Une frite au buffet

Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Dim 31 Juil - 5:33
Le meeting des cy-antis ne devait sa foule enthousiaste qu’à deux choses.  

Premièrement, elle avait été organisée dans l’un des grands jardins de la Ville, savamment nommé "le Parc" par tous ceux qui le connaissaient, un jour où il faisait particulièrement beau, et nombre des Dessinateurs qui venaient simplement prendre l’air s’étaient retrouvés embarqués dans une réunion de sympathisants, à écouter une succession d’orateurs défendant la cause avec hargne à l’ombre des arbres à pain et à caramel, qui ne sont, contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, pas des étrangetés esquisséennes, quoi que la cohabitation entre une espèce océanienne et une espèce japonaise le soit assurément (c’était bien pour ses mélanges à la fois familiers et impossibles que le Parc était connu et apprécié).

Deuxième point, non des moindres pour justifier que ces spectateurs involontaires restent et que d’autres les rejoignent, il y avait de la bouffe. Beaucoup de bouffe. Les cy-antis avaient déballé des pâtisseries odorantes - certaines faites maison par des adhérents - sur plusieurs rangées de tables elles-mêmes gavées de tracts et de boissons en tout genre. Ceux qui avaient naturellement été attirés par le fumet alléchant avaient ramené leurs connaissances, qui elles-mêmes avaient passé le mot autour d’elles, jusqu’à ce  qu’une bonne soixantaine de personne se retrouve amassée autour des victuailles et de l’estrade qui permettait de se divertir en mangeant.

En effet, s’ils avaient réuni plus de monde qu’à l’accoutumée - au point même d’en être légèrement débordés -, les cy-antis n’avaient certainement pas le public le plus réceptif qu’il leur avait été donné de voir. Certes, il y avait bien sur le devant une ou deux rangées disciplinées, qui occupaient les sièges disposés à leur attention, mais ils n’étaient pas dupes sur le niveau d’attention des petits groupes qui s’empiffraient en rigolant dans leur coin ou se disputaient les derniers roulés à la farine. Soit, l’assemblée continuait, au rythme des questions qui étaient posées par les uns et les autres, tandis que des volontaires se tenaient à disposition pour échanger avec les plus timides et distribuer des tracts.  

Mais comme chaque jour en Ville, on n’était pas à l’abri d’un débordement.




Ce post pose un peu le contexte ; selon là où ton personnage se dirige / ce à quoi il s'intéresse, je pourrai ajouter des précisions, sur ce qui se passe et qui sont les gens présents. À toi de voir si tu veux t'approcher de l'estrade, de ses alentours ou plutôt traîner au niveau du buffet lui-même, si tu veux essayer d'aborder quelqu'un ou si tu ne fais rien (et dans ce cas, on a déjà des idées de qui pourra t'aborder). Hésite pas si tu as des questions ou des choses que tu ne comprends pas.
Si quelqu'un a éventuellement envie de participer au buffet et rejoindre Ékithée, pingez-nous, ça sera toujours plus sympa avec un joueur !
Shynagi
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Shynagi
Dim 31 Juil - 17:57


L’esprit mis au clair, Ekithée se mit en route pour glaner des informations et trouver de quoi s’orienter dans l’Esquisse. À peine eut-elle pris son air le plus naturel (enfin, aussi naturel que puisse être une frite-compas qui apprend à marcher), son œil s’est agité, un sacré vacarme se faisait entendre à quelques minutes d’ici. Sans arriver au niveau des manifestations d’antan, le courant de la rue circulait bien dans la direction des bruits, « Quoi de mieux qu’un rassemblement pour en tirer quelques précieux renseignements ! » se dit-elle en claquant mentalement des doigts qu'elle n'a plus. Elle se mit en marche, aussi naturellement qu’une frite qui prétend être un écrasé de pommes de terre au Ritz.

« Les choses sont bien faites, moi qui voulais rencontrer les Chiantis, voilà une occasion parfaite qui se présente à moi. Meeting, festival ou cirque, je ne peux encore en juger mais quel heureux concours de circonstance ». Ekithée était enthousiaste mais méfiante, après tout, les cyantifiques ne pourraient s’y prendre mieux pour rassembler des cy-antis trouble-fêtes et semer la confusion en eux qu’ainsi. Peut-être sont-ils mêmes encore plus fourbes, se faire passer pour cy-antis et les discréditer auprès de têtes (ou tout autre organe cérébral, ne sait-on jamais par ici) creuses.

Loin d’être encore habituée à son nouveau corps, son mime de discrétion n’était peut-être pas si désastreux dans un pareil rassemblement d’originaux. Tout en se déplaçant, elle évitait soigneusement de prendre la parole afin d’écouter ce que les cy-antis avaient à dire et observer l’événement. Tout se passait pour le mieux jusqu’à qu’une de ses jambes se cogne contre le buffet. Rien de grave à ça, mais quelle ne fut pas sa stupeur en se retournant d’y trouver tous ces mets. Autrefois elle en aurait bavé, aujourd’hui elle y voit un horrible cimetière et adresse une pensée à ses adelphes frites. Son effroi n’est certainement pas passé inaperçu.


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Folie d'Esquisse
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Mar 2 Aoû - 19:28
__–Au milieu des badauds, une ombre se glissait. Un esprit noir, une créature sans forme. Appelée, invoquée par la présence de tant d’êtres, de tant de chair fraîche. Un mal insidieux qui se tapissait en plein jour, s’infiltrait au vu et au su de tous, se dissimulait entre les innombrables témoins.
__–Elle était en chasse. Là pour dévorer. Là pour broyer. Là pour détruire.
__–Avide de massacre et attirée par la peur, elle se jeta sur la plus faible du troupeau. Délicieuse, succulente, elle allait connaître la douce et terrible caresse de ses centaines de dents qui tournoyaient, déchiquetaient, éviscéraient.
__–En clair, porta une chips à sa bouche et se rendit compte qu’elle avait bien failli bousculer une consœur de celle-ci.
__–« Ah, pardon, ma faute, dur de regarder où on fout ses panards quand on en a pas. Ah et, tiens. J’avais peur d’être la seule à ne pas correspondre à la case « deux bras deux jambes ». Et d’être la seule imbécile à se coltiner une longue cape, ce qui est complètement hors-saison. Enfin, c’est partir du principe qu’il y a des saisons. J’imagine que ça dépend de vos croyances. Vous en pensez quoi ? Si effectivement, vous pensez et n’êtes pas un objet ou, hmm, une collation, en fait. »
__–Elle se reprit.
__–C’est que, cette petite frite, cet enfant peut-être, avait affaire à ce qui pouvait très bien s’apparenter à une créature de cauchemar. Toute de noir vêtue, une sphère de dense fumée, au centre de laquelle rougeoyait un œil, comme le ferait une fissure dans ce plan de la réalité qui donnerait directement vers la cité de Pandémonium. Juste en dessous, une béance, un abject abîme insondable, aux frontières faites d’éclats tranchants comme des rasoirs, en un nombre qui semblait infini. D’où s’échappait des paroles au ton toujours changeant, à chaque phrase. D’abord la voix d’une petite fille, puis celle d’un vieillard, puis d’un homme dans la force de l’âge et ainsi de suite.
__–« D’accord, c’était pas ma phrase d’accroche la plus sympa, je peux l’admettre. Ça vous va on reprend ? Moi c’est Beck. Pas Becky Hill, pas bec de canard, la suite est avant, histoire d’ajouter au manque de sens général, m’voyez. Ou parce que je suis fan de James Bond, allez savoir. Et joué par Pierce Brosnan, attention. Non moi c’est plutôt András Beck, donc. Enfin. Je parle trop, comme d’habitude. Vous c’est ? Hmm, sans bouche ça va être compliqué de répondre mais encore plus si je vous laisse pas en placer une. Promis je la boucle, c’est à vous. »
__–Et qui s’était bien rendue compte qu’outre son aspect, qui aurait suffi à terrifier n’importe qui s’il n’y avait pas la longue cape qui la recouvrait. Et lui donnait l’apparence d’un ballon d’hélium sous un drap noir, ce qui n’était pas éloigné de la réalité. Mais qui, dans un pseudopode fumigène, tiendrait une délicieuse tranche de pomme de terre salée.
__–« Ah et, ça vous dérange si je la bouffe ? On vient à peine de se rencontrer, si d’entrée de jeu j’avale un membre de votre famille, ça va moyen le faire. J’ai une de ces dalles vous pouvez pas savoir, mais c’est pas comme s’il y avait pas autre chose. À moins que vous ayez des parents surimis ou tomates cerises. Bleues à pois jaunes, mais ça a le même goût, je vous assure. En plus amer. Enfin bref. »
Shynagi
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Mer 3 Aoû - 16:21


D’abord surprise de la créature, soulagée de ses considérations morales ensuite, Ekithée resta quelques instants œil bé le temps de réfléchir à la situation puis apporta des réponses à son interlocuteur.

« Bien le bonjour à vous, András Beck, je tâcherai de m’en souvenir ! On peut se tutoyer ? De manchot à manchot, on peut se comprendre, enfin, à moins que vous ne soyez plusieurs à l’intérieur ? Moi c’est Ekithée, on peut dire que je suis nouvelle dans le pays et qu’à peine arrivée, on m’a déjà cuisinée à toutes les sauces, littéralement. J’estime ne pas être un Objet même si quelques malotrus illettrés semblent être persuadés que c’est le cas.

