[Salle de radio] Une seule fréquence, mais combien de longueurs d'onde ?

Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Jeu 8 Mai - 23:57

La salle de radio ne paie, pour ainsi dire, pas de mine. En dehors des toilettes et autres placards à balais, elle occupe sans aucun doute la dernière place en terme d'espace disponible. Son rangement est celui d'une chambre d'enfant ; un grand bureau et deux étagères aussi stables que la tour de Pise, des CD-ROM carrés et des feuilles circulaires qui s'empilent autour d'un microphone - à ailettes - aussi grand qu'un chat. Une brève exploration permettrait sans doute de récupérer un casque, des petites enceintes et des platines de DJ (dans le tiroir)
Et pourtant, la salle de radio est bien plus importante que l'opéra ou le cirque (dont la présence dans une Base militaire relèvent de la pure énigme) pour celui qui veut se faire entendre de toutes les oreilles. Si pour cela il semble suffire d'ouvrir la bouche, qui parviendra à accomplir le prodige d'atteindre tous les cœurs ?


Comme vous l'aurez sans doute compris, cette salle permet de diffuser des messages vocaux à travers toute la Base en parlant à travers le micro. (donc les conversations qui se tiennent dans cette salle ne sont pas très privées sauf si vous chuchotez)
Anonymous
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Sam 17 Mai - 0:22
« Il y a toute une armée dehors. Des centaines d’objets. C’est un peu long à expliquer. Et ils sont encore là dehors. »

Allons bon. C’était à se demander pourquoi l’homme ne s’en était pas rendu compte plus tôt. Il soupira d’un sourire, comme si c’était une mauvaise blague. De très mauvais gout. Un soupire de méprit. Pas envers le garçon qui ne devait pas mentir au vu de l’état dans lequel il était plus tôt, mais envers lui-même. Lui qui a toujours les sens en alarme, là, ça lui a fait défaut. Pathétique.

Et puis le garçon tenta de se lever. Mais c’était visiblement peine perdue. Ses jambes ne semblaient pas le supporter, malgré le poids plume qu’il doit être.

« Si vous m’aidez à marcher, je vous raconterai. »

L’aider à marcher ? Mais pour aller où exactement ? Cette phrase sonnait comme un marché, une contrepartie. L’homme se dit qu’il ne devait pas aller si mal que ça, pour être capable de parler comme ça. Il détourna le regard, il n’avait pas envie d’aider un jeunot incapable de tenir sur ses jambes.

« S’il vous plait ? »

Une voix tremblante, suppliante, brisée. Une voix que l’homme avait l’habitude d’entendre. Mais pas pour la même raison. Jusque là, c’était pour qu’il épargne une vie. Ici, c’est pour qu’il reste auprès de quelqu'un. L’homme regarda son MP3 qui diffusait toujours le chant adoré. Puis il se retourna vers le garçon, regardant son bonnet. Il aimait les hiboux. C’était une raison suffisante pour finalement l’aider.

« Marché conclu. »

Alors l’homme se leva tant bien que mal, avant de faire des étirements. Cela faisait longtemps qu’il était dans la même position. Les fourmis lui hantaient les membres inférieurs. Il prit doucement le bras du garçonnet pour le mettre par-dessus ses épaules. L’homme était grand, lui était si petit, c’était impossible.

Ah. Comme il lui paraissait si frêle, si facile à briser. D’un geste brusque, il pourrait lui briser un bras. Il arborerait une telle expression de terreur sentant son sang partir de son corps. Ah ! Cette exquise couleur qu’il n’a pas vu depuis si longtemps… Ce liquide si chaud signifiant la vie de la personne la quittant peu à peu… A porté de doigts…

Changement de chant. Le chant d’un grand duc européen résonne à présent. Toujours grave, toujours sourd mais dont les nuances ont permis à l’homme de reprendre ses esprits. De sa main libre, il se frotta les yeux. Toujours le même réflexe pour se calmer.

Il a du percevoir son cœur s’emballer étrangement et sa respiration devenir plus haletante mais pas ces yeux fous ne reflétant que l’exaltation de voir cet être si fragile couvert de sang.

