L’amiral de la fontaine du parc ~ Crevette

Stilgar
Petit pimousse au rapport !
Personnages : Crevette, Rosalina Ngwenya, Amundsen, Agate Withcroft-Molina, Langouste, Crevette des Câbles
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Stilgar
Jeu 10 Jan - 12:47

Crevette



Appellation :
Nomen est omen, paraît-il. Très justement, elle est incapable de se souvenir de son véritable nom, et comme la question ne lui importe pas, elle se contente donc de Crevette.

Âge :
Physiquement dix ans, mentalement, au moins trente.

Nationalité :
Inconnue. Un léger accent français, mais qu’un vrai Français décrirait comme étranger.

Goûts :
Crevette s’est rendue compte, toujours suite à des expériences et jamais des souvenirs, que certaines choses l’attiraient bien plus que d’autres, indépendamment de considérations propres à la survie. Ainsi, elle ne supporte pas les légumes verts, les jeux électroniques et ce qui touche à l’informatique en général, le sucre, porter des robes, les gens qui parlent fort et gras, font preuve de lâcheté, manquent d’esprit de groupe, sont un peu trop rêveur, ou sont des feignasses. En revanche, elle a une attirance toute particulière pour les fruits de mer, le fromage, la littérature, l’escrime et toutes les compétences martiales en général, le dessin, les vieux trucs (matériels ou conceptuels), et le poker.

Arrivée dans l’Esquisse :
Au jour 17, est arrivée au Laboratoire au jour 24, de ses propres moyens, à pieds, suivant les indications laissées par un vieux briscard de l’Esquisse.


Caractéristiques



♦ Constitution physique : Très faible
Ça n’aide pas, d’être un enfant. Crevette doit se faire aider pour monter des obstacles trop élevés, ou attraper des objets en hauteur, elle s’épuise très vite, ne court pas vite, et a une force physique très faible. Elle a très vite froid, faim, soif, lutte très mal contre le sommeil, et il lui suffit de très peu d’alcool pour rouler sous la table, à son grand dam. Sa résistance à la douleur est presque inexistante. Toutefois, le jeu des proportions jouant en sa faveur, elle est capable de hisser son corps à la force de ses bras, et peut donc escalader avec à peu près autant d’aisance que n’importe quel enfant dans un arbre.

♦ Habileté : Très élevé
C’est comme le vélo, même si le corps n’est pas taillé pour, ça ne s’oublie pas. Il fallut un petit temps de coordination tête-main pour en arriver là, mais étant quelqu’un d’acharné à garantir sa propre survie, Crevette poussa tous les maigres avantages physiques dont elle pouvait disposer autant que faire se pouvait. Ses petits doigts sont très bien adaptés pour manipuler toute sorte de mécanismes, et sa petite taille lui permet de se mouvoir avec aisance dans certains environnements.

♦ Facultés mentales : Plutôt élevé
Quatre mécaniques s’opposent ou se complètent, ici. D’une part, du fait de son caractère d’adulte, avec ce que cela contient de routines mentales, de présupposés, d’habitudes, de savoirs et de dogmes, appréhender un espace impossible à appréhender par nature requiert en effort mental permanent pour tâcher de créer du sens là ou il n’y en a pas. Un véritable enfant serait peut-être bien plus à même de jongler avec les caractéristiques de l’Esquisse. À l’inverse, être adulte donne une expérience vaste, et ce qui est plus important que tout ; de la méthode et de la rigueur. Dans toutes les autres situations que celles qui confrontent à la nature brutale pour l’esprit de l’Esquisse, Crevette est très bien armée, et sitôt qu’un peu de rationalité peut être instillée dans ce monde, la mécanique mentale devient plus aisée à manipuler. Cette expérience est toutefois limitée en permanence par son amnésie, qui la coupe d’un substrat capital qui donne corps à la réflexion : le vécu, qui permet d’utiliser la comparaison ; un des plus utiles outils mentaux qui soient. D’un autre côté, le fait qu’elle n’ait pas ces fondations solides pour soutenir son esprit lui permet de disposer assez vite de ses présupposés, les réduisant à de simples bruits parasites.

♦ Médecine : Inconnue
C’est partiellement inexact : Crevette connait assez bien l’anatomie humaine. Elle est en revanche incapable d’exploiter ces connaissances pour administrer des soins plus poussés que lire les étiquettes de médicaments, ou désinfecter et une poser de bandages, et uniquement au calme, pas en pleine bataille.

