Al' des Câbles (oui, enfin)

Eelis
Qu'est-ce qui est jaune et qui traverse les murs ?
Personnages : Al, Sydonia, Even, Dylan et Al'
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Eelis
Mar 15 Aoû - 16:26



AL'


APPELLATION Son prénom est Aldébaran. Lui-même se surnomme plutôt Al’, et a tendance à se faire appeler comme ça par les autres depuis son enfance.
Il a théoriquement un nom de famille, mais comme il est particulièrement à rallonge (grâce à sa mère qui a décidé de reprendre tous les noms de famille connus de ses parents, grands-parents et parfois au-delà, ou du moins ceux qu’elle trouvait jolis, pour se donner quelque style), il n’est guère utilisé que dans ce qui lui fait office d’acte de naissance. Sa famille proche est donc la seule à savoir que son nom complet est Aldébaran Enajst-Elva-Akara.

AGE 29 ans. Il les fait globalement bien et n’a pas de modification physique qui pourrait rendre son âge ambigu… À part les cernes.

ORIGINE_ESQUISSEENNE Né dans l’Esquisse, à l’intérieur de la Ville. Ses parents lui ont parfois parlé des origines terriennes de certains des membres de sa famille (appuyées par des tests génétiques à la fiabilité douteuse), mais il n’a pas retenu grand chose de ce gloubiboulga culturel, à part que ça explique en partie ses traits plutôt caucasiens.

GOUTS Ce n’est pas une question qu’on lui pose — ou qu’il se pose — souvent. Mais s’il se posait deux minutes pour y réfléchir, il citerait probablement son boulot, qui est à la fois ce qu’il hait le plus et ce qu’il déteste le moins. Entrer dans les détails de pourquoi exactement reviendrait à entrer dans des considérations un peu intimes (et spoiler l’histoire), mais pour faire simple, c’est son combat.

Sinon, il aime aussi la bouffe bien grasse, comme les chips, les burgers et les donuts, car, pour citer une conversation avec un collègue « de tous les trucs bien pourris que produit la Ville, celle-là au moins a bon goût. ». Il apprécie aussi les lunettes, dont il fait la collection quoi qu’il n’en ait pas besoin.

Parmi les trucs qu’il n’aime pas, il pourrait facilement citer la technologie dans son ensemble, les jours où il est de mauvaise foi. Il faut dire que c’est parfois un peu frustrant de louper une arrestation parce que la personne en face avait une prothèse, surtout quand un loupé équivaut à prendre le risque de finir avec une balle plantée quelque part.

Enfin, il a une relation un peu ambiguë avec l’alcool, dans la mesure où il aime y noyer sa peine (et en a bien besoin des fois) mais qu’il sait qu’il peut difficilement se le permettre, autant en service que en-dehors, la séparation vie pro-perso étant de toute façon chez lui… inexistante.

PROFESSION Al’ bosse à la police municipale de la Ville depuis environ 8 ans. (précisions plus bas)



Faction



local_police POLICE URBAINE

> Position : Affecté à la police urbaine (plutôt branche classique qui utilise des armes non létales), au grade de lieutenant. Il alterne donc entre des tâches qu'il a l'habitude de faire depuis huit ans (la paperasse, les rondes, l'accueil...) mais sur lesquelles il a plus d'autonomie et des tâches plus nouvelles, comme coordonner ou gérer des gens quand il faut le faire. Du fait qu'il ait huit ans au compteur, soit assez connu dans la police et ait un certain réseau, il a déjà eu l'occasion de participer à des opérations avec la DANGER, de dépanner des collègues plutôt orientés judiciaire (les inspecteurs) ou d'autres commissariats, de magouiller ici et là... et continue d'en avoir l'occasion, donc reçoit de temps en temps des coups de fil qui le font débarquer dans des situations où il n'a a priori rien à faire (pas son secteur, pas son unité..), mais où quelqu'un avait besoin de main d’œuvre.

> Affectation actuelle
: à voir quand les arrondissements seront clarifiés. Pour l'instant je l’imaginais avoir rejoint un quartier plutôt qualifié comme difficile, tenu par un commissaire réputé comme assez dur mais relativement plus intègre et carré que la moyenne (un PNJ qu’on voit viteuf dans la dernière scène de l’histoire), quoi que pas moins violent et facho que les autres.

> Alignement/respect des règles : Bien que totalement idéaliste, Al’ n’est pas foncièrement convaincu que les lois soient justes et que les appliquer en toute circonstance soit une bonne chose, puisqu’elles ont été écrites par et pour une minorité. Il lui arrive donc (quand il a peu/pas de chance de se faire chopper) de passer des deals, de comploter et de fermer les yeux volontairement sur quelques infractions s’il pense que c’est plus juste ainsi, en particulier si ça peut l’aider (à court ou plus long terme) à arrêter (ou emmerder de façon moins officielle) des gens qui sont ordinairement impunis. Pour autant, il est assez insensible à l’argent et aura tendance à détester les gens qui pensent pouvoir s’en sortir en mettant le bon chèque dans la bonne poche, s’il n’en fait pas des cibles prioritaires, de même que ses collègues les plus ripoux qu’il dénoncera malgré la relative solidarité qu’il a avec eux.
À noter aussi que son idéalisme ne l’empêche pas d’être assez ferme dans certaines situations, de foutre de grosses mandales, de tuer si épargner quelqu’un coûte trop cher… et de tenir parfois des raisonnements qui sont malgré lui totalement à la tête du client ou fonction de son humeur.

> Travail d’équipe : Al’ n’a aucun souci à bosser en équipe (’faut dire que ça diminue sacrément le risque de crever), voire aime bien ça s’il est avec quelqu’un qu’il peut supporter ou un nouveau à qui il peut raconter quelques trucs pour éviter qu’il ne se fasse avoir.

Outre les contacts établis dans le cadre de son boulot, Al’ connaît possiblement encore quelques personnes qui ont fréquenté les bancs de la même fac que lui, et qui bossent sans doute désormais à la mairie.




Caractéristiques



CONSTITUTION PHYSIQUE : 4
Augmentée : 0
Né avec une constitution déjà très bonne à la base, Al' a aussi passé les dernières années à l'entrenir et à la développer, de sorte que tous les aspects de sa force, de son endurance et de sa résistance sont très développés, même pour les standards de la police. Combiné à ses compétences en combat, il est difficile de lui échapper lors d'une course-poursuite à pied dans les rues ou une fois qu'il vous a choppé... à condition d'être un humain normal (mais le reste, c'est de la triche).

HABILETÉ : 3
Augmentée : 0
Moins gâté par la vie à ce niveau-là, Al' a malgré tout dû développer son habileté pour être efficace en combat. Il ne faut pas lui demander de manier un dé à coudre, mais s'il s'agit de réagir rapidement à une situation, de courir sur quelqu'un ou d'éviter un projectile, il se défend bien.

MÉDECINE : 0
Cybernétique : 0
Al' sait mettre un pansement sur une plaie qui saigne (en oubliant une fois sur deux de la désinfecter), appeler l'équivalent du SAMU face à une personne en train de clamser et identifier qu'une température corporelle au-delà de 42 est effectivement source d'inquiétude. Il ne faut pas lui en demander plus.

INGÉNIERIE : 0
Robotique : 0
Armement : 0
Véhicules : 0
Infrastructures : 0
Électronique : 0
Si son flingue ne fonctionne plus, Al' aura plus tendance à s'en servir comme d'un projectile ou d'une arme contondante qu'à l'ouvrir pour voir ce qui coince.

MAÎTRISE DU COMBAT : 3
Mêlée : 2
Tir léger : 2
Tir lourd : 1
La police lui a donné les bases, et plus d'une occasion de pratiquer, mais il a aussi complété par un exercice physique régulier et un entraînement spécifique au corps à corps, pour maîtriser plus que le coup de matraque et l'art d'enfiler des menottes à quelqu'un. Globalement, ce qu'il maîtrise le moins est le tir lourd, car il a techniquement été formé mais qu'il n'a pas tellement eu l'occasion d'appliquer, en plus du fait que tuer en masse c'est pas trop son style.
Pour préciser un peu, il manie ('fin imaginez leur équivalent Esquisse cyberpunk) :
- les armées de police sublétales type matraque, tonfa, taser, LBD, grenade de désencerclement, flashbang
- les armes létales classique : fusil d'assaut, fusil à pompe, grenade d'attaque et de défense et les armes de poing classiques (genre le pistolet quoi)
- il a aussi les bases pour utiliser un fusil de précision, mais ne va probablement pas en exploiter le plein potentiel ni bien se débrouiller avec d'autres armes de tir lourd


GESTION : 2
Économie : 0
Politique : 2
Concernant la gestion, Al' a l'équivalent d'une L1 en administration/gestion et une expérience avec la paperasse policière (et non policière). Il a probablement aussi une bonne idée de comment on gère un commissariat, et déjà eu une expérience pour ce qui est de gérer une petite équipe sur une intervention spécifique (même si on ne gère pas vraiment une intervention de police comme on gère un groupe ordinaire). Il est donc bien à l'aise sur des choses faciles et, sur les moins faciles, peut s'adapter et avoir de bonnes intuitions à défaut de maîtriser parfaitement la situation.
Pour le volet politique, Al' a une expérience avec toutes les situations merdiques que peut rencontrer un flic en général (et les rapports de pouvoirs entre lesquels une affaire peut se retrouver coincée), confortée par le fait qu'il a bossé dans plusieurs commissariats (où il a pu voir les choses sous plusieurs angles différents et être des deux côtés d'une embrouille) ainsi que beaucoup de souvenirs de discussions avec certaines personnes qui les connaissaient mieux que lui. Les réseaux et jeux de pouvoir qu'il connaît le mieux/le plus finement sont ceux qui sont internes à la police (il connaît bien la situation et le fonctionnement de chaque unité et de chaque commissariat, connaît des gens un peu partout et pourrait donc demander des potins ou faire un raccourci dans une procédure dans certaines situations moyennant éventuellement de donner quelque chose en échange, et peut avoir une idée de ce qui les intéresse en général), mais il a aussi quelques contacts à la Mairie ou dans d'autres services (public ou même privés) avec lesquels la police interagit. Je pense pas qu'il connaisse tous les quartiers/connaisse des gens dans tous les quartiers, mais je le vois bien avoir une bonne idée de la situation dans chaque quartier (ses principales problématiques, les précautions qu'il faut y prendre), et en connaître 2-3 un peu plus en profondeur (connaissance de la géographie, de criminels notoires ou même moins notoires qu'il pourrait contacter, de certains réseaux...) parce qu'il y a bossé. Avec ça un peu comme la gestion ça ne doit pas être un expert, mais il peut avoir de bonnes intuitions/raisonnements politiques dans les situations. Concernant les réseaux criminels, j'imagine qu'il doit en connaître quelques uns et avoir déjà passé des marchés, mais pas vraiment en profondeur, et par contre avoir une bonne idée de comment ça marche en général ; ce que font les gens pour cacher un corps ou un objet volé, comment se font les trafics, les rapports de pouvoir et nuances entre criminels, quel genre d'info ou de service venant de la police va intéresser un criminel...
Outre la vue générale sur les situations et les connaissances qu'il a, Al' est ami avec une commissaire d'un autre quartier, s'entend bien avec celui auquel il doit répondre, et a probablement quelques potes/amis dans d'autres commissariats/unités (et un vieux pote de fac en mairie) qui sont donc beaucoup plus susceptibles de lui rendre des services ou de le contacter spontanément pour le tenir informé de quelque chose qu'ils ont vu.


INFORMATIQUE : 0
Piratage : 0
Code : 0
Al' sait se connecter à la SX et aller dans le lieu pour lequel on lui donne un manuel compréhensible par un enfant de 4 ans, sans charabia. À part ça, il se perd même dans les rues normales de la SX, et le fait d'avoir un autre corps que le sien le perturbe trop pour qu'il soit à l'aise dans une situation de combat ou de visée. Il laisse donc ce genre de travail aux geeks.

CONDUITE DE VÉHICULES : 0
Terrestres : 2
Aériens : 2
Les connaissances en conduite d'Al' se limitent à ce qui est utile pour faire son métier dans des conditions décentes. Il a appris à manier les véhicules terrestres et aériens que la police utilise de base, de sorte à y être suffisamment à l'aise pour les manier correctement, faire quelques manœuvres de temps en temps et participer à des courses-poursuites (pas forcément les gagner cela dit). Il préfère cela dit en général être le passager qui va sortir du véhicule en trombe pour finir les choses à pied.
Il n'a pas vraiment eu d'occasion de manier des véhicules plus atypiques et n'a donc aucune compétence pour les manœuvrer.