Quant à cette chips, dorée comme on en fait plus, salée à juste dose, aux courbes à craquer ... Bref, cette chips, je ne veux pas de prise de bec entre nous, mais je serai d’avis de ne pas la consommer. Puisque vous semblez sensible à la cause amidonnienne tout en partageant le bon goût culinaire, j’aurais même un petit marché à vous proposer.  Vous voyez tous ces dérivés de la pomme de terre ? Leur place n’est évidemment pas ici, elles sont captives d’une domination certaine. Que diriez-vous qu’on s’organise pour récupérer tous ces esclaves de ma grande famille et de les libérer dans la nature ? En échange je peux vous couvrir pour vous sustenter de tout autre met du buffet, ou vous rendre un service à ma hauteur. »


Ekithée était consciente que sa proposition comportait une part de risque, mais chaque instant d’indécision, c’était le risque que des consœurs et confrères périssent dans une grande diversité d’organes buccaux, déchiquetant sans la moindre pitié ces êtres sans défense. « Alors partant ? »
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Ven 5 Aoû - 10:36
__–Si quelque émotion pouvait être perçue sur l’absence de visage de Beck, on y verrait un mélange entre de l’intérêt – enfin quelqu’un qui parlait autant que lui, ils allaient avoir de la conversation – et une certaine forme d’incompréhension.
__–« Euh, je ne suis pas un pingouin. Et vous non plus, d’ailleurs. À moins que ce soit votre signe astrologique, mais alors, je ne sais pas comment vous avez fait pour deviner le mien. Mais écoutez, va pour le tutoiement, je vous fais confiance là-dessus. Par contre, pour ce qui est d’être cuisinée, je ne sens même pas de ketchup, or j’ai un très bon odorat, je ne sais donc pas ce que vous voulez, enfin, tu veux dire pas là, mais qu’importe. »
__–Elle avait, après tout, l’habitude de ne pas toujours comprendre ce que les autres racontaient, mais marqua un blanc.
__–« Ah, non attendez, un manchot, oui, d’accord. À toutes les sauces. Ça y est, je l’ai. J’étais ailleurs. Pas littéralement, mais vous… tu… m’as compris. »
__–Pas Beck en revanche, qui tenait toujours la chips dans son pseudopode noir et fumant. Quoi qu’il en était, son cerveau – si tant est qu’elle en avait un – remis dans le bon sens, elle put saisir le reste de ce qu’Ékithée racontait – mais non sans avoir songé un moment à où pouvaient bien se trouver leurs becs respectifs. Elle jaugea sa compagnonne.
__–« Votre hauteur, ça ne fait pas beaucoup. Enfin, ça en soit ce n’est pas grave, j’ai bien quelque chose sur lequel… okay alors, vous faites ce que vous voulez, mais je reste au vouvoiement, ça n’arrive pas à rentrer, je préfère abandonner avant de buter sur chaque pronom, ça commencerait à faire désordre. M’aider, oui. Voilà, c’était ça. Permettez ? »
__–La cy-anti se baissa et observa le pied pointu de la frite, le palpa d’un autre pseudopode. Si tant est qu’Ékithée pût ressentir quoi que ce soit par là, le contact avec la fumée était frais, mais pas désagréable.
__–« C’est impeccable. »
__–Elle se releva, mais sans revenir à son altitude de flottaison ordinaire, pour rester plutôt à hauteur du visage de la frite. Sa voix, qui était passée de celle d’une petite fille à une femme d’âge mûr avec un fort accent, puis à un cow-boy buriné et enfin à une jeune cadre, prit celle d’un enfant de cinq ans qui chuchotait un secret.
__–« La personne qui dirige cette petite sauterie. De vous à moi, je ne peux pas le piffer. Vous êtes nouvelles, je vais vous faire un topo : ici, c’est une réunion de cy-antis, un groupe qui s’oppose aux cyantifiques, enfin bref, je ne vais pas vous faire toute la géopolitique urbaine entre une tomate et une chips. Que je ne mangerai pas. Ce que vous avez à savoir, c’est que je fais partie des premiers et qu’on a nos propres différends en interne. Si on libère les chips, ça va impliquer de saccager leur buffet, déjà ça me plaît, ça lui montrera à cette enflure. Mais vous pourriez m’aider sur un autre point. C’est très simple. Un petit moment guinguette a été prévu, avec des danses. Je vous montrerai votre cible, vous irez faire un swing avec lui et lui marcherez sur le pied avec votre pic. Rien de mortel, juste une éraflure, mais suffisamment pour l’empêcher de se rendre à notre séminaire dans les Monts Vêtus. Sinon la réunion ne va encore tourner qu’autour de sa pomme et des fois, j’aimerais me passer de son avis sur tout et surtout sur n’importe quoi. »




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Shynagi
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Ven 5 Aoû - 16:03


Si Ekithée avait un visage ne se résumant pas à un œil et à quelques mystérieuses graduations, alors celui-ci serait ostensiblement souriant et malicieux. András pourrait très bien se faire passer pour un cy-anti dissident et révéler après coup être un cyantifique. Mais dans la hiérarchie de crédibilité imaginée par Ekithée, quelqu’un comme András n’avait rien des hurluberlus cyantifiques rencontrés, et paraît bien plus sérieux que la résistance cosmétique que semblait constituer le groupe principal des cy-antis. Finalement, venue chercher un Quick faute de mieux, Ekithée trouva le MacDo qu’il lui fallait.

« Marché conclu, je sens que nous allons faire de grandes choses ! Pour les chips et consorts, dans ta brume ou quoique ce soit qui compose ton corps, n’aurais-tu pas un espace pour les stocker puis les libérer ? Avec ma mobilité actuelle, je pourrai très bien vider la table d’un coup de jambe et la verser dans une poubelle aux alentours puis la trainer par le bout du compas jusqu’à un espace naturel, mais c’est bien laborieux. Et puis, qui oserait te chercher des noises si tu aspires les chips ? Ou bien, puisque tu parlais de saccager, envisages-tu une action plus violente ?

Pour la guinguette, je me ferai un plaisir de montrer mes plus beaux pas de danse, je suis certaine que ça marquera la cible. Mais si ce n’est pas trop indiscret, quel est son nom ? Ou, plus important, comment puis-je l’identifier ? La guinguette esquisséenne exige-t-elle que je me vêtisse autrement et que j’adopte certains codes ?

Bref, sache très cher que je suis une frite très loyale, et qu’ayant aussi dans le viseur les cyantifiques, je me ferai un plaisir de me joindre à toi dans la réunion que tu avançais, d’autant plus si je peux réveiller tes confrères et consœurs qui m’ont bien l’air d'être, si je puis me permettre, de sacrées chips molles. »


Toute aussi bavarde que son potentiel allié et méconnaissant les us et coutumes en vigueur dans ce monde, pour sceller le marché, Ekithée tendit sa main, ou plus exactement, le bout non-piquant de son compas à András.
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Sam 6 Aoû - 18:32
__–Beck réfléchit longuement au flot de paroles, plans et propositions qu’avait formulé Ékithée. Il y avait là beaucoup à traiter, mais ce n’était pas comme si lui n’était pas non plus du genre à envoyer une quantité assez astronomique d’informations d’un seul coup.
__–« Alors oui, j’ai mon estomac, mais forcément, c’est un peu problématique comme planque. Après, je ne sais pas, si ce sont des membres de votre famille, peut-être que vous les détestez et voulez les tuer vous-même, auquel cas les voir souffrir dissoutes par mes fumées gastriques vous apporterait un certain plaisir, surtout si après je les recrache à moitié digérées pour que vous puissiez vous repaître de leur cris de douleur et les achever dans un coin tranquille. Mais, non, je ne sais pas, ça n’a pas trop l’air de vous ressembler. Hum. Oui alors, vous savez, avec mon apparence, j’essaie beaucoup de me faire passer pour la petite rigolote de service qui parle beaucoup trop, histoire de conjurer une vie entière à être considérée comme une monstre alors que, bon ben, ma couleur préférée c’est le rose fuchsia à paillettes et je cuisine les cupcakes comme pas deux avec un maximum de vermicelles de sucre de toutes les couleurs, mais vous avez dû vous rendre compte de trois petits problèmes. Déjà, ma gueule, même si je n’en ai pas – ce qui est en fait le problème –, ensuite, je n’ai aucun humour et enfin, difficile de se retenir de correspondre au rôle qu’on m’a assigné et de sortir des horreurs de temps à autre. Tout ça pour dire. Si je vous choque, n’hésitez pas à le dire. Je ferai de mon mieux. L’image de votre peuple atrocement ravagé et souffrant mille douleurs ne devait pas être des plus ragoûtantes, j’aurais dû m’abstenir. Hum. Et là aussi. Bref. Pardon. »
__–Difficile de lire la moindre émotion sur les traits de Beck, d’autant plus qu’elle avait parlé là avec une voix de sergent-instructeur, qui devait probablement avoir perdu ses glandes lacrymales en Indochine. Elle se reprit avec le ton mielleux d’une femme fatale d’un film noir des années cinquante :
__–« Non, le coup des poubelles, je préfère, mais si on retire leur manger aux convives, ce sera l’émeute, hmm… Oh mais oui. Regardez. »
__–Son pseudopode désigna, derrière Ékithée, deux magendarmes qui prenaient une pause café à l’ombre d’un arbre monté à l’envers. Non pas que les feuilles étaient vers le bas et les racines vers le haut, de ce point de vue là elles étaient dans le bon sens, mais l’écorce était à l’intérieur et l’extérieur était vert et suintait en permanence de la sève. Forcément, les deux gardiens de l’ordre n’y étaient pas adossés directement.
__–« Voilà ce que je vous propose. Attirez-les dans un coin sombre où je les attendrai, on les assomme, leur pique leurs tabards et ainsi investis de l’habit de la force publique, nous saisissons toutes les chips en prétextant qu’elles sont périmées. Les consommateurs seront ravis d’avoir constaté l’efficacité de ses forces de police toujours prêtes à intervenir pour protéger leur santé et les vôtres seront en sécurité. Tout ça au prix de deux bosses à l’arrière du crâne de ces agents, franchement, pour ce qui est de la balance karmique, on a un net positif, je trouve. »
__–Quelque part, c’était une action plus violente.
__–« Pour votre cible, la voilà. »
__–À nouveau, Beck tendit son membre vers une autre personne, cette fois-ci debout sur la scène. Elle était bien connue : il s’agissait de Mœbius, cy-anti de tendance modérée, mais très active et dotée d’une autorité non négligeable au sein de son parti.
__–« Pour ce qui est de vos sapes – dit-elle avec la voix de Miranda Priestly de The Devil Wears Prada, ce qui pour une fois était adapté à la situation – c’est frustre, mais on aura vu pire. J’en ai vu des plus mal sapés, un miroir me suffit pour cela. Puis vous pourrez garder le tabard magenta, si la couleur vous sied plus. »
__–Après avoir ainsi devisé de port illégal de l’uniforme, restait le dernier point à traiter. Beck se serait bien gratté la tête, si elle avait quoi que ce soit à gratter. À la place, elle resta là, tout à fait immobile, songeuse, dans ce qui commençait à devenir un blanc quelque peu gênant et aurait donné envie à un observateur de chercher un bouton pour l’éteindre et la rallumer, vu qu’elle semblait avoir planté.
__–« En vrai ouais grave. Son ton était de nouveau devenu désaccordé avec la voix qu’elle adoptait, ici celle d’un vieil académicien. Si ça te botte de crapahuter un peu sur les Monts Vêtus, carrément que tu peux nous rejoindre. Voir le monde, rencontrer de futurs collègues, pourquoi pas. Comme tu vas libérer une place. Franchement, après le service que tu me rends, je glisse un mot ici et là aux personnes qu’il faut, tu peux faire partie de la bande. Les cy-antis peuvent être une communauté très accueillante et ouverte. Sauf aux personnes faites de pomme de terre du coup, mais ça peut changer grâce à toi. »
__–Et sur ce, mine de crayon et amalgame de fumée étrangement solide de serrèrent.