♦ Bricolage : Adepte
Cela va avec sa science des armes et des véhicules. Ne demandez pas à Crevette quoi que ce soit de très évolué, mais elle peut entretenir ses équipements, les réparer, et fabriquer diverses choses.

♦ Maîtrise des armes blanches : Expert
Elle ne pourrait pas vous en donner la raison, mais tout, que ce soit la manière dont, instinctivement, elle positionne son regard, se déplace, appréhende l’espace, se met en garde, jauge les capacités de l’adversaire, fait état d’une grande maîtrise du combat. Bien entendu, du fait de sa force physique, il serait suicidaire de combattre directement un adversaire puissant, mais Crevette peut tout à fait se débrouiller pour ce qui s’agit d’assassiner quelqu’un avec discrétion, et elle peut tenir tête à un adulte ne connaissant rien au combat, et même le vaincre si elle est équipée de la bonne arme. Sa maîtrise est particulièrement acérée à l’épée d’escrime et au couteau, mais elle peut faire des merveilles avec tout autre arme – à la condition expresse qu’elle soit maniable par quelqu’un de sa constitution.

♦ Maîtrise des arts martiaux et du combat à mains nues : Inconnue
Moins pour des raisons de connaissances pures, car il n’y a pas de différence fondamentale entre pourfendre quelqu’un et le combattre avec ses poings, que de capacités physiques à employer ces connaissances…

♦ Maîtrise des armes à distance : Adepte
Là encore, il faut se méfier. Il existe deux types d’armes à distance ; celles qui utilisent la force de l’utilisateur, et celles qui utilisent un procédé technique, pour créer la force de propulsion. Les premières ; arcs, sarbacanes, pierres nues, armes de jet, sont ou trop grandes, ou trop lourdes, et quand Crevette réussit à trouver une arme adaptée, la puissance qu’elle est capable de transmettre au projectile est souvent trop faible pour qu’il soit d’une quelconque utilité. Vingt mètres est la distance maximale qu’elle est capable de couvrir avec un arc taillé pour sa taille. Pour ce qui est de l’autre type d’arme, et notamment des armes à poudre, le plus grand ennemi de Crevette ne va jamais être sa maîtrise théorique de l’objet, sa précision, ou quoi que ce soit de ce genre, mais le recul. Utiliser un vrai fusil lui déboîterait l’épaule, les pistolets sont terriblement lourds et pourraient lui échapper des mains avec la détonation. Il existe là encore bien des armes qu’elle peut quand-même manier, mais elles sont, au choix, faibles (comme les fusils de fête foraine ou les pistolets de taille très réduite), restent très lourds (les fusils avec un compensateur de recul, sans parler des munitions), nécessitent une installation particulière (en plantant la crosse dans la terre, par exemple), ou sont rares (comme les arbalètes).

♦ Cuisine : Inconnue
On sent qu’elle n’était pas mère au foyer.

♦ Sciences appliquées : Inconnu
Malgré son amnésie, il lui arrive régulièrement, en étant confrontée à des savoirs académiques, de réussir à les maîtriser bien plus vite que les autres. Sa théorie est que c’est le cas pour ceux qu’elle a déjà connu, mais oublié, et dont la trace est restée dans son esprit. Il lui faudra donc toujours un petit temps d’adaptation pour retrouver ce qu’elle sait. Par ailleurs, elle ignore ce qu’elle ignore, mais semble avoir déjà pu détacher une tendance : la géographie, la gestion de groupe, les mathématiques basiques, l’histoire, la géologie, la littérature, dans cet ordre d’importance, semblent être ses disciplines principales. Bien entendu, tout cela reste très en-dessous du niveau académique.

♦ Conduite de véhicules : Adepte
À condition qu’on lui mette un rehausseur et des cales pour atteindre les pédales…

♦ Discrétion : Expert
Être petit a des avantages nombreux. Toujours dans son optique d’améliorer tout ce qui peut être améliorable compte tenu de sa condition physique, Crevette fit tout ce qui était en son possible pour développer sa faculté, déjà naturelle, à se mouvoir en silence, tirer parti de l’environnement, détourner l’attention de l’ennemi, et à se montrer patiente. Il faut y ajouter une série de connaissances théoriques vites retrouvées, comme la meilleure matière de se camoufler dans certains terrains.