Une fois le calme réinstallé dans son esprit, l’homme s’accroupit, prit les deux bras du jeune garçon et les mit sur ses épaules, lui faisant comprendre qu’il devait se tenir à son cou, avant de se relever, entrainant son compagnon d’un matin contre son dos, glissant ses bras sous les genoux du transporté. C’était bien plus facile pour lui, il voulait s’éviter un mal de dos mal placé pour l’avoir aidé à marcher. Où allaient-ils aller ? L’homme ne savait pas encore, mais il fallait avancer.

Chose promise, il lui raconta tout sur le chemin, les objets, l’observatoire, le mort… L’homme comprit à présent pourquoi il était dans cet état là. Voir un mort, pour la première fois, était toujours quelque chose de traumatisant. Même lui, le savait. A la fin de son récit, l’homme ne disait plus rien. Il n’avait rien à dire. Il ne pouvait pas dire « ça passera », parce que c’est faux. Il se souviendra toujours de sa première victime et du sentiment de détresse mélangé à de l’exaltation.

« Détresse, lâcheté, culpabilité sont des choses qui resteront gravées à jamais. On s’y habitue, au bout de plusieurs. » Lâcha-t-il finalement à lui-même avec presque une très légère pointe de tristesse dans la voix, avant de redevenir silencieux, écoutant le hibou et les éventuelles réactions du jeune.

Les pas de l’homme les guidèrent vers une salle étrange. Une petite salle, avec des CD et divers papiers. Un micro, aussi. Ce qu’il détestait les micros. Ils sont toujours synonymes d’indiscrétion. Alors dans le doute, il chuchota doucement à l’oreille du garçon.

« Ne parle pas trop fort. On ne sait jamais à quoi sont reliés les micros. »

Après avoir réfléchis, il allait passé son chemin. Mais, cette salle pouvait être très utile. D’après le garçon, il y avait beaucoup de monde ici. Déjà, ceux avec qui il avait discuté la veille, mais pas seulement. Passer des messages pour coordonner, ce n’était pas son truc, d’autant plus qu’il ne connaît que de grandes lignes de la situation. Mais ça pourrait aider. Il chuchota de nouveau.

« Une préparation de vengeance, qu’en penses-tu ? » Dit-il avec un large sourire presque inquiétant.

Résumé:
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Lun 19 Mai - 14:51
« Marché conclu. »
Un instant, Diablo sent définitivement toute énergie quitter ses jambes. Il n’échappe à la chute que par miracle. Il inspire. Et se contraint à expirer tout aussi lentement. Et lorsque l’inconnu semble prêt à partir, il tient toujours debout. Bien. Il peut le faire. Il suffit de se concentrer sur une chose à la fois. Il peut y arriver. Juste quelques petits efforts.

Pour ne pas sombrer.

Mais voilà que les battements rassurants s’emballent. Et qu’un souffle siffle à son oreille.

Comme le reflet d’un miroir, Diablo sentit son propre cœur s’emballer et son souffle manquer. Non non non. Il ne devait pas. Il ne fallait pas.

Mais il n’y arrive pas. Si son ancre vacille, lui aussi.

Heureusement, l’homme se calma. Diablo ne tarda pas à l’imiter, soulagé. Rien ne se passa, pourtant. Il retournait juste à ce grand néant. Il s’y réfugiait. De toute son âme. Il était bien mieux comme ça. Ne pas trop penser. Et surtout, ne rien ressentir. Tel un pantin, une petite poupée, le diablotin se laissa manipuler. Ne répondant qu’au minimum demandé, il glissa doucement ses mains pour s’accrocher. Et, de sa voix éteinte, il tint sa promesse. Racontant tout ce qui s’était passé, tout ce qu’il avait vu. Mais détaché. Si affreusement détaché.

▬ Détresse, lâcheté, culpabilité sont des choses qui resteront gravées à jamais. On s’y habitue, au bout de plusieurs.
▬ Vraiment ? demanda-t-il d’une voix sans aucune force ni émotion.

Une voix qui n’attendait pas de réponse. Qui ne dégageait rien. Ils auraient très bien pu parler du ciel d’avant, d’un nuage qui se serait déplacé plus vite qu’un autre. Cela n’aurait pas eu plus d’effet.