RICHESSE : 1
Popularité : 2.
On ne choisit pas la police pour le salaire, surtout quand on refuse de jouer totalement le jeu des primes sur le nombre de personnes tabassées la dernière semaine, surtout qu'il a tendance à les dépenser vite. Donc il est payé tous les mois, mais pas de quoi vivre la belle vie.
Concernant sa réputation, Al' est, au bout de huit ans d'expérience et de zèle, bien connu au sein de la police, à la fois pour ses compétences en combat (il a quelques arrestations assez notables à son actif et s'est fait surnommé « le Taureau » dans son dos pour des raisons évidentes), son efficacité (on sait que si on le met sur un truc, il va être fiable, savoir se démerder et ramener des résultats), le fait qu'il comprenne assez bien la Ville même en-dehors de son périmètre (ce qui peut le distinguer de ceux qui travaillent dans son commissariat) et son idéalisme (du moins son envie de faire les choses pour une autre raison que l'argent). Ce n'est pas au point de pouvoir rentrer n'importe où et être reconnu, ni être forcément bien connu quand il est reconnu, mais il y a un peu partout des personnes qui le connaissent directement ou indirectement, et ceux qui ne le connaissent pas pourront facilement trouver des informations sur lui. Il a plus de chances d'être connu par les gens qui ont aussi une forme d'idéalisme et qui le voient un peu comme quelqu'un de fiable (et réciproquement), par des collègues particulièrement ripoux qui vont surtout vouloir éviter de l'avoir dans les pattes, ou juste par des gens entre les deux mais qui ont besoin de main d'oeuvre, sachant qu'il file facilement des coups de main en-dehors même de son périmètre. Il connaît la générale de DANGER de visu, et elle le verrait comme assez fiable pour être susceptible de faire appel à lui sur un coup.
En-dehors de la police, il est assez connu dans son quartier d'affectation, parce qu'il est souvent en contact avec la population et discute de temps en temps avec les gens, quand il en a le temps. Il a une réputation un peu ambigue où d'un côté il fait peur et reste un flic qui fait des trucs de flic (avec en plus une rigidité sur certains sujets)... et de l'autre, il peut paradoxalement paraître plutôt sympa, prompt à discuter et à leur dire honnêtement ce qui se passe (voire se montrer critique envers la police quand il pense qu'on va pas l'enregistrer...), connaissant bien le quartier et pouvant donner un coup de main entre deux coups de poing. De fait, il est parfois détesté (parce que police) et parfois apprécié (parce que quitte à avoir affaire à la police, certains vont préférer avoir affaire à lui).
À part ça, il est aussi un peu connu d'autres services ou entreprises qui travaillent avec la police, comme la Mairie ou la COSHA, mais c'est beaucoup plus restreint et va surtout concerner des gens qui ont eu l'occasion de travailler directement avec lui. Il a déjà été démarché par quelque compagnie de sécurité privée pour être garde du corps ou mercenaire, avec des salaires alléchants, mais a refusé.
Pour la Ville, sinon, c'est un anonyme parmi tant d'autres.




Possessions



> Logement : Un petit appartement perdu dans quelque vieux bâtiment d’une ruelle monotone, pas ce qu’on pourrait qualifier de miséreux ou d’insalubre mais ce qui se fait de moins cher parmi tout ce qui les exclut. À noter qu’il se retrouve souvent à dormir au bureau et pas forcément de façon très linéaire puisqu’il est susceptible d’être appelé un peu n’importe quand (et quand il ne l’est pas, il a de toute façon tendance à se réveiller en sursaut tout seul).

> Véhicule : Al’ a le permis et possède une moto qu’il a euh… Disons qu’il trouve la sécurité trop rigide et a trop de mal avec l’informatique pour la contourner intelligemment, donc il a fait désactiver plein de trucs en payant une connaissance. Ça rend la moto plus maniable pour lui, mais vraiment pas difficile à pirater.

> Arme : En dehors des armes qu’il manipule dans le cadre professionnel (et qui restent bien verrouillées dans un casier du commissariat), Al’ dispose pour lui-même d’un pistolet sans fioriture. C’est l’équivalent cyberpunk d’un Glock 17, le genre qu’on peut croiser un peu partout et qui est réputé pour son efficacité plus que pour son style.

> Ce qu'il fait de son argent : Al’ ne met presque rien de côté, parce qu’il a tendance à tout dépenser assez rapidement, à la fois pour payer ses passages chez le médecin quand la police ne paie pas tout et pour compléter… sa collection de lunettes. Des lunettes dont la qualité varie entre la paire décorative achetée dans un vieux bac de supermarché et le modèle haut de gamme avec écran, écouteurs et toutes sortes de fonctionnalités intégrées, qu’il achète avant tout pour style, ses problèmes de vision ayant été corrigés à la source. Beaucoup de ces lunettes sont des lunettes de soleil (ou du moins, réglables en mode soleil), car il pense que ça le rend plus sympathique et qu’il est — sans l’avouer — rapidement sensible à la lumière (pas autant qu’un albinos terrien), c’est pourquoi il en porte la plupart du temps. Même en pleine nuit parfois. A part quand elles sont purement décoratives, les lunettes lui font généralement office de téléphone.

> SX : Évidemment, il possède aussi des astrettes, achetées d’occasion et sans fioriture. Son avatar dans la SX lui ressemble beaucoup, à l’exception du fait qu’il y a une apparence de gringalet et des yeux verts (imaginez Al des sables, quoi), quoi qu’il lui soit déjà arrivé de chopper des virus qui ont temporairement changé l’apparence de son avatar pour quel truc stupide. Dans ces cas-là, il n’y touche plus et attend qu’un collègue veuille bien prendre une énième fois le temps de le lui arranger.

> Autre : Étant une quiche en informatique, et peu patient pour se débattre avec, Al’ fait passer la plupart des trucs qu’il doit faire par une sorte d’assistant vocal intégré (une version évoluée d’un ChatGPT) qui se synchronise sur tous ses appareils (lunettes, moto, astrettes...). L’assistant en question s’appelle Roxie, et il a choisi de lui donner une personnalité un peu taquine, « parce que ça m’emmerde quand j’ai en permanence l’impression de parler à une pub ». S’il se fait pirater, ce n’est pas qu’il ne sait plus envoyer un mail, c’est qu’il risque de les envoyer sans pièce jointe.




Apparence



Quelques clarifications en vrac en plus de l’avatar et de cette image:

> Taille : 1m81. Al’ est donc un poil plus grand que la moyenne, mais pas tant que ça non plus.

> Prothèses/implants : Pas de prothèse quelconque (pour l’instant…)

> Carrure : Avec 4 en constitution, Al’ est évidemment assez musclé. Je sais pas bien dessiner ça, mais il faut imaginer qu’il a quand même les épaules assez larges, les muscles clairement dessinés et pas du tout l’air d’être un gringalet (contrairement à son alter ego des Sables…). Il peut donc facilement avoir l’air d’une grosse brute.

> Première impression : À moins qu’il porte des lunettes assez opaques, son regard est généralement la deuxième chose qui frappe (après sa carrure), puisqu’il est à la fois sévère, intense et vif. Il a malgré lui plus la tête du flic qui va tabasser quelqu’un sans sommation que celle du mec sympa, malgré ses efforts. C’est pire quand il sourit, puisqu’il peut donner l’impression de se délecter de la souffrance d’autrui.  

> Tenue : En service, il porte évidemment son uniforme quand nécessaire, mais sinon il a tendance à porter une longue veste noire, en-dessous de laquelle il a un haut random (type chemise ou t-shirt) un étui pour ranger son flingue et quelques poches pour y mettre des babioles. Sinon, en bas, des grosses chaussures et n’importe quel pantalon qui ne sera pas emmerdant en cas de course-poursuite soudaine.

> Cheveux : Ses cheveux sont toujours en vrac et trahissent toute la considération qu’il a pour son apparence. Il les coupe lui-même quand ils dépassent un peu trop. Par ailleurs, Il porte assez souvent une barbe de trois jours. Son état permet de savoir quand Al’ est rentré chez lui pour la dernière fois.


Personnalité



(Cette partie existe pour les gens qui ont la flemme de lire la — bien trop longue — histoire ou qui n’y ont rien compris. Si vous comptez lire l’histoire, passez-y directement. Notez aussi que ce sera pas très rédigé car c’est moins une sous-partie à part entière qu’une.. fiche de synthèse).

Si la première impression que dégage Al’ est celle d’une brute épaisse qui va vous fracasser la jambe pour un mot de travers, la seconde ne fait pas grand chose pour corriger cette idée. Assez direct, parfois vulgaire, souvent prompt à faire de l’ironie ou de l’humour noir, il ne paraît pas très sympathique, et peut avoir du mal à gérer des situations émotionnellement… impliquantes. Typiquement, quand il s’agit d’écouter ou de rassurer une victime, il aura tendance à suggérer d’emblée de parler à un robot plutôt qu’à lui, et sera assez avare en chaleur humaine.

Ses qualités (car oui, il en a) se montrent plutôt avec le temps, à force de bosser avec lui ou en gagnant son amitié, qu’il donne bien plus facilement qu’il n’en a l’air. Al’ est ainsi un bosseur  efficace et de rigoureux, qui essaie de mêler idéaux et pragmatisme pour donner la meilleure fin possible (selon lui) aux affaires dans lesquelles il est embarqué, tout en limitant les risques pour les vies dont il a la responsabilité. Bien que sachant faire un massacre quand il n’y a pas d’autres options, il déteste en arriver à ce stade (et peut s’en vouloir pendant des années), et préférera se mettre un peu en danger ou se prendre la tête pendant des semaines plutôt que d’en arriver là. S’il lui arrive de se faire surprendre ou d’être sacrément vénère, il est aussi capable de garder son sang-froid dans la plupart des situations, conscient que ça peut tout foutre en l’air.

Avec ses amis et les gens qu’il aime bien en général, Al’ a appris à être assez honnête sur ce qu’il ressent, quitte à se transformer en guimauve entre deux moments de cynisme et à avoir l’air tout d’un coup plus gêné qu’une fille en fleur qui fait sa première confession. Quoi que peu chaleureux, il n’est pas complètement idiot socialement et finit par savoir repérer les états d’âme des gens, voire par y répondre à sa façon, que ce soit en mettant les pieds dans le plat directement, en faisant une blague ou en se montrant étrangement prévenant.

Les pires ennemis d’Al’ sont les contradictions avec lesquelles il a choisi de vivre, et contre lesquelles il est voué à se battre. Quand il a les yeux ouverts, il est focalisé boulot, en essayant de se concentrer sur toutes les choses qu’il ne doit pas perdre de vue et en négligeant tout le reste. Quand il se prend enfin une pause, c’est pour faire des cauchemars, se réfugier dans l’alcool et causer mentalement avec des fantômes. Bien qu’étant devenu assez fort mentalement, et surtout assez bien entouré, pour ne pas tomber trop bas et trouver encore un sens à ce qu’il fait, la mauvaise passe n’est donc jamais très loin. Il en a cependant conscience et, se refusant autant qu’il le peut au nihilisme qu’à l’hypocrisie (bien qu’il se sache capable de tomber dans l’un comme dans l’autre), essaie de s’appuyer sur tout ce qu’il a appris ces dix dernières années pour tenir un jour de plus.

(TL;DR Imaginez un Al des Sables plus baraqué et mature, qui a pigé et accepté que tenir aux gens c’est pas ce qui va le plomber mais le faire tenir debout, s’est réconcilié avec ses émotions et développé des skills sociaux)




Dernière édition par Eelis le Sam 19 Aoû - 23:37, édité 8 fois



(Merci à Ara' pour la super signature ♥)

Test:

Eelis
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Eelis
Mar 15 Aoû - 16:27
(Tututu, j'écris beaucoup pour ne pas que la preview Discord ne spoile le début de mon histoire !)(Je me demande à quel point ça doit être long...)(J'espère que ça ira)


Histoire



Avant même qu’il n’ait un prénom, il existait déjà une photo d’Al’ à trente ans dans un dossier, à côté de celles des quatre autres embryons viables avec lesquels il était en concurrence pour sortir de leur éprouvette.

Pour une coquette somme de Poèmes, la société privée AstraGeneca promettait, dans sa formule argent, entre trois et six propositions répondant au minimum à 80% des critères demandés, dont 100% pour les critères obligatoires et la conformité minimale (qui garantissait que l’enfant naitrait sans maladie d’origine génétique). Pour Violette et Meredith, respectivement styliste qui s’était taillée assez de renom pour en tirer une stabilité financière et cybernéticienne, il ne s’agissait évidemment pas là d’une petite dépense, mais un petit luxe permis par plusieurs années d’économies. Après avoir laissé le hasard — et une grossesse in-vitro — leur donner une petite fille qu’elles avaient prénommé Ptolémée (les prénoms « grecs » étant à la mode cette année-là), elles avaient ainsi eu envie, « pour changer », d’avoir ensuite un fils, qui soit malgré tout un mélange parfait de leurs ADN. Quelques hésitations et comparaisons d’offres plus tard, AstraGeneca leur avait proposé de partir d’un caryotype XX auquel serait ajouté le gène SRY manquant, puis fait quelques modifications de routine afin d’éviter les effets négatifs qui résultaient ordinairement d’une telle anomalie.

Al’ et ses faux jumeaux avaient ainsi été créés sur cette base, à laquelle s’était ajoutée une présélection sur quelques traits physiques. C’est pourquoi toutes les portraits se teintaient de la peau claire et des lèvres de Meredith, mais avaient les cheveux bouclés comme ceux de Violette. Les yeux, quant à eux, avaient été le plus grand sujet de discussion, chacune des deux voulant retrouver le regard de sa bien-aimée dans celui de leur enfant.

C’est donc sur base des impressions que généraient chacune des photos et car ses iris brilleraient du même rouge vif que ceux de Meredith, qu’une vie fut choisie plutôt que les trois autres. Huit mois plus tard, Aldébaran (les prénoms « arabes » étaient cette fois à la mode) naissait comme sa sœur, à l’issue d’une grossesse in vitro dont les conditions avaient été contrôlées pour n’induire aucune perturbation majeure.