♦ Particularités :
Particulièrement faible : Il est toujours bon de le répéter : bien qu’étant dans la théorie compétente dans de nombreux domaines, Crevette est incapable d’exploiter pleinement ces compétences, et à l’exception de quelques domaines précis liés à son physique d’enfant, elle ne pourra que rarement, dans les faits, se montrer à la hauteur de ses capacités. Il y a donc une différence assez importante entre ce que Crevette va être capable de comprendre d’une situation, ce qui n’est dépendant que de son esprit, et de ce qu’elle va pouvoir adopter comme réponse.

♦ Niveau de difficulté souhaité : Suicide.

Des fois que:


Description



♦ Histoire :
     Étendue dans le sable, un vent frisquet faisant courir des grains sur son visage et sa peau, le seul poids de ses vêtements sur son corps, pas assez épais pour lui tenir tout à fait chaud, et un objet lourd dans la main. Le froid la fit se redresser, s’asseoir. Avant même d’ouvrir les yeux, elle sentait que quelque chose n’était pas à sa place. En les ouvrant, elle put voir, d’abord, le ciel rose, le sol gris, de cendres balayées qui s’agglutinaient sur ses vêtements blancs, les reliefs masquant l’horizon, qui avaient des formes impossibles, en immenses pics escarpés voire distordus, et les amoncellements sombres et vagues de tempêtes au loin. Dans sa main, l’objet se trouvait être la garde d’un sabre. D’une arme qui semblait être taillée pour les géants, car elle faisait presque sa taille. Elle était assez grande et lourde pour qu’elle puisse s’en servir de canne pour se redresser. Elle s’épousseta, et constata ses mains, ses cheveux, sa poitrine, ses bras, ses jambes, et tâta son visage, y découvrir ses courbes lisses, son nez, ses yeux, sa bouche. Goûta sa propre salive pour la première fois.
     Un dé de la taille d’un lapin, qui roulait dans les cendres en lâchant une note à chaque fois qu’il tombait sur le six passa devant elle. Dans le ciel, une masse d’eau ailée voleta au-dessus d’elle. Elle scruta le ciel, à la recherche de quelque chose, qui aurait dû s’y trouver, et qui aurait donné au moins un semblant de cohérence à l’ensemble. Un seul élément, invariable peu importe où elle se serait trouvé, et qui aurait assuré de sa présence un semblant de normalité minimale. Sans succès.
     Il y avait quelque chose qui n’était pas à sa place, ici. Et il semblait bien que c’était elle.

     Très vite vinrent les constatations les plus évidentes. Elle n’avait pas de nom. Pas de souvenir. Ce corps n’était pas le sien. Et cet endroit n’était pas un endroit normal, bien qu’elle fût incapable de dire ce à quoi aurait ressemblé la normalité, son propre corps, ou ce que signifiait réellement avoir un nom. Aux questions : « Qui suis-je ? » « Où suis-je ? » elle ne trouva aucune réponse.
     Elle en trouva une autre très vite : « Que faire ? – Survivre. »

