Il y a quelque chose de pourri au royaume des techbros

Arathéa Sar'Flyel
Petite vampire, aime explorer et les calins
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Arathéa Sar'Flyel
Mar 16 Avr - 14:43

Un pressentiment me taraudait depuis le réveil, signe des problèmes à venir. La journée avait commencé par une pâtissouris vadrouillant dans notre chambre. Je ne suis pas de ceux qui laissent leur destin être guidé par des salades mystiques, mais les vieux n’ont pas toujours tort avec leurs proverbes. Pâtissouris du soir, espoir; pâtissouris du matin, chagrin. Je ne suis pourtant pas femme superstitieuse, mais peut-être aurais-je dû.

Ma sœur armée de moi, nous nous étions rendues dans l’Avenir, quartier dont les couleurs vives ne suffisaient pas à dissimuler la désolation et le vide ambiant, comme une cicatrice de couleur et de vie dans un quartier qui semblait à l’abandon, relique d’un passé glorieux et d’un avenir qui ne voulait pas encore naître. Une cigarette en chocolat au bec, ma sœur arpentait les rues, l'œil aux aguets. Nous avions avec nous une cargaison de laine de mouton électrique, que nous avions échangée auprès du groupe Éolie dans le quartier survitaminé et dopé au liquide de batterie. Un deal louche, mais avec nos brassards verts, ce genre de commerce nous est devenu bien familier. Quand on est VV, on trempe dans beaucoup de choses. Même ma sœur, qui ne prend de bain que si elle y est absolument forcée, sait quand il faut se mouiller jusqu’au cou pour l’intérêt du groupe.

Décidément, depuis que je m’étais réveillée d’un rêve avec une licorne détective privée enquêtant sur un trafic de sucrette aspartame, mes pensées ont été bien noires. Qui ferait ça, dans quel but… La Ville est devenue une jungle, une jungle de béton coloré et de rivalités sourdes, qui n’attendent qu’une étincelle pour que le grand vase des ressentiments ne déborde… Ou… ou quelque chose comme ça…

La nuit esquisséenne tomba comme elle tombe toujours. Elle enveloppa tous les crimes des Esquisséens dans ses bras aimants, ceux d’une mauvaise mère, qui ferait fumer ses gosses et les inciterait à commettre encore plus de bêtises. Les néons du quartier, entre blafards et survoltés, ne suffisaient pas à en dissiper les ombres. Peut-être est-ce un avertissement que nous aurions dû percevoir, mais ma sœur était plus intéressée par un nouvel objectif : Entrer dans la Discotech, haut lieu de débauche et de vice, ou n’importe qui peut trouver n’importe quoi, contre quelques services échangés sous le manteau… Forcément, de quoi attirer ma sœur, jamais absente quand il s’agit de remuer la vase, quitte à se faire mordre la main par un brochette, avec ses dents longues en triangles de poivron.  Enfin, je ne vais pas la juger, attirée que j’étais par le bâtiment chamarré, comme une mouche par une lumière vive, ainsi que par la douce musique électronique balancée à fond par des enceintes défaillantes, qui saisissait mon cœur à son point le plus sensible. Et bien sûr, il y avait cet attrait, celui de braver l’interdit, d’aller là où nous ne pouvions aller : dans un lieu réservé aux adultes.

Las, l’entrée au lieu de danse nous fut interdit par un colosse aux bras en asperges. Il nous regarda de son air vachard, sa tête qui indiquait bien qu’il en avait vu assez et surtout, dans notre petit jeu.

« On entre pas si on m’arrive pas au d’sous’bras! »
Et le vigile pas tubulaire (quoique) de nous indiquer, d’un air aimable comme une porte de prison un recoin où une frite évincée attendait. Le coin des ratés. De ceux qui n’avaient pas le droit de passer. Nous étions, pour cette société, comme une frite froide laissée sans sauce au coin de l’assiette…

Alors, plutôt que de laisser seul maître de la soirée le silence froid de la nuit, un comble alors que nous étions au portes d’un inaccessible temple de la musique, j’entamai la conversation, à défaut d’un steak-frite sans steak :
Tu crois qu’il y a une porte de derrière ?
Plus que cette proposition de coup fourré, je pense que ce qui allait troubler cette petite dans son sac poubelle, c’était le fait que j’eusse parlé alors que la bouche de ma sœur était restée close, comme nos espoirs d’entrer dans les règles.
Nan mais, commence pas la convo, on en a déjà parlé.
Genre tu le fais jamais !
Oui bah euh hein hé. L’éloquence de ma sœur n’avait nulle autre pareille. Excuse petite, c’est mon épée qui a causé, là, mais en vrai, tu peux répondre à la question quand-même.
Et l’épée, c’est ta sœur !
… Ouais, littéralement…


Dernière édition par Arathéa Sar'Flyel le Jeu 18 Avr - 17:40, édité 1 fois



Shynagi
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Shynagi
Mer 17 Avr - 14:02


« Galina compte sur moi. » se répétait Ekithée le long du chemin. Sa mission ? Ekithée même ne sait pas trop, mais ça c’est normal. Quel meilleur moyen d’assurer la confidentialité d’une mission top secrète que de ne soi-même pas connaître l’objet précis de la mission. Une sordide histoire à l’Avenir. De nombreuses pistes. À ce stade de l’enquête, tout le monde est un suspect potentiel. Le quartier grouille de menaces, de gens louches qui ont certainement des choses à cacher. Les regards sur Ekithée. Autant de menaces potentielles. Une multitude de personnes ayant des choses à se reprocher ? Une bande organisée voulant silencier la justicière privée ? Une lutte intestine entre clans tous moins respectables les uns que les autres dans ce quartier lugubre ?