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Shynagi
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Shynagi
Sam 6 Aoû - 20:27


« Les affaire reprennent » telles furent les pensées d’Ekithée à l’issue de cette poignée de non-mains très cordiale, se rappelant quelques malicieuses entourloupes montées dans sa précédente vie. Elle avait hâte de voir les cy-antis de l’intérieur et, si Mœbius était qualifié de modéré, cela signifie qu’il devait effectivement y avoir quelques âmes plus pragmatiques, d’un pragmatisme littéralement explosif espérait-elle.

« J’entends bien ton avertissement à propos de ma proposition de dissimulation intérieure », Ekithée laissa un court silence, telle une enfant s’attendant à rencontrer le père Noël et trouvant à la place un père bedonnant et maladroit vaguement vêtu de rouge et de blanc. « Le ciel est rose, je suis une frite sur compas qui parle via un oeil, mais il fallait que la digestion de ce cy-anti semi-gazeux soit des plus banales » soupira-elle intérieurement.

« Je pense que ton idée avec les rouges est un bon début. Si nous devons nous y tenir, j’ai mes petites idées sur ma manière de gérer la situation. Je n’ai rien contre l’usage à bon escient de la violence, j’ai même déjà planté un ... oublie. Mais là, pourquoi ne pourrais-tu pas feindre de t’intoxiquer avec la nourriture en surjouant et en renversant la table du buffet avec ton jeu d’acteur à couper le souffle ? Ça attirerait la foule, couperait la parole à Mœbius et je pourrai prétexter être docteure pour confirmer ton intoxication et te sauver. Et puis, vu que les cyantifiques peuvent exercer librement, j’imagine que personne ne me demandera ma qualification ni qu’une telle qualification existe, je n’aurai qu’à prétexter me servir d’une médecine d’urgence exotique et que toute remise en cause attirera la malédiction des Tempêtes anéquatoriales. Si des gens approchent, on pourra espérer que les rouges veulent se faire mousser et jouent aussi les protecteurs de la situation.

Mieux encore, si on fait ça, on y gagne à d’autres titres. M’exclamant face à ton intoxication, je pourrai mettre ça sur le dos des cyantifiques venus saboter ce meeting public, précisément j’inventerai le portrait-robot de quelqu’un venu verser des poudres à l’instant, si jamais d’autres chips ont été mangées avant ton malaise. Sauveuse désintéressée, ça pourra aussi me faire un point d’approche avec Mœbius. Comment pourrait-il décliner l’invitation de la personne qui a sécurisé tout le monde ? Qu’en dis-tu ? »


Le sourire d’Ekithée s’entendait dans son œil, elle attendait bien sûr de savoir ce qu’András en pensait, ce qu'elle laissait voir en cambrant le sommet de sa frite et la hochant légèrement. Dans ses extrémités supérieures et inférieures, des scénarios s’enchaînaient et lui rappelaient un goût savoureux, et pour une fois pas celui de la restauration rapide.
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Dim 14 Aoû - 21:38
__–Beck resta là pensive alors que sa compagnonne détaillait la version améliorée du plan. Enfin, elle répondit :
__–«  »
__–Ah, tiens.
__–« Non, attendez, là c’est mieux. Elle s’exprimait à présent comme un rappeur, autotune incluse. Tu le crois ça que j’ai dans mon répertoire la voix d’un muet ? Bref, ah putain de merde je déteste me répéter… Du coup je vais la faire courte, profite c’est pas souvent. J’aime ton idée, on fait ça. »
__–Elle ne dit rien pendant ce qui correspondait tout à fait au temps d’un soupir et en aurait été un, si Beck avait possédé un système respiratoire.
__–« C’est con parce que… J’adore tabasser des flics, sans déconner. »
__–Et comme elle avait toujours une chips dans la main, elle fit mine de la porter au gouffre qui lui servait de bouche, mais la rondelle de pomme de terre glissa en fait subrepticement le long de son tentacule brumeux pour être attrapée par un autre plus petit et dissimulée sous le manteau.
__–« Aaaargl ! »
__–Les spasmes de douleur de Beck étaient largement assez spectaculaires pour l’effet escompté. La sphère vaporeuse qu’elle était semblait prise de convulsions, des pseudopodes allant jusqu’à deux bons mètres sortaient et se répandaient comme le feraient des entrailles d’un bide découpé à la baïonnette. Le tout produisait une fumée âcre, dense et très opaque. Beck se roula sur la table, comme la pieuvre de cauchemar qu’elle était, poussant de son cœur de voix des cris qui glaçaient le sang et vrillaient les tympans de toute l’assistance. Un pauvre Dessinateur, qui s’était lui aussi intéressé au plateau de chips et allait en porter une à sa bouche avant l’interruption de la cy-anti, retint le regard de celle-ci, qui se jeta sur ses pieds pour l’implorer.
__–« Non, pauvre fou ! C’est empoisonné ! N’y touchez pas ! Je sens mes intérieurs être ravagés par la terrible toxine ! La souffrance est atroce ! Sauvez-vous, c’est un attentat, un meurtre ! »
__–Le chaos était devenu le plus total. Aux cris de Beck s’ajoutaient ceux de la foule, qui s’éloignait du buffet, mais il aurait été impossible de dire si c’était de peur de subir le même sort que la créature monstrueuse qui convulsait, ou de peur de la créature monstrueuse qui convulsait elle-même. Mœbius avait arrêté de parler, les deux pauvres magendarmes, complètement dépassés par la panique générale – et croyant qu’il y avait eu un incendie – essayaient tant bien que mal de contenir la foule et de lui faire reprendre son calme. Tout n’était que cris, piétinements, effroi.
__–Alors, toujours soucieuse de jouer son rôle jusqu’au bout – et ayant adoptée la voix d’un ténor d’opéra –, Beck repéra Ékithée et rampa vers elle avec une célérité qu’on n’aurait pas attendue de quelqu’un de mourant, mais qui pouvait s’expliquer par la panique et l’adrénaline qu’elle s’efforçait d’imiter.
__–« Docteur, c’est vous ! Sauvez-moi, par pitié, seule une spécialiste des intoxications comme vous le saura ! Ce sont ces chips, j’en suis sûre ! D’ordinaire j’en avale tellement qu’on pourrait croire qu’elles font partie de mon régime alimentaire de base, mais là, dès la première, j’ai senti ma langue – car oui j’ai une langue – être lacérée par du fil de fer barbelé, mes joues – car oui, j’ai des joues – fondre comme sous l’emprise d’un surpuissant acide et ma gorge – là par contre c’est une façon de parler – se gonfler jusqu’à exploser ! J’étouffe ! Aaaaargl ! »
__–Si à part Ékithée personne n’osait plus se tenir à moins de vingt mètres de la masse grouillante d’excroissances fumigènes qui fouettaient l’air, tout le monde avait entendu ses piaillements suraigus de capitaine de l’équipe de pom pom girls.
__–Le plus impressionnant dans l’histoire était peut-être que la chips que Beck avait toujours dans son manteau était encore intacte.
Shynagi
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Shynagi
Lun 15 Aoû - 19:29


« Qu’ouïe-je cher patient ? Une intoxication ici au passionnant meeting des cy-antis ? Vous avez toqué au bon buffet, ici Doctoresse Ekithée, fidèle disciple de l’infectiologue tropical Docteur Félicité M’Aboul ! ». De son plus grand air théâtral, Ekithée releva d’un coup de tête en l’air la capuche de son sac-voile pour ajouter à l’effet d’annonce.

Avançant par grands écarts de compas jusqu’à une chips bien visible du public, elle s’inclina et frotta son œil contre celle-ci. « Absolument fascinant et horrifiant ! Une texture et un composant typiquement esquisséens ... Une application de poison plasmique tout à fait récente, je crois bien que par mesure de sécurité il faille se débarrasser de toute cette partie du buffet ». Puis, se retournant brusquement et levant sa partie supérieure au ciel, « Mon très cher patient, je crois bien que votre composition vous soit favorable, n’ayant pas d’os à ronger ni de composant mécanique à oxyder, je crois bien que votre vie est sauve. Des douleurs sont à prévoir, mais quelques breuvages de maintien devraient vous entretenir. Retenez bien ce vieux proverbe de mon maître, « Les amis à vie de votre vie, tels seront les produits laitiers » et surtout, ménagez-vous cher patient. ».

Réalisant un tour de compas à 180° en direction du public et écartant légèrement les pointes, Ekithée pris un air faussement mystérieux « Chère assemblée, quelque chose me turlupine si vous voulez mon avis ... Il est indéniable que les chips sont un succès indémodable de ce genre de meetings, cet empoisonnement ne peut être qu’un crime hautement intentionnel. ». Ekithée fit soudainement un grand mouvement avec sa pointe aiguisée en direction d’un jeune girafon en costume léopard du public. « Oui, vous, pourriez-vous me rappeler à quel événement assistons-nous précisément ? », l’élu tremblotant commença à répondre tandis qu’Ekithée repris la parole « Oui tout à fait, un meeting des cy-antis. Comme si un groupe ennemi en voulait aux cy-antis ... ». Quelques membres de l’audience, fiers de leur déduction subtile, s’exclamèrent alors en sautillant « Les cyantifiques ! ». Pourtant pas chauffeuse de salle dans sa précédente vie, Ekithée acquiesça « Qu’entends-je ? Les cyantifiques ! Ça coule comme de l’eau du robinet ! Heureusement, nous sommes ici tous soudés face à cet odieux coup-monté et nous bénéficions même de la protection de cette vaillante escouade de magendarmes ».