     Elle avait peut-être tout perdu, mais pas ses réflexes. Après un rapide inventaire de ce qu’elle avait sur elle, de l’état de ses vêtements et de son corps, elle se mit en marche. Tout endroit est meilleur que le désert.
     Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre à quel point ce monde était hostile. Ce qui avait semblé au loin n’être qu’un point rouge s’avéra être une carcasse de bœuf à la charge, qui courait pleine vitesse, elle-même poursuivie par une créature encore plus étrange encore, qui serpentait dans le sable. Elle se dissimula dans le creux d’une dune, et vit passer la bête écorchée, poursuivie par ce qui, de plus près, s’avéra être un amoncellement de câbles entortillés. Mais le plus incongru était peut-être la forme humaine encapuchonnée qui le chevauchait. Elle se sentit automatiquement attirée par ce qui lui apparaissait être un congénère. Chaque sentiment, chaque impression, chaque réaction étant quelque chose d’infiniment précieux pour celle qui ne savait rien, elle s’empressa de réfléchir sur cette impression. Quoi qu’elle fût, elle était familière à cet être, qui lui était familier.
     Du haut de sa dune, elle put observer le duel entre la proie et le chasseur. Celui-ci, dès qu’il fut assez proche, planta une lance dans l’animal, et balança ce qui ressemblait à une petite ancre, reliée à la pointe par une solide chaîne. Elle se ficha dans le sable, et fit chavirer la carcasse. La forme grise, dont les contours devenaient de plus en plus flous avec tous les volutes de cendre remuées par le bœuf agonisant au sol et le serpent de câbles. Il massacra l’animal à la hache, dans une scène de pure violence qui dura ce qui semblait être une éternité.
     Le manteau couvert de sang, son énorme hache dégoulinante, le chasseur aperçut la fillette qui le toisait. Elle put alors apprécier la différence de taille entre eux. Pourquoi lui était-il grand et elle petite ?
     Arrivé à sa hauteur, il rabattit la capuche, puis le foulard qui masquait son visage, et fit tomber le long de ses épaules l’habit lourd. Il avait le visage grisonnant, la barbe épaisse, les traits burinés, et un large sourire.
     « Salut petite. Tu te promènes comme ça, toute seule ? C’est quoi ton nom ?
     – J’en sais rien.
     – Ah ? C’est pas banal, ça. Ils sont où tes parents ?
     – J’en sais rien.
     – Hé ben… tu sais quelque chose, au moins ?
     – Non. Enfin, si, vous avez l’air de me prendre pour une enfant, mais je n’en suis pas une. Ça, j’en suis sûre. Mais ne me demandez pas comment ça ce fait.
     – Boh, ce sera pas la chose la plus étonnante que j’aurais vu par ici.
     – On est où, là ?
     – Plus tard, ça, plus tard. Tu viens d’arriver, pas vrai ? Viens, on va s’faire à becqueter, tu réfléchiras mieux l’estomac plein. »

     Et c’est ainsi qu’elle fit la connaissance d’Akadjé N’Guessan, une sorte de vieux bonhomme qui arpentait la plaine depuis un certain temps. Ils passèrent quelques temps ensemble. Il lui apprit beaucoup, mais surtout à découvrir son propre corps, à l’écouter, à le comprendre, et à l’utiliser à bon escient. Il lui apprit – ou plutôt lui réapprit, vu qu’elle s’avéra très douée à l’exercice – l’escrime, le tir, et tout ce qu’il y a à savoir sur le combat, et tant d’autres choses.
     Akadjé était un personnage très singulier. Rieur, plaisantin, toujours un bon mot à la bouche, et qui savait rebondir sur toute situation. Et avec sa nouvelle amie, il y avait fort à faire. Jamais, disait-il, il n’avait rencontré quelqu’un d’aussi taciturne, d’aussi silencieux, d’aussi peu prompt à la discussion. Et une soirée, une de ces soirées où on ne sait jamais combien de temps va durer la nuit et combien de temps va durer le jour suivant, mais où on fait tout de même mine de suivre un rythme de sommeil tel qu’existant sur Terre, elle lui répondit que n’ayant d’autre sujet de discussions que ce qu’ils avaient fait dans la journée ensemble, il lui était difficile de débuter la conversation. Lui racontait des choses et d’autres sur sa vie d’avant. Et à vrai dire, même si elle ne disposait pas des référentiels pour en juger clairement, elle pouvait pourtant deviner que plus des trois quarts étaient des mensonges éhontés.
     Ce fut lui qui lui donna son nom. Il l’appelait « Crevette », rapport à sa taille. Et un jour, alors qu’ils parcouraient les dunes sur son étrange monture, elle lui demanda :
     « Akadjé ? Dis-moi, c’est quoi, une crevette ?
     – Mm ? Oh, hé bien, c’est une petite bestiole qui vit dans la mer.
     – Et… pourquoi tu m’appelles comme ça ?
     – Ben, c’te question, parce que t’es petite. »
     Ne trouvant rien à redire à cette logique implacable, elle décida de conserver ce nom. Pour la différence que ça faisait. Un nom, pour ceux qui savent qui ils sont, doit avoir une importance, un signifiant caché, ou quelque chose de ce genre. Crevette ne savait pas qui elle était, mais elle savait ce qu’elle était : petite. Trop petite pour survivre toute seule.