La Discothèque serait le lieu de départ. Par sa formation, Ekithée sait mieux que quiconque qu’une discothèque est un lieu idéal pour obtenir les confessions d’hommes titubant, déliés des carcans de la vie en société. Ceci est d’autant plus vrai qu’à l’Avenir, tout tend vers une ambiance de gens louches, qui autour d’un alcool bon marché sorti des dernières inventions technologiques du coin, dévoileraient des secrets inavouables et feraient des propositions qu’on ne peut pas refuser.

Le disco n’est pas mort. Ekithée s’était préparée avec l’aide de Galina pour cette mission, non pas que cette dernière validait particulièrement les choix d’Ekithée, mais l’amusement de la situation prenait le pas sur la raison. Alors, Ekithée pointa le bout de sa frite à la discothèque portant un objet sphérique ressemblant plus ou moins à une boule de disco recomposée de bric et de broc. Sa frite était protégée par un vieux plaid violet pelé attaché autour d’elle par une épingle à nourrice. Car l’investigation c’est du sérieux, son sac poubelle avait été découpé pour former des poches à l’intérieur du plaid, poches tombant jusqu'à son compas, à quelques bouts d'être une traîne de robe nuptiale.

Toute Ekithée qu’elle était, souhaitant à tout prix faire honneur à Galina et sa mission secrète, elle s’adressa au videur. « Yo yo yo msieur, ça groove un max là-dedans. Mais vous savez ce qui serait encore plus disco ? Un peu de lumière, de paillettes, de swag ? Et vous savez-quoi msieur ? C'est vot' jour de chance, je suis là pour ça. ». Sans voix, il aurait fallu un moment pour que le vigil détricote les différentes influences mélangées dans cette phrase accompagnée d’une gestuelle à la hauteur du costume qu’il avait en vue. Des extravagants, il en avait déjà vu, et certainement des moins sobres qu’Ekithée. Il aurait pu la prendre pour une danseuse aux barres, un divertissement payé par un habitué. Mais il put s’épargner tout ça, « On entre pas si on m’arrive pas au d’sous’bras! Sans chapeau. ».

Certainement la seule et unique faille du raisonnement d’Ekithée. Alors qu’elle commença à déblatérer un discours sur les discriminations envers les petits habitants de l’Esquisse et en quoi elle était si disco que sa coiffe était une partie de son être, le vigil interrompit Ekithée. « On a d’ja assez d’souci comme ça m’demoiselle. Pas. De. Gamine. Pas d’accompagnateur VIP, pas d’entrée. »

Ekithée aurait de la ressource pour poursuivre la discussion mais elle sentait bien que la file s’allongeait. Plus elle resterait, plus ses chances de voir les étoiles au-dessus de sa tête augmenteraient. Elle se retira en douceur de la file, vers le coin indiqué par le vigil.

Elle devait trouver un plan, comme elle sait si bien le faire. En plein dans ses élucubrations allant toujours plus loin et touchant de prêt leur cible, une femme lui adressa la parole. Elle avait tout l’air d’une valkyrie, accompagnée de son arme enchantée, certainement obtenue après une longue quête dangereuse au sein du village maudit et possédée par des esprits anciens. « Une porte derrière ? Je n’ai pas encore vérifié. Mais permettez-moi de me présenter. Fasseki, inspectrice du FUN, mes supérieurs m’ont avertie que cet établissement manquait de rires et de franche camaraderie. Vous m’avez tout l’air d’être des personnes de confiance, je lis en vous la bravoure des temps passés alliée à la fougue d’une jeunesse en colère. »

Craignant de perdre l’attention de son interlocutrice et peut-être partenaire d’investigation, elle revint à l’objet d’attention de celle-ci, « Belle épée, j'aime les épées parlantes, très fun. Bref, vous m’avez l’air d’aimer l’action, on peut allier nos intérêts. On peut trouver la porte dont vous parlez. Mais après ça, on peut faire mieux. Bien mieux. Et siiiii le coin des râtés devenait the place to be ? Si on devenait tellement FUN que les clients sortiraient par la porte arrière pour faire la teuf avec nous jusqu'à pas d'heure ? Nous aurions le fun et le pouvoir. Intéressant, non ? »

Mauvaise habitude scolaire bien ancrée, Ekithée parlait beaucoup. Elle essayait de soigner ça mais croyez-là, c’est pas chose simple quand les idées fusent. L’oeil lumineux, non pas en raison de sa coiffe, Ekithée attendait impatiemment la réponse de ce qui avait tout l’air d’une protagoniste de fiction jeune adulte. Et bien sûr, elle gardait quelques atouts dans sa poche si, bonne protagoniste fut la guerrière à l'épée possédée, elle n’accepterait pas cette quête sans autre raison.