S’il fut parfois difficile, pour des mères qui n’avaient pas eu le temps et l’envie de supporter une grossesse, d’aimer et de s’occuper pleinement d’un second bambin alors que le premier n’avait que quatre ans, Al’ vit malgré tout sa petite-enfance se dérouler dans des conditions bien plus confortables qu’une partie non négligeable de la Ville, quoi que sa famille ne soit pas assez riche et stable pour prétendre appartenir à autre chose que la classe moyenne supérieure.

Au bout de deux ans cependant, une anomalie fut constatée : si le reste de son corps et de son cerveau se développaient normalement, ses muscles semblaient, eux, anormalement efficaces, de sorte qu’Al’ pouvait difficilement jouer avec sa sœur sans casser un jouet ou deux, même lorsqu’il ne le faisait pas exprès. Compte tenu de son mode de conception, des quelques scandales qui avaient depuis quelques mois accablé AstraGeneca et des finances de ses parents, Al’ fut donc suivi médicalement, moins pour tenter d’expliquer le phénomène sitôt les hypothèses les plus simples invalidées (c’est l’Esquisse, il y a trop de bugs qui arrivent tous les jours relativement à la quantité de chercheurs qui est payée pour les investiguer) que pour s’assurer qu’il ne lui poussait pas quelque part un organe en plus.

Passée une puberté qui malgré les inquiétudes fut parfaitement ordinaire, Aldébaran devint un adolescent banal et effacé qui avait appris à diluer toute forme de colère dans un cynisme qui avait malgré lui fini par le caractériser, à défaut d’autre chose.

Élève moyen en tout ne retrouvant en lui ni le génie exubérant de Violette, ni la profonde passion de Meredith, Al’ se sentait désespérément vide et, surtout, éternellement indécis quant à ce qu’il était supposé faire de sa vie vide et banale. C’est pourquoi lorsque, tombé par hasard sur une réunion de présentation des métiers du service public et sur des discours mielleux de dévouement aux citoyens, il s’était finalement laissé entraîner dans des études d’administration publique avec l’espoir discret d’y avoir une révélation. Après quelques mois à essayer, il s’était cependant retrouvé en fond d’amphi ou à moitié endormi en visio, embourbé dans la même désinvolture qui l’avait suivi jusque là.

C’est pourtant dans ces circonstances qu’il fit l’une des rencontres les plus importantes de sa vie.  Une jeune femme de sa promo appelée Cyrcé, qui avait écopé d’une tel prénom à cause d’un personnage de télénovela en vogue à l’époque de leurs parents. En apparence, rien qu’une blonde discrète et réservée, le genre qui s’asseyait aux mêmes endroits que lui sans jamais croiser son regard. Il n’y avait dans leur rencontre, puis dans leur entente, sans doute aucun sens profond, ni d’alchimie intime qui les aurait voués l’un à l’autre, mais le premier amour avait frappé quoi qu’il en soit, avec la fougue qui le caractérise. Al’ n’avait su trouver les mots pour qualifier leur relation que bien des années plus tard, lorsqu’elle n’avait plus été là pour les entendre.

Avant de la rencontrer, j'étais aussi humain que le tas de ferraille qui passe l’aspi chez moi. J'avais appris à penser le moins possible, à ressentir par petites touches. Elle m’a fait espérer son attention, anticiper ses venues, regretter ses départs, mis en moi la douceur d’un nuage quand on s’est embrassées et la douleur d’un ouragan quand elle est partie. Elle était le rêve qui m’a appris ce qu'était la vie.

Avant d’apprendre la vie, cela dit, Al avait dû apprendre à casser la coquille de sa misanthropie apparente et braver sa maladresse évidente. Heureusement pour lui, le miracle de l’amour — et les quelques efforts de ses camarades de classe pour le provoquer — avaient ouvert son coeur petit à petit. À beaucoup de choses qu'il ne connaissait pas. Et beaucoup qu'il n'eût pas le temps de connaître.

Un mois avant l'incident, ils étaient chez elle pour la première fois. De toutes les choses qu'elle lui avait fait découvrir, la matérialisation concrète du terme “quartier défavorisé” n'était pas celle qu'il aurait espéré en premier. La Frontière à l'intérieur des murs, qu’il avait nommé sa cité à la fois fourmillante et décrépie, où il valait mieux ne pas trop respirer longtemps l’air extérieur ni sortir sans une arme ou deux. Ce terrier où nul n’aurait voulu vivre, ils étaient pourtant beaucoup à vouloir y rester, au mépris des conditions de travail qui leur étaient imposées. Croyaient-ils ou savaient-ils que l’extérieur des murs serait pire ? De son point de vue de jeune pousse élevée dans un cocon, Al’ n'y voyait qu’une absurdité que Cyrcé avait cessé de chercher à lui expliquer.

Ce soir-là, ils avaient salué son père qui picolait entre deux accès de violence et sa mère qui les avaient laissés pour vivre à plein temps dans la SX, où elle cumulait juste assez de petits boulots pour payer la facture d’électricité et la perfusion qui lui servait de repas. Ils s’étaient faufilés jusqu'à cette petite chambre encore adolescente dont la promiscuité avait fait gagner au moins deux années à leur intimité physique. Alors que leur amour peignait au plafond le plan d'un nid rêvé, ils avaient retracé les contours de leurs vies.

— Pourquoi ils t'ont eue, les tiens ? Un gosse aujourd’hui, c'est un luxe que tes parents n'ont pas l'air d'avoir... Ils étaient terriens ? Il paraît qu’ils ont grandi comme ça, alors ça se comprend encore...

La réponse était plus banale. Un jour un peu plus froid que les autres, sa mère avait envié la chaleur d'un bambin. Elle était seule, avait fait un gosse avec le premier venu, puis s'en était lassée. Son couple, avec un autre, était né pour la même raison, et son addiction à la SX avait suivi. Une histoire triste, bien plus que la sienne, mais dans laquelle il ne pouvait pas s’empêcher de retrouver ce même sentiment, d’avoir été le jouet d’envies volatiles.

Mais dans cette cité pitoyable, se promirent-ils, ils apprendraient à s'aimer pour de vrai.
Quitte à prendre leur temps pour trouver ce que ça voulait dire.


Hélas, au bout de cette nuit de douceurs, ce temps était aussi épuisé que leurs corps. Quand les derniers grain tombèrent, la cendre emporta leurs espoirs.




Feu dans l'étage inférieur, tout le bâtiment cramé en quelques minutes. Même les robots n'en étaient pas ressortis.


Pour mettre un coupable sur ce drame, la police n'avait envoyé qu'un pauvre flic, qui était venu à la bourre avec un air déglingué. Fou de rage et déchiré, Al' avait foutu une beigne au robot qui gardait l'entrée et rejoint le mec, un quarantenaire a l'air apathique, qui prenait tranquillement ses notes entre deux macchabées.

Il avait tellement envie de le défenestrer. Pour être seul, lorsqu'il laisserait couler les larmes sur son corps calciné. À défaut, il chercha des réponses.

— Pourquoi ?
Pas un mot de plus ne put sortir de sa gorge.
— Incendie criminel, répondit l'agent de l'ordre. Une bande de jeunes a fait une fête dans le local technique, foutu en l'air les câbles, et voilà.

Il fit quelque pas dans la pièce, jaugea un instant le silence du jeune homme, puis ajouta, sur un soupir :

— Enfin, ça, c'est ce ce qu'on m'a demandé d'écrire dans mon rapport. Si tu ne peux pas t'en contenter, je peux te dire la vérité. Si je rentre maintenant on va me filer du taf chiant, alors je suis d’humeur à monologuer.

Cyrcé lui avait un jour dit qu'il avait la peau douce comme celle d'un homme qui avait été bercé par le mensonge toute sa vie, et que c'était ce qu'elle aimait chez lui autant que ce qu'elle craignait. Pour une fois, il devait mettre un pied dans son monde.

— Allez-y.

La pire des vérités n’est ni belle, ni tragique. Seulement d’une effroyable banalité. Il y quelques dizaines d'années, à la faveur d'un mandat vaguement socialiste et d’un alignement de planètes, la Ville avait acté la création en hâte de logements sociaux en remplacement d’une vieille usine qui devait être démantelée. Le budget était minimal et les délais complètements irréalistes — il fallait dire que l’essentiel de l'équipe travaillant sur le projet n’avait aucune expérience concrète dans le domaine — mais le projet avait abouti malgré tout, permettant à quelques dizaines de foyers frontaliers de découvrir les luxes de la Ville, en échange d’une vie passée à la servir. Puis le Maire avait été révoqué, le projet décrié, et depuis ses successeurs n'avaient eu de cesse de chercher à ce débarrasser de ce qui était régulièrement décrié comme un gouffre financier. En parallèle, les installations électriques, déjà fragiles et datées dès le départ, n’en devinrent que plus obsolètes et inadaptées aux usages qu'elles devaient supporter.

— Concrètement, n’importe quel employé municipal un tant soit peu impliqué dans la question savait que ça allait péter un jour, mais bon, on a juste rien fait parce que ça coûte trop cher. C'est vrai aussi pour la plupart des constructions de cette rue, donc je reviendrai peut-être la semaine prochaine, qui sait ?
Ponctuant son discours glaçant d’un petit sourire, il enchaîna :
— Enfin, officiellement, on est en discussion active pour proposer une solution au plus vite, mais ça veut juste dire qu'on crée plein de délais artificiels pour que ce soit le problème du prochain mandat, ou de la boîte à qui on va réussir à le refiler.

Il l’avait écouté, les mains tremblantes de rage et les yeux plongeants de détresse.

— Pardon, p’tit. C'était con de proposer.
Il inspira.
— Vous n'avez pas le droit d'être désolé. Encore moins devant tous ces gens que vous avez laissé crever en toute indifférence.
— C'est vrai.
— Mais vous avez raison. Ça ne sert strictement à rien de me dire ça, maintenant qu'ils ne sont plus là pour décider de leur sort.
— Je t'arrête sur un point, mon grand. Toute cette histoire, ils la connaissaient. Enfin, peut être pas la personne que tu es venu pleurer spécifiquement, peut être pas même son entourage proche, mais de ce que j'en sais c'est un bruit qui court dans le quartier. Il y a eu des émeutes à ce sujet, étouffées pour la plupart mais pas oubliées, et c'était impossible d'aménager dans le coin sans être averti. ‘Sûr, c’est jamais possible de savoir ce qui va péter et quand, mais tout le monde savait que ça pouvait péter.
— Et pourquoi ils ne se sont pas barrés, si ils savaient ?
— Parce qu'il paraît qu'ici c'est un peu moins pire que de l’autre côté du périph’.

Al' se laissa choir contre la porte. C'était juste... irréel. La situation, la discussion, les coups de marteau dans son cœur... La veille encore, sa seule préoccupation était d'avoir une meilleure note que Cyrcé en droit.

Si tu savais… pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu restais là ? Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas demandé de t’emmener loin d’ici ? Est-ce que tu voulais m’aimer, mais sans rien me dire, ni même chercher à vivre ?

Les jours qui suivirent virent résonner ces questions dans le vide sidéral que son absence avait créé. La fac n’était qu’un loisir, ses mères des bienheureuses et toutes les joies du monde que des mirages. En quelques jours seulement, il avait cessé de croire en tout, y compris en lui-même. À quoi bon bosser à la Mairie si c’était pour s’embourber les pieds dans les crasses de la Ville ? Pire, si son travail avait pour seul but de les cautionner ?

Puisque Cyrcé n’avait guère de proche à la fois assez proche et assez vivant pour se soucier de son sort, Al’ s’en était chargé. Ironie tragique pour elle et tous ceux qui avaient cané dans l’incendie, la Ville ne leur proposait, au vu de leurs revenus et du prix de la place de cimetière, guère d’autre repos qu’un nouveau bain de flammes. La cérémonie elle-même fut impersonnelle et administrative, avec un bref discours de quelque officiel en cravate qui réclamait au nom des victimes que les jeunes délinquants dont la culpabilité était « avérée » soient vivement punis. En faisant virevolter son regard dans la salle, Al’ reconnut même une autre tête de con parmi les représentants de la police qui étaient chargés de le baby-sitter.

Et visiblement, il l’avait remarqué aussi, puisqu’il le salua à la sortie. Et fut copieusement ignoré en retour. Puis rattrapé quelques mètres plus loin.

— Hé, attends.
— Vous croyez vraiment que je suis d’humeur à causer avec la police ?
— Non. Mais à boire un coup, peut-être ?
— Si vous avez quelque chose à me dire, dites-le juste maintenant.

Le policier continua à le suivre sur quelques pas fermes, puis s’arrêta, lâcha un soupir et marmonna un « Si c’est ce que tu veux… » avant de se lancer.

— Quand je t’ai croisé l’autre jour, tu avais le regard d’un faux cynique. Tu faisais genre que tu gardais ton calme et que plus grand chose n’avait de l’importance, mais t’avais envie de tout cramer sur ton chemin. Maintenant, là, t’as celui d’un vrai. T’as perdu un truc, alors tu peux plus voir le monde autrement que comme une grand désillusion, et t’en fais une raison pour tout lâcher.
— Qu’est-ce que ça peut vous foutre ?
— Ça peut me foutre que j’en ai vu beaucoup, des petits cons comme toi, et je sais comment ils finissent. Accessoirement je dois t’interroger, alors soit on fait ça tranquille autour d’une bière et ça dure trente minutes, soit je t’emmène au poste et on en a pour quelques heures.

