Arrêter la Tornade [André DUBOIS / Mr HALVER] (Abandonné)

Les plaintes sont de plus en plus nombreuses au sujet de la Tornade. Violette n’arrête pas de voler des vêtements de ses camarades et professeurs. Quand ça m’arrive, il me suffit de me dissimuler et de me créer une nouvelle tenue, ou au pire de me changer en animal parlant. Mais ce n’est pas aussi simple pour les autres. A plusieurs reprises, des personnes sont arrivées en retard car elles devaient se rhabiller dans leur chambre ou les vestiaires. Parfois je fais apparaître des vêtements pour des collègues et élèves désemparés, mais je ne peux le faire tout le temps.

Durant un temps, j’avais essayé d’être pacifique envers Violette. A un moment je lui ai proposé de lui créer de nouveaux vêtements quand elle en a besoin. Mais elle n’a pas toujours le temps de venir me voir, et je n’ai pas toujours le temps de lui faire de nouveaux habits. Cependant, je me rappelle lui avoir aussi proposé d’autres solutions, comme se procurer de nouveaux tissus. J’ai l’impression qu’elle ne m’écoutait pas…

J’ai l’impression que des mesures n’ont pas trop été prises face à ce comportement de Violette. Ça ne peut plus continuer ainsi. Je parcours les couloirs en tant que libellule, car je vole plus rapidement que je ne marche. Quand je me retrouve devant la porte du bureau du directeur, je reprends forme humaine avec de nouveaux vêtements sur moi. Puis je toque à la porte.

Le stylo court sur le papier. Des plaintes d'élèves et de professeurs en tout genre, quelques dossiers d'inscriptions à mettre à jour, des demandes de logements étudiants à analyser. Halver, directeur de l'Univerre-cité a toujours aimé remplir la paperasse et venir en aide aux jeunes étudiants et étudiantes. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il a toujours fait parti de ce bâtiment et dès qu'on a eu besoin de lui, le directeur s'est éveillé et a commencé à s'occuper de l'univerre-cité.

Alors qu'il est en train de remplir un énième papier, il entend qu'on frappe à son bureau. Utilisant son pouvoir de Radiance, Halver fait vibrer une petite lumière à l'extérieur pour annoncer au visiteur qu'il peut entrer. Bien installé sur sa petite table, Halver attend sagement que la personne souhaitant le voir entre et lui expose son besoin ou lui pose sa question.

A peine avoir toqué, une lumière devient verte et j’entends un bourdonnement. Je suppose que c’est un signe que je peux entrer. J’ouvre alors la porte.

« Bonjour, monsieur… »

Je ne vois personne. Sur le bureau, je vois juste des papiers et un lotus en verre. Est-ce qu’il se rend invisible avec la Radiance ? Est-ce qu’avec l’Autonomie il se rétrécit ou se change en un objet particulier ?

« Hum… Où est-ce que vous êtes ? »

Un jeune homme entre dans mon bureau avec un air courroucé, puis décontenancé, il tourne et se retourne, comme pour le chercher. Il est vrai que l'apparence du directeur, de prime abord peut perturber. Ils sont nombreux, les étudiants à ne pas avoir pris tout de suite à qui s'adresser. Le directeur Halver a toujours trouvé ça un peu drôle, mais aujourd'hui il sent une forme de détresse et de colère bouillonner chez le jeune homme. Ses émois l'atteignent et, faisant appel à la Radiance, le directeur fait vibrer l'air autour de lui : Pardonne moi mon garçon, mon apparence est étrange, mais je suis ici.

Il envoie ces sons tout en vibrant légèrement sur le bureau afin que le jeune homme le repère facilement et très vite fait passer la conversation au chapitre suivant : En quoi puis-je t'aider mon jeune ami ?

J’entends une voix douce, puis une vibration légère. Sur le bureau, je vois le lotus en verre vibrer. D’un coup, je comprends mieux certaines choses.

