Serre

Admirez notre magnificence ! ♥ Messages : 323 Date d'inscription : 08/06/2013

« Juste là.»

Après avoir assez ouvert la fenêtre pour que la libellule puisse passer et lui avoir pointé du doigt la porte de la Serre, Watt se retourna vers son collègue, sans plus manifester le moindre intérêt pour le Dessinateur. Watson, lui, continuait de l'observer d'un air curieux.

Il me pointe la porte, puis se retourne vers son collège. Mais je vois que la porte est fermée. Je lui écris donc :

« Excusez-moi. Pourriez-vous m’ouvrir la porte, s’il vous plaît ? »

D’un coup, quelque chose d’autre me vient à l’esprit :

« Ah oui, aussi. Êtes-vous des cyantifiques ? »

Puis je lui montre mon carnet.

Résumé:

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Watt regarda André. Puis la porte. Puis de nouveau André.

« Sérieusement ? »

Il avait l’air d’avoir beaucoup de choses à dire, mais se contenta de marcher silencieusement vers la por….

Nan bien sûr. L’occasion était trop belle pour cracher à nouveau sur les Dessinateurs, alors il s’en saisit goulument :

« J’espère pour vous que vos collègues ne vont pas décider de rester ici, si vous faites appel à nous même pour pousser une poignée. »
Par la même, il répondit à la seconde question d’André.
« Et oui, de fait. On voit que les informations circulent toujours aussi bien. »

Après avoir entrouvert la porte — juste assez pour que la libellule s’y fraie un chemin, il se retourna, espérant que ce serait cette fois pour de bon.

Ne t’énerve pas, ne t’énerve pas, ne t’énerve pas…

« Merci pour la porte. »

Je faillis écrire « Watt le colérique », mais je me retiens.

« Au fait, Wilkins cherche »

J’hésite à dire Averroès. Je n’ai pas envie de lui dire son nom, Watt pourrait se débrouiller. Mais c’est peut-être injuste pour Wilkins.

« Averroès. On voit à quel point ça circule bien chez vous aussi, si c'est moi qui suis au courant. »

Je lui parle d’Al-Qasim ou… Non, il vaut mieux garder cette carte en main.

Je passe la porte.

Résumé:

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À la lecture du carnet d’André, Watt leva un sourcil. Difficile de dire si c’était par surprise, par colère ou parce que ses lunettes ne parvenaient que péniblement à décrypter l’écriture en pattes de mouche d’André.

« C’est vous qui partez du principe que je ne suis pas au courant. » se contenta-t-il de répondre, avant de laisser le Dessinateur passer la porte qu’il avait eu l’air si pressé d’ouvrir.

« Je vois à quel point il est aidé. Je n'ai pas de temps à perdre, à bientôt. »

J’arrache la feuille de mon carnet et la lui laisse avant de passer la porte.

Résumé:

Précédemment :

__–Rosalina inspira, expira, longuement, fit un grand sourire, reprit un air sérieux et passa la porte.
__–« Rebonjour. Les choses… avancent. Pour les canettes, je ne sais pas, nous avons eu plus urgent à régler. Isolde vous prie de bien vouloir l’excuser, elle a fait un petit malaise, mais elle sera de retour parmi nous bien assez tôt. »
__–Par pitié, aussi vite que possible…
__–« En l’attendant, il faudrait que je vous informe de quelque chose, mais peut-être vos collègues messieurs Averroès et Wilkins vous ont déjà averti par communication sans fil ? »

Rosa entre et reste sibylline face à Watt et Watson.

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Quand Rosalina entra dans la Serre, elle put constater du coin de l’œil que la pièce avait légèrement changé. Pas besoin d’être experte en botanique, en effet, pour deviner que la terre avait été retournée et que la petite cagette remplie de ce qui ressemblait à des fruits ou des légumes n’était pas là tout à l’heure. Les deux cyantifiques, eux, avaient les mains légèrement couvertes de terre, que Watt était en train d’essuyer méticuleusement tout en bavardant avec son collègue qui… Il était toujours difficile de dire si Watson était en train de rêvasser ou s’il se concentrait avec une intensité inégalable sur les graines qu’il avait dans la main.