Un quart d’heure plus tard au bar, la discussion ne fut pas plus posée.

— C’est pas contre toi hein. Juste, il faut que j’interroge quelques témoins pour boucler mon rapport, et comme t’as frappé un robot de la police — joli coup au passage — il fallait au moins que je prenne tes papiers. Du coup. Nom, profession, date de naissance, adresse ?

En guise de réponse, Al’ tendit sa carte étudiante, que le policier enregistra tout en continuant à poser ses questions.
— Nombre de pieds et nombre de mains ?
— Sérieusement ?
— Sérieusement. Et si tu refuses de répondre à une seule question… je peux te coller une amende pour refus de coopérer ou te faire passer une garde à vue dont tu te souviendras pendant longtemps.
— Et vous le feriez vraiment ?
— Peut-être. Il faut bien avoir de quoi manger à la fin du mois. Donc ?
— Deux et deux…

Entre deux questions qui n’avaient pas plus de sens que les autres, le policier marqua une pause.
— Pour information… L’autre politicien, là, qui faisait un discours, non seulement il était parfaitement au courant pour tous ces risques, mais ça a été l’un des premiers à signer contre la remise en état des installations lorsqu’il bossait pour l’arrondissement. On aurait difficilement pu trouver plus ironique que lui pour parler au nom des victimes, à mon avis.
— Pourquoi vous me dites ça ?
— Tu devrais savoir pourquoi.
— C’est votre histoire de cynique, là ? C’est sûr que ça va me remonter le moral de savoir que toute cette ville est pourrie.
— Ça te remonterait le moral que je te dise que ce n’est pas le cas ? C’est mon boulot de mentir, alors je le fais quand tu veux.
— … Plus maintenant.

Après un sourire, le policier reprit les questions, non sans y glisser de temps à autre quelque anecdote glaçante sur le ton de la banalité. Face à son verre presque vide se trouvait la choppe d’Al’, qui n’avait pas réussi à en avaler une goutte.

— Tu bois pas finalement ? Je t’aurais pas jugé si tu avais pris du jus de fruit.
— C’est pas ça…
— Et puis même si tu t’en enfilais trois de suite, j’aurais pas de quoi t’arrêter, hein... Enfin, si tu n’en veux pas, je peux la finir ?

Al’ hocha la tête, puis soupira.
La question que je me pose plutôt, c’est comment vous vous faites pour ne pas avoir l’estomac noué…

— C’est parce que mon cynisme est en phase terminale, répondit le policier, comme s’il avait lu dans son regard déconfit, avant d’attraper la bière.  
— Et pourtant vous prenez le temps d’expliquer aux proches d’une victime une vérité qui vous ferait virer si elle s’ébruitait. Si ce n’est pas un état d’âme déplacé, faut m’expliquer.
— C’est peut-être juste une stratégie pour me faire une conscience. Ou pour tuer l’ennui. Peut-être même par cruauté — j’ai des collègues qui font ça. Qui sait même si je n’essaie pas de te mettre en colère pour que tu foutes le bordel, sois suivi par quelques autres vénères du coin, et qu’on arrête tout ça d’un coup pour tranquilliser le quartier ?
— …
— Mon chef adorerait l’idée, en tout cas. C’est un plan efficace et classique, non pas cela dit qu’on ait vraiment besoin d’en faire un.

Le quarantenaire avala une grande gorgée.
— M’enfin, assez parlé de choses déprimantes. Je finis ça vite fais et je te raccompagne ?
— Chez moi ou au commissariat ?
— Chez toi. Je demanderais pas sinon.
— …Si, c’est bien votre genre.
— C’est vrai, s’amusa l’homme, dont le rire commençait à puer l’alcool.

Après quoi il fut interrompu par un coup de fil, auquel il répondit brièvement, avant de finir tranquillement son verre pendant que Al’ était sur son propre écran. Ils ne reprirent leur conversation qu’une fois montés dans la voiture de fonction du flic, aussi vieille et décrépie que son conducteur (« Celle-là, on l’utilise clairement pas pour les course-poursuites », s’était-il contenté de préciser). Avec une petite heure à tuer, il avait bien fallu que l’un deux brise le silence.  

— Vous ne m’avez pas répondu, au final, avait fait remarquer Al’.
— Sur les états d’âme ? (Il hocha la tête) Normal, c’est toi qui répond à mes questions et pas l’inverse. Cela dit…
Avant de continuer sa phrase, le conducteur avait coupé le son de la radio.
— Imaginons seulement que je sois un peu pompette, et que je me laisse divaguer…
Il laissa planer quelques secondes de silence, puis se lança :
— Et que là, j’en viendrais à te raconter que j’ai rejoint la police comme un petit con idéaliste, en pensant qu’il y avait encore un truc à sauver, et que c’était moi qui allais le faire…
— Et vous avez réussi ?

Il n’en avait pas l’air, mais il était peut-être un de ces flics modèles surreprésentés dans la fiction. Le genre qui croit en la noblesse de son rôle envers et contre tout, se refuse à la corruption et sauve la veuve et l’orphelin. Ce serait une version sacrément cynique et tordue de l’archétype, certes, mais il fallait bien être tordu et cynique pour rester idéaliste dans cette Ville.

— Si seulement.

Le policier s’affala dans son siège, laissant le pilotage automatique faire son travail, puis commença à regarder par la fenêtre, ou la bruine avait commencé à les entourer. Sans doute les rebus de quelque usine du coin.

— Un jour, j’ai ouvert les yeux en me rendant compte que j’avais laissé tomber, et que ça faisait vingt… allez, même trente ans que je me trouvais des excuses pour ne pas me réveiller…  J’avais cherché à côtoyer la corruption sans jamais m’en imprégner ; résultat, je baignais tellement dedans que je pouvais plus sentir ma propre odeur sans en vomir.
— Et alors ? Vous n’avez pas juste arrêté ?
— Pour quoi faire après ? J’ai ma petite routine, je suis pas assez courageux pour aller risquer ma vie à la Frontière… et j’ai côtoyé assez de gens différents pour te dire qu’en Ville, tous les tafs qui sont dans mes cordes sont aussi pourris, chacun à leur façon.
— Ça sonne comme une excuse pour continuer ce que vous faisiez avant.
— N’est-ce pas ? rebondit-il, en reprenant son sourire carnassier.

Al’ resta silencieux. Il n’avait pas vraiment de morale à lui faire sur le sujet. Qu’avait-il fait, lui, sinon essayer de retrouver sa vie comme si de rien n’était ? Quand avait-il hurlé, quand cet hypocrite de politicien avait craché à la mémoire des victimes ?  Il était en vie et savait la vérité, mais n’avait rien fait de plus que baisser la tête.

Avais-je seulement essayé de t’aimer pour de vrai ?

À l’idée de répondre non, il sentit son sang bouillonner.

— Dites…
Le policier tourna la tête vers son passager, puis sembla surpris par l’expression qui venait de naître sur un visage qu’il n’avait connu que comme renfermé et distant.
— Il n’y a vraiment rien à faire ? … 'Fin pour... cette affaire.
— Tu es sûr que tu veux me poser la question ?

Al’ hésita un instant, fronça les sourcils, puis lança :

— Oui. Parce que même maintenant, vous êtes encore idéaliste.
Un sourire, puis un rire léger qui semblait un peu moins glaçant que les précédents étira les lèves du vieux.
— Sûrement pas. Par contre, je ne suis pas assez zélé pour arrêter un gamin qui m’a filé sa bière. Enfin, bref, hmm… Ça dépend ce que tu cherches à faire. Tu veux que la vérité sur cette histoire éclate ? Que ceux qui ont laissé ces gens mourir paient d’une façon ou d’une autre ? Eviter que d’autres personnes subissent le même sort ?
— … Je ne sais pas trop.

Il se sentit con.

— Bah, je sais pas, qu’est-ce qu’elle aurait voulu ?
— Qui ça ?
— Cette fille.
— Elle…
Comment pouvait-il seulement le savoir ?
— Tu as le temps d’y réfléchir.

Il aperçut sa rue émerger entre les gouttes de pluie. Difficile d’imaginer que dans quelques minutes à peine, il retrouverait ses mères autour du repas qu’elles lui avaient gardé. Il s’imaginait difficilement faire autre chose que foncer vers sa chambre et allait frapper un truc.

— Au fait.
Après avoir tapoté quelques boutons pour ouvrir la porte arrière, le policier se tourna complètement vers le petit.
— Moi c’est Al. Al tout court. J’ai un téléphone perso, si jamais tu veux boire un coup — pour de vrai, cette fois — et balancer tes pistes de réflexion.
Un peu gêné, il précisa :
— Je reste toujours un connard désabusé. Et je n’ai ni l’envie ni le droit de me racheter une conscience. Mais j’ai côtoyé assez de petits cons idéalistes pour savoir qu’en général, eux ou leurs idéaux ne vivent pas longtemps si on ne les aide pas un peu.

Un peu hébété, Al’ mit quelques instants à comprendre ce qui se passait. Ce n’était pas exactement tous les jours qu’un flic, qui plus est du double de son âge, lui donnait son contact. Ni tous les jours qu’il rencontrait quelqu’un qui lui donnait autant envie de fuir, de lui en foutre une et, d’une certaine façon de continuer la discussion.

Ce ne fut cependant pas exactement la sympathie qui le poussa à accepter, ou même à le recontacter plus tard. Mais plutôt le désespoir de constater que, dans un monde qui continuait à carburer à toute allure en piétinant toutes ses tragédies, il était peut-être le seul à qui il pouvait en parler honnêtement. Voire, peut-être, le seul qui pouvait l’aider.


Ainsi commença cette étrange relation de travail, entre un vieux connard et entre petit con. Entre celui qui avait égaré son idéalisme et celui qui le cherchait. Bien qu’éminemment tordu et incapable d’exprimer directement ce qu’il pensait, Al était, par son expérience et son réseau, l’appui étrange dont Al’ avait besoin. Inversement, le mentor malgré lui s’identifiait à sa jeune pousse autant qu’il voulait la pousser dans une direction qui ne serait pas la sienne. Il n’aurait cependant avoué que c’était une salvation qui rendait son existence un peu moins dénuée de sens.

— Alors, Al Prime, tu as pris ta décision ?

Cela faisait maintenant quelques mois qu’ils se retrouvaient dans des lieux tous plus ou moins improbables. Al semblait affectionner les lieux qui semblaient vaguement terriens et vintages, comme beaucoup de vieux terriens (il ne l’avait jamais dit explicitement, mais quelques détails comme celui-là le trahissaient). Il avait cette fois proposé de se retrouver dans une salle d’arcade, où le coin astrettes et les jeux plus modernes côtoyaient des antiquités — ou du moins, des reproductions d’antiquité. En l’occurrence, le policier avait choisi de dépenser sa dernière paie dans un flipper.

— Quoi ? Vous ne faites plus de maths, à l’école ? Quand on a deux objets similaires en nature mais distincts, on met un prime sur le second pour les di…
— Si, on en fait. Mais… Vous ne pourriez pas juste m’appeler Al' ?
— Eh. Sûrement pas. C’est mon nom. Mais je peux t’appeler Al-apostrophe, ou Al-deux si tu préfères.
— Ne m’appelez pas, si c’est possible…

Al appuya deux fois sur le bouton de nouvelle partie, façon subtile d’inviter son alter ego à le défier.

— Mais sinon, j’ai réfléchi un peu, oui.
Al’ s’approcha, puis plissa des yeux face au déluge de loupiotes et de couleurs criardes qui se mélangeaient sur le plateau.
— Les gens sur le dos de qui vous avez mis l’affaire, elle les connaissait... C’était ses amis d’enfance, probablement même ses amis tout court. La connaissant, elle serait résignée  pour tout, mais pas pour ça. Je ne sais pas si je peux prétendre avoir tenu à elle si je laisse les choses se passer sans rien faire, alors… Le procès n’a pas encore eu lieu ?
— Non. Mais ce n’est qu’une formalité, hein. Au vu de leur casier judiciaire et des quelques preuves qu’on a ““récoltées”” pour asseoir le fait qu’ils étaient au bon endroit au bon moment, ils sont coupables avant d’être jugés. Rien qu’un gros chèque glissé dans la bonne poche ne puisse arranger bien sûr, mais tu n’as pas les moyens.
— Et… il n’est pas possible de trouver un autre coupable ?
— Tu es volontaire ?
— Pourquoi p…
— Laisse tomber. J’en ai vu — et surtout fait — des faux, ce sera cramé direct. Puis je te l’ai dit, non ? Les coupables sont choisis avant les crimes.
— Et qui les choisit ? La Mairie ?
— Oh, non. (Al rigola). Ils s’en fichent bien trop pour ça. Disons plutôt qu’on a un commissaire un peu zélé par ici. Et un peu facho aussi, ‘fin encore plus que la moyenne qui est déjà pas mal. Au fait c’est à toi.

Il attendit qu’Al’ prenne en main le flipper, puis continua en le regardant jouer.

— Il veut monter les échelons ou quelque chose du genre, peut-être même se présenter en politique, alors il a tendance, disons… à proposer des solutions plutôt radicales à des problèmes qu’il contribue partiellement à créer. Mais de son point de vue, ces quelques entourloupes sont un petit mal pour un grand bien.
—  Pour quel bien ?
— Celui de la Ville, évidemment. Plutôt frapper un grand coup maintenant plutôt que de laisser la racaille faire régner sa loi et corrompre petit à petit la Ville, non ?