Sa pointe brillant à la lueur du ciel rose pointa désormais ladite escouade, certainement d’un peu trop près pour eux, de pas assez pour András et Ekithée. « Rassurez-moi preux protecteurs de la ville, ne suis-je pas démente, ne suis-je pas la seule au buffet avec mon cher patient à avoir vu un individu suspect avec des tubes à essai accrochés à la ceinture et des lunettes de protection ? Je ne juge pas le tout-venant, mais avec le sort subi par la première victime de ce vil traquenard, la proximité de cet homme étrange vis-à-vis des chips ne me laisse pas indifférente. », avant que les magendarmes ne s’expriment, Ekithée garda précieusement la parole « Ne dites mot, je vous ai compris. Je suppose que prévenants comme vous êtes, une patrouille est déjà en train d’interroger ces odieux conspirateurs. »

Après leur avoir fait signe de partir du bout de sa pointe, elle se rapprocha d’András. Elle réactiva ses souvenirs de longues heures de cours à faire des mandalas, afin de donner l’impression à la foule que les cercles tracés au sol permettront de conjurer le mauvais sort.
Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Ven 19 Aoû - 16:31
Le débordement ne s’était pas fait attendre.... Il avait pris la forme d’une masse noire et suspicieuse à l’agonie et d’une frite-compas infectiologue. Sitôt les premiers cris entendus, le chaos s’était diffusé jusqu’à la scène, où tous les intervenants s’étaient interrompus pour essayer de comprendre ce qui se passait.

Les magendarmes qui étaient présents en ce jour étaient loin d’être les couteaux les plus affûtés du tiroir. Et loin d’être les plus motivés, aussi, par la perspective de devoir intervenir alors qu’ils venaient simplement profiter d’un buffet gratuit. Qui plus est, aucun des deux bougres n’était milicien, quoi qu’une grande partie de la foule les considérait comme tels, partant du principe que tous les magendarmes étaient des mousquetaires. C’est donc bien malgré eux qu’ils se retrouvèrent sollicités, puis embarqués par Ekithée dans une enquête policière qui ne les concernait pas.

« Je.. euh… hm… » bafouilla l’un des deux, un grand ours un peu pataud dont les vêtements ridicules et l’expression cartoonesque n’arrivaient étrangement à effrayer personne. « C’est qu’on… »

« Hé ! »

Une silhouette fendit la foule d’un pas vif pour s’approcher de l’esclandre, mains sur les hanches. Devant la jeune frite se tenait désormais une femme au aux cheveux oranges en crète, dont le regard était masqué par des lunettes de protection (plutôt contre l’eau de la piscine que contre les produits chimiques, ceci dit) et la ceinture recouverte de petits outils en tout genre, incluant des tubes à essais.

«  Il y a malentendu ! » s’exclama-t-elle, main sur les hanches, pour capter l’attention des deux partis impliqués.

Certains participants peu attentifs pensèrent avoir coincé le coupable, les autres reconnurent simplement Moebius, qui avait le chic pour ressembler plus à un cyantifique que la plupart des cyantifiques qui habitaient la Ville, dans ses habits excentriques et bariolés.

«  Je veux dire, si c’est notre buffet, et qui plus est si les cyantifiques sont impliqués, c’est aux cy-antis de gérer la situation. À moi, en particulier, puisque j’ai la responsabilité de cette rencontre. Alors, pour l’instant, personne ne touche plus à rien, le temps de comprendre ce qui se passe ici.  »

Trois cy-antis, qui avaient quitté leur poste d’hommes-sandwichs (quoi que l’un soit toujours un tacos, dont les pattes étaient d’ailleurs des frites), s’approchèrent de celle qu’ils semblaient considérer comme leur chef. D’autres volontaires et personnes de la foule (qui pouvaient aussi bien être des sympathisants cy-antis que des aspirants magendarmes en quête de gloire) s’étaient hâtés pour essayer de surveiller les éventuels fuyards, à la recherche de quelqu’un qui pourrait avoir l’air louche, quoi que leur appréciation de ce qui était louche soit dépendante de leur appréciation personnelle. Pendant ce temps, Moebius s’était d’autant plus rapprochée de la scène du crime.

« Voyons voir… (elle attrapa une chips à proximité et l’approcha de son visage pour la regarder plus en détails et la renifler)  Si c’est empoisonné, c’est bien fait, franchement, et ce serait très intéressant de retrouver celui qui a fait ça… Hm. »

Elle s’adressa à Ekithée directement, un grand sourire aux lèvres.

«  Poison plasmique, vous dites ? Ça consiste en quoi exactement ? Comment vous le détectez ? D’ailleurs, je vous ai jamais vue en ville, doc’. Vous avez un bureau, quelque chose ? Je suis sûre que nous pourrions apprécier votre expertise plus souvent, par les temps qui courent… Oh et, vous vous y connaissez en bactéries extraterrestres ?  »

Pendant qu’elle parlait, elle s’était penchée vers l’ombre noire encore gémissante au sol et avait jeté un regard intéressé aux pentacles que la frite commençait à tracer autour d’elle.

« En plus, vous savez aussi pratiquer la médecine, c’est incroyable ! Évidemment, puisque nous sommes responsables, nous ne pouvons pas laisser une pauvre victime - c’est quoi votre nom d’ailleurs ? c’est aussi la première fois que je vous vois - gémir ainsi sur le sol… (elle fit signe à ses trois acolytes de venir)  Portez-la un peu plus loin, aménagez-lui un lit, et soyez sûr de bien la surveiller. Cette histoire est encore très obscure, et si empoisonnement il y a bien eu, on ne sait pas s’il était dirigé spécifiquement contre nous, ou contre cette pauvre personne - peut-être est-elle une autre victime des cyantifiques venue chercher conseil auprès de nous, mais rattrapée par ses bourreaux…  »

Moebius se redressa, cette fois pour faire face à la foule.

« Il va de soi qu’un tel incident est inadmissible. Ces rencontres doivent nous réunir, permettre à ceux dans la crainte de trouver des informations fiables et poser les bases d’un mouvement qui soit autant résolu à protéger les Dessinateurs qu’ouvert à la négociation avec ceux qu’il dénonce. Personne ne doit avoir peur de venir. Et rien ne doit pouvoir ébranler la confiance qui nous lie. Non seulement nous résoudrons cette affaire, mais nous prendrons toutes les précautions nécessaires, ici et pour toutes les réunions à venir, pour en faire une étape fédératrice.  »

Si elle n’avait pas la moindre capacité à changer sa voix, ni un potentiel certain pour chauffer les salles, la cy-anti savait au moins être plus qu’une cyantifique déconvertie, alors que son ton et débit de parole alternait entre la savante excitée et la politicienne. Ce qui expliquait probablement pourquoi la foule, à défaut d’être pleinement rassurée, avait commencé à se calmer, curieuse de savoir si elle assistait à un renversement historique (d’un groupe qui n’avait même pas un mois, certes) ou seulement à une histoire absurde.



Vous avez débloqué l'apparence d'un premier PNJ.. dont l'avatar a déjà été actualisé sur le sujet des Organisations. (et j'ai absolument pas modifié l'apparence pour que ça colle par hasard assez bien au portrait d'Ekithée xD)
Shynagi
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Shynagi
Ven 19 Aoû - 19:01


Ekithée s’inclina, ou plutôt tordit sa frite, devant Moebius, « Ekithée, célèbre disciple du Dr M’Aboul pour vous servir ! Je vois à vos tubes et à votre air que j’ai face à moi une personne dotée d’un certain intellect et même d’un intellect certain », avec pareille entrée, Ekithée pouvait courber l’échine sans avoir à mentir excessivement, tout en relevant la frite pour s'exprimer elle reprit son cercle.

« Pour répondre à vos questions, le poison plasma est une sorte toute particulière de poison. Vous voyez ce que c’est un liquide ? Un fluide aux particules faiblement liées mais qui restent unies, c’est par exemple l’eau, le whisquisse lorsqu’il est encore frais et bien d’autres choses encore, le liquide permet de merveilleuses choses même s’il peut être fâcheux d’en voir des jets se promener dans certains cieux de l’Esquisse. Et bien, le poison plasma n’est absolument pas un liquide.

C’est plutôt un poison diffus, longtemps trempé dans une grande marmite puis mis soigneusement en tube et libéré pour que le poison se mêle totalement aux pauvres chips ici présentes. Vous ne voyez pas de poison car la chips est devenue le poison, chaque fécule a quelque chose en elle d’empoisonné, il s’agit d’une méthode pour abattre discrètement un nombre considérable d’innocents en peu de temps.  En contrepartie, la recette est très élaborée et doit exiger une fine connaissance de la chimie esquisséenne. J’ai appris à le détecter lorsque mon maître m’a confrontée à un exercice pour aiguiser mon regard, me balader dans les campements à proximité de notre centre et détecter les faux-semblants chez les patients : des griffes qu’on essaie vainement de cacher dans des gants, une calvitie inversée qu’on justifie par un style anti-conformisme ou un goût pour les sorteurs qu’on dissimule en en glissant les formulaires sous le lit.

Cela pourrait vous surprendre mais votre sentiment que tout ceci n’a pas de sens est lui aussi un faux-semblant, faux-semblant qui ne vous permet pas d’avoir un œil qui détecte ce poison plasmique. Tout ça, je le dois à de longs entraînements loin de la ville dans des terres reculées. Je suis venue ici pour parfaire ma connaissance et en faire profiter les passants ici présents, et ce, sans vous vendre une huile miracle à la fin de ce meeting. Hélas, ô diable ô désespoir, quel ne fut pas mon désarroi lorsque voulant aider deux marginaux en blouse, ceux-ci m’ont enfermée, transformée en frite et cuisinée à toutes les sauces. Bien qu’ouverte à la diversité et vivant bien cette nouvelle vie, je dois faire chaque jour face à d’odieuses discriminations, des propos anodins qui blessent et me confondent avec toutes les autres frites qui ont croisé le chemin de ces gens.