Ekithée : #cc9933 Il y a quelque chose de pourri au royaume des techbros CISklWB
Arathéa Sar'Flyel
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Arathéa Sar'Flyel
Lun 6 Mai - 11:58
Le fun. Je ne connaissais pas cet organisme, pas étonnant dans une ville comptant plus d’organisations toutes plus où moins louches que d’habitants. Comme ça, au nom, j’aurais dit qu’elle était chargée de couvrir sous une fine couche de bonne humeur et de pseudo-camaraderie la crasse et le délabrement du quartier, comme un trafiquant de tagadas qui financerait ouvertement des pubs pour les dentifrices pour couvrir son commerce pourvoyeur de caries. Elle essayait de nous prendre par les sentiments, mais les Verts-Veines ont l’habitude d’être considérés comme la peste et le choléra en même temps et revendiquent presque cette image de mal aimés. Nous sommes la lie verdâtre de cette ville pourrie…


J’ai plus simple, on trouve la porte de derrière et on pète la gueule au vigile pour qu’il n’y aie plus qu’à passer par la grande porte pour quitter leur discothèque pourrie.

La revanche collait à la peau de ma sœur comme l’odeur de la came à celle d’un drogué.  Cependant, obnubilée par ses envies de représailles, par sa dose de violence, elle pouvait vite en oublier l’essentiel…

Faudrait pas d’abord trouver la porte de derrière ?

Évidemment qu’il y en avait une, un établissement comme celui-ci devrait même en avoir deux ou trois pour couvrir trafics et rendez-vous clandestins dans le dos de Madame. Laquelle sera venue ici, elle aussi avec son amant, et mieux vaut éviter que les deux couples ne se croisassent, pour le bien des oreilles voisines. Le tout maintenant… serait de la trouver. Pendant que ma sœur s’éloignait de l’entrée, je poursuivis la conversation, brisant quelque peu les rêves de la frite qui risque de ne plus avoir la patate :

Et pour transformer le coin des losers en quelque chose qui en vaut la peine, il faudrait pouvoir les concurrencer niveau son et lumière. Ma sœur crie fort, mais musicalement, c’est pas ça.

Oui, ben ça va hein ! Tiens, j’ai trouvé !

En guise de porte arrière, c’était une porte colorée donc les battants étaient des rouleaux de nettoyage comme on en trouve dans un lavomatic. Si on pense à tout le sale commerce qui passe par là, c’était là encore une ironie noire dont nous gratifiait l’Esquisse. Noire comme mes pensées, qui ne seraient pas lavés par ce subterfuge architectural. Les rouleaux, de toute façon, n’étaient ni mouillés ni savonneux, juste frais et parfumés, comme le sont ces petits sapins que l’on accroche au rétroviseur des voitures pour camoufler l’odeur de renfermé et les remugles de corps fraîchement descendus et planqués dans le coffre.

Mais au moment où nous nous décidâmes, la frite, ma sœur et moi, de nous enfoncer dans ce lieu de vice et de perdition pour y trouver un refuge à un quotidien morose, voilà que la musique qui seule arrivait à m’emplir d’un doux, mais faible sentiment de joie, fut rompue un bref instant par un son bien moins doux à mes oreilles et que l’était un peu trop aux oreilles de ma sœur…

Un coup de feu !

T’y vas, épée contre flingue !?

La réalité de l’écart de force entre nous et la menace remit les pieds sur terre à ma sœur, ce qu’elle signala par un éloquent silence. Elle attrapa la frite et sauta derrière trois poubelles, le temps que ça se calme… Heureusement, il n’y eut qu’un tir et il ne devait pas nous être destiné, car nous n’entendîmes plus qu’un léger clapotis, le coupable de son de pas qui, dans leur course par une ruelle, avaient marché dans une flaque… Mon acier multicolore sortit de son fourreau et fut alors brandi, même si je ne nous donnais pas gagnante dans un duel… Seul le silence répondit à mes craintes.

Y’a plus personne… Toi, t’es inspectrice, nan ? On va avoir besoin de toi !



Shynagi
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Shynagi
Mer 8 Mai - 18:04


Son projet de contre-discothèque aussi vite avorté, Ekithée n’allait pas faire d’opposition, encore moins d’incarnation théâtrale pour défendre son choix. Elle était prête à trouver la porte derrière. Peut-être pas cogner le vigile, ou seulement via un plan digne d’un Scooby Doo pour le piéger. Pendant qu'elle élaborait la suite des opérations et sa réponse, les sœurs se mirent en route.