Pendant ce très bref instant qui passa, avant qu’elle n’annonce sa présence, la présidente par interim put donc assister à une scène rare : deux personnes qui ne semblaient ni au bord du burn-out, ni en train de se disputer. Si la végétation avait été été plus luxuriante, elle aurait pu se croire au paradis…

Puis quand elle commença à parler, la conversation qu’elle n’avait pas eu le temps de capter s’interrompit et la réalité reprit ses droits. Watt se retourna vers elle avec un air qui semblait anticiper très très fort la prise de tête, puis l'écouta avec des lèvres qui auraient saisi la moindre occasion de caser quelque commentaire — si Rosalina n’avait pas parlé d’une traite.

À la mention de ses deux collègues, il sembla cependant considérer l’idée de mettre de côté leur différend pour les trente prochaines secondes.

« C’est cette histoire de tremblement de terre ? »

__–Voilà que les deux compères faisaient du jardinage. Rosalina ne s’en soucia pas.
__–« Celle-là même. Ai-je besoin de vous donner des détails, ou tout vous a déjà été communiqué ? »

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Watt sembla hésiter à répondre par l’affirmative pour écourter la conversation, ou peut-être faire semblant de savoir pour ne pas qu’un Dessinateur lui apprenne quelque chose sur ses propres collègues. La pointe de son pied tapota deux fois le sol, puis il se ravisa :

« Aux dernières nouvelles, ils étaient partis regarder. Y a-t-il d’autres détails ? »

__–Rosalina savoura ce rare moment où elle pouvait apprendre à Watt quelque chose sur ses propres collègues.
__–« Tout de même, oui, le résultat de l’opération. Messieurs Averroès et Wilkins ont détecté des tremblements de terre et en sont venus à la conclusion qu’il pouvait très bien s’agir d’une Tempête, ou des effets résiduels ou annonciateurs d’une, Je leur ai envoyé un groupe pour les assister dans leur mission. »
__–Elle résista à la tentation de dire quelque chose comme, « que feriez-vous sans nous », mais qu’à moitié :
__–« Ils semblaient en avoir bien besoin. Auriez-vous une remarque utile à faire à ce sujet, ou nous pouvons vaquer à nos occupations, moi m’assurer que les préparatifs du départ avancent et vous… Récupérer des provisions, je présume ? »

Rosa partage les conclusions d’Averroès et Wilkins.

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Quand la Dessinatrice mentionna avoir envoyé un groupe pour aider ses collègues, Watt parut légèrement surpris. Peut-être pas au point de demander à son interlocutrice qui elle était et ce qu’elle avait fait de Rosalina... mais son expression faisait, au moins, clairement entendre qu’il ne s’attendait pas du tout à ce qu’il venait d’entendre. Il détourna vaguement le regard, marmonna un discret « Eh bien… merci, je suppose… », s’éclaircit la voix, puis changea de sujet et de ton le plus vite possible :

« Rien de particulier. Si ils ne sollicitent pas mon aide, je leur fais confiance pour gérer la situation. Puisque Watson et moi en avons fini ici aussi, je vais aussi m’occuper de préparer le départ, surtout s'il risque d'être précipité. »
Il soupira, comme quelqu’un qui anticipait quelque chose de désagréable mais de nécessaire, puis demanda enfin :
« Afin d’être plus efficace… sur quoi avez-vous besoin d’un coup de main ? »

__–Rosalina plissa les yeux un instant, afin de s’assurer si, entre Watt et l’arrière-plan des étagères de la serre, ne s’était pas caché en illusion d’optique le visage de Jésus. Seule l’apparition du Messie aurait pu expliquer une si bonne entente, si subitement.
__–« Voyons, voir, je pense qu’il nous faudrait commencer par inventorier ce sont nous avons besoin. A minima, dans l’optique d’un départ précipité, de la nourriture, de l’eau, un camion en état de marche, du carburant et toutes vos notes sur les Tempêtes. Au vu de la nature des objets esquisséens et, hum… du degré de compréhension très divers que nous en avons, je proposerais bien de faire trois groupes, un pour la subsistance, un pour la locomotion et un pour la… comment vous dites, la cyance ? Épaulés chacun d’au moins un de vos membres, pour nous aiguiller sur quoi prendre et où le chercher, afin de gagner du temps. »
__–Si les lecteurs le demandent, nous nous épancherons sur tous les raisonnements politiques tortueux qui agitaient Rosalina à ce moment là et avaient motivé cette proposition.