Diablo reposa sa tête, se lovant dans la nuque offerte, ses cheveux chatouillant probablement son porteur, et ses mèches corbeaux gratouillant sa propre joue. Il était si proche. Il entendait les chants de hiboux plus forts que jamais. Il sentait le cœur de l’autre battre comme si c’était le sien. Il avait l’impression de pouvoir tout entendre. De pouvoir tout comprendre. De tout savoir sur cette autre personne. Mais ça n’avait pas d’importance. Tout ce que faisait Diablo, c’était se concentrer sur cette vie, qu’il sentait battre contre sa propre joue. Le cœur, la chaleur et les chants de hiboux le berçaient.

Un sursaut agita ses doigts. Une étincelle de vie crépita.
Et, doucement, Diablo referma ses bras. Son corps se lova contre le large dos, et, l’espace de quelques battements d’éternité, il ferma les yeux… pas parce que la lumière l’agressait, mais parce qu’il se sentait tout simplement bien. Au chaud. Rassuré. Dans un cocon. Il aurait voulu tout oublier.

Mais ils étaient arrivés.

Il descendit. L’homme parla. Diablo écouta.
Puis il leva la tête, suivant la voix pour regarder dans la bonne direction. Les yeux toujours clos, il joignit ses mains et baissa un peu la tête.

▬ D’accord, dit-il simplement.

Il ne prenait pas la peine de chuchoter. Il n’avait  jamais parlé bien fort, de toute façon. Et ce n’était pas maintenant, avec son ouïe surdéveloppée, et son timbre fatigué, qu’il allait rameuter les foules. Il s’humecta les lèvres. Et inspira, serrant ses paupières.

▬ Je suis Diablo. Vous… vous pourriez me dire votre nom ?

Ça lui semblait important. De commencer par ça.
Et… il avait envie de le savoir. Vraiment.

Spoiler:


Dernière édition par Diablo le Mar 20 Mai - 17:49, édité 1 fois
Anonymous
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Mar 20 Mai - 15:55
Le garçon comptait sur lui. Il ne fallait pas. Il ne le fallait pas. L’homme ne comprenait pas grand-chose à la nature humaine mais il a déjà ressenti ça, quand quelqu’un se repose sur lui. Il ne fallait pas. Il mourra.

Tout comme elle. Elle comptait sur lui. Elle lui faisait confiance. Elle était importante. Elle est morte de sa main. Elle n’aurait jamais du croire qu’il était capable de rester calme à ses côtés pour toujours.

La voix toujours aussi faible du garçon le tira de ses pensées nostalgiques pour mieux l'y replonger.

« Je suis Diablo. Vous… vous pourriez me dire votre nom ? »

Machinalement, sa main tapota sur le bonnet de Diablo. Il était vraiment bien fait, ce bonnet. Donner un nom. C’est si simple. Identifier quelqu’un, pouvoir l’appeler à l’aide. Si seulement elle ne l’avait jamais su. Mais, dans un lieu aussi hostile, il valait mieux pouvoir le faire. Quand bien même ce ne soit pas forcément synonyme de survie.

Se rendant compte de son geste, l’homme enleva lentement sa main de la tête de son compagnon du moment, comme si rien n’était, et lui répondit simplement.

« Kahaüz. »

Dérivé de « Kauz » un diminutif en néerlandais désignant les strigidés comme « Brillenkauz » qui veut dire « chouette à lunette ». Ses parents l’avaient appelé comme ça. C’était peut-être le point de départ de sa passion pour ces animaux.

Maintenant, il fallait réfléchir. D’après ce que Diablo lui a dit, il y a énormément d’objet un peu partout. 3 personnes sur le toit – encore que ça ait pu changer puisqu’il ne savait pas combien de temps s’est écoulé depuis que son « informateur » a quitté l’endroit en question. Quelques personnes dans les couloirs et… Et ils étaient si peu ? Non… Il n’a pas mentionné d’homme-chat avec un hobby bien à lui ou un blond s’habillant n’importe comment… Difficile d’imaginer une quelconque stratégie avec si peu d’informations.

Il se retourna vers le garçon. Vu l’état dans lequel il est, même quelqu’un comme Kahaüz a vu qu’il n’était que l’ombre de lui-même. C’est bien beau tout ça, il a proposé une vengeance mais dans l’absolu, il ne savait pas comment faire. Mais intérieurement, il garda cette pseudo-promesse pour plus tard. Pour ce moment où il pourra enfin se libérer sans trop de crainte.