Puisque pas le temps de niaiser, de ses plus beaux pas de disco elle les accompagna avec entrain et discrétion (toute aussi discrète que puisse être une disco-frite surjouant le soupçon). Départ de fusillade, glissade toute feu toute flamme, quelque peu tirée par les sœurs.

Inspectrice ? Oui, Ekithée devait rester tête haute, comment l’inspectrice Fasseki gèrerait une telle atteinte au FUN ? Après élimination des extravagances qui pourraient lui coûter la vie (bien que ce serait tout à fait mémorable pour les spectateurs du triste événement), d’un déhanché assuré et d’un mouvement arrière de sa tête à facette, Ekithée imagina quelques notes de jazz dans sa tête. Inspectrice disco dans un film noir, prête à retenir les sœurs quelques instants. Vaut mieux une longue tirade qu’un rapide coup de feu funeste. Sérieuse et désinvolte, voici son plan :

« Inspectrice Fasseki elle-même. Je ne vous apprendrai certainement rien mais cette ville n’a pas entendu le marteau d’un juge depuis belle lurette. Le droit est mort, vive la magistrature. Dans ce monde de milices renégates à la conception bien privée de l’ordre, pensez-vous vraiment que simplement inspecter fasse l’affaire ? Dans cette ville de pourris, l’inspecteur qui veut vraiment faire son travail, autrement qu’à arrondir des angles contre quelques services rendus, doit passer par des moyens bien peu conventionnels ... C’est le jeu. Pour remporter la victoire, vous devez mettre de vous-même dans ce jeu, et plus vous mettez de vous-même, plus la rage qui vous pousse à la victoire et vous consume est intense. Pour le bien de tous on doit se faire justice soi-même.

Et il se trouve que vous comme moi êtes en quête de Dame Justice. La contre-discothèque n’adviendra pas, mais je ne blâmerai pas la voix de ta soeur ... C’est quoi vos noms d’ailleurs ? Si de ses cris nous ne ferons pas le tube de l’année, nous porterons la voix de la Vérité pour un monde un peu moins pourri. Un monde un peu plus FUN, plus disco. Oui nous emprunterons cette porte de derrière mais si je me présente comme inspectrice, ce sera finito pipo, pour moi, click crack boom, pour vous ensuite. Je ne voudrais pas lancer d’autres affaires criminelles à résoudre ... Par contre ... La justice doit faire habits neufs pour se parer à la fête. Que diriez-vous que nous suggérerions à un client ivre à la sortie de la boîte de nous prêter son impair ou toute autre tenue ample pour ne faire qu’unes et passer en-dehors des radars ? Au moment opportun, plus qu’à ouvrir grand cette veste et ... régler cette affaire à votre manière, sans excès de violence si possible. Je serai la tête, ou surtout la bouche, et vous le corps, dès que je dirais disco, vous aurez carte blanche. »


Au risque de voir son élan balayé par ses complices, l’inspectrice avait fait son travail, son regard quittait les sœurs pour prendre un air faussement désabusé, guettant en réalité toute présence alentour, moins pour se protéger elle qu'empêcher deux adolescentes de se faire descendre à blanc. Tout est une question de posture dit-on. Et puis dans tous les cas, si personne n’était prêt à donner de gré ou de force un vêtement, il doit certainement y avoir des informations à soutirer à quelques clients ivres à la sortie ou des impatients dans la queue.


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Arathéa Sar'Flyel
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Arathéa Sar'Flyel
Jeu 13 Juin - 22:44
Dans une logorrhée dont le débit égale celui d’un mari volage expliquant à sa femme armée d’un rouleau à pâtisserie massif qu’il y a méprise sur la situation, Fasseki, puisque c’est ainsi que se nommait l’inspectrice, nous informa de bien trop d’éléments pour que je les suivisse tous. On est loin des inspecteurs sobres des vieux polars à cinq francs sur les étagères poussiéreuses de la maison des grands-parents. Tout y passe, la gauche, la droite, même le bon dieu, comme avec nos vieux. Son plan serait parfait, s’il n’impliquait pas, outre de se procurer un imperméable, habit indispensable à faire glisser la pluie le violence de cette ville sur le ciré de notre indifférence, d’avoir quelqu’un pour le porter qui ne changeât pas de taille sans prévenir… Enfin, je n’étais pas sûre de vouloir laisser le contrôle de cette situation à quelqu’un qui parle plus que moi. Et ce n’est pas souvent que j’en rencontre. Ma sœur m’a dit un jour que rien ne lui suscitait plus la méfiance que les gens comme elle. Qui frappe avant de parler n’était pas ce qu’elle voulait dire, mais ce que j’ai compris. Le souvenir de cette discussion, que j’avais tout le temps convoquer pendant que la frite déballait son monologue, m’était revenue avec la force de frappe d’une balle dans un thorax.

En parlant de ça…

Allons d’abord voir dans la direction du coup de feu, peut-être que le tireur a laissé quelque chose derrière lui.