Tout ça à cause de ces cyantifiques. Mais je suis bien heureuse aujourd’hui d’avoir croisé votre route Moebius, je lis dans vos propos et votre posture de meneuse incontestée un avenir possible où les cyantifiques ne transformeront plus les infectiologues en minorité discriminée et dévorée par le système, notamment intestinal. »


Tandis qu’Ekithée finissait sa tirade en achevant son cercle, ladite tirade n’offrait pas vraiment d’issue au trouble qui traversait la foule. Après une brève incantation murmurée pour Moebius, Ekithée rehaussa la voix « Assez parlé, j’ai deux choses à vous demander Moebius. L’une, comment puis-je vous être utile, je vois que vous avez en main la situation et je veux vous aider avec mes compétences médicales à pacifier ce meeting. L’autre, de là où je viens, il est coutume de célébrer d’heureuses rencontres et de potentielles alliances par une danse, or j’ai vu dire qu’une guinguette était prévue, accepteriez-vous une fois ce trouble réglé de m’honorer et, par cet acte, d’honorer tout mon peuple en étant ma partenaire ? »
Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Dim 28 Aoû - 18:48
__–Ekithée se prêta au jeu et fut tout à fait convaincante. Quand elle eut fini d’administrer ses conseils médicaux, presque comme s’il se fût agi d’un enchantement ou de son talent médical, Beck se calma et poussa un « Merci infiniment docteur, votre génie a encore sauvé quelqu’un aujourd’hui ! » qui n’allait échapper à personne.
__–Et voilà que Moebius fit son apparition et posa des questions dérangeantes. C’est qu’il ne fallait pas trop la laisser parler ou elle risquait, par son expérience des choses cyantifiques, de mettre son acolyte à défaut…
__–Mais en fait, non. Étrangement, elle marcha dans l’affaire et Ékithée sut lui donner les réponses adéquates pour parfaire son mensonge improvisé à la volée. Note à part du narrateur, cela a de quoi laisser songeur : est-ce que qui que ce soit ici, de Beck aux mangendarmes, avait quelque idée de ce qu’il faisait, ou inventait-il au fur et à mesure et refusait par un accord tacite de mettre en doute le tissu de n’importe quoi d’autrui, de peur qu’on lui rendît la politesse et fisse s’effondrer son propre château de cartes ?
__–Toujours était-il mue Moebius s’adressa à Beck, qui se redressa, en mimant la pénibilité autant que pouvait le faire une sphère flottante.
__–« Comme toujours, chère consœur, vous parlez avec sagesse et honorez tous les cy-antis par vos paroles. Arghl putain de merde ça fait mal quand-même. Prenez la première danse, le sens que j’ai encore besoin d’un petit moment pour me remettre. »




(Merci à Ara' pour la super signature ♥)
Shynagi
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Shynagi
Lun 29 Aoû - 16:21


L’œil toujours aussi expressif, c’est soulagée qu’Ekithée regarda son (premier) patient gambader de plus belle sur la piste de dance. Profitant de l’occasion, c’est par petits écarts-resserrements qu’Ekithée se rapprocha en toute discrétion, du moins toute la discrétion dont elle était pour l’instant capable, de Moebius.

« Ah quel plaisir de revoir cet abysse flottant retrouver de toute sa splendeur après tant de douleurs, le tyranolustre aux yeux laser ne s’était pas trompé quant à ma vocation ... Mais trêve de bavardage, chère Moebius, je lis en vous comme dans un traité d’anatomie ouvert. Souhaitez-vous profiter de quelques massages tous droits venus de ma contrée pour chasser ces maux et cette fatigue ? Ça ne doit pas être facile tous les jours d’être à la tête d’un groupe comme le vôtre ? Je me demande par quelles extraordinaires péripéties on en vient à occuper de telles fonctions chez les cy-antis et avoir le mental pour rester aussi calme face à tous les actes dont votre organisation est la cible ! »
Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Ven 2 Sep - 6:43
La main triturant son menton, Moebius avait écouté avec sérieux la longue tirade d’Ekithée, lâchant parfois quelque «Hmhm» ou «Ah» pour montrer qu’elle écoutait. Difficile de savoir si elle traitait avec un sérieux réel cette histoire de poison invisible et destructeur que l’on pouvait soigner à coup de cercles magiques, ou si elle était sceptique mais laissait son interlocutrice terminer pour mieux la coincer après.

Sa réponse ne fit pas grand chose pour résoudre l’ambiguîté.

« Eh bien, tout ça est très intéressant, je ne savais pas que l’Esquisse comptait une équipe aussi professionnelle que celle du Docteur M’Aboul, à croire qu’il reste un espoir pour faire de la Science sans Cyance. Votre histoire m’intrigue beaucoup, et je serai ravie de l’entendre en détails - en même temps que je vous présenterai plus amplement notre organisation, puisqu’elle semble vous intéresser. Mais d’abord, et avant de parler festivités - nous avions bien prévu une petite fête à la fin de cette réunion, m’enfin, la réunion est loin d’être finie, et rien n’est prêt de toute façon - nous avons une affaire d’empoisonnement à gérer, et la sécurité de nos invités passe avant tout. »

Moebius se tourna à nouveau vers le buffet, visiblement peu prompte à danser ou à accepter un massage.

« Dites-nous plutôt, Doc’, quels aliments exactement ont été contaminés par la personne que vous avez vu ? Nous allons collecter tous les échantillons (elle jeta un oeil à un cy-anti qui était parti chercher quelques sacs vides) et voir si on peut les analyser. Pour nous protéger de cette arme destructrice à l’avenir et mettre au point des moyens de détection efficaces, car tel est notre devoir envers les Dessinateurs. »

Sa dernière phrase était sans doute moins adressée à la grande frite qu’à son audience, qui continuait d’écouter avec attention ces échanges de tirades, quoi que certains soient déjà repartis déguster l’autre extrémité du buffet - sans que le moindre incident ne s’y produise d'ailleurs.  

« Autre point, si votre homme est bien un cyantifique, ou même s’il n’en est pas un, il a certainement vu votre professionnalisme à l’œuvre, et puisque vous êtes la seule capable de le démasquer, vous êtes certainement sa cible principale. Pendant que nous rangeons tout ça, je vous propose donc de m’accompagner dans mon bureau - j'insiste même. C’est notre responsabilité d’assurer votre protection, au moins jusqu’à ce que soit éclaircie toute cette histoire, et que nous soyons tous certains que vous puissiez arpenter les rues de la Ville et exercer sans craindre les représailles. Puis ce sera l’occasion de papoter ensemble, si ça vous dit ! »

Elle se tourna vers Beck et enchaîna :

« D’ailleurs, nous n’allons certainement pas vous laisser là non plus. Vous avez besoin de reposer, et qui sait quel effet secondaires vous pourriez avoir subi, ou qui pourrait encore essayer de vous attaquer… Fort heureusement, nous avons un médecin de confiance - et de conscience aussi, contrairement aux cyantifiques - qui pourra vous examiner, et surtout un lit confortable vous pourrez vous allonger aussi longtemps que vous le souhaiterez, sans craindre d’être attaquée. »

Ceux qui avaient essayé d’aider Beck à se relever prirent un grand sac, qu’ils essayèrent d’étirer à peu près, pour en faire une civière de fortune sur laquelle ils comptaient aider la pauvre victime à s’allonger.

« Mes amis ici présents (elle se tourna vers les sympathisants cy-antis qui avaient aidé à juguler la foule, et d’autres qui arrivaient, visiblement en renfort après avoir été alertés) assureront la fin du meeting, et les festivités seront probablement annulées par mesure de sécurité, à moins que nous obtenions le soutien des Magendarmes - j'imagine qu'ils sont au courant. Quoi qu’il en soit, ne vous inquiétez pas, si vous êtes en sécurité, vous assisterez aux prochaines célébrations, peut-être même seront-elles en votre honneur, mais vous comprenez que ce n’est ni le bon moment, ni la chose raisonnée à faire. Sur ce, je vous en prie, c’est par là. »

Elle avait fait quelques pas vers la sortie du parc, prête à conduire les deux fauteuses de trouble en « lieu sûr », en même temps que les chips qui risquaient un bien plus triste sort que d’être dévorées. Restait à savoir si c’était ce qu’elles voulaient vraiment…


J'ai toujours autant de mal à jouer un personnage supposé bien faire son travail.. J'espère ne pas avoir sapé sa crédibilité dès le second post xD
Shynagi
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Shynagi
Ven 2 Sep - 21:37


Au moment d’accompagner Moebius, Ekithée se retourna et d’un mouvement de jambe de compas balaya les quelques chips et patatidés restants pour s’assurer de lever les risques. D’un léger clin d’œil à Moebius elle lui répondit « Je ne saurai être plus en accord avec vous cheffe, on n’est jamais trop prudente, les festivités peuvent attendre meilleur moment. Et puis, comme disait mon maître, primum nocere, le patient doit passer avant tout, donc plus de chips, plus de risques d’empoisonnement par les chips.

D’ailleurs, il m’est avis que ces chips méritent désormais de poursuivre le cycle de la vie, que l’amidon retourne à la terre nourricière, qui sait, certaines auront peut-être même l’honneur d’habiller les mers esquisséennes en tant que pommes duchesses des abysses. M’enfin bref, tous ces développements de domacologie antébrises ne sont peut-être pas le cœur de vos préoccupations. "Mais Ekithée, et les prélèvements alors ?" rouspèteriez-vous cheffe ? Et bien la réponse est très simple. »


Si simple qu’il fallut à Ekithée prendre une grande inspiration et fermer l’œil pour sortir d’autres tours de son sac poubelle. « Vous êtes très à cheval sur la sécurité, et moi de même, allons donc jusqu’au bout du raisonnement. Vous émettez l’hypothèse que je serais la cible des cyantifiques, c’est fort probable vu les torts qu’ils ont déjà essayé de me causer, ils avaient bien tout intérêt à faire d'une pierre deux coups, me discréditer et désorganiser ce meeting cy-anti. En cela, pensez-vous vraiment qu’ils auraient juste empoisonné les chips ? Je n’en mange pas, et surtout, avec mes compétences qu’ils connaissent, ils auraient directement su que je les démasquerai sur la place publique et que l'infamie frapperait alors leur lignée sur plusieurs générations.

