Diablo ▬ Petit garçon effacé.

Description

Diablo, c'était ce môme effacé, qu'on remarquait à peine.
Pas plus intéressant qu'une plante verte dans un couloir. Pas desséchée, pas d'un vert particulièrement brillant, dans un pot du marron le plus banal qui soit. Il n'attirait pas le regard, disparaissait dans les murs. Parfois, on le remarquait, et on l'embêtait. Diablo c'était ce gamin trop silencieux, trop détaché du reste, presque flippant à suivre les gens du regard. Alors on le bousculait, lui posait plein de ces questions dérangeantes et méchantes, avec ces sourires brillants d'une vilaine joie. Mais Diablo ne leur en voulait pas. Diablo est gentil, Diabo aime le monde. Diablo aime les gens. Même ceux-là. Même ceux qui l'ignorent et passent leur chemin. Il sent une petite pointe dans son cœur, mais ça ne fait rien. Il a l'habitude.

Au fond, Diablo n'a pas vraiment changé.
Sauf qu'il ne peut plus juste s'effacer. Il est maintenant aussi visible qu'un phare dans la nuit : cornes et ongles jaune flashy, peau grise, queue de diablotin battant nerveusement l'air. Son apparence le fait un peu paniquer. Et plus il panique, plus il devient remarquable. C'est l'éternelle spirale, dont il n'arrive pas à se dépêtrer, à son grand dam. Oh oui, Diablo aime les gens, profondément, tombant amoureux bien trop fréquemment, mais il préfère admirer de loin, les couver du regard, admirer leur beauté. Être remarqué aurait dû être une bonne chose. Parfois, ce n'est pas si mal. Mais au fond, il préférerait se fondre dans le mur. Ceci... ce n'est pas lui. Diablo est banal, oubliable. Diablo n'est pas remarquable. Diablo ne veut pas faire mal. Parce que ses ongles ont beau être cassants, ses dents pas plus solides que les anciennes, tout ça reste pointu, un peu dangereux, effrayant. Diablo ne veut pas effrayer. Diablo voudrait juste se fondre de nouveau dans le mur. Se cacher pour pleurer, se rouler en boule dans son coin. Redevenir l'invisible qu'il était.

Mais ce n'est plus possible.
Parce que Diablo est toujours faiblard et trouillard, et toujours hanté par cette autre personnalité, cette fêlure de lui-même, cet opposé. Mais qu'il ne peut plus juste être un lâche. Rien à voir avec cette autre attitude, qu'il enfile comme s'il piquait du nez, et qu'il chasse dès qu'il semble réveillé. Cette personnalité, si à l'opposé. Ricanante, aimant les choses bruyantes et parfois effrayantes. Grossière, sans manières. Plus proche de la petite frappe des cités que du grand héros rêvé. Ce pseudo moyen de défense, plus agile, plus habile, mais pas forcément plus réfléchi, qui ne surgit pas toujours quand il le faut, et qui ne fait pas toujours ce qu'il faut. Non. Rien à voir avec tout ça.

C'est juste Diablo. Lui. Le petit Diablo. Le petit garçon effacé qui rasait les murs.
Diablo aime les gens.
Et il ne supporte plus de les voir autant souffrir.

Alors il ne s'arme pas de courage. Mais il fait un pas en avant.
Un pas après l'autre. Lentement. Il redresse la tête, tente de limiter sa maladresse, et il pense. Aux autres, au monde, à tout ce qu'il peut. Pour veiller sur eux, comme il peut. Pour les protéger, de son mieux.

Pour ne plus être tout seul.

Fragile, fragile, petite chose en porcelaine. Est-ce vraiment bien raisonnable, de vouloir non pas prendre les armes, mais tenter de devenir un bouclier ?
Au fond, tu n'as pas vraiment changé. Tu es toujours le même.

Toujours aussi inutile.
Toujours aussi effrayé.
Toujours aussi prêt à se briser en mille morceaux sur le plancher.

La Base, la tempête et le chaos n'y changeront rien. Tes petites onces de bonne volonté et ce fragment de personnalité en plus non plus.
Tu as peur Diablo.
Si peur.