Je priais pour des traces de poudre et de papier imprimés, qui auraient signalé que ce bruit n’était qu’un vulgaire pétard, une plaisanterie idiote d’enfants plus jeunes que nous, qui auraient fait naître des terreurs dans nos esprits en imitant un bruit bien trop connu. Cette soirée aurait pu finir par trois andouilles tournées en ridicule par des gamins au fond d’une allée. Mais l’Esquisse, dans sa macabre cruauté, n’en avait pas décidé ainsi.

Gisant dans une flaque d’eau et de son propre sang, une femme. Le violet sombre du ciel et les lueurs lointaines de quelques néons se reflétaient dans le liquide, laissant apparaître ses traits. Il y avait quelques écailles, sur sa peau légèrement burinée. Crèvette se pencha avec un air grave.

Sale affaire…

Elle ne disait pas cela qu’à cause du sang qui souillait à présent le visage de cette inconnue, morte dans les eaux usées.

Bien, inspectrice, nous avons notre victime. Je me présente, Crèvette, et voici ma sœur, Effilée. Vert-Veines.

Elle dit cela avec son index et son majeur en V.

Je ne vous apprends rien à la procédure classique, inspectrice ? On inspecte le corps et vous les environs, ça vous va ?

Yerk.

La culture de ma sœur en épisodes de The Mentalist et parties de Cluedo était assez limitée, mais nos moyens l’étaient aussi. Dans cette ville pourrie, si deux Vert-Veines armées étaient retrouvées à côté d’un corps, dans ce coin de la Ville, on aurait tôt fait de nous accuser… la présence d’un féculent comme témoin en notre faveur pouvait bien ne pas s’avérer si positif que cela.

Sinon, votre plan est bon… il nous sera utile. Un mort derrière cette boîte de nuit, ce ne doit pas être un hasard. Mais essayons de savoir dans quel piège on se jette avant d’y sauter tête la première.

Elle sortit une sucette et la colla à son bec. De la tige blanche sortit un petit nuage de vapeur. J’en prenais pour leur goût vanille, ma sœur pour l’air résolument professionnel que ces clopes de collégiens lui donnaient.



Shynagi
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Shynagi
Ven 14 Juin - 22:46


L’inspectrice suivait respectueusement les faits et gestes de ses acolytes du soir. Jeunes et déjà si aguerries, si d’aventure le FUN venait à être dissout pour cause de machineries politiques, il n’est point à en douter qu’Ekithée les recruterait comme assistantes dans son agence de détective publique. À elles la fougue et les courses-poursuites endiablées sur les toits (Ekithée était assurément trop vieille pour ces conneries), à la détective en cheffe les arrangements avec les politicards du coin et les filatures sous déguisement.

Elle pensait à toutes ces fictions pour mieux cacher son dégoût face au corps inanimé sous ses yeux. Garder la tête froide et rester dans le personnage pour préserver ses protégées. D’un air désabusé, la voix lourde et posée, « Tu sais Crévette, ces sucettes ce sont de vrais cancers pour ton corps, un goût entraînant mais à quel prix … Règle n°4 du disco, les gagnants ne se droguent pas, ou qu’aux lumières fugitives. Et dis-toi bien Crévette que des fugitifs, on va en coffrer ce soir. ». Quelques pas rythment ses paroles inspirantes pour la jeunesse. Son œil unique scrutait en même temps le corps mais surtout les environs.

Ce n’est assurément pas pour tout le monde de devenir inspectrice d’une aussi prestigieuse institution sans avoir reçu la moindre formation. L’inspectrice se lança tout de même dans quelques tentatives, « On dirait bien que la pêche à été bonne. Les assassins croyaient qu’on allait porter notre dévolu sur le corps, la pièce maîtresse de tout bon meurtre. Mais la vérité est ailleurs, pas dans la prise mais dans tout l’étang qui l’entoure. Aucune trace de pas très identifiable à part vaguement les nôtre. Pourquoi ? De larges veines d’un mélange aqueux autour du corps remontent progressivement jusqu’à ce qui semble être la porte arrière. Voilà la vérité qu’ils essayaient de nous dissimuler. Pareil, un bruit d’arme à feu mais aucune trace de poudre ou d’impact sur la victime, et je suis fière de vous, vous n’avez pas couru tête baissée vers le piège comme l’aurait fait n’importe quel bleu.

Maintenant la victime. Qui est-elle ? Rien n’indique son identité, non pas car les assaillants étaient de grands génies du mal. La vérité est bien plus crade, la vérité c’est que la victime c’est un peu personne, pas une victime tuée pour elle-même, mais tuée car déviant de leur avenir. Poivrotte, insolvable, fouineuse, tout est bon dans le coin pour se faire saigner impunément, et ce sont pas les magendarmes qui vont résoudre ça, non non non, leur couleur d’emblème est au thème du sang qui coule aussi sur leurs mains. Mais trêve d’élucubration. Si on pense hors de la boîte, de nuit, la victime peut nous servir. Pour que sa mort ne soit pas qu’un vain incident amoncelé à la pile des dossiers bâclés de la justice, nous devons la venger et, peut-être, se faire passer pour elle en récupérant ses vêtements ou en utilisant son cadavre pour filer la frousse aux criminels. Ou, car il faut ce qu’il faut dans ce coin, on peut commencer par personnaliser le cadavre pour ne pas qu’ils remontent à nous, autant le faire avant que la prétendue justice fasse erreur. Face aux criminels comme à cette milice corrompue, l’élément de surprise sera nôtre.