Al’ ouvrit la bouche pour protester, mais ne savait que trop bien qu’il aurait pu être convaincu par une telle rhétorique, et l’avait maintes fois été par le passé, puisqu’il n’en avait pas été la victime.

— En haut comme en bas, il a pas mal de soutien. D’ailleurs, même dans la population, beaucoup sont convaincus qu’il faut que que la police soit forte et présente pour endiguer la décadence de la Ville, alors il n’a pas eu grand chose à faire pour être populaire. Je dirais même qu’il est là parce que c’est ce que les gens attendaient.  
Il ne pouvait le nier, mais…
— Et il n’y a pas moyen de lui faire perdre tout soutien ? Ou de le faire rétrograder ?
— Hmm… Dans l’absolu, ce n’est pas impossible. Enfin ça l’est un peu moins que le reste.
— Alors ça veut dire que c’est possible.

Dans l’engouement soudain qui venait de s’emparer de lui (c’était rare à ce point qu’Al ne soit pas catégorique sur l’impossibilité de faire quelque chose), Al’ perdit sa balle, qui tomba bêtement au milieu du plateau. Lassé d’un jeu qui reposait de toute façon trop sur le doigté et le hasard, il laissa sa place, mais Al ne la prit pas. À la place, il le fixa avec un regard sévère.

— Mais faire tomber quelqu’un, en plus d’être souvent inutile en tant que tel, ce n’est pas un truc qu’on fait en deux jours. Ni qu’on fait sans prendre de risque. Tu ne devrais même pas l’envisager si tu n’es pas prêt à donner plusieurs années de ta vie, pour un projet qui risque d’échouer, voire de te retomber dessus.

Hésitant, Al’ baissa la tête et serra les poings. Bien sûr, ça ne pouvait pas être aussi facile. Conscience qu’il lui avait foutu un coup au moral, Al se pinça les lèvres, puis lança, après quelques instants de silence :
— Tu es encore jeune. Tu te remettras de sa mort. Peut-être même que tu tomberas amoureux à nouveau.
Il fit quelques pas pour se rapprocher un peu plus de lui, puis se baissa légèrement, de sorte à pouvoir fixer à nouveau son regard fuyant.
— Et tout ça, euh…
Al’ redressa légèrement les yeux.
— Ça ne rendra pas ce que tu as ressenti faux pour autant.

Détournant la tête puis les épaules, le rouquin plus gêné que jamais maugréa :
— Ça ne vous va pas, d’être sympa.
— Je sais. (Al sourit.) Toi par contre, je pense que ça ne te ferait pas de mal.
— Peut-être…

Profitant du fait que le vieux s’éloigne pour reprendre sa partie, Al’ essaya de gérer les émotions qui le submergeaient soudainement. Il s’entendit renifler quelques fois, marmonner un « C’est à se demander comment elle a pu aimer quelqu’un comme moi.. » à peine audible et même essuyer discrètement quelques larmes. Sa rage bouillonnante avait laissé place à une profonde tristesse que lui-même ne s’expliquait pas.

— Je fais une dernière partie et je te ramène, s’était contenté de dire Al, visiblement rendu mal à l’aise par l’idée de dire quoi que ce soit de plus, entre deux longues minutes d’indifférence apparente.

Quand Al’ eut retrouvé assez de contenance pour parler, il se rapprocha de son alter ego.
— Ça va vous paraître stupide…
Al soupira. L’air de dire que oui, ça allait paraître stupide.
— Mais tu veux quand même le faire ? Si j’ai dit des choses embarrassantes pour rien, ça a intérêt à être pour une bonne raison.
— C’est justement…
Sentant que sa voix partait vraiment en vrac, il essaya de se ressaisir.
— Parce que vous me l’avez dit. Enfin…
Sachant que c’était peine perdu, il n’essaya plus. Les paroles glissèrent comme elles venaient, s’emmêlèrent et se piétinèrent.
— Avant, je me forçais un peu à être courageux parce que j’avais… j’avais juste peur de ne pas l’aimer assez, et je voulais sans arrêt essayer de lui prouver… ou de me le prouver, même après qu’elle soit…. Mais maintenant… Enfin… Comme vous avez dit que c’était normal… Ou du moins que… Ça a débloqué un…
Récitait-il une pensée qu’il avait pleinement eu le temps de mûrir ? Ou réfléchissait-il en même temps qu’il essayait de poser des mots sur des émotions qui jaillissaient ? C’était sans nul doute la seconde option. C’est pourquoi il se laissa porter par sa propre conclusion, qui s’imposa à lui en même temps qu’il la prononçait.
— Depuis qu’elle est morte, c’était comme si j’étais mort à nouveau… Mais maintenant, c’était comme si je vivais tellement que j’allais exploser. En vingt ans, je n’ai jamais autant eu envie de faire quelque chose. Et cette chose…
Gagné à nouveau par la rage, il acheva :
— C’est de casser la gueule aux connards qui laissent les gens vivre et crever comme des chiens.

Qu’ils soient flics, qu’ils bossent en Mairie, qu’ils soient la Mairie. Je veux tous les défoncer.

Il n’était plus en colère contre un évènement en particulier. Plus triste pour la mort d’une seule femme. C’était le monde même, dans lequel ils naissaient pour des raisons stupides, vivaient à la merci d’évènements qui les dépassaient et mourraient sans aucune forme de pitié, qu’il avait envie de casser en deux. Quitte à se casser lui-même avec.

— La fougue de la jeunesse… souffla Al. Toi ou tes idéaux, l’un de vous deux ne vivra vraiment pas longtemps.

Le regard bouillant d’Al’ se pointa dans celui du policier. S’il incarnait le défaitisme, alors lui aussi, il avait envie de lui de lui casser la gueule. Lui faire bouffer sa passivité et toutes ses belles paroles.

— Et quel bien vous ont-elles fait, vos décennies de cauchemar ? Combien de vraies années avez-vous seulement vécu ?

Al soutint son regard avec une froideur comme il en avait peu montré. Comme la plupart de ses émotions, sa colère s’était égarée quelque part, dans la trop longue vie qu’il avait menée. Il n’en restait guère qu’un abîme terrifiant.

— Peut-être aucune. Mais attends de réussir à en vivre une seule, avant de me faire la morale.
— C’est bien ce que je compte faire. Dès maintenant.

Toujours porté par la colère, Al’ tourna les talons et marcha à pas vifs vers la sortie du magasin, bousculant ce qui avait le malheur d’entraver sa route. Il se rendrait bien compte qu’il avait été à la fois puéril et ridicule, mais il ne voulait pas faire de la force qui l’animait soudainement un simple écart qu’il devait corriger, pour cette fois. Toute fierté mal placée qu’elle lui procurait, il voulait la laisser envahir son cœur atrophié et y allumer la flamme qui allait cramer le monde entier.

Alors qu’il marchait d’un pas déterminé, quoi qu’incertain de là où il allait, Al le rattrapa.

— Soit.
Le jeune énervé ne se retournait pas, mais il continua.
— Si tu me supportes toujours, je continuerai de t’aider. À deux conditions.
Toujours aucune réaction.
— La première, c’est qu’on en reparle de deux semaines, histoire de voir à quel point tu auras changé d’avis entre temps. La seconde…
Las d’attendre une réaction, il choppa l’épaule d’Al’ et le tourna vers lui.
— C’est que tu ne fais rien. ‘Fin pas avant qu’on en reparle.
À la fois par réflexe et par rage, Al’ se dégagea en donnant un coup violent au bras qui le ralentissait, puis en poussant son interlocuteur en arrière.
— Je vois pas l’intérêt, tonna-t-il. Dans deux semaines ce sera pareil.
Quoi que grimaçant, Al continuait néanmoins de soutenir son regard.
— Justement, c’est ce que tu vas me prouver.

La bataille de regards continua quelques instants, avant que le plus jeune des deux n’abdique dans un long soupir.

— Seulement parce que je suis désolé, alors.

Sur ces mots, deux semaines passèrent ainsi, où Al rouvrit des dossiers qu’il avait fermé, et Al’ des émotions qu’il avait enfermées. Si l’amour avait en son temps sublimé son monde et avait doucement fait germer des sentiments qu’il s’était cru incapable d’avoir, la rage était quelque chose de bien plus brut, sec et — surtout — ambigu. Une heure elle l’emplissait d’une énergie folle, l’autre elle le plongeait au fond du désespoir. Un matin elle focalisait son attention en un point, un soir elle la dispersait. Un jour elle le poussait à agir, le lendemain elle l’isolait. À tout moment il était impératif qu’il modère ses excès, et en même temps qu’il ne la censure pas. Puisqu’il lui faudrait encore bien des péripéties pour accepter que le carburant même de la vie était la contradiction perpétuelle, il eut de la peine à se découvrir aussi déterminé que perdu.  

Il n’avait pas fallu attendre la fin de ce dédale pour que Violette vienne le prendre à part, avec ce visage inquiet qu’elle ne lui avait que rarement adressé.

— Ça se passe mal, avec ton amie ? Ou en cours ?

Quand il l’entendit parler, son fils réalisa à quel point ils étaient devenus distants. Quand il entrouvrit les lèvres pour rattraper le temps perdu, aucun mot ne s’en échappa. Parce qu’il s’en sentait incapable d’en trouver un seul ? C’était sûrement une partie du problème, puisqu’il aurait fallu remonter tant d’arcs en arrière — sinon au tout début de sa vie — pour que l’histoire ait un sens, mais ça n’en était que la surface.

Il savait surtout que s’il lui parlait, c’est vers elle que sa rage finirait par porter son regard, ce quelle que soit l’issue de leur discussion.

Il se résolut donc à savourer ces deux semaines comme si elles étaient ces dernières. Silencieusement, il avait rangé quelques unes de ses affaires, dit au revoir à tout ce qu’il avait été, et leur avait souri, quand elles avaient tourné le dos pour faire autre chose. Il avait écouté ses mères se plaindre de leur nouvelle collègue qu’elles soupçonnaient d’être un cyantifique, félicité — pour la première fois sincèrement — sa sœur pour ses résultats de médecine, ri avec elles sur quelque émission où des éclopés se ridiculisent devant la Ville entière pour gagner une prothèse, et même fini par parler de souvenirs d’enfance honteux autour d’un goûter tardif.

Il les reverrait encore régulièrement pendant plusieurs années, mais il n’y trouverait plus jamais la même douceur.

—  Je vois à ta tête que t’as pas changé d’avis. Mais au moins tu fais des nuits plus longues.
Cette fois, c’était dans la SX qu’ils se retrouvaient. Parés d’avatars d’emprunt, dans un sous-espace exigu bien isolé loué pour quelques ₱oèmes à un voyou qu’Al connaissait depuis quelques années.  
— J’ai réfléchi un peu.
— Un peu seulement ? Ça va pas suffire. Mais vas’y.
Passant sur l’amabilité habituelle de son aîné, Al essaya de rassembler ses idées, aussi contradictoires soient-elles.
— J’ai envie de niquer tous les plans de ce type et de lui tirer une balle entre les deux yeux, mais je ne sais même pas me battre, et surtout j’ai l’impression que si je fais ça, je vais devoir recommencer avec ses remplaçants…
— Exact. Tue le commissaire d’un quartier chaud, ça fera une excuse pour en ramener un pire.
— Et du coup, est-ce qu’il n’y a pas…
— D’autres méthodes ? Si. Mais ce n’est pas parce que tu ne tiens pas d’arme qu’elles sont plus douces. Si tu veux la jouer fine, tu vas devoir comploter avec bien pire que ça, et peut-être mettre des dizaines de vie dans la balance juste pour détruire la sienne.
— Pire que lui, ça existe vraiment ?
— T’as pas idée. Mais y’a différentes sortes d’horreur, alors tu peux choisir celle avec laquelle tu négocies, dans une certaine mesure.
— Idéalement…
Il se reprit. Évidemment qu’il ne voulait négocier avec aucune horreur, mais si ça impliquait d’en laisser filer d’autres, l’équation ne pouvait pas être si vite résolue.

— J’y réfléchirai.
— Tu passeras ta vie à y réfléchir. Sur un malentendu, ça peut durer longtemps.
— …Personne ne vous a jamais reproché de passer votre temps à essayer de contredire les gens ?
— Personne d'encore vivant.

Son avatar arqua un léger sourire, puis il enchaîna :
— Dans l’immédiat, une de tes meilleures options, c’est de faire un boulot qui te permettra de côtoyer tout ce beau monde, de tendre quelques croches-pattes et, surtout, à tenir un flingue.
Aussi étrange que cela paraisse…
— C’est vraiment vous qui me suggérez d’intégrer la police ?
— Si c’est ce que tu veux y voir, peut-être… M’enfin, en tout sérieux, malgré tout le mal que je pense de la police, si tu n’y vas pas dans l’espoir d’y rendre la justice ou de la changer, c’est pas si mal. Accessoirement, ils donnent le concours aux rares qui le passent encore, donc c’est dans tes cordes, surtout que t’as l’air d’en avoir un peu dans les bras, à défaut d’en avoir dans le cerveau.

Al’ resta songeur quelques instants. Pendant ce temps-là, son aîné joua avec les paramètres de la pièce, maugréant sur les blocages qu’il rencontrait pour partager un simple document qu’il avait stocké dans quelque autre espace partagé — une galère courante pour ceux qui utilisent la SX sans vraiment la comprendre. Une petite liasse de feuille apparut finalement entre ses mains, puis fut jetée en vrac sur la table. C’était le formulaire de candidature pour la prochaine sessions.