     Crevette se fit assez vite à son nouvel environnement. Principalement parce qu’il n’avait rien de nouveau ; étant donné qu’il était le seul qu’elle eût jamais connu. Elle éprouvait souvent ce sentiment d’étrangeté, en étant témoin d’une bizarrerie dont ce monde avait le secret, et pouvait dire avec certitude que certaines choses n’auraient pas dû être là, ou avoir cette forme, mais jamais cela ne durait très longtemps. Après tout, elle aurait bien été incapable de faire la différence entre le réel, dont parlait Akadjé, et l’Esquisse. La normalité, pour elle, était ce ciel rose, ces pluies de couteaux, ces feux follets en redingote qui vous saluaient du chapeau quand on les croisait, ces notes de musique munies de larges gueules pleines de dents, ces vallées où coulaient des rivières qui remontaient la pente ; de l’aval vers l’amont, ne prenaient leur source dans rien, ne se jetaient dans rien, et parfois poussaient des cris de douleur quand on les traversait à pied.
     Hélas, comme souvent dans l’Esquisse, ce fut l’absence de sens et l’absurdité qui décidèrent du destin d’Akadjé. Il avait entendu parler d’une structure cuivrée qui servait de point de rassemblement au survivants de ces terres. Un jour qu’ils devaient traverser un gouffre, Akadjé lança un grappin de l’autre côté, et fit passer Crevette en première. La raison étant qu’elle devait, grâce à son poids plume, passer sans problème, puis une fois arrivée de l’autre côté, elle solidifierait l’attache, permettant ainsi à son compagnon et sa monture de traverser l’obstacle. Mais alors qu’Akadjé était trop avancé pour se permettre de reculer, un vent violent se mit à souffler des entrailles de la terre. Il grossit avec les secondes, soulevant d’immenses volutes de sables. La Tempête emporta corps et bien Akadjé et sa monture, qui attendait au bord.
     Il est possible de survivre à des Tempêtes. Il est aussi possible que ceux qui s’en sortent ne deviennent plus que des parodies d’eux-même. Il lui avait dit : « Si la Tempête te prend, ça ne vaudra jamais le coup d’aller te porter secours. »
     Cette perte, brutale, inexplicable, produisit chez Crevette un sentiment étrange. Elle resta là, à regarder l’abîme, à une distance respectueuse, alors que les vents se renforçaient ou faiblissaient. Un instant, le seul être de son existence qu’elle avait jamais connu, qui lui avait réappris à se servir d’armes, lui avait donné ses vêtements, son arbalète, sa nourriture, son eau, avait été là, et le suivant, il avait disparu. Quelque chose tordait ses entrailles, les coinçaient, et elle savait de quoi il s’agissait, car elle l’avait déjà expérimenté, pour son propre corps, ; son propre être. Peu de temps après s’être remise en route, elle se rendit compte que son visage était humide. Sans le percevoir, elle avait pleuré.
     Elle redécouvrait le sentiment de perte.

     Akadjé avait partagé avec elle la direction à prendre pour aller audit laboratoire. Elle prit donc le chemin prévu, redoublant de prudence, se montrant encore plus précautionneuse dans ses déplacements, utilisant tous les atouts de sa petitesse pour se faufiler. Elle arriva enfin en vue du bâtiment. Il y avait un camion à l’entrée, et diverses personnes qui semblaient découvrir le lieu avec elle. Ne voyant aucune raison de ne pas faire confiance à ses congénères, elle se dévoila au groupe.


♦ Description mentale :
     Crevette est assez froide, vu qu’elle n’a d’attachement pour rien : ni ce monde, ni ses habitants, ni son propre corps. Ou du moins, Elle n’a donc pas de viscéralité : elle protège son corps parce que jusqu’à preuve du contraire, sans lui, elle disparaît, mais elle a eu besoin d’une réflexion pour arriver à ce constat, et en fait, a souvent besoin de réflexions de ce genre. Avant de sauver quelqu’un, il est tout à fait possible qu’elle se demande si ça vaudrait de coût énergétique de le faire, et de ne se poser aucune question d’ordre éthique. On comprendra que ce pragmatisme presque excessif s’étend à tout son caractère.
     Par corollaire, elle n’a pas beaucoup d’humour, vu qu’elle manque souvent des capacités mentales pour saisir la blague : quelles intonations, quelles expressions faciales, quel vocabulaire est signe d’humour et qu’est-ce qui ne l’est pas.
     Lire l’humour étant la base pour lire un visage, Crevette a du mal à lire les expressions des gens, ou de repérer des double-sens, et donc d’en faire elle-même. Elle est assez peu expressive, mais essaie de s’y mettre. Ses muscles faciaux sont comme les jambes d’un paralysé qui se remettrait à marcher : une importante rééducation est nécessaire.