Et maintenant ? Que vous dicte votre instinct de détectives en herbe ? »


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Arathéa Sar'Flyel
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Arathéa Sar'Flyel
Dim 7 Juil - 21:50

La leçon de morale eut autant d’effet sur ma sœur qu’un patch de nicotine sur un accroc à l’héroïne. Elle était bien plus intéressée par le corps inerte, dont elle s’assura du trépas en soulevant la main du bout du pied, laquelle retomba aussitôt avec plus de mollesse qu’un soufflé au fromage. Sous le corps, la flaque de sang se répandait lentement, soulignant de rouge la fin précoce de la victime, recroquevillée sur elle-même comme tentant, trop tard hélas, de se protéger de son assassin. Peut-être, en manipulant le corps, trouverions-nous un impact, mais ma délicatesse me forçait à espérer que ma sœur s’en abstiendrait. Quelques volutes se mêlant à l’eau se dirigeaient vers l’entrée de la discothèque, soulignant la proposition d’Ékithée. Ma sœur, cependant, en bonne vieille briscarde des cours de récré, sortit de son sac une bille œil de chat, échanges de bons procédés entre elle et Andy, petit cowboy en peluche de la pension. Une de ses précieuses sphères, prunelles de ses petits yeux de bouton, en échange de sa protection. Elle laissa tomber la bille au sol, celle-ci roulant doucement vers la porte.


Ca, ou l’Avenir est mal engagé et la boite de nuit sera inondée à la prochaine pluie liquide. Mais il serait intéressant de savoir d’où provient cette eau, et si elle n’a pas masqué la fuite de notre suspect.

Le regard de ma sœur se porta à nouveau vers le cadavre. Elle hésitait. Je connaissais cette hésitation. Je ne la connaissais que trop bien. Elle ne pouvait pas résister, cela ne servait à rien d’argumenter. Sa main, qui ne tremblait pas que grâce au renfort de la précédente qui la saisissait au poignet, s’enfonça sous les habits de la victime. Elle en ressortit quelques instants plus tard avec un petit carré de cuir violet, mais la main droite ne put, cette fois, pas retenir la gauche, qui le lâcha. Aussitôt, ma sœur se dirigea vers la poubelle la plus proche, pour y verser le contenu de son déjeuner… Je te comprends, sœurette. Pour moi aussi, même si la noirceur de la Ville avait déjà gagné jusqu’au plus profond de mes pupilles et de mon âme, c’était la première fois que je voyais un cadavre, que je touchais la plaie d’où avait coulé le sang… En cet instant, je me réjouissais de ne pas avoir de bouche, avec laquelle j’aurais pu crier et, moi aussi, vomir.

Ça va aller, Alex.

Elle passa un petit moment à tâcher de retrouver une contenance, passé à me serrer contre son torse, le froid réconfortant de mon acier l’étant autant pour elle que la chaleur de ses paumes pouvait l’être pour moi.

Crèvette se releva et resta à bonne distance du corps refroidissant, ce que j’accueillis avec le soulagement d’un condamné au bûcher qui voit tomber drue la pluie derrière les barreaux de sa cellule. Elle reprit néanmoins le portefeuille élimé, dont elle ne sortit que deux cartes de fidélités pour deux bars anonymes et un papier manuscrit, qu’elle me montra et que je lis à voix haute. Les horreurs passées m’avaient fait oublier que j’avais une voix, aussi me fallut-il un petit moment pour me ressaisir et commencer :

Penser à : acheter de l’huile. Refiler le dossier de la fabrique de piles à Edison. Accorder le saxophone.

Triste résumé d’une vie éteinte que ce bout de papier à peine suffisant pour peindre l’esquisse d’une vie. Comme l’avait souligné la pomme frite, c’était une victime anonyme, invisible, insipide, dont l'intérêt qu’elle éveillait à nos yeux avait plus à voir avec la crainte d’être accusé de sa mort qu’avec une quelconque curiosité. Je détournai le regard du mort, et regardai ailleurs, mais la ruelle n’en était pas moins sombre, maintenant que nous sachions qu’elle avait abrité et abritait peut-être encore un tueur en liberté. Quelque chose, cependant, accrocha mon regard.

Crèvette, tu peux m’approcher à tes cinq heures?

Ma sœur s'exécuta et ne tarda pas à découvrir ce que j’avais remarqué. Des traces de pas, plus loin dans la ruelle, s'éloignaient et se perdaient dans l’ombre.