— T’as trois mois pour te faire un avis.
— Trois mois à ne rien faire ?
— Ça, c’est à toi de voir.

Ça voulait dire trois mois bien occupés. Occupés de quoi, il ne l’avait pas su avant quelques jours, quand il avait commencé à y réfléchir sérieusement, après avoir une dernière fois hésité, cherché comment tourner la chose pour que sa famille comprenne pourquoi il voulait soudainement quitter la fac pour rejoindre ce qui n’était guère à leurs yeux qu’une institution de grosses brutes corrompues en sous-effectif, remis en question tous ses objectifs, contemplé une énième fois sa faiblesse et son impuissance, puis foutu un coup de poing dedans.

Combien de gens étaient morts pendant qu’il se regardait le nombril ?

S’il avait le temps pour ces considérations stupides, il l’avait pour se bouger le cul et avancer. Al pouvait lui montrer le chemin, mais pas l’emprunter à sa place.

Il décida donc de passer ces trois mois à travailler sa force, au sens propre comme au figuré. Il commença donc à se rendre chaque jour dans la salle de sport de son quartier, entraîné par une playlist de musiques que Cyrcé lui avait un jour partagé — pour se rappeler de celle qui ne pourrait plus les entendre. Il se sentit fort sur les premières minutes, extrêmement faible lorsqu’il découvrit des limites qu’il n’avait jamais atteintes, euphorique lorsqu’il les repoussait et misérable lorsqu’il se comparait. Il apprit aussi — ou plutôt commença à apprendre — à mettre sa violence jusque là impulsive et éphémère dans ses coups réfléchis, et par la même à trouver un calme qu’il n’avait jamais eu.

Il ne s’agissait là que de premiers pas, mais parce que c’était les premiers, ils étaient les plus importants. Ces trois mois avaient reconfiguré aussi bien les contours de son corps que de son esprit.

— D’habitude, quand les gens se fréquentent, ils déteignent l’un sur l’autre. Mais plus le temps passe, moins on se ressemble. Marrant, non ?
— Logique, plutôt. C’est vous qui avez tout fait pour que je ne vous ressemble pas.

Al sourit, puis tourna la tête vers l’entrée du commissariat. C’était le jour. Ils ne seraient guère qu’une dizaine de candidats à tenter leur chance, aussi n’y avait-il aucune effervescence pour les accueillir, sinon celle du cacheton que l’examinateur prenait pour soulager ses maux de dos.

— Stressé ?
— …Vous savez, j’ai pas besoin d’un daron pour m’attendre à l’entrée.
— Ça tombe bien, je suis trop vieux pour être un daron.

Al’ dévisagea son aîné un instant. Ils avait plutôt l’air d’être trop jeune, mais puisque les apparences étaient souvent trompeuses, et que cela faisait plusieurs fois qu’il parlait comme quelqu’un qui avait vu passer au moins quatre générations…

— Vous avez quel âge, au fait ?

Plutôt que de lui renvoyer une énième fois la balle, Al se para d’un sourire cryptique commença à regarder dans le vague.

— 19 ans. Mais depuis combien de temps… Va savoir. (Il laissa à nouveau planer un silence, puis, sentant qu’il allait devoir s’expliquer un peu plus, soupira) … J’ai passé une bonne partie de ma vie dans ce que vous appelez la Frontière, et changé de corps une fois ou deux au passage, alors j’ai arrêté de compter.
— Quelqu’un comme vous a vraiment survécu à la Frontière ?
— Avant de te moquer, survis déjà à la police.

À force de fréquenter son alter ego, Al’ avait fini par faire la différence entre les moments où il était juste ironique, et ceux où il disait quelque chose de sérieux sur un ton ironique. Le second cas était on ne peut plus évident.

— Je ne vais pas finir comme vous. Maintenant que je suis vivant, je ne me laisserai dévorer par aucun cauchemar et je ne me noierai dans aucune tragédie.

Dans un air qui parut soudain emplit de tristesse et d’émotion, celui qui ne savait plus combien d’années il avait vraiment vécues fixa celui qui ne savait pas combien d’années il allait encore vivre. D’une voix douce et sincère, il lui dit enfin :

— C’est tout le mal que je te souhaite, Al’.







(Merci à Ara' pour la super signature ♥)

Test:

Eelis
Qu'est-ce qui est jaune et qui traverse les murs ?
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Eelis
Mar 15 Aoû - 16:28
(Et oui vous ne rêvez pas, j'ai eu besoin d'un troisième post pour que cette fiche passe en entier. J'espère que ceux qui ont décidé de lire l'histoire ne regrettent pas trop.)(Parce que moi je regrette tout et me roule en boule dans un coin.)


Histoire (P2)



— C’est toi Aldé…
— Vous pouvez juste m’appeler Al’.
— Trop de souvenirs qui font mal au crâne. Ce sera juste « glandu n°2 ».

Améliana Mwangi-Tellei, commissaire en poste depuis cinq ans. Al l’avait décrite comme « une personne aussi insupportable que moi, mais l’un des derniers flics intègres de cette ville de merde ». Par quelque arrangement, c’était chez elle qu’il allait passer au moins ses deux premières années, « pour éviter de redevenir dépressif trop vite » en commençant dans un quartier assez tranquille où la population était assez aisée pour confier la résolution de la plupart de ses problèmes à la COSHA plutôt qu’à la police. Une situation qui soulageait Al’ autant qu’elle le frustrait, tant il s’était senti éloigné de son objectif à un moment où il pouvait enfin s’en rapprocher concrètement.

Cela dit, il s’était aussi résigné à l’atteindre tout de suite. Le temps qu’il passe les concours, le commissaire sur lequel il avait jeté sa haine avait été promu à quelque poste en Mairie, et comme prévu la situation n’en était pas devenue meilleure pour le quartier qu’il avait voulu sauver, puisqu’il avait simplement nommé l’un de ses larbins à sa suite. Ses idéaux ne pouvant plus être imaginés qu’à long terme, Al’ avait fini par prendre son mal en patience, tout en refusant de laisser la patience le rendre apathique.

— Bon, tu t’es sûrement bien touché la nouille à l’école, mais t’es sur le terrain là. J’ai pas le temps de faire de la garderie, alors tu te formeras sur le tas.

Et par sur le tas, elle entendait “en restant seul à la réception pour gérer le tas de merde qui arrive chaque minute”. Al’ avait en effet rapidement constaté que ce qu’on lui décrivait comme un quartier tranquille était surtout un quartier où les choses étaient un peu moins pire qu’ailleurs, où la volonté de bien faire n’avait pas complètement été étouffée chez les quelques flics qui faisaient des heures sup pour tenir la baraque. Il avait vite ainsi vite réalisé qu’Al était un sacré glandeur, s’il avait eu autant de temps pour le retrouver régulièrement dans des lieux randoms. Ce qui… ne le choquait pas vraiment, au vu du personnage.

Encore un point sur lequel on ne se ressemblera pas.

— Compris.

Après un dernier regard tranchant, Améliana s’était retourné, découvrant dans son ombre une jeune femme au long cheveux noirs.

— C’est moi, Glandu n°1, s’était-elle présentée. Je vais te montrer les casiers.

Ses premiers jour furent, pour être optimiste, un changement de rythme. D’abord parce que le premier conseil que ses nouveaux collègues lui avaient donné (après l’obligatoire « Si la chef te demande un truc, tu réfléchis pas et tu le fais ») était « Oublie les trois huit, ici on fait plutôt les trois vingt-quatre ». Ensuite parce qu’il avait passé les derniers mois à s’entraîner au tir et aux altercations musclées avec des formateurs (pour la moitié issus du privé) qui avaient insisté sur la violence permanente de la population et la nécessité de se défendre, pour finalement hériter de tout le sale boulot pourtant indispensable qui faisait le quotidien d’un commissariat. Lors de son premier jour, il avait ainsi pris les dépositions de deux voisins qui essayaient de se traîner en justice pour quelque affaire de musique trop forte, fait réchauffer des plats de pâtes pour les trois ivrognes qui décuvaient en garde à vue, expliqué à un riverain qu’on ne pouvait pas « engager la police » pour emmener ses enfants à l’école, revérifié l’inventaire de toutes les saisies pour voir si personne n’avait piqué dans la caisse, tendu des mouchoirs à une victime d’agression qui peinait à articuler le moindre mot et servi le café à la chef dans quelque réunion sur le renouvellement du budget du commissariat.

Comme beaucoup de moments, il n’apprit à les chérir que lorsque les choses sérieuses s’imposèrent à lui. Il lui faudrait bien des années égarées à chercher la réalisation de son idéal dans le conflit armé ou dans la magouille de haute volée avant de réaliser que c’était dans les petites choses et le contact direct avec les habitants que son métier était encore le moins dénaturé.

En attendant, il continuerait d’espérer du concret, et serait servi à cet égard.

La fin de semaine fut en effet marquée par une ouverture de porte. Des heures à rester à côté de trois cadavres qui auraient pu être ceux de ses proches, à attendre que la police scientifique fasse son taf, à chercher les mots pour raconter les choses aux proches, à finir par balancer la nouvelle de la pire des façons possibles, à les voir vous traiter de connards et avoir raison, à devoir leur dire qu’on ne savait pas ce qui s’était passé, même lorsqu’ils revenaient six mois plus tard. À voir l’indifférence avec laquelle Al avait traité l’incendie qui avait provoqué leur rencontre, il avait cru que ce serait facile ; ça ne l’était pas. Il lui faudrait des mois d’horreurs pour commencer à s’y faire, et même cinq ans plus tard il n’y serait toujours pas complètement indifférent.

L’impuissance et l’horreur n’était pourtant pas les pires émotions qui le guettaient. Elles au moins donnaient un sens à son métier, parfois même une petite fierté, les fois où les choses se résolvaient. La justice avait l’air d’exister quelque part, en dépit de tout le cynisme auquel Al l’avait préparé.

Et puis vinrent les rondes. Le principe : se balader en uniforme ou en civil, prendre des gens sur le fait, montrer à la population qu’on est là et qu’elle peut avoir confiance. La réalité : rien de tout ça. Des heures d’ennui teintées d’appréhension et parfois d’excitation, à l’idée que quelque chose se passe enfin. Parfois, un regard de travers ou un quota à remplir était une excuse pour sortir faire une petite démonstration de force, parfois aux mêmes personnes qu’on recroisait plusieurs fois.

On avait laissé Al’ n’être qu’un spectateur à deux reprises, et puis la troisième, il avait dû y participer. C’était une bande d'écolos qui faisaient un tag sur quelque mur en écoutant de la musique. Ils les avaient surveillés du coin de la rue, appelé trois collègues en renfort, puis entouré la petite foule avec les armes à portée de main. Les gamins avaient refusé de dégager, le ton avait monté et sans trop comprendre pourquoi, ça c’était fini en bagarre générale. Dans la panique, Al’ en avait plaqué un violemment au sol. En relevant la tête, il avait vu trois autres gamins se faire tabasser, alors que ses collègues se réjouissaient de “ne pas rentrer sur rien”.

Le retour au poste n’avait pas plus fait redescendre la tension. En quelques heures seulement, il avait appris à être de mauvaise foi pour justifier de retenir les gens et les inculper de toutes les conneries du monde.

— Mais le pire dans tout ça, c’est que j’y ai participé aussi. Et sur le coup, ça me semblait… Autant pour l’arrestation, j’ai flippé et c’est venu tout seul, autant là… Y’a qu’à la fin de la journée, où je me suis posé et me suis dit que c’était pas normal.

Cette fois, il était tellement épuisé qu’Al était venu le voir chez lui, avec une bouteille qu’il avait fini par s’ouvrir tout seul.

— C’est normal, pourtant.
Avant que le jeune policier ne se relève d’un coup pour lui jeter un regard noir, Al précisa.
— T’as même pas fait gaffe, tellement tu voulais que le temps passe vite, mais ça fait déjà un an que t’as les pieds dans cette merde. L’école t’avait déjà retourné le cerveau à moitié, et là le tour est en train de se finir. T’es devenu un flic, avec tout ce que ça implique.

Il lui tendit un verre qu’il avait pré-rempli. Cette fois, Al’ le prit.

— Malgré tout, je garderai les yeux ouverts.
— T’as intérêt. Si au bout de deux mois t’es déjà trop bourré pour répondre au téléphone quand il sonnera…
— Je parlais pas de ça.
Al sourit.
— Je sais.

Et avec ça, l’exceptionnel devint la routine. Quand il lui parut enfin évident que la corruption infestait aussi son service, ce ne fut finalement pas la mer à boire. Une personne qu’il ne fallait pas toucher par-ci, des services qu’on aurait pas dû rendre par là, les formes étaient multiples, parfois bien plus subtiles qu’il n’aurait pu l’imaginer — et surtout plus ambiguës à démêler. S’il continuerait à désapprouver les ripoux , il pouvait difficilement reprocher à tous ses collègues d’accepter quelques deals. Certains étaient parfois même pour la bonne cause, selon la façon dont on le définissait.

Quand il avait commencé à s’y faire, Améliana l’avait progressivement laissé entrer dans son bureau avec autre chose qu’un café, et à l’appeler par son prénom, les quelques fois où elle ne lui disait pas que son trou du cul devait être très large pour qu’il ait pu y mettre ses dix doigts. Il avait cependant bien fallu six mois de plus et quelques premiers faits d’arme pour qu’elle le perçoive comme potentiellement utile.