     D’un autre côté, elle est très commandante, ce qu’elle a découvert avec Akadjé : il était le vétéran, mais elle était très sérieuse et ordonnée comparé à lui, beaucoup plus dans le laisser faire, laisser aller.
     Son opinion sur les autres survivants est assez primaire, vu qu’elle vient de les rencontrer : à première vue, on dirait une belle bande de branguignols, mais elle est elle-même un petit enfant, donc ce serait un comble de juger sur les apparences dans ces conditions. D’autant plus qu’ils ont survécu longtemps, plus qu’elle, ce qui suffit à indiquer qu,ils ne sont pas de complets incapables. Crevette garde donc son impression première pour elle-même.
     Pour ce qui est des cyantifiques renégats, eux ont l’air de savoir ce qu’ils font, mais un aveugle verrait qu’ils en savent plus qu’ils ne le disent, et qu’ils cachent l’essentiel.
     Concernant la situation d’un point de vue plus global, elle ne le fait justement pas elle-même. Crevette n’a aucun objectif autre que survivre. Retrouver son vrai corps lui semble complètement futile et impossible, elle n’a d’attachements pour personne. En fait, elle essaie de se trouver un but un peu plus profond que : ne pas mourir, parce que biologiquement être vivant c’est mieux qu’être mort. Elle a bien compris que n’avoir aucune attache de la sorte est un grave manque, et va essayer de s’en créer.

♦ Inventaire :
     Une tenue blanche, cette avec laquelle elle est arrivée. Par dessus, une cape de camouflage, avec capuche, couleur sable d’un côté et verte de l’autre, largement assez grande pour la recouvrir entièrement, et assez épaisse pour servir de couverture, s’il ne fait pas trop froid. Elle lui a été donnée par Akadjé. Des chaussures de marche, des gants, des lunettes de ski pour se protéger de la poussière.
     Une arbalète de chasse. Bonne portée, bonne puissance, rechargement relativement rapide, et assez légère pour être utilisée dans toutes les situations. Elle lui a été donnée par Akadjé. Elle la porte en bandoulière.
     Un sabre de cavalerie. Lame de 95 centimètres, et vu que Crevette mesure 1m35, elle ne peut s’en servir qu’à deux mains, ou à une dans des cas rares. Il est parfaitement aiguisé, elle apporte un grand soin à cela. Elle le porte accroché sur le flanc droit de son sac, dans un fourreau.
     Le strict nécessaire : une petite gourde, deux jours de nourriture (un pour un adulte), un petit couteau, des ciseaux.

Spoiler:


Dernière édition par Stilgar le Mar 19 Nov - 15:57, édité 4 fois
Kaoren
Non, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
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Kaoren
Dim 20 Jan - 21:08
Une adulte piégée dans un corps d'enfant, sache que Kaoren t'envoie tout son soutien moral. Encore que lui s'en tire mieux. Quelque part, au niveau de la répartition des compétences, j'y retrouve un peu le même modèle (à part que Kaoren est quand même plus solide, mais maladroit comme un manche). Au final, t'as un rendu assez intéressant, le genre de personne parfaite pour une situation de survie, l'équipière dont rêverait n'importe quel dessinateur, mais : la constitution tout moisie. C'est délicieusement ironique (et ça inspire de l'empathie pour elle, c'est carrément le sort qui lui tombe sur la tronche sans qu'elle puisse rien y faire).

En revanche, certains points nous paraissent un peu poussés à l'extrême si l'on en croit notre échelle. Ce n'est pas l'idée absolue, ni même les compétences très élevées qui nous chiffonnent, c'est qu'on n'est pas certains que le personnage s'accorde aux niveaux que tu lui donnes par endroit.

D'une part, le niveau "particulièrement faible" en constitution physique, c'est vraiment un extrême. On l'avait mis au cas où on aurait un paraplégique ou autre personnage handicapé physiquement, un corps d'enfant, même fragile, reste sur "très faible" au minimum, ce qui est déjà très bas dans notre échelle. Donc on te propose de remplacer par "très faible".