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Anonymous
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Mar 20 Mai - 18:12
Pof pof. C’était le simple bruit d’une simple main qui tapotait un simple bonnet. Et pourtant, Diablo se sentit peut-être plus perdre pied qu’avec tous ces chants de mort. Impossible de soulever ses paupières, la lumière était encore bien trop agressive, mais il le sentait. Cette proximité. Ce souffle. Sa respiration. Il l’entendait tellement bien. Trop bien. Alors, telle une jeune fille en fleurs, le diablotin rougit. Jolie petite écrevisse. C’était presque un exploit, pouvoir rougir avec une peau pareille. Mais Diablo était en quelque sorte un maître en la matière. Aucun n’épiderme n’arrêterait sa gêne et ses rougissements.

Heureusement, si lui reposait doucement pied à terre, son compagnon semblait un peu plus lointain. Il ne s’arrêta ainsi donc pas sur son visage brûlant, et lui répondit simplement. L’adolescent entrouvrit ses lèvres.

▬ Ka-haüz.

C’était plus fort que lui. Il avait fallu qu’il le fasse. Prononcer ce nom. Tester la sonorité. Comme pour être sûr de bien prononcer, il le répéta. Plusieurs fois. Puis, avec un éphémère sourire timide, il le rangea précieusement dans une petite boîte. Sans même s’en apercevoir.

Kahaüz.
Kahaüz était silencieux. Il devait réfléchir. Il ne fallait pas le déranger. Patient, ses doigts jouant les uns avec les autres, Diablo attendit. Puis ses oreilles perçurent le léger froissement des étoffes. Il venait de se retourner.

Il devait être en train de le regarder. Le diablotin se mordilla les lèvres. Il ne prenait pas la parole. Il devait attendre quelque chose. De lui. Mais il n’avait rien à donner. Pas de force. Pas d’idées. Ses cils papillonnèrent, un instant, la lumière l’agressa, il serra les dents. Ce n’était vraiment pas agréable. Mais la brève douleur l’avait un peu réveillé. Il releva la tête.

▬ Vous ne saviez pas qu’il y avait une attaque.

Affirmation. Pas une question. Ils le savaient très bien tous les deux. Diablo s’humecta les lèvres.

▬ Peut-être que d’autres ne sont pas au courant.

L’adolescent tortilla ses doigts, les malmenant un peu. Il fit quelques pas, machinalement.

▬ Je. Je pense qu’avant tout, il faudrait… les prévenir ?

Difficile de faire quoi que ce soit, si une partie ignorait même qu’une attaque était en cours. L’adolescent baissa la tête, pensif.

▬ Les gens d’en-dessous aussi. Même si… la pièce aux écrans… ils doivent tout voir… mais, peut-être que…

Il marmonnait sans même s’en rendre compte. Juste à côté du micro qu’il ne voyait pas. Il entendait bien le grésillement, mais c’était trop fort, trop proche, trop répété, pour qu’il en détermine la position exacte. Il s’en sortait mieux avec son ouïe malmenée, mais il s’était uniquement concentré sur Kahaüz… l’infime grésillement d’un micro allumé n’entrait pas dans ses faibles compétences. Ceci dit, il l’entendait quand même. Diablo fronça les sourcils et, de nouveau, il bougea, s’éloignant du bureau. C’était juste un automatisme. Il était mal à l’aise. Donc il se tortillait. Remuait. Et marchait.

▬ Ces micros… vous pensez qu’on peut s’en servir ?


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Mar 20 Mai - 21:29
« Ka-haüz »

Et le garçon le répéta encore et encore. Ça agaça l’homme, parce que ça confirmait ce qu’il craignait. Tout ça ne valait rien de bon. Pas pour lui, mais pour son comparse. Lui, il a l’habitude de ne plus se contrôler. Si quelqu’un redevenait… Non. Jamais. Plus jamais.

Pourquoi attendait-il une quelconque aide de ce garçon ? Une idée, quelque chose, alors qu’il risque d’être plus inutile qu’autre chose. C’était ce que l’homme pensait. Jusqu’à ce Diablo semble reprendre ses esprits.