A priori, le suspect est un canard. Un canard avec une arme à feu ? En tout cas, il en a les pieds palmés.



Shynagi
Une frite qui a du piquant
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Shynagi
Mer 10 Juil - 14:50


Ne pas faire perdre la face aux acolytes. Son jeu d’inspectrice n’avait visiblement pas été le plus franc des succès, mais il lui semblait nécessaire pour rendre la situation moins réelle, moins répugnante. Alors elle se contenta de quelques pas calmes vers le corps, d’un air songeur, évitant d’imposer son regard aux jeunes horrifiées, en pleine régurgitation.

Regardant vers l’horizon des traces laissées, Ekithée tenta de reprendre la parole au bon moment, « Un canard ... Une poule mouillée oui. Tuer de sang-froid cette innocente inconnue, il paiera pour ses crimes, pas seulement pour cette victime, mais pour cette remontée nauséabonde, celle odeur putride de l’injustice. ». Si seulement dans la pénombre un saxophoniste et un pianiste pouvaient accompagner ses paroles. Qu’importe, Ekithée créerait sa propre mise en scène. Tournant en rond et humant dans sa non-barbe, elle élabora sa théorie puis l'énonça à voix haute, dos aux sœurs, « Du liquide d’un côté, des pas de l’autre. Coïncidence ? Non, je ne pense pas. Notre coupable a dû sortir d’une séance de jacuzzi vivant, vous savez, ceux où la pègre du coin négocie avec les pourris d’ici et d’ailleurs, baignés à l’intérieur même de néons-blobs. Lieu parfait pour s’isoler et empêcher que des discussions secrètes ne sortent de l’amas visqueux de ces êtres. Pourquoi précisément avoir tué notre victime ? Difficile à dire pour l’instant, un accident, une oreille indiscrète, un leurre, une cible, évitons les spéculations tarabiscotées. En tous cas, pratique, les restes liquides collés à notre suspect ont pu cacher ses premiers pas, probablement ses empreintes pour tuer de quelque manière que ce soit la victime. Pourquoi ces traces de pas alors ? Peut-être plus de liquide et donc des pas, mais ce serait une bien piètre erreur. Peut-être un piège tendu pour attirer les curieux ou un proche de la victime ? Peut-être qu’il ne s’agit pas d’empreintes de canards mais une de ces paires de pompes prisées chez quelques illuminés du coin, en forme de patte de canard. Je flaire le piège, j’irais bien dans le club par la porte arrière pour enquêter, mais si votre instinct de justicières vous pousse sur la piste de notre canard potentiel canardeur, le FUN, et par le FUN je veux dire moi, vous suivrai. »


Ekithée : #cc9933 Il y a quelque chose de pourri au royaume des techbros CISklWB
Arathéa Sar'Flyel
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Arathéa Sar'Flyel
Jeu 18 Juil - 15:47

Alors qu'Ékithée parlait de relents acides, je sentis la main de ma sœur serrer légèrement mon pommeau. Bien que les remontées nauséabondes soient terminées, le sujet restait désagréable pour deux adolescentes comme nous…. J'aurais aimé la serrer dans mes bras, mais dans ce monde noir qui ne nous permettait même pas ce réconfort, comment s'étonner du ton sombre de mes pensées ? Heureusement, l'inspectrice ne sembla pas se rendre compte de ce mouvement, plongée qu'elle était dans ses réflexions.

Ma sœur et moi trempions depuis plusieurs quarts de demi-rondes de souri-grateuses,  déjà dans les trafics divers des Verts-Veines. Nous avions déjà vendu de l'eau des Vagues à un club échangiste, troqué des tongs dansantes contre des sachets d'herbe à chat et même convoyé une cargaison d'oursons-mitraillettes, adorables avec leurs yeux en bouton et leurs canons en feutre et que nous aurions toutes deux été d'accord pour garder, pour un conflit armé entre deux quartier quand à la possession d'un bac à sable. Mais… jamais je n'avais entendu parler de jacuzzi vivant servant de négociations entre membres de la pègre. Soit ma sœur et moi ne nous mouillions pas dans d'assez louches combines, soit… Soit Ékithée racontait n'importe quoi.

La note a l'air un peu trop cryptique pour être totalement innocente. Nous n'avons pas non plus entendu de bruits, cris, disputes ou quoi que ce soit d'autre. Je pencherais plutôt pour l'élimination d'une rivale, ou peut être d'une de vos collègues d'une branche parallèle au FUN qui avait une piste.

Crèvette et moi pouvions puiser nos hypothèses dans les séries policières où beaux garçons et filles ne portant jamais d'uniforme resolvaient à l'aide d'un commissariat entier une seule enquête par semaine, où les menteurs étaient en noir pour qu'on sache qu'ils mentaient – ou Noirs tout courts – et où l'uniforme était traité avec un respect qui faisait renifler ma sœur. En considérant l'énigme comme sortie du petit écran, j'arrivais à empêcher ma voix de trembler. Il aurait fallu, pour corroborer mon hypothèse, fouiller à nouveau la victime, mais c'était hors de question. Quand à suivre les pas du tueur…

Et risquer de se trouver face à lui ? Hors de question qu’on se retrouve à la même place que cette inconnue ! Je préférerais que nous enquêtions dans la boîte de nuit.