Non ma bonne dame, à l’instar de ces chips, ce serait trop dur à avaler. Ils ont reproduit un poison proche de ceux que j’ai connus dans mes terres natales. Ce poison a la particularité de compenser la puissance de sa diffusion par sa rapide dissolution, sauf lorsque la chaleur d'un corps permet de le maintenir actif. Mon très cher patient a eu le malheur d’arriver au pic de dangerosité et, véritable martyr, de se sacrifier malgré lui pour les gens de bons goûts qui assistaient à ce meeting. Maintenant que le poison s’est évaporé dans l’air par chaîne de réactions, que reste-il ? L’horreur que m’inspire ce fauteur de troubles certainement, mais aussi plus concrètement moi-même, qui, à porter cette accusation et cette théorie doit passer pour une saltimbanque des plus suspectes. Tout ça, c’est exactement ce qu’ils voulaient, ils veulent semer la zizanie et éliminer celles et ceux qui en savent trop. »


Se dandinant pour ajouter au drame annoncé, Ekithée reprit malgré tout très vite ses esprits, elle lança un rapide regard en acquiesçant vers son partenaire de délit, puis perça les zones successives de proxémie de Moebius pour se retrouver œil à gorge avec elle. « Puisque nous sommes entre gens précautionneux, vous me permettrez toutefois de vérifier que vous êtes bien qui vous prétendez être ». Ekithée planta soudainement sa pointe sur le pied de Moebius, appuya bien fort et la retira, « N’y voyez aucune animosité de ma part cheffe, je peux bien sûr tout vous expliquer et compenser la douleur, mais c’est un test, et vous l’avez réussi. ».
Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Mer 28 Sep - 23:18
__–Beck écouta la recommandation de Mœbius et constata l’aide que voulurent leur apporter quelques collègues à elle cy-antis avec ce qu’on aurait pu appeler un air circonspect, si tant est qu’elle eût quelque expression faciale que ce soit. Enfin, sa réponse sortit, avec la voix d’un enfant hautain et désagréable.
__–« Je suis une sphère qui vole et vous voulez me mettre sur une civière ? Non mais sinon je vous suis, hein. »
__–Mais avant de s’éloigner… Ékithée discutait beaucoup trop.
__–« Attendez là mes loustics, j’ai un dernier conseil à demander à ma docteur. »
__–Et alors que la frite dansait d’une réplique et d’un pieds à l’autre, na sphère obscure d’András Beck apparut au-dessus d’elle, jetant une ombre menaçante. Attendit que tout le monde se calma quelque peu pour qu’elle pût en placer une.
__–« Doc ? Un truc à vous demander en privé rapport avec ma condition et mes handicaps, que je n’aimerais pas voir dévoilée au grand public, déjà que la plupart de ceux que j’ai sont visibles sur la gueule, ou plutôt mon absence de gueule, ce qui constitue un peu de nœud du problème. »
__–Puis se pencha pour lui chuchoter à l’oreille :
__–« Bon c’est bien gentil de bavasser mais ’faudrait passer à l’action. C’est toujours bon pour vous ? J’aurais aimé être là pour y assister, mais j’dois suivre les autres branguignols pour donner le change. Me décevez pas et on ira boire un coup – enfin, si on le peut physiquement –, faire du karaoké – je vois avoir au moins une voix qui chante bien –, partir à l’aventure, j’en sais rien ce que tu veux. En tout cas vous avez compris pourquoi je veux la rendre indisponible pour le séminaire, Putain de bordel de saloperie d’enculée de sa race de sa mère la pute, elle peut pas la boucler à un moment et vous laisser parler, sans déconner quoi merde. Vous gérez, je vous laisse, la bise – sans lèvres, mais vous avez l’idée – et retrouvez-moi au bar [espace] quand ce sera fait. Si vous savez pas où c’est demandez la direction, tout le monde sait où c’est. »
__–Sa longue messe basse achevée, Beck put se remettre à flotter à une altitude décente, puis se laisser accompagner par les cy-antis jusqu’à un de leur médecins.
Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Mar 18 Oct - 23:28
À nouveau, Moebius parut écouter les paroles d’Ekithée avec un certain intérêt, tout particulièrement lorsqu’il commença à être question de sécurité.

« Un poison qui se diffuse très vite mais disparaît aussitôt, effaçant donc la moindre trace de sa présence, intéressant… » ponctua-t-elle, en continuant de hocher la tête et d’afficher une sorte d’approbation légère. Il était difficile de savoir si, au-delà des lunettes de plongée teintées que portait la cy-anti, elle ne trouvait pas surtout intéressant de se procurer ce poison pour l’utiliser ce poison elle-même, à moins qu’elle soit encore dans cette ambiguïté de laquelle on échouait à discerner  méfiance de la crédulité.

Alors qu’elle allait à son tour démarrer une tirade pour répondre à Ekithée, elle fut interpellée par un de ses laquais-sandwichs, qui lui murmura quelque chose aux oreilles, un échantillon des fameuses chips empoisonnées entre les mains. Quelle que soit l’information cruciale qui lui soit parvenue à cet instant, l’ouverture était trop belle, et c’est bien celle-là qui permit à la grande frite de passer à l’action.

La pointe de son aiguille s’enfonça d’un coup violent, provoquant aussitôt un sursaut, puis un cri de douleur. Moebius tangua, puis se rattrapa à peine quand elle tomba en arrière. Ses gémissements, autant que la parole d’Ekithée - qu’elle n’était de toute façon pas vraiment en état d’entendre -, se perdirent dans la stupeur de la foule, qui accourra pour aider la blessée, puis pour saisir la trouble-fête et sa potentielle complice. Alliés zélés de la cause et aspirants magendarmes s’agitèrent dans le désordre, puis furent - dans une certaine mesure seulement - guidés par deux voix qui commencèrent à coordonner les opérations.

« Choppez-moi ces deux-là et enfermez-les quelque part ! Et faites gaffe à vous, ils ont peut-être encore des complices dans la foule ! » tonna la tacos qui, s’étant élevé sur ses petites pattes, revêtait soudainement une aura éminente lorsqu’il s’entrouvrait pour crier de sa voix étrangement grave.

Sitôt qu’on eut plus de compassion pour la pauvre victime qu’avait été Beck, le sac improvisé civière fut improvisé filet, et quoi qu’hésitante sur la façon de chopper un être si bizarrement constitué, l’escorte passa à l’offensive.

Pour Ekithée, la riposte n'avait point tardé. Avant même qu’elle ne finisse de retirer son épine du pied de sa victime, ceux qui l’entouraient l’attrapèrent, la pendant par les pieds pour être certains que la frite malicieuse était immobilisée. Cette fois, même une chance insolente aux dés ne lui permettrait pas de tenter une évasion, tant les regards et la crainte s’étaient figés sur elle.

Face à son oeil multifonction, un regroupement hétéroclite, où se mêlaient cy-antis inquiets et petits curieux venus voir si c’était là un évènement historique, entourait Moebius dans un brouhaha qui semblait presque autant la déranger que sa blessure.  

« Aaag… arg… Un regard sur le côté, et voilà où ça vous mène… » maugréa-t-elle, toujours sur le sol. « Ne vous inquiétez pas, je vais… hic »

Avant de pouvoir finir la phrase qu’elle prononçait, la gorge de la rouse laissa échapper un hoquet, puis une étrange bulle bleue qui s’éleva dans l’air, avant d’exploser, sous le regard médusé de l’audience. Elle toussa à nouveau, et l’on vit cette fois trois bulles, toutes aussi bleues et rondes, quitter son gosier les unes à la suite des autres.

« Dis donc… hic Juis pourtant… hicPas passée… hic au bar… » tenta-t-elle de formuler, alors qu’elle pâlissait à vue d’oeil.

Alors que les gens qui n’étaient pas en train de réfléchir à comment ils allaient cuisiner Ekithée pour qu’elle révèle qu’elle faisait partie des cyantifiques (puisqu’évidemment, il ne venait aucune autre possibilité en tête) se murmuraient leur incompréhension, un cri aigu s’éleva.

« C’est du poison ! »

Il fit suivi de nombreux cris aigus et d’une panique que la voix du Tacos peina à contenir. On craignait pour la vie de Moebius,  on s’horrifiait que les cyantifiques aient décidé d’attaquer leur ancienne collègue malgré sa modération, puis on se révoltait, contre celle qui avait osé les mener en bateau aussi longtemps et déclarer une guerre en plein jour.

Moebius tenta de lever la main pour objecter mais, la douleur et les symptômes inquiétant l’accablant, elle semblait bien plus proche du coma que d’une participation active à la discussion. Sa peau avait viré au bleu, et ses cheveux avaient commencé à virer de couleur à leur tour, mais c’était surtout les bulles qui inquiétaient - chacune qui affluait semblait faire un peu plus mal au gosier qui les expulsait.

Cette fois, il faudrait à Ekithée plus que du baratin pour s’en tirer.
Shynagi
Une frite qui a du piquant
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Shynagi
Ven 21 Oct - 13:57


La situation était-elle si désespérée pour Ekithée ? Ne souhaitant pas finir sur les étalages de purée mousline, il faut dire qu’Ekithée n’était pas dans la meilleure des situations. Mais la fauteuse de troubles toute autant cy-anti qu’opposée aux social-traîtres parmi les cy-antis se réjouissait de la pagaille semée, à demi-mot malgré elle. Quoique considérée comme agent de l’ennemi cyantifique, la foule en délire voyait bien là une conspiration des cyantifiques, ce qui lui apporta une belle satisfaction.

Grâce à l’expérience de ses tribulations passées, Ekithée garda son calme puis prit la parole le compas en l’air et le voile poubelle écorché au sol. « Je comprends que vous me trouviez suspicieuse. Mais j’aimerais vous dire une chose, je suis totalement prête à collaborer, vous avez devant vous une belle frite supplément poucave ! Vous ne croirez probablement pas que je ne suis pas une cyantifique mais j’ai le compas sur le cœur, je vous dirai tout ce que je sais. » s’aveugla-t-elle à dire l’œil grand ouvert pour être entendue de la sécurité et des passants. Avant d’être traînée trop loin, elle ajouta « J’oubliais la politesse » puis utilisa toutes ses forces pour se faire entendre, « Moebius, prend bien soin de toi chère amie, on s’fait une bouffe un de ces quatre pour reparler du projet ! ».