« Vous ne saviez pas qu’il y avait une attaque. »

L’homme tiqua. Il aurait pu se retenir de dire ça. Il en avait assez honte comme ça.

« Peut-être que d’autres ne sont pas au courant. Je. Je pense qu’avant tout, il faudrait… les prévenir ? »

Il se tourna vers le micro. Ce n’était pas une mauvaise idée. L’homme se sentit pour la deuxième fois complètement idiot. Plongé dans la nostalgie de son passé, il n’arrivait pas à rassembler ses idées correctement. Il sait que c’est à cause du garçon.

Diablo le coupa de nouveau le fil de ses pensées en réapparaissant dans son champ de vision. Il s’était approché à côté du micro. Il ne s’en est sans doute pas rendu compte. L’homme allait l’empêcher de parler mais le garçon le devança, pour dire quelque chose qui l’étonna.

« Les gens d’en-dessous aussi. Même si… la pièce aux écrans… ils doivent tout voir… mais, peut-être que… »

« Pardon ? » Lâcha-t-il

Ses yeux suivent Diablo qui n’arrêtait pas de bouger. Ça l’agaçait, il n’arrivait pas à se concentrer.

« Ces micros… vous pensez qu’on peut s’en servir ? »

Micros. L’homme souffla, frottant ses yeux.

« Surement. Surement même que maintenant tout le monde a entendu la phrase juste avant. Ça n’a pas de bouton d’arrêt. » Dit-il d’un ton las.

Alors que Diablo passait à proximité, l’homme lui posa la main tête pour le stopper, ignorant les deux bosses qu’il sentait à travers le bonnet, serrant légèrement son emprise.

« Ne bouge plus. C’est quoi cette histoire de gens d’en-dessous ? Est-ce que ça a un rapport avec ce foutoir ? Et cette pièce aux écrans, c’est quoi ? ça pourrait être très utile pour une offensive, tu ne crois pas ? »

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Anonymous
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Mer 21 Mai - 1:15
▬ Sûrement même que maintenant tout le monde a entendu la phrase juste avant. Ça n’a pas de bouton d’arrêt.
▬ Hii ?!

Kahaüz n’en avait probablement pas conscience. Non, il ne pouvait pas vraiment le savoir. Mais, petit à petit, il ramenait l’ancien Diablo à la surface. Timidement. Couche par couche. Telle une bulle à la surface. Petite bulle par petite bulle. Oh, son être ne pourrait jamais revenir tout entier. Il n’était plus tout à fait le même. Il ne pourrait plus l’être. Trop de choses. Trop d’évènements. Trop de mort. Mais il revenait à lui. Une étape à la fois. Il émergeait. Il vivait. De nouveau.

Et présentement, il paniquait. Totalement.

Pof. Arrêt sur image.
Main. Bonnet.
Main. Bonnet. Main. Bonnet. Main ?

Cinq doigts. Qui frôlaient ses cornes. Il entendait le bruissement de l’étoffe, il sentait les contours se dessiner… privé de la vue, c’était comme si tout le reste était aussi un peu amplifié. Pas juste ses oreilles. Ou alors, c’était juste parce qu’il n’était pas habitué à être touché. Pas du tout.

▬ Ne bouge plus. C’est quoi cette histoire de gens d’en-dessous ? Est-ce que ça a un rapport avec ce foutoir ? Et cette pièce aux écrans, c’est quoi ? Ça pourrait être très utile pour une offensive, tu ne crois pas ?
▬ A-a-attendez une minute !

Il en était presque au stade automatique du « Pitié, ne me tuez pas. ». Mais en vrai, il essayait surtout de mettre de l’ordre dans ses idées. Il revenait à peine parmi les vivants et voilà qu’on le bombardait de toutes parts. Et, comme souvent, son trouble intérieur passa à l’extérieur. Diablo agitait maintenant vainement les bras devant lui, comme pour empêcher très vaguement Kahaüz d’avancer une autre question. Ou d’avancer tout court. Notons que l’efficacité de la manœuvre était somme toute discutable. Pour ne pas dire nulle.

Ses deux mains vinrent finalement agripper le bras de la main reposant sur sa tête. Il inspira. Plus personne ne bougeait.