Rosa propose la création de groupes attachés à des missions : bouffe, camion, cyance.

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Watt sembla prendre un instant pour considérer la proposition de la Dessinatrice, avec un air qui paraissait — pour une fois — moins se retenir d’expulser quelque commentaire désagréable que réfléchir sérieusement aux différentes options.

Il lui fallut quelques secondes pour conclure :
« Trop compliqué. »
Avec son tact habituel.

Il se justifia :
« Déjà, ces trois groupes, est-ce que vous pensez vraiment pouvoir réussir à les organiser vous-mêmes avant la tombée de la nuit ? »
Son ton de voix ajoutait “Vous dépasseriez déjà mes espérances les plus folles si vous étiez déjà capable de former un groupe organisé” sans qu’il eut même à le prononcer. Mais peut-être pouvait-on aussi y lire une once de pragmatisme, voire de pitié pour la tâche que cela représentait.
« Votre partie “cyance”, on va s’en occuper. (Watt regarda Watson, mais celui-ci semblait être en train de réfléchir à autre chose. Il sourit et reprit : ) Nous avons déjà une sorte de liste, précisez-nous juste s’il y a quelque chose dont vous avez besoin en plus et nous l’emporterons en plus du reste — si c’est raisonnable. La nourriture, à moins que vous ayez réarrangé le réfectoire, tout ce dont nous avons besoin devrait y être. Une personne avec un sac s’en sortira. Les sacs, vous en trouverez dans la déchetterie ou dans le camion. »

Il n’avait pas précisé si celui qui s’en occuperait devait être un Dessinateur ou un cyantifique, mais, si cela avait une quelconque importance à ses yeux, son attention avait déjà bifurqué vers un autre sujet :

« Le camion, ça va être plus embêtant. Il y a de l’encre un peu partout, il faut la rassembler, voire la passer dans la chambre noire pour la convertir. Sans parler du rover qu'il serait intéressant d'emmener. Je peux m’occuper de la partie technique, mais il vaut mieux être nombreux pour courir dans chaque pièce, et compte-tenu du fait que mes collègues sont relativement occupés… »

Il refusa d’ajouter “nous aurions bien besoin de vous” mais il était difficile de ne pas le lire. Quoi qu'il en soit, le cyantifique venait de formuler une proposition alternative, qui pouvait ou non être animée par des considérations diplomatiques qu'une narration externe ne pourrait pas développer. Rosalina allait-elle tenter de revenir à son plan initial, accepterait-elle ce nouveau plan en l'état, ou ferait-elle une contre-contre-proposition ?

__–Rosalina sentait poindre en elle une furieuse envie de prendre une pose de défi et de lui rétorquer un aussi puissant qu’il était illusoire « Hé bien, nous le ferons sans vous ! »
__–Elle se reprit et sourit.
__–« Nous nous en occupons déjà aux côtés des vôtres, voyons. De même pour la nourriture et tant d’autres tâches. Il s’agit plus de formuler l’existant que de créer quoi que ce soit. »
__–On dit qu’un mensonge doit toujours être enrobé dans 90 % de vérité, mais là, les proportions n’étaient pas tout à fait exactes.
__–« … Notre assistance ne serait pas de trou, bien sûr. Nos pensées se rejoignent. C’est donc décidé : ceux qui aident vos collègues continuent en ce sens, ceux qui se chargent de notre inventaire peuvent recevoir votre liste, qu’il serait utile de photocopier, à ce titre et il n’y a plus qu’à monter une équipe… enfin, demander à une déjà constituée de remettre sa tâche à plus tard pour se focaliser sur celle-ci. Cela me fait penser, est-ce que vous savez ou se trouve le petit Stirling ? Il serait dommage qu’il soit coincé quelque part et que nous l’oubliions… »

Rosa trouve un juste milieu : on fait selon le plan de Watt, mais on dit que c’est elle qui a eu l’idée.