Sur un clin d’œil et des ACAB au cœur, Ekithée se laisse traîner et attend impatiemment les nouvelles opportunités de trouble qui s’ouvriront à elle. Un peu peinée de ne pas avoir pu saluer Beck comme il se doit, elle ne doute pas que d’intéressantes discussions les réuniront bientôt au bar [espace].
Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Ven 28 Oct - 0:42
__–Le plat mexicain typique voulut s’en prendre à Beck.
__–Grossière erreur. Et celle-ci n’allait pas se priver de le signaler – quoiqu’avec une voix de petit garçon, ce qui cassait un peu l’effet :
__–« Vous ne m’attraperez pas ! »
__–Tout compte fait, c’était plutôt adapté. Enfin, seulement à la réplique. Passons sur le fait qu’emprisonner une créature gazeuse était une entreprise assez complexe, ce dont se rendit compte le brancardier improvisé captif quand Beck glissa hors de son étreinte avec la fluidité de la vapeur. Surtout si ladite entité éthérée ci pouvait déployer de longs tentacules qui, elle, était tout à fait capables d’infliger de sérieuses blessures quand elles fouettaient l’air et fracassaient quiconque était assez téméraire de l’approcher d’un peu trop près. Face à la formation quelque peu apeurée d’hommes de main de Mœbius, Beck, qui était à la fois taillée et prête à non seulement combattre, mais aussi à tuer, se serait bien léchée les babines si elle avait disposé dudit organe. Tel le monstre cauchemardesque qu’elle était, elle se jeta avec la très ferme intention et largement les moyens de faire un massacre. Ce qu’elle ne s’interdit pas de signaler, avec une voix d’outre-tombe, qui résonna dans le cœur de ses adversaires pour le figer d’effroi.
__–« Vous êtes tous morts. »

__–Devant à violence de cette scène, nous préférons nous montrer ce document consacré à Langouste.
__–C’était une belle matinée d’hiver. La petite Langouste s’était levée tôt. Il y avait certes école, mais plus important encore, il y avait la possibilité que les chutes de neige fussent trop considérables pour qu’elle fût accessible. Sitôt debout, elle se précipita sur l’ordinateur du salon, y entra le mot de passe et alla sur le site de l’école. Avec un petit cri de hourra, elle se mit à sautiller partout d’excitation. Son souhait s’était réalisé et tout son jardin était à présent recouvert d’assez de neige pour faire un immense bonhomme de neige !
__–Mais, avant de se précipiter vers la penderie pour prendre chaussures et manteau, comme tous les matins, Langouste regarda si son papa était connecté. Il manquait rarement son levé, surtout les jours d’école. Sitôt que la communication vidéo établie – une nouveauté sur Skype datant de cette année –, elle put voir son papa qui lui fit coucou.
__–« Salut ma chérie. Comment ça va toi, bien dormi ?
__–Oui ! Et regarde – Elle tourna l’écran. Il y a plein de neige partout ! Y’a pas école aujourd’hui !
__–Ah oui dis-donc, tu vas faire un bonhomme de neige ?
__–Ouiiii !
__–Tu m’enverras une photo, hein ? Il neige ici aussi, c’est qu’on est à 1 500 mètres d’altitude. Tiens, regarde. »
__–Derrière lui, une rue où des hommes portaient le pakol et des femmes la burqa, ainsi qu’un M1 Abrams couvert de neige.
__–« Allez, je dois te laisser. Obéis bien à ta tante, d’accord ? Je rentre dans deux mois et dix jours.
__–Oui papa ! Gros bisous ! »
__–Et elle barra une case de plus sur le calendrier au mur.

__–Cette fort commode ellipse passée, nous nous éloignons de la surface pour rejoindre Ékithée en sous-sol. Celle-ci avait bien vite été coiffée d’un sac sur la tête – encore un – et emmenée sans ménagement dans quelque lieu dissimulé.
__–Quand elle recouvrit l’usage de la vue, ce fut pour confirmer ce que ses sens lui avaient déjà indiqué : elle était dans une salle obscure, probablement une cave, éclairée uniquement par une faiblarde lampe de chevet. Elle-même était fermement ligotée à une chaise. En face, deux personnages peu commodes la regardaient, l’un debout et l’autre assis.
__–Celui qui avait décidé de faire plein usage de ses deux membres inférieurs avait des cuisses à la place des bras et des troncs à la place des cuisses, ce qui n’était pas une image. La rigidité des frênes qui partaient de son bassin devait sans doute expliquer pourquoi il ne les avait pas pliés sur le mobilier. Il pointa son pied droit vers la prisonnière.
__–« Tu veux commencer ? »
__–La seconde personne, qui avait des bras en poutre, des pectoraux en cairons et des mains en pinces d’acier, et là c’était bien une image, gratta sa plantureuse, longue et superbe barbe, avant de répondre avec une voix aiguë et agréable à l’oreille.
__–« Non mais, on ne va pas la tabasser tout de suite, on va peut-être lui poser des questions d’abord. Pardonnez hein, on débute. C’est qu’on a jamais eu de prisonnier avant, c’est un peu excitant pour nous aussi ! Je m’appelle Micheline, au fait, et vous ?
__–Alors je n’y connais rien, mais je suis à peu près sûr qu’il faut quand même la taper à un moment ou un autre.
__–Ben, on peut commencer l’interrogatoire par là. Vous en pensez quoi, vous ? Si vous deviez torturer quelqu’un pour lui soutirer des infos, vous feriez comment ? Sachant qu’en plus, si cette personne a bien signalé qu’elle serait prête à tout avouer du premier coup. Je veux dire, il faut bien qu’on justifie notre présence, ce serait bizarre d’être payés à rien faire. Non vraiment, le dilemme est là. »




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Shynagi
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Shynagi
Ven 28 Oct - 17:11


Ekithée avait déjà eu affaire à de la flicaille plus horrifiante que ça, mais face aux deux loustiques, elle ressentait presque de la sympathie et voulait sincèrement les aider. Les aider, mais bien sûr sans perdre de vue son propre intérêt. Elle prit un grand élan de respiration puis s’élança alors dans une prise de parole propulsée par la perche tendue de l’interrogateur barbu.

« Sacré dilemme, mais déjà je relève une bonne note, vous demandez l’avis de votre captive. La participation c’est très bien, ça rend les captifs acteurs de leur interrogatoire, ils sont plus prompts à coopérer et donner de leur personne dans l’échange. En tous cas, si vous aviez dans votre monde un Guide Michelin des Magendarmes ou quelque chose du genre, soyez sûrs que je vous donnerai plusieurs étoiles !

Par contre, y a des choses à revoir dans votre introduction. Bon, le trajet masqué ça peut avoir son charme. Mais quand je vous ai aperçu, ça ne m’a pas fait ce petit effet de surprise, et puis je sais même pas qui vous êtes, des Magendarmes, une garde semi-officielle des cy-antis, des adeptes de caves ? C’est pas très pro tout ça, le mystère ça se tente mais avec un peu plus de fantaisie alors.

Pour la torture, peut-être que j’aurai dû commencer par-là, mais êtes-vous sûrs de votre coup ? Torturer par des coups ou des insultes, vous savez que ça peut procurer du plaisir à certaines victimes, et rien ne dit qu'avec la diversité du vivant dans ce monde vos captifs soient sensibles à la douleur ? A la rigueur si moi je voulais torturer, j’emmènerai dans un bar, j’en ai croisé quelques-uns avant le meeting et là je pense qu’on peut s’accorder sur le dégoût que ça procure. Mais mieux encore, pourquoi ne pas fixer des termes de l’échange, comme un petit contrat quoi. On réfléchit ensemble à ce qui peut nous faire sortir gagnant-gagnant, genre jpeux je vous dire tout ce que vous voulez, vous laisser le temps de juger si ça vous va, laisser un avis positif sur vous à vos supérieurs s’ils sont dans le coin, et partir.

Mais j’entends les complaintes de votre collègue qui semble aimer la castagne. N’y a-t-il pas un plaisir à attendre bien longtemps que l’envie de cogner des captifs grimpe avant de la relâcher, comme une récompense à un travail bien fait ? Et moi des cyantifiques j’en connais que vous pourriez bien castagner et qui sont sans défense, donc encore plus amusants à tabasser en cœur.