▬ Je… Juste une minute. J’ai… besoin de… une minute.

C’est que tout ça n’était pas très simple. Diablo ne savait pas si… s’il devait tout raconter. Mais Monsieur Kahaüz devait avoir raison. Cela pouvait être utile. Et puis, on ne pouvait pas juste laisser ces gens… Mais, et si… Oh, et puis, si. Il allait tout raconter.

C’était Kahaüz.

Comme s’il cherchait littéralement un soutien, Diablo appuya un peu plus sa tête contre la paume de l’homme et, son regard aveugle vissé au sol, il commença son récit.

▬ Vous avez connu la Tempête ? …Je veux dire, en plein dedans…

Le diablotin expira. Lentement. Et il raconta. Tout.
Kahaüz n’en avait probablement pas demandé autant. L’adolescent le savait. Mais il ne pouvait plus s’arrêter. Il en avait besoin.

La chute. Matchin. La Base. Tout y passa. Dans l’ordre, avec une clarté assez exemplaire, pour l’état dans lequel il avait vécu tous ces événements. L’errance, seul, tout en bas. Les gens un peu étranges. Puis la salle de bains. Et une certaine jeune fille blonde. De nouveau les étranges pièces. Et cette fameuse salle aux écrans. Le moyen d’en partir. Et la clé pour y revenir.

Diablo avait fini par lâcher le bras son compagnon et s’était reculé d’un pas en se dégageant tout doucement. Maintenant, il le regardait. Enfin, il pensait qu’il le regardait. Il ne faisait qu’écouter son souffle, le fameux rouge à lèvres orange entre les doigts. Tout ce temps, il avait juste été dans sa poche… Ses doigts crispés sur le petit objet, il attendait.

Le jugement de cet être qui commençait à se placer au-dessus des autres. Tout doucement. Mais certainement.

Inexorablement.

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Mer 21 Mai - 20:42
L’homme arqua un sourcil. Le garçon avait bien plus d’énergie qu’il pensait. Dommage qu’il ne l’utilise pas pour se concentrer. Il avait l’impression qu’il l’avait agressé. Ce qui n’était pas totalement faux.

« Je… Juste une minute. J’ai… besoin de… Une minute. »

D’un sens, il pouvait comprendre que se soit difficile à répondre de but en blanc à une question pareille. Alors il patienta, simplement, sans bouger. Il sursauta lorsqu’il senti les deux petites mains de son compagnon tenir son bras pour que sa main appuie plus. Il y avait… Des bosses. Cette fois-ci il y fit attention. Pourquoi avait-il des bosses ?! Des cornes ?! Comme à son habitude quand l’homme commençait à partir loin, Diablo le coupa.

« Vous avez connu la Tempête ? …Je veux dire, en plein dedans… »
« Quoi donc ? »

L’homme se demandait ce qu’il entendait par « Tempête », le phénomène météorologique ou autre chose ? Il fronça les sourcils. Quel rapport il y avait avec les gens d’en-dessous ? Et Diablo commença son récit. Son interminable récit. Qui néanmoins répondit à sa première question. L’homme crut qu’il n’allait jamais s’arrêter. Mais il ne l’interrompt pas. Il n’en avait pas envie. Alors il laissa le garçon parler. De toute façon il allait bien finir par passer à un sujet qui l’intéresse.

Il ne voulait plus faire d’amalgame. Le garçon avait la fâcheuse tendance à le faire plonger dans une nostalgie qu’il avait oubliée depuis longtemps. Alors il n’écoutait que d’une oreille. Mais certains mots comme « protéger », « disparaître » lui balançaient des images. Des images d’elle. Non. Pire. Des images d’eux, ensemble. Heureuse, joyeuse. Puis le désespoir. Le sang. La mort. A l’avoir protégée des autres, il ne l’a pas protégée de lui-même. Il serra le poing sur son MP3. Précieux, précieux MP3. Elle le lui avait offert.

Enfin le sujet qui l’intéressait le plus arrivait. Avec tout ça, il a faillit le manquer. Des types louches, qui parlent de science, en dessous. En dessous parce qu’ils – lui et la fille – ont plongé dans une baignoire pour y accéder…

Le garçon s’était libéré de l’emprise de l’homme. Il avait expliqué comment sortir de la salle aux écrans en sortant un rouge à lèvres. Il se demandait s’il était sérieux. Mais Diablo ne lui mentirait pas. Il le sait parce que le diablotin compte sur l’homme. Il s’était enfin tu.

