gentille. Avant, quand elle s’occupait de la peinture dans les maisons, elle était aussi un peu maladroite, mais elle ne tâchait pas trop les meubles ou le sol, et puis, on lui en voulait pas, parce qu’elle achetait toujours des petits biscuits, des beignets et des cadeaux pas trop chers pour les enfants des clients, parfois. Elle n’avait pas beaucoup d’argent, et elle n’était pas franchement douée, du coup, on la rappelait et on n’en parlait pas vraiment à ses amis, mais elle était gentille comme tout, quand même, Agrippine, et en la voyant, toute dépourvue de chic, de classe, on ne pouvait pas s’empêcher de lui donner de petits pourboires. Alors, elle était heureuse et elle oubliait à quel point elle était chiante, pas trop belle, et comme sa vie était un désastre, et elle se contentait de ça, Agrippine, elle se fichait un petit peu –pas complètement- de ce que les autres disaient d’elle.

Et puis, la pauvre femme est arrivée sur la esquisse. Sans trop savoir pourquoi. Elle était juste là, dans ce monde qu’elle ne connaissait pas. Toute affolée, elle en a versé des larmes, à sa vie perdue et aussi parce que ça lui faisait peur, ici, avec une loutre vêtue d’un costume à paillette qui veut la kidnapper pour lui faire couper ses ongles, à lui et a toute sa famille de loutre. Agrippine, elle s'est vite ressaisie, elle a courageusement séché ses larmes et elle s'est dit qu’il fallait faire quelque chose. C’était le moment idéal pour faire travailler son cerveau, mais en fait, ça n’a pas marché. Elle a trouvé ça tellement déroutant, ça lui a fait perdre ses moyens, la pauvre, et du coup, tout ce qu’elle a pu faire, c’est fuir. Encore et encore. En se tordant la cheville trois ou quttre fois, en se prenant les cheveux dans un ventilateur fou, en essayant de les couper et en se faisant une grande entaille dans sa peau grisâtre, en tombant dans le lac et rencontrer des gens pas du tout fréquentable, puis, pleins d’autres aventures où, avec toute la malchance du monde, elle n'a pas arrêtée de se blesser.

Mais tout ça, c’est parce qu’elle est maladroite. Elle ne sait pas faire grand-chose de ses mains. Peut-être juste se gifler toute seule, avec. Alors, cette femme, malheureuse femme, il ne lui arrive que des choses qui n’arrivent à personne d’autre. Mais elle ne sait pas, qu’il faudrait peut-être mieux arrêter de persister. Peut-être bien se trouver une cachette au lieu de fuir en courant et rencontrer tous les obstacles possibles. Sauf que son petit cerveau, à elle, il est déjà en surcharge. À force de se méfier, de trouver toutes les raisons de fuir et de ne faire confiance à personne –même pas à elle-, son esprit n’est plus occupé que part ça.

Elle voit le mal partout et réagis toujours excessivement. Elle sent qu’il se passe quelque chose de pas clair. Elle a envie de vaincre ce mal pour pouvoir sortir de cette… chose. Elle ne sait même pas comment ça s’appelle ! On lui a raconté tellement de choses. Pour l’embrouiller et mieux la donner aux … choses qu’ils se chargeront de la tuer. Et là, là, elle ne sait pas ce qui se passera, après. Elle ne sait pas si elle pourra dormir à jamais ou si on se servira de son corps pour attirer les gens comme elle, s’il y en a.

En fait, elle n’en sait rien. Elle a déjà essayé de mener sa petite enquête pour élucider le mystère, mais elle n’a pas réussi. Tout l’en empêchait ! Et c’est un signe, qu’on ne veut pas la laisser tranquille, à cette pauvre dame.

Elle veut plus de ça, non. Elle voudrait juste goûter la nouvelle saveur de carambar avant de périr dans ce monde affreux et vraiment très dangereux ! Juste pouvoir éclater une dernière fois de rire en lisant une de ces fameuses blagues qu’elle connaît par cœur depuis sa plus tendre enfance d’enfant-escargot qui a redoublé deux fois et qui c’est arrêter d’étudier au collège. C’était parce qu’elle était un peu beaucoup bête et qu’on ne l’aimait pas. Elle était gentille, oui, mais tellement agaçante et même sans sa peau grise et ses oreilles-nageoires, elle avait toujours ses lunettes rouges qui lui donnaient un air tellement … idiot. Et sa voix, horriblement aiguë et insupportable, personne ne méritait de l’entendre, même pas elle, en fait.

Sauf qu’avant esquisse, tout ça, elle ne s’en rendait pas compte.