Ça répond à votre dilemme chef ? »
Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Dim 6 Nov - 22:57
__–La tirade d’Ékithée suscita en Micheline une profonde réflexion. Elle fut d’abord heureuse que son initiative de faire participer Ékithée reçut un accueil aussi enthousiaste, ce que la frite ne manqua pas de signaler. Elle n’était pas sûre de savoir ce qu’était un guide Michelin, mais aurait voulu objecter qu’elle n’était pas magendarme : elle était en fait payée par les cy-antis pour faire leur sale boulot. La confusion était en effet possible, Micheline fut obligée de le reconnaître quand elle y repensa. Elle nota dans un coin de sa tête de soulever cela et d’éclaircir avec sa captive la situation. De même, elle n’était pas certaine de ce qu’Ékithée voulait dire par cette histoire de don d’étoile. Si Micheline et son compagnon brillaient par leur amateurisme en torture de prisonniers, au moins avaient-ils dûment fouillés l’aliment et aucune sphère de plusieurs milliers de fût retrouvée dans ses oripeaux.
__–Vint, après les louanges, le moment de passer à la critique, que Micheline espérait constructive. Aussi écouta-t-elle avec attention ce que son interlocutrice avait à dire. Au fond, elle n’était jamais qu’une débutante dans ce nouveau travail, c’était assez excitant pour elle, mais elle aurait été peinée si l’enthousiasme dont elle avait témoignée lors de son recrutement se trouvait douché par une frite. À bien y songer, il était vrai qu’un peu plus de décorum aurait pu être mis en place. Micheline y réfléchit un instant et déjà des idées lui vinrent : mettre des longues capes, attendre dans l’ombre et parler avec une expression cryptique était assez convenu, mais faisait toujours son petit effet ! Peut-être Ékithée serait-elle assez sympathique pour accepter qu’ils retentassent leur présentation ? Au moins pour un ou deux essais, c’est qu’il ne fallait pas abuser de la générosité de leur convive, qui déjà s’était faite bien gentiment enlever sans rien dire. Peut-être qu’elle avait un emploi du temps chargé et Micheline aurait été fort peinée de déranger dans son quotidien une personne qui lui semblait si agréable et généreuse de ses conseils avisés.
__–La suite eut une tournure plus proche du débat de fond, ce que Micheline appréciait. Elle avait tout oublié de la Terre, à part une chose ; qu’elle avait un diplôme de philosophie. Ou du moins, elle en était persuadée : quelle autre activité que penseuse aurait-elle pu exercer dans sa vie d’avant, elle qui aimait tant débattre et se poser de grandes questions (quel est le sens de la vie, pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien, quel modèle de tenaille utiliser pour tordre les tétons d’un prisonnier…). Toutefois, Micheline aurait voulu objecter sur la suite : il lui semblait fort étrange de torturer quelqu’un hors d’une salle de torture. Autrement, quelle aurait été l’utilité de la salle de torture en premier lieu ? Pourquoi la construire ? Micheline se jura d’aller en toucher mot à ses supérieurs et leur demander quelle était, dans le fond, l’utilité d’une pièce dédiée si, comme le suggérait la manifestement fort savante Ékithée, ladite activité pouvait se pratiquer jusque dans un bar. Elle se dit qu’elle en profiterait pour apporter du papier et noter les termes dudit échange que la frite proposait. Un seul stylo serait nécessaire, ou alors il faudrait la libérer de ses entraves pour qu’elle puisse utiliser son compas. Après tout, Micheline aussi allait écrire avec son pied.
__–En un mot comme un cent, Ékithée avait, sinon répondu à l’interrogation de Micheline, au moins posé les bases d’un débat qui semblait tout à fait fascinant et qu’il lui tardait de continuer. Elle ouvrit donc la bouche pour sortir le premier mot de sa propre longue réplique, mais à la place, ce fut un toussotement. Un liquide noir se répandit en gouttelettes sur la table, qui se mit à fumer. La quinte de toux devient de plus en plus violente et le collègue de Micheline ne savait pas quoi faire ; s’il tapait dans son dos, il risquait de lui briser la colonne vertébrale. Il n’eut pas le temps de se poser trop de questions cependant, car les râles malades devinrent un vomissement, un torrent d’acide noir qui déforma le visage de Micheline d’un affreux masque d’horreur, alors que toujours plus de cette fange à l’apparence du pétrole se répandait au sol. Micheline devint bleue d’étouffement, puis blanche, comme si elle avait perdu tout le sang de son corps. Celui-ci, quand la régurgitation s’interrompit, sembla s’être ratatiné, comme un fruit qui aurait pourri et se serait desséché. Son corps sans vie, figé dans une expression de douleur infinie et atroce, chut au sol avec un bruit de paille sèche, dans le liquide qui devait constituer ses organes liquéfiés.
__–Tétanisé par l’horreur à laquelle il assistait, l’autre homme de main se colla à un mur, blême d’effroi. Erreur fatale : d’un coup sec, la porte fut enfoncée par un tentacule, puis apparut Beck, avec un étrange masque en plastique de cochon sur son visage et une perceuse électrique. D’un de ses membres, elle plaqua l’autre tortionnaire contre le mur, l’empêcha de hurler en enfonçant son pseudopode dans sa bouche, activa son outil et procéda de lui perforer le crâne. L’infortuné s’agita quelques instants, sans pouvoir hurler, dans l’effroyable pantomime de celui qui se sait condamné et que la terreur la plus brute ainsi que la douleur la plus aiguë empêche d’utiliser les dernières onces de force qui lui reste autrement que par de vains battements d’air.
__–Cela fait, Beck se tourna vers Ékithée et retira son masque. Geste tout à fait inutile qu’elle signala immédiatement :
__–« Qu’est-ce que je peux être conne, c’est pas comme si vous alliez confondre avec qui que ce soit d’autre. Y’en a pas cent cinquante des comme moi. Bref, j’viens vous sauver, tout ça tout ça. Évitez de marcher dans ce qui reste de celle-là. C’est le poison que je destinait à Mœbius, mais ’faut croire que je me suis plantée de fiole. C’est comme ça, hein. Ils ne vous ont rien fait, j’espère ? »




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Shynagi
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Shynagi
Lun 7 Nov - 15:06


À l’issue de son discours, Ekithée passa de la joie d’être écoutée et de voir une jeune pousse ouverte au dialogue, à la stupeur de sa décomposition. L’arrivée de Beck était toutefois pour elle un soulagement, elle s’était efforcée de ne pas rendre Beck plus suspect lorsqu’elle était trainée jusqu’à la salle de torture, peut-être est-il maintenant plus suspect que jamais, mais en un seul morceau, morceau étant un bon terme pour le désigner. Calmement, Ekithée lui répondit « Ils auraient pu me mettre dans un sachet pour que l’enlèvement soit plus amical mais vraiment c’était des crèmes, enfin, une d’entre elle l’est littéralement à l’heure actuelle. Je me demande même si on n’aurait pas pu en faire des alliés au final ou déclencher une petite grève des bourreaux, mais bref. Contente de te revoir, maintenant quel est le plan ? J'aurais bien mis en tupperware les restes de la victime collatérale, aussi bien pour lui offrir un édifice digne de ce nom que pour faire du chantage, mais je n'ai que mon sac-cap et peut-être veux-tu prendre l'autre garde comme bouclier humain ? D'ailleurs, comment s’est passée ton évasion de la civière forte peu sécurisée ? ».
Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Dim 27 Nov - 21:10
__–Beck écouta avec attention sa commère. En fait, on aurait pu croire qu’elle avait planté, tant elle resta immobile.
__–« Une grève, c’est rigolo comme mot, il faudra que vous m’en parliez plus à l’occasion, je ne suis pas sûre de bien saisir le concept. Pour mon évasion, hm… C’était violent. Même par rapport à d’habitude. J’en aurais bien soupiré là, si j’avais eu des poumons. Est-ce que j’ai des poumons ? Je ne me souviens plus et ne vais pas me disséquer pour vérifier. Non, la suite du plan… Hm. Bon en vrai, vous êtes une frite de… quoi, allez, un mètre, un peu plus un peu moins ? Difficile de ne pas être identifiée direct par les magendarmes après ça, vu votre faciès un peu trop reconnaissable. Moi c’est pratique, je n’en ai pas. Enfin… »
__–Il n’y avait tout de même pas beaucoup d’orbes noires tentaculaires dans les rues de la Ville. Chaque problème en son temps, ceci dit.
__–« D’un autre côté, ces connards de cy-antis vous ont un peu séquestrée et prévoyaient de vous torturer. Non, y’a un truc à faire. Écoutez, généralement dans ce genre de situation, mon plan revient invariablement à faire exploser quelque chose, si possible un bâtiment. »
__–Beck voulut se gratter la tête, mais se rendit compte de la futilité de l’entreprise.
__–« Mais vu le peu de temps que j’avais devant moi, j’ai dû improviser et partir sur ça à la place. »
__–Elle sortit une bombe de peinture verte et tagua un énorme VV sur le mur.
__–« Connards de magendarmes, toujours à stigmatiser les Vert-Veines et les croire coupable à chaque fois qu’il y a une merde en ville. Ah franchement, ça a de quoi vous faire gerber. Mais c’est bien pratique. Sinon j’ai bien ça – Beck sortit un sac plastique plein de purée de pomme de terre – que j’aurais dispersé au sol pour faire croire à votre meurtre et vous auriez pu disparaître un petit moment le temps que ça ce tasse. Mais, hmm, quelque part, il me semble de meilleur ton de vous laisser répandre vos propres restes déchiquetés. »
__–Elle tendit le sac à Ékithée.
__–« Question d’éthique. »
Shynagi
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Shynagi
Dim 27 Nov - 23:41


Ekithée hocha la tête et ne put qu’approuver l’idée de Beck. Non seulement lui fallait-il faire de nécessité vertu, mais elle n’y voyait que des avantages : Beck et elle seraient probablement inaperçues, les verts-veines pourraient améliorer leur street cred sans avoir eu à bouger le petit doigt, c’est gagnant-gagnant.

Elle saisit alors le sac de fécule entre les jambes de son compas. Elle fit toutes sortes de gestes, aussi bien car elle n’avait pas tellement d’autres solutions pour étaler la fécule que pour simuler un affrontement et laisser des traces de compas au sol.

« Ekithée n’est désormais plus. Dommage je commençais à m’y habituer ... Pas le temps de perdre plus de temps, ton idée est brillante Beck mais autant aller jusqu’au bout. D’abord, étalons des barres de métal ou choses s’en rapprochant, je laisserai aussi mon voile poubelle pour vraiment faire croire que je suis morte. Ensuite, une frite ça se remarque, dans un premier temps on devrait trouver dans ce repère quelque chose qui s’apparente à une longue nappe ou un drap. Ils doivent bien avoir ça dans des cellules ou pour torturer, non ? Si tu croises ça avec le masque cochon que tu as sur toi, je me ferais passer pour un fantôme porcin, née ainsi dans l’Esquisse. Tu feras un petit trou avec ta perceuse pour que j’ai un peu de quoi voir devant moi et ressembler à un fantôme porcin. On m’appellera Faustine si jamais on me voit.

Une fois évadées de ce trou à rats, tu dois bien avoir des contacts ci-et-là pour me donner un nouveau look ? Si on m’obtient quelques vêtements, une belle perruque, du maquillage et de la peinture pour mon compas, je ne pourrais pas être confondue avec Ekithée ? Mais je te vois venir, une frite sur compas ça court par les rues sauf si elle est poursuivie par les cy-antis, même relookée. Je me ferais passer pour une marginale venue du même peuple qu’Ekithée si jamais les accusations commencent à être portées contre moi, en faisant mine de ne pas la connaître. Sous ma nouvelle identité de marginale nommée Émeraude, peut-être que je pourrais me faire un nom, les verts-veines aiment bien ça les marginales, non ? Y a moyen de nous constituer un vivier de forces actives, ça me permettra de te rendre la pareille Beck si tu as besoin de services musclés, et il ne doit pas être difficile de créer des tensions entre groupes.

Par contre c’est pas que j’m’ennuis mais on va ptêtre devoir filler, donc si mon plan te va, allons à la recherche des draps, des barres de fer, on s’en garde au cas où pour le retour, et cassons-nous d’ici au plus vite. »
conclua-t-elle en attendant l'aval de Beck pour mettre en œuvre son plan.
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