Shynagi
Une frite qui a du piquant
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Shynagi
Dim 21 Juil - 16:27


Le FUN, elles reconnaissent le FUN. Toute cette mise en scène n’était donc pas en vain, pour Ekithée, il fallait être à la hauteur de la confiance de ses deux jeunes protégées, « N’ayez crainte, par ma haute position au sein du FUN, je connais très bien les membres, celle-ci n’est pas des nôtres. Bonne idée quand même, la pègre n’aime pas quand le FUN fourre son nez dans leurs affaires pas très très rigodrôles si vous voulez mon avis. Concernant une potentielle rivale, voire une membre devenue gênante de leur club ... oui, ce n’est pas à exclure ... ». Mimant inspecter la liste de courses de la victime et faisant les cent pas pour détourner le regard des sœurs du cadavre, Ekithée leur livra, à nouveau, une interprétation bien personnelle de la liste, « Oui ... vous tenez quelque chose je crois bien ... Acheter de l’huile ... Devait-elle mettre de l’huile sur le feu ? Saboter une négociation ou créer des tensions entre factions ? P’têtre bien lâcher un scoop qui retournera une situation ... Ensuite cette histoire de piles pour Edison, ça sonne bien comme un nom de code ça, vous trouvez pas ? Piles à Edison, piles à Edison, piles de cadavre à Corleone oui, après que l’huile ait bien enflammé la salle, faut cacher les pots cassés. Quant au saxophone ... accorder c’est aussi donner quelque chose, un peu comme une récompense, peut-être une pièce maîtresse remise à la taupe qui a filé l’huile ou à ce soi-disant Edison ... Hélas, tout ceci fut interrompu, c’est bien notre victime qui a fini dans la flaque d’huile sous la poudreuse mélodie du flingue qui nous a alertées. Était-elle la taupe, ou bien, a-t-elle si bien rempli sa mission qu’il fallut s’assurer que rien ne sorte de sa bouche ? Suspicieux quand même qu’elle ait tout laissé à l’écrit ... Bon, c’est pas tout chères associées, mais l’heure tourne et on a rendez-vous avec la Vérité. ».

Prenant en compte la suggestion d’une de ses acolytes du soir, elle se dirigea d’un pas assuré vers la porte arrière de la boîte. Aucune réelle sécurité, curieux. Premiers pas dans la boîte, l’explication, un garde relativement jeune, assommé par l’ivresse, une odeur désagréable. Certes de l’alcool mais pas tant, plutôt des mélanges de ce qui rappelait à Ekithée de l’huile de moteur et des boissons énergisantes, un parfum bien testostéroné et puant, pas trop son univers pour ainsi dire. Elle fit un bref signe de la tête pour inciter les sœurs à rentrer et la suivre.

Dans la pénombre entourant la porte, un petit panorama se donnait à voir pour la frite, juste devant elle un coin molletonné (enfin, c'était certainement l'intention) avec toutes sortes de métaux et matières de récup’. Plus loin sur sa droite, une lueur désagréable, pas une boule de disco, mais un gros cube scintillant de couleurs arc-en-ciel vulgaires, avec des fils variablement électroniques, variablement organiques, dont le bout s’ornait de matières variées, visiblement dédiées à y inscrire quelque chose. En tous cas, ça rappelait à Ekithée ces arbres où l’on y attache des vœux sur des papiers, mais en plus déstructuré. De loin elle entend quelques voix, peu aidées par la boisson, scander, d’une voix parfois titubante, « La blockchain, la blockchain, la blockchain ! ». Était-ce une notable du coin ? Ekithée n’en n’avait pas la moindre idée. Pas de blobs en vue, ni de gens à l’allure très respectable.

Si le décor pouvait lui rappeler la boîte de nuit, il lui semblait plutôt qu’elle se retrouvait à ce que, dans sa vie d’avant, des plus ou moins privilégiés appelaient des soirées estudiantines. Une grosse soirée étudiante avec des moyens quand même, et à la démographie sensiblement différente, du désespéré qui espère jouir de contacts physiques dans une danse au petit geek bricolo, parfois les deux à la fois, plus rarement quelques hommes mystérieux, discrets ou bidouillant dans un coin. Tout au bout, de l’autre côté de la piste accueillant le gros cube coloré, elle apercevait des escaliers, peut-être y trouverait-elle en haut une toute autre ambiance, d’un autre petit geste de tête, elle espérait faire comprendre à ses interlocutrices leur objectif. Il fallait penser un plan pour passer sans attirer l’attention, mais diantre, elle peinait à réfléchir face à ces bruits très métalliques et grinçant, le disco est définitivement mort.


Ekithée : #cc9933 Il y a quelque chose de pourri au royaume des techbros CISklWB
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