— Ça veut dire qu’elle s’est assagie avec le temps…
— Vu comme elle parle de vous, je pense que c’était plutôt vous qui étiez un élément particulièrement mauvais…
— Je t’avais dit, que j’étais un petit con avant.
— Avant seulement ? Ses dernière anecdotes remontent à trois ans.
— Nan mais ça, c’est parce qu’elle est de mauvaise foi. La dernière fois qu’on a bossé ensemble, ça s’est pas trop mal passé.
— Justement, elle m’en a parlé.

C’était quelques jours plus tôt. Al’ avait dû accompagner un huissier de justice pour virer quelque squatteur qui ne payait plus depuis des mois. Une tâche typique d’un quartier qui comptait plusieurs riches propriétaires qui exigeaient des loyers indécents pour des placards à balais. Alors qu’il s’attendait à s’en tirer avec une petite altercation et un crachat à la gueule, Al’ se retrouva nez à nez avec un appartement puant… et un nouveau macchabée. Arrivée en trombe sur la scène, Améliana avait paru particulièrement énervée.

—  Ces fils de pute.

Elle avait congédié l’huissier de quelques paroles bien acerbes, puis entraîné Al’ à l’intérieur de l’appartement, pendant que la police scientifique faisait son travail.

— Je connaissais ce mec. Il bossait avec moi sur quelques affaires qui emmerdaient la COSHA. Alors lave un coup la merde que t’as dans les yeux, et regarde bien tout ce qui va se passer.

Ce faisant, elle avait exigé qu’on récupère tous les documents et qu’on classe l’affaire.

— On a les preuves qu’ils ont buté ce mec, pourquoi on classe ?
— T’as de la merde aussi dans le cerveau on dirait. Ils ont probablement choppé les preuves que ce mec bossait avec nous, et donc que la police collabore avec un criminel connu, alors il nous tiennent par les couilles sur cette affaire.
— C’est pour ça qu’ils nous l’ont livré sur un plateau plutôt que de juste le faire disparaître ?
— Voilà.

Par la suite, la nature beaucoup des réunions secrètes qui se tenaient dans son bureau ou à l’extérieur, chaque fois qu’elle prenait sa voiture personnelle pendant le service, se fut beaucoup plus claire. Le but d’Améliana était, comme elle le formulait, de « niquer la COSHA », et plus généralement tout le privé qui se permettait de marcher sur les plates-bandes de la police, estimant qu’il était l’un des ennemis majeurs de la professions — plus que les criminels en eux-mêmes. Comme enquêter à leur sujet était notoirement risqué, elle choisissait des criminels (souvent des hackers ou des membres de gangs dont elle estimait l’utilité publique supérieure à celle de la COSHA) auxquels elle proposait un deal du type “on ferme les yeux sur ce que vous faites, et vous enquêtez pour nous”. Puisqu’elle passait souvent par des intermédiaires (d’autres criminels ou mercenaires) et que d’autres membres de la police étaient aussi dans le réseau, les hussards n’avaient — semblait-il, tout du moins — pas encore retrouvé la source, et ne pouvaient en attendant que se contenter d’envoyer des cartes postales ou chercher à baiser la police dans son ensemble en réduisant la taille de son portefeuille.

— Si un jour tu retrouves ma lettre de suicide ou que je m’envole mystérieusement vers la Frontière, ce sera soit parce que je vous supporte plus, soit parce qu’ils sont remontés à moi.
C’était là qu’elle lui avait parlé d’Al.
— On a failli crever tous les deux à cause de ses conneries. Tout ça pour perdre tous nos indics, à quelques pas du coup du siècle. Cette tête de fion s’est avouée vaincue et est retombée dans sa dépression, au lieu de recommencer.

Ouais, c’était bien son genre.

— Si tu savais depuis combien de temps elle cherche à niquer la COSHA. Et combien de fois elle a échoué, ou vu ses victoires ne servir à rien. Il n’y a qu’un monstre comme elle pour toujours tenir debout.

Il y avait longtemps réfléchi. Quand il avait commencé à rejoindre pousser avec elle le rocher de Sisyphe qu’était sa lutte vers le haut d’une montagne infinie. Quand il avait appris sous ses ordres à trier les collaborateurs potentiels de ceux qu’on jetait en taule. Quand il l’avait vue négocier et commencé à le faire à sa place. Quand il avait idéalisé son courage, puis quand il avait constaté ses travers. Quand il avait trouvé sa cause noble, quand il se rappelait que la police n’était peut-être pas un ordre qu’il fallait sauver.

— Je pense qu’elle est plutôt désespérée à sa façon. Et bien plus humaine que nous, en ce sens.
— Ah oui ?
— J’avais vu ça dans une émission… Si on engage dans quelque chose un coût qu’on ne peut pas récupérer quoi qu’on fasse, comme des temps, des vies humaines et du fric… on tend à vouloir continuer à investir dedans, même si c’est une mauvaise idée. Si elle abandonne, ça veut dire que toutes ces années n’auront servi à rien. Et si elle réussit rien qu’une fois, même pour un coût démesuré, elle pourra donner du sens à tout le reste.
— Marrant comme théorie. J’imagine que ça la décrit plutôt bien.
— Et vous, c’est le contraire. Vous avez peur de perdre quoi que ce soit, alors vous ne faites rien, au moins en apparence.
— Ça vient aussi d’une émission ?
— Non, ça c’est juste évident en vous fréquentant.
— C’est vrai que ça commence à faire quelques années. Je n’ai jamais eu d’enfant, mais je vois pourquoi ils disent tous que ça passe vite… Il va falloir fêter ça.

Il avait prononcé ces mots avec un sourire encore plus forcé et épuisé que d’habitude, mais il faudrait encore quelques temps à Al’ avant de comprendre pourquoi. En attendant, il n’avaient presque plus parlé, sinon par des messages courts. La faute à leurs emplois du temps en partie, puisqu’Améliana était ce genre de chef qui exploitait jusqu’à la dernière goutte ceux dont les performances lui semblaient correctes, et que le travail ne manquait de toute façon jamais.

Quand il pouvait seulement souffler, les constats qu’il dressait, plus d’un an après avoir officiellement endossé l’uniforme, se faisaient amers. Il s’était promis de devenir assez fort pour n’utiliser que la violence qui était nécessaire et de garder les yeux ouverts pour ne pas faire de ses idéaux des paroles en l’air, mais chaque fois qu’il respirait un peu plus l’air infâme de ces enfers, il les sentait s’imprégner un peu plus en lui. Mécaniquement, plus il s’essoufflait, plus ils rentraient vite, et moins il faisait la différence entre ce qui était légitime et ce qui ne l’était pas, entre ce qui était juste et ce qui se contentait de servir les intérêts des plus riches, quand il avait encore seulement la force de réfléchir à la différence entre les deux.

Pire encore que ça, il n’avait rien pu faire au final. Lorsqu’il était revenu à l’endroit même où sa colère était née, le quartier qu’il avait voulu sauver avait déjà changé de visage. De beaux projets de réaménagement sur le papier, qui cachaient une gentrification massive dans les faits. Tous les logements seraient réhabilités par des entreprises privées qui les avaient obtenus pour des bouchées de pain, remis à neuf puis loués à prix exorbitant, de sorte que les populations locales ne pourraient plus se les payer, et n’auraient pour la plupart pas d’autre choix que de retourner à la Frontière. Miraculeusement, le taux de criminalité baisserait, puisque la fraude et les magouilles immobilières étaient moins traquées que les petits délits des pauvres, et tout le monde s’en féliciterait. Ni la police ni la Mairie n’auraient à payer pour leurs années de crime, puisque les seuls qui s’en souviendraient seraient hors des murs ou derrière les barreaux.

Avec les connaissances qu’il avait désormais, c’était une issue évidente.

Ce jour-là, il avait erré dans la Ville et s’était mis la murge de sa vie. Tellement qu’un de ses collègues avait finir par le ramasser au bord de la route, à moitié nu et dépouillé de la plupart de ses effets personnels, puis l’amener finir sa nuit au poste à pleurnicher et à baver dans son sommeil, pour se réveiller douze heures plus tard avec un mal de crâne à en hurler, et surtout sans la moindre idée de ce qu’il foutait là. On lui en avait dit juste assez pour qu’il en ait une vague idée, ce qui avait été largement assez pour qu’il ait envie de se rendormir à tout jamais.

— Ça vaaaa, ça arrive à tout le monde, avait tenté de le rassurer un de ses collègues plus âgés. Au moins t’étais pas en service et t’as tabassé personne. Et puis, tu prenais jamais de jour de congé, si ? Pas étonnant que ça finisse comme ça.

Sa légèreté, aussi incompréhensible fut-elle sur le coup, s’était avérée salvatrice à sa façon. Peut-être même porteuse de la sagesse qui lui serait indispensable pour survivre aux prochaines années. Comme il le dirait lui-même trois ans plus tard, à la première recrue qu’il encadrerait : « L’enfer n’est pas une course au premier qui en sort. C’est un marathon où l’on économise ses forces. Se reposer est au moins aussi important que de se foutre des coups de pied au cul. »

En attendant, il avait ronchonné, eu envie de mourir encore quelques fois, puis pris son courage à deux mains et été passer le pire quart d’heure de sa vie dans le bureau de la commissaire, à se faire traiter de tous les noms alors qu’il essayait tant bien que mal de ne pas régurgiter sa bile sur son tapis préféré, avant de s’en tirer avec une semaine de congé et l’assurance de faire les pires corvées à son retour. Lors de cette brève pause, il souffla un bon coup, dormit autant d’heures qu’il le pouvait, fit même quelques deuils qui trainaient.

Ce n’était pas encore une tragédie. Seulement une mauvaise passe parmi tant d’autres.
Si n’importe quel glandu pouvait renverser la Ville en deux ans, on n’en serait pas là. Il n’y a pas mieux à faire que de faire ce qu’on peut.

Il tenta très fort de se marteler ce discours jusqu’à ce qu’il le façonne à nouveau. Et avec ça, de reprendre le train-train quotidien des arrestations, des rondes, des coups bas et du désespoir. Avec une énergie à moitié retrouvée, il acheva sa deuxième année au commissariat, qu’il fêta d’abord brièvement avec sa famille (qui à défaut d’avoir pleinement compris, avait eu le temps de s’y faire, et n’avait finalement que cessé de parler de choses trop illégales à table), puis avec Al.

Cette fois, c’était au grand musée de la Terre qu’ils se retrouvaient.

— Tu y es déjà allé ?
— Une seule fois, quand j’étais gamin.

Une époque bénie où il ignorait tout du prix qu’avait coûté son billet. Cela dit, maintenant qu’il le connaissait, il pouvait dire qu’Al s’était bien fait plaisir. Déjà que l’entrée était chère en temps normale, il avait choisi précisément l’un des moments les plus animés de l’année, celui où l’on reproduisait un Noël Terrien avec sa neige, ses décorations et même ses petits plats. À croire qu’il n’avait pas grand chose à foutre de son salaire.

— Eh bien j’ai été promu, figure-toi.

Alors que les flocons blancs se posaient doucement sur ses épaules vieillissantes, Al n’avait jamais autant eu l’air de faire semblant d’être amusé.

— C’est quoi la douille ?
— Maintenant que t’es au courant, je suppose que je peux te le dire…

Il salua de loin le père noël et son traîneau qui survolait une nuée d’enfants hystériques. Quoi qu’Al’ n’ait jamais eu l’occasion d’y croire, le mythe était resté assez populaire dans l’Esquisse, quoi qu’il n’en restait plus que les aspects les plus capitalistes.

— En même temps que la Mairie fait le ménage dans ses quartiers pauvres, elle fait le ménage dans sa police. On n’a pas besoin d’une bande de fachos violents pour servir les riches, encore moins une bande de fachos qui savait ce qui se passait. Une nouvelle équipe va venir — probablement juste pour faire la liaison avec la COSHA — et tous les actuels sont mutés à droite à gauche. Quant à moi…
Il réfléchit un instant à comment il allait le formuler.
— Je te passe les détails, mais ils ont décidé qu’au vu de mon expérience, je serais parfaitement à ma place dans une des unités d’élite de la police, spécialisée dans les interventions musclées à la Frontière.

Al’ laissa échapper un petit rire, puis s’arrêta lorsqu’il sentit sa gorge brûlée par le froid ambiant.

— Il doit y avoir une petite erreur de casting.
— N’est-ce pas ? Mais malgré toutes les éloges qu’ils ont eu pour mon profil, je sais que ce n’est pas pour ça que j’y vais.

Alors qu’il cherchait encore comment tourner ses mots, Al continua à marcher dans la neige artificielle qui adoucissait le poids de ses pas.

— Comme par hasard, j’arrive juste à temps pour une opération particulièrement délicate, contre je ne sais plus quel gang qui serait en train de monter en puissance.
— Le genre d’opération où il y a forcément des pertes de tous les côtés.
— Exactement. Je ne sais pas qui j’ai énervé pour mériter ça, mais au moins, j’ai une belle prime à dépenser avant de mourir. Et avec ça, je peux même revoir la Terre une dernière fois.

Alors que tu ne t’en souviens même pas assez pour savoir si elle est ressemblante.

Chaque mot devenait plus difficile à aligner et chaque respiration plus étouffante. Al’ savait que ce vieux con était du genre à plaisanter avec sa propre mort et qu’il avait depuis longtemps oublié la tristesse qui l’aurait retenu, mais aucune de toutes les horreurs qu’il avait vues depuis leur rencontre ne l’avait préparé à lui dire au revoir sans ciller.