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Watt commença par la fin :

« Stirling… ? »

Il sembla mettre quelques secondes à se souvenir de quoi, ou de qui, il s’agissait. Avant qu’il ne puisse prononcer le “Aucune idée, vous n’aviez qu’à faire attention si ça vous tenait tant à coeur” qui serpentait dans sa gorge, il fut interrompu :

« Il est dans le laboratoire de physique. », lâcha en effet soudainement, et d’une voix très posée, Watson, comme s’il avait écouté attentivement la conversation et non pas arpenté un autre plan d’existence comme la moindre de ses mimiques le dépeignait.

Son collègue, qui s’était retourné, laissa lui échapper un « Ah. Soit. » qui ne paraissait pas tant remettre en question Watson que s’avouer bien incapable de confirmer ou d’infirmer ce qu’il venait d’entendre. Preuve, car il en fallait, qu’il existait quelque chose sur cette terre que Watt ne pouvait pas immédiatement désapprouver.

« Pour votre liste, hm, attendez. »

Il glissa les mains dans ses poches pour en sortir un bout de papier (visiblement arraché à un cahier de musique et déjà utilisé comme brouillon quelconque) et un stylo rouge. En même temps qu’il gribouillait, il prononça le contenu de sa liste à haute voix :

« Déjà, vous parlez de photocopieuse, ce n’est pas dit qu’on arrive à la faire fonctionner ailleurs, mais j’aimerais bien l’amener au cas où, à défaut d’emporter la… machine de Lovelace… (Rosalina pouvait deviner que Watt parlait de l’ordinateur, et même supposer à son hésitation qu’il n’y connaissait absolument rien) Après ça, il nous faudrait absolument l’oscilloscope de la salle blanche, pourquoi pas la caméra et le dictaphone… Au laboratoire de biologie, le spray, éventuellement le microscope… Au cas où, on pourrait prendre des manuels et des notes dans la salle d’étude des altérations physiques, cela pourrait aider Wilkins… Et tant que j’y suis… »

Il écrivit quelques mots de plus, puis tendit le papier à la Dessinatrice.

Watt a écrit:
Salle informatique → photocopieuse
Salle blanche → oscilloscope à agitations, caméra, dictaphone
Laboratoire de biologie → spray immobilisant, microscope + matériel de prélèvement
Salle des altérations → cahiers, notes
Collections → minutites
~~Chambre noire → matériel~~ (Je m’en charge.)
~~Serre → jerrycan~~ (Pareil.)
Cuisine → couteaux
Infirmerie -> trousse
Utile si vous en trouvez → armes et munitions, outils et matériel de bricolage, lampe-torche.

Conformément à l’impression qu’il dégageait, Watt écrivait comme un professeur acerbe. Rosalina put d’ailleurs constater, puisqu’elle était dans le Laboratoire depuis un certain moment, que son écriture était nettement plus adroite et plus académique que celle de nombre de ses collègues, qui avaient souvent des traits plus maladroits, quand ils n’étaient pas tout bonnement incapables d’écrire une ligne entière en suivant le quadrillage d’un cahier. Pour quelqu’un qui niait l’existence de la Terre, Watt avait tous les codes de quelqu’un qui avait appris — bien appris, même — dans une école terrienne, ce qui n’avait rien de si surprenant compte tenu du fait qu’il portait des cravates bien nouées.

« Je n’en attends strictement rien, mais au cas où, j’ai souligné ce qui était prioritaire. » précisa-t-il, avant de lâcher Rosalina du regard et d’aller chercher ce qu’elle pouvait deviner être le jerrycan.