Virelais volubiles sur la vésanie liée à la viridité des niguedouilles valétudinaires vociférant et vessant en volapük : "Vertuchou !"

Imaginez que vous êtes une jeune, frêle et tout à fait délicate jeune femme de 18 ans qui possède, à peu près, la capacité physique d'une Juliette croisée avec un asthmatique. Tous les soirs, vous prenez le bus pour rentrer chez vous, ou plus particulièrement deux bus, le premier servant théoriquement à arriver au point de départ du second.
Dans la théorie, vous savez que le second bus quitte son point de départ à 18h20, point qui est atteint par le premier bus avant cet horaire. Vous pouvez également aller à pied à cet arrêt ; il vous faut bien vingt minutes pour cela. Vous n'avez aucun moyen de rentrer chez vous autrement qu'en prenant le second bus, qui est à cet horaire le dernier à passer.

Cependant, ce soir-là, à l'arrêt du premier bus, vous constatez qu'il est 18h13 et que votre premier convoi n'est toujours pas là. Vous pouvez y croire et l'attendre, tout en sachant que vous raterez peut-être l'arrêt s'il arrive trop tard, ou bien tenter le tout pour le coup et courir jusqu'à votre destination malgré vos piètres performances physiques.
Dans le doute, vous choisissez la seconde option, car en plus d'être aussi forte qu'un pingouin nouveau-né, vous êtes plus stressée qu'un poisson (sisi, c'est stressé un poisson, ça peut en mourir facilement). La passivité vous ronge et vous contraint donc à vous élancer, avec votre ordinateur portable en sacoche et votre sac de provisions plutôt léger.

Sans voir le premier bus arriver, vous courrez à en perdre haleine dans les rues. Vous voyez que les minutes passent très rapidement, coupez par de petites ruelles que vous n'êtes pas certaine de connaître par coeur, puis débarquez finalement sur le grand boulevard où se trouve, tout au bout, le fameux arrêt du second bus. Bien sûr, vous crachez déjà vos poumons depuis quelques minutes, il est un peu plus de 18h20. Votre cible est au milieu de tout un tas d'autres bus qui décollent peu à peu.

Vous êtes soudainement dans un film hollywoodien où votre vie ne tient qu'à un fil. Vous courez plus encore que vos capacités vous le permettent normalement, entre vos écouteurs qui menacent de se barrer et votre ordinateur dont la pression est intense.

Vous traversez la rue sans regarder.

Vous entendez vrombir les moteurs du second bus, mais vous n'êtes pas encore arrivée. Un dernier effort surhumain pour votre personne.

Le bus démarre.
Vous courrez.

Arrivée à proximité, vous faites un grand signe de bras au chauffeur, qui vous remarque au bout de quelques efforts.

Voici votre dernier effort, le moment soulageant où vous plongez la main dans votre poche pour en extirper votre carte de bus.

Incapable de respirer correctement, sans place assise, vous vous accrochez fermement à une barre. Au moins, vous êtes en vie.

Et puis vous tournez la tête.


Juste pour reconnaître le bus qui se trouvait derrière le n°2.



Le fameux bus que vous attendiez.
Et qui tout en étant en retard, avait réussi à arriver à l'heure, avant vous...