— Vous allez peut-être y survivre. C’est votre spécialité, non ?
— Peut-être. Mais bon, on sait jamais…

Son allure ne disait pas peut-être. Elle disait sûrement.

— Et puis, bon…
Un faux sourire.
— Même moi, j’espère bien que mon cauchemar finira un jour.
Tu n’espères pas. Tu es résolu.

— C’était vraiment un cauchemar du début à la fin ?

Et sans une seule consolation ?

— Tu verras, dans une centaine d’années, quand tu auras fait tellement d’ères de l’histoire du jeu vidéo que tu n’arriveras plus à apprécier les nouveaux.
Une fois n’était pas coutume, Al avait trop peur d’être honnête. Et puisqu’il avait bien trop peur de l’y forcer, Al’ fit semblant d’y croire.
— Vous arriviez toujours à apprécier les flippers, visiblement.
— Seulement parce que je gagnais tout le temps contre toi.

Après quelques minutes à se charrier et deux bonnes heures à visiter le sanctuaire, les deux hommes finirent par se bourrer la gueule à l’alcool terrien hors de prix qu’Al avait acheté. Ils parlèrent des quelques souvenirs de la Terre qui restaient à Al, de quelques anecdotes sur son arrivée en Ville et de son entrée dans la police.

— Qu’est-ce qui vous avait donné envie d’y rentrer, après tout ça ? Vous étiez déjà pas tout jeune,  ça faisait longtemps que l’idéalisme vous avait abandonné.

La réponse n’eut rien de surprenant. Les options n’étaient pas nombreuses pour quelqu’un qui arrivait en Ville, et il s’était menti à lui-même pour croire qu’il y trouverait sa place. Un désir simple, qui avait mené à nombre d’horreurs et de désillusions, puis à l’inertie. Ils étaient chaque année encore quelques uns, à vouloir porter un emblème qui revêtait une image d’ordre et de service à la population. Parfois même de père en fils.

— Et toi, qu’est-ce qui te fait rester, au final ? Toujours envie de cramer la moitié de la Ville ? Ou tu t’es pris de passion pour le métier au final ?

Bien qu’à moitié endormi et enrhumé par le climat artificiel, il avait essayé d’y réfléchir.

— Ça va paraître stupide, mais…
— Avec toi, j’ai l’habitude. Vas’y.
— C’est un mélange de plein de choses. Depuis que j’ai commencé à être en colère, j’ai trouvé des dizaines de raisons de brûler cette ville. Que ce soit la plupart des flics ou la Mairie, ceux qui sont supposés en prendre soin ont complètement oublié ce qu’ils devaient faire, et rien que d’y penser j’ai une putain d’envie de meurtre, tellement que je saurais pas me regarder en face et que j’en dormirais pas la nuit si j’agissais pas… Enfin, même si rien ne change radicalement de mon vivant, je veux rendre les choses un peu moins pires. Et grâce à vous et à la commissaire, je vivrai peut-être assez longtemps pour faire quelques trucs.
— Un vrai flic idéaliste de film.
— Et puis, il y a aussi… Deux autres trucs. Déjà…

Il plongea le regard sur ses mains. Elles n’avaient plus rien de la douceur qu’avait aimé Cyrcé. Elle avaient frappé, étranglé, tiré et même tué. Pourtant…

— C’est peut-être égoïste, mais je me préfère comme ça.

Il s’était senti faible des tonnes de fois. Mais d’autres, quand il arrivait à foutre une bonne droite, et surtout quand il arrivait à se retenir d’en faire une, il était un peu plus fort. Et quitte à avancer avec toutes ses contradictions, c’était celles qu’il avait choisi d’embrasser.

— Ça, des contradictions, tu es parti pour en avoir. Elles vont tellement te défigurer qu’un jour tu ne pourras vraiment plus te voir.
— Comme vous actuellement ?

Al sourit, comme lorsqu’il ne voulait pas dire directement qu’on avait touché juste.

— Moi j’ai une astuce, figure-toi.

Il redressa doucement ses lunettes, puis les ôta à moitié, pour dévoiler ces yeux bruns fatigués qui n’étaient probablement pas ceux avec lesquels il était né. Des lunettes très terriennes, sans écran dissimulée ni commande quelconque, achetables contre quelques Poèmes en supermarché.

— Je crois que si je les enlève plus d’une journée, je commence à oublier mon prénom.

Il les enleva complètement, puis les retourna et les leva vers Al’.

— Ça t’irait pas trop mal, en plus. Ça cacherait tes cernes et ça te donnerait l’air intelligent.
— Je passerais surtout mon temps à les casser.
— À la vitesse à laquelle tu cours, c’est sûr.

Ils avaient passé le reste de leur soirée — si tant est que l’Esquisse en comptait — à s’échanger quelques phrases de moins en moins compréhensibles, jusqu’à se traîner jusqu’à la sortie du sanctuaire, puis s’échouer dans un taxi autonome qui les avait jetés devant chez eux. Quand Al’ s’était réveillé, en sursaut et complètement patraque, il s’était senti d’un coup seul et déboussolé.

Avait-il eu seulement eu lui dire sa troisième raison de rester dans le métier, au final ?

Lui avait-il dit de se démener à survivre, même s’il n’en avait plus le courage ?

Lui avait-il prédit ces années sans nouvelles, qu’il passerait à le chercher même sans piste, jusqu’au jour de leurs retrouvailles ?

… Et jusque là, lui avait-il dit au revoir, et remercié pour tout ce qu’il avait fait pour lui ?

Putain quel con.


*



— Les trois véhicules sont entrés en Ville il y a une heure. La COSHA a posté une bagnole rue Officinale, un avenue Vert-veine, deux dans la Centrale et un hélico en support. De notre côté, on est supposés les attendre ici… qu’ils nous donnent rendez-vous.
— On aura le droit de prendre une photo des mecs une fois arrêtés, quoi. Ça valait vraiment le coup de me réveiller ?
— Eh bien, euh…. C’est qu’on a eu un appel du commissaire Mwangi-Tellei… Elle a dit un truc comme « Ce t… tr-trou… cet homme bosse chez vous maintenant, non ? » et.. hm… Je vous passe son message entier si vous voulez.
— Pas la peine, j’en devine déjà le contenu. Elle ne vous a pas plutôt laissé un document ou quelque chose ?
— … Si. Une position. Enfin je crois…
— Envoyez-la à ma bagnole. Pas celle de la police, la banalisée.
— C’est que…
— Quoi ? Vous ne l’avez pas encore réparée ?
— En ce moment, les budgets sont un peu…
— Tch. Tant pis, balancez ça sur la perso.

Sans perdre une seconde de plus, Al’ quitta la pièce en claquant la porte au nez de la nouvelle recrue, qui commença à pianoter sur son écran en paniquant, avant d’être surpris par un appel entrant.

— Pas la peine de vous stresser pour cette affaire, Saikawa. Gardez votre sueur pour ce qui importe.
— M… merci… bafouilla le concerné, qui ne voyait pas encore comment une arrestation massive qui mobilisait autant d’artillerie pouvait ne pas être importante.

Il clôtura la conversation pour de bon, avant de switcher vers un autre appel vers cette chère et tendre « commissaire Mwangi-Tellei » entre deux enjambées vers les casiers.

— Il va vous caner entre les doigts dans deux jours, votre nouveau. Vous avez été le chercher où ?
— Là où on peut. Certains commissaires donnent une mauvaise image de notre métier, alors il n’y a plus grand monde qui postule.
— Comme si y’avait eu besoin de nous.

Enfin arrivé devant sa bonne vieille armoire, il lutta quelques instants avec la serrure (qui comme d’hab avait besoin de cinq essais avant de reconnaître ses yeux), qui comme à chaque fois le saisissait d’une envie d’en forcer l’ouverture qui ne fut contenue que par la crainte qu’un connard ne touche à sa collection de lunettes. Quand enfin cette dernière lui apparue, à l’étage au-dessus de celui qui abritait son uniforme, il commença à se désaper.

— Ton traquenard, il est urgent à quel point ?
— T’as vingt minutes. Et c’est pas un traquenard, ducon, mais un tuyau.

L’écran de ses lunettes indiquait trente minutes de trajet. Il pouvait donc bien en prendre dix pour se préparer, surtout si c’était peut-être dans cette tenue qu’il allait peut-être caner.

— Je les connais tes tuyaux. Une fois sur trois ils m’emmènent à l’hosto.  
Et une fois sur trois à la gloire, mais il n’allait quand même pas lui faire un compliment. S’il ne lui donnait pas l’impression d’y aller à reculons, cette vieille folle allait l’embarquer dans le moindre de ses plans foireux, et il allait vraiment finir par crever.

— Je la connais, ta psychologie inversée de mes couilles. Alors fais pas ta princesse et ramène ton cul.

Et comme à chaque fois, elle lui raccrochait au nez avant qu’il ait eu le temps de lui renvoyer la balle. Il pesta un coup et commença à enfiler son bordel, accompagné par le son mélodieux d’un écran que quelqu’un avait oublié d’éteindre, à l’heure de quelque dessin animé pour gamin qui chantait des chansons niaises. Il avait pas l’air con du tout comme ça. Il serait donc vraiment obligé de se bouger le cul.

Paré du pied au cou, Al’ rouvrit enfin son casier pour y saisir délicatement la touche finale. Vu la conduite qui l’attendait, il partit pour les lunettes d’aviateur, qu’il vissa solidement à sa tête. Je te jure Am’ si je les casse je t’envoie la note. Il passa ensuite rapidement à l’armurerie, où il choppa le flingue, ses munitions et le taser de base, puis prit l’ascenseur jusqu’au parking du commissariat, où il retrouva sa moto que Saikawa avait lui avait même déjà apprêté. Aucune idée de comment il en avait pris le contrôle par contre.

— C’…. c’est parce que vous aviez enlevé toutes les sécurités… Je me suis dit que vous deviez avoir fait exprès…
C’était vrai qu’il avait fait çaaaa. Aucune idée de pourquoi par contre. Probablement pour ne pas avoir l’impression de conduire un fourgon blindé pour aller acheter un deux sachets de chips et un rouleau de PQ.
— Excellente initiative.
Il l’enfourcha donc, et vit son itinéraire projeté dans ses verres. Un coup de pédale, le voilà qui déboulait librement dans les rues de la Ville, grillant au passage quelques feux et priorités, qui lui rappelèrent la vraie raison du déblocage de sa bécane.

— On peut savoir où vous allez ?

Tiens, le commissaire — pas la tarée, celui auquel il devait toujours répondre premier degré  — s’était réveillé.

— Je peux vous envoyer le point. Par contre, je sais pas encore pourquoi j’y vais.
— Ma vraie question c’est plutôt quand est-ce que vous comptiez demander la permission. À partir du moment où vous sortez avec votre insigne, vous êtes en service, et donc vous suivez les ordres.

Tcheh. Il n’avait pas tout à fait tort, même si ce n’était pas pour rien que tout le monde le surnommait “le Gendarme”. Après avoir passé deux ans avec pour seul ordre « ne m’attirez pas d’emmerdes avec la COSHA », il avait perdu l’habitude de travailler pour quelqu’un qui se souciait encore des procédures.

— Avant d’intervenir dans tous les cas. Je sais pas encore si ça vaut le coup.
— Évidemment que vous ne savez pas, puisque c’est moi qui vous le dirai.
— Je vous rappelle dans cinq minutes.

Le GPS en indiquait encore quinze, mais c’était en suivant le code de la route. Il arriva donc à peu près dans les temps au point indiqué, l’entrée d’un grand parking — adjacent à l’un des plus grands centres commerciaux de la Ville — qui s’étalait sur une quinzaine d’étages (les trois plus élevés étant réservés aux véhicules volants).

— J’y rentre ?
— À pieds. Tu vas au 4ème étage.
— Tu comptes me dire ce qui se passe quand ?
— La COSHA va empêcher le premier attentat. Nous on s’occupe du deuxième.
— Y’en a un deuxième ?
— Peut-être.

Ça sentait le “j’ai eu une vague intuition ce matin en me réveillant, y’a 5% de chances que ce soit ça, donc je vais envoyer un larbin pour vérifier”. En espérant que son chef serait plus raiso…
— Allez au moins voir. Au pire vous mettrez quelques PV.

Bon et bah c’est parti.

Après avoir planqué sa moto, Al’ se faufila par l’escalier de secours, qu’il atteignit après quelques enjambées. Le top aurait été d’avoir Saikawa ou un autre du comico’ en support pour lui dire ce qui se passait là-bas, mais vu que le bâtiment appartenait à une boîte privée, c’était mort d’avance pour avoir accès aux caméras dans des délais raisonnables.

À défaut, retour aux bonnes vieilles méthodes, donc. Al’ se faufila entre quelques bagnoles, paramétra vite fait des lunettes pour amplifier les sons ambiant et zoomer vers les quelques signes qu’il repérait. C’était un parking en heure creuse, avec ses gamins, ses caddies qui roulent partout… et sa zone interdite au public. Okay d’accord. Traquenard sur 20 mais allons-y. Après avoir jeté un coup d’oeil rapide, Al’ enjamba la banderole, puis essaya d’avancer discrètement le long du mur, flingue en main au cas où, le bruit de ses pas masqué par celui des pneus qui allaient et venaient derrière lui.