L’homme souffla et se frotta les yeux. Quand il les ouvrit, Diablo était là, serrant le rouge à lèvres, le visage dirigé vers lui. On dirait un coupable attenant sa sentence. L’homme n’aimait pas cette sensation, d’être le juge. Il n’en avait pas le droit. Pas un être aussi psychotique que lui.

Il s’approcha du garçon, assez près et lui tapota de nouveau doucement la tête. Etrangement, il aimait bien faire ça. Ça le détendait. L’homme serra les dents. Il était stupide. Il l’encourage à s’appuyer sur lui. Mais il ne lui dit rien. Il n’avait rien à dire, parce qu’il n’était pas juge. Il n’était qu’un homme. Fou. Il considérait qu’un être comme lui ne pouvait juger un être tel que Diablo, qu’il trouvait si pur. Mais l’homme n’a pas pu s’empêcher de parler.

« Tu t’es bien débattu »

L’homme lâcha la tête du diablotin. Après un léger silence ponctué par les chants de hiboux, il lui demande.

« Tu peux marcher ? Ce serait intéressant d’y aller pour savoir exactement la situation. »

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Jeu 22 Mai - 18:22
Pof. Encore une fois, une main vint tapoter sa tête. Non, pas une main. Pas juste une main. La main de Kahaüz. D’abord, il se figea, surpris. Telle une biche prise dans les phares d’une voiture. Puis, une étrange sensation vint chatouiller ses entrailles. S’il n’avait pas déjà eu les yeux fermés, il aurait voulu le faire à l’instant. Comme un chaton appréciant la caresse. Il avait vaguement envie de bouger la tête. Accentuer un peu plus le contact. Le prolonger. Il ne s’en rendait pas encore compte, mais il le savait déjà : cela ne durerait pas.

Mais toutes ces pensées ne l’atteignaient pas encore. Il ne faisait que réagir à son instinct. Aussi, quand la main s’écarta et que la voix au timbre déjà familier de Kahaüz lui dit qu’il s’était bien débattu, il se figea de nouveau. Avant de porter ses propres mains à son bonnet et de serrer ses doigts sur l’étoffe. Rougissant. Difficile de dire si c’était à cause de la caresse, des mots, de cette présence de qu’il sentait si proche, ou de tout à la fois. Diablo était troublé. Et il était bien incapable de mettre un mot sur sa gêne. C’était probablement un amalgame de tout. Avec un morceau de chaque. Dans une espèce d’œuvre d’art abstraite dont on aurait bien peiné à dissocier un élément plus qu’un autre. C’était probablement juste Kahaüz tout entier.

▬ Tu peux marcher ? Ce serait intéressant d’y aller pour savoir exactement la situation.

Sursaut. De nouveau, la voix s’élève au-dessus des chants de hiboux.

Pour Diablo, il n’y avait plus vraiment de silence. Juste des bruits moins forts que les autres. Et puis il y en avait des plus forts. Peut-être à raison. Par pure question de physique. Ou parce qu’il se concentrait dessus. Ou encore, parce que, justement, il n’y en avait pas. De raison. De logique. C’était juste comme ça. La voix de Kahaüz transperçait juste tout le reste.

▬ J-je. Oui.

Il avait eu d’autres idées. Il aurait voulu prévenir tout le monde. Mais il n’avait pas pu donner d’autres réponses. Il ne s’en rendait même pas compte, mais il était déjà enchainé. Enchainé à Kahaüz. Il le suivrait.

Jusqu’à ce que l’homme ne l’abandonne simplement.

Cette pensée tourbillonnait déjà, bien installée dans son petit recoin. Mais Diablo ne la percevait toujours pas. Il ne faisait que réagir à l’instinct. Un instinct que l’autre avait façonné, et qu’il suivait. Aveuglément.

▬ P-par-là. Je crois.

Et, aussi aveugle qu’un papillon se dirigeant vers les flammes, Diablo ouvrit la marche.


Spoiler:

La salle de radio est maintenant vide.
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