À côté de ça, dans notre vision de l'échelle en sciences appliquées, le niveau "adepte" représente déjà une formation assez avancée, au-delà des connaissances pratiques (on estime que ça représente à peu près une licence), donc dans le cas d'un personnage qui n'a plus vraiment de souvenirs en la matière, même s'il les retrouve progressivement, on pense qu'il s'agira d'un niveau "inconnu". Si la mémoire lui revient dans des dimensions plus conséquentes et qu'il s'avère qu'elle avait des connaissances approfondies dans l'un des domaines que tu as cités, on pourrait envisager un niveau "adepte". D'ailleurs, dans les sciences appliquées, on pense à des sciences applicables à un monde comme l'Esquisse, donc l'histoire, la littérature et la géographie (en dehors de la géomorphologie que je rangerais dans la géologie que t'as citée également) ne rentrent pas vraiment dedans. Mais tu peux laisser, la géologie resterait suffisante à justifier la compétence.

Dernier point, l'inventaire. On n'a pas de souci avec le fait que tu aies une telle quantité d'équipement, mais ça semble une charge particulièrement lourde à transporter pour un personnage de constitution physique aussi faible. Son voyage vers le Laboratoire n'a peut-être pas été très long, mais ça reste un exploit qu'on n'est pas sûrs de pouvoir lui attribuer.

Voilà, on est désolés de revenir sur autant de trucs, surtout qu'on a conscience que ton personnage est assez osé et pas forcément évident à doser. N'hésite pas à contester certains points sur lesquels tu ne serais pas d'accord, et bonne chance pour tes modifications dans le cas contraire ! o/


Distinctions:
Eelis
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Eelis
Dim 20 Jan - 23:19
Bienvenue dans les Sables !

Moi aussi, j'aime beaucoup ce concept de personnage, c'était le genre que j'avais hâte de voir arriver dans les Sables, et ce combo personnage compétent/corps pas pratique peut donner des situations à la fois hilarantes et dramatiques, tout en promettant des choses intéressantes en jeu. J'aime bien aussi son caractère et son rapport à son amnésie, le côté "froid" changeant des discours dramatiques qu'on voit parfois, je me demande comment le personnage va évoluer dans sa quête d'un but du coup.

Vu que tu as mis à jour ta fiche par rapport à ce dont on a parlé, on peut passer à l'étape suivante, aka...


La validation !



Tu rejoins donc la fine équipe des Sables, et leur doux violet, dans les aventures palpitantes du Jour 24 ! Puisqu'un RP semble déjà s'organiser dans l'ombre, je ne te présente pas le sujet de demande de RP (mais je le fais quand même)(au cas où tu en aurais besoin un jour). En-dehors des RPs, tu peux aussi jeter un oeil aux lancers de dés, aux songes, aux souvenirs et au quatrième mur (les discussions autour du RP), si jamais tu veux développer quelque chose à côté ou délirer sur tel ou tel aspect. Selon les ingrédients qui t'intéressent le plus dans les Sables, tu peux te lancer dans l'exploration du Laboratoire (nombre de pièces restent encore à explorer) ou des liens sociaux, jeter un oeil aux quêtes pour avoir des idées de choses à faire, te diriger derrière le laboratoire pour la quête d'intrigue, ou encore autre chose.

Enfin, de mon côté, je vais t'ajouter au registre des personnages, et j'en profite pour te donner ton code de transformation, à mettre avant tout message RP :
Code:
<transformation perso="Crevette" />
(Si ça ne marche pas demain dès l'aube, c'est que j'aurai oublié. Erm.)(EDIT : En fait c'est bon, normalement !)

Au plaisir de te croiser en RP, amuse-toi bien dans les Sables !



(Merci à Ara' pour la super signature ♥)

Test:

Stilgar
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Stilgar
Jeu 7 Avr - 3:39
♦ Agilité : très élevée
Tout à fait entraînée au combat et désormais tout à fait adaptée aux dimensions singulières de son corps d’enfant, Crevette peut évoluer dans son environnement avec d’autant plus d’aise qu’elle y occupe une place réduite. Elle peut se faufiler partout, esquiver, bondir, courir avec d’excellents temps de réaction. Elle est par contre toujours limitée par son corps et restera moins rapide, moins précise qu’un adulte entraîné.


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