Jusque-là, je n’étais en contact avec le directeur que par l’intermédiaire d’Objets qu’il semblait contrôler. Je trouvais cela étrange au début, puis je m’y suis fait. Il m’arrivait quand même de m’interroger sur ce système. Je me disais qu’il pourrait avoir une apparence très étrange même pour les normes de l’Esquisse, ou un handicap pouvant l’empêcher de parler aux gens en personne. J’ai vainement essayé d’interroger plusieurs personnes sur ce système. J’ai plusieurs fois été tenté d’aller le voir rien que pour voir son apparence, mais cela aurait l’air intrusif et très étrange. Maintenant, je comprends mieux pourquoi le système est ainsi. Le directeur est un objet en verre.

Sa voix et sa façon de parler sont plus doux que ce à quoi je m’attendais. Cela ne suffit pas à m’apaiser, mais je commence à me dire que je ne devrais pas être aussi courroucé ici. Je respire alors pour me calmer un peu avant de poser mes yeux sur le lotus.

« C’est au sujet de Violette. Elle a plusieurs fois volé des tissus, des vêtements et des rideaux aux gens. Il en a qui se retrouvent nus sur son passage. Elle en laisse traîner un peu partout. J’ai essayé de canaliser ça, en vain. Il faut qu'on arrête ses manèges. »

En effet mon jeune ami, le vol ne peut être toléré. Des plaintes contre cette violette m'ont déjà été rapportées. Cette jeune femme est-elle une de tes amies ou c'est en victime que tu te présentes ici ?

L'idée saugrenue qu'une élève laisse ainsi d'autres gens nus aurait pu énerver Halver s'il avait lui même risqué d'être un corps à découvert. Pourtant, lui ne risquant que bien peu de choses essayait avant tout d'éviter que les autres ne se soient moroses. Cette Violette avait déjà été un sujet évoqué dans ce grand bureau, mais jamais encore le courroux provoqué n'avait été si gros.

Le directeur espéraient qu'ils pourraient ensemble trouver des solutions convenables pour tous les partis, et lui devrait réfléchir aux raisons pour lesquelles Violette agissait ainsi. Personne encore n'avait pu lui dire si cette jeune femme était espiègle ou simplement maladroite et Halver ne voulait pas qu'on la punisse trop sévèrement pour ce que malgré elle, elle convoite.

Sa réflexion l'ayant plongé dans un silence respectueux de son étudiant, Halver écoute avec attention et patiemment.
La réponse de ce dernier pourrait bien tout changer, et l'avenir de Violette ainsi en être impacté...

Il est déjà au courant. Je commence à me demander si j’ai raté des mesures qu’il a prises.

« Elle m’a volé une ou deux fois, mais je peux facilement me rhabiller. Ce n’est pas le cas de tout le monde, malheureusement. »

J’hésite un instant à lui montrer ma capacité. Si je la montre tout de suite, aurais-je l’air de me vanter ? Mais j’avais tenté de l’utiliser pour aider dans cette situation, donc d’une certaine manière elle a son importance aujourd’hui.

« Pendant un bon moment, je me suis exercé en Novation pour pouvoir faire apparaître et disparaître des objets. »

Pour lui montrer l’exemple, je fais apparaître puis disparaître un stylo dans ma main.

« Ça m’a aidé quand ma tenue a été volée, ça m’a aussi permis de rhabiller des gens nus que je trouve. D’habitude je suis sévère, mais là j’ai essayé d’être patient envers Violette. Je lui ai proposé de lui faire apparaître les tenues qu’elle voulait, quand elle en aurait besoin. Mais je n’ai pas toujours le temps de lui faire ça, elle n’a pas toujours le temps de venir me voir, et quand on se voyait, il y avait plusieurs moments de prise de tête jusqu’à ce qu’elle soit enfin satisfaite. Bien entendu, ça ne réglait pas le problème. J’ai essayé de la raisonner, mais elle ne m’écoute pas, et je n’arrive pas à arrêter la tornade… »

Dépité, je me tais quelques secondes, ayant du mal à dire plus. Puis j’essaie d’aller droit au but.

« Bref… J’ai essayé de régler le problème, je n’y suis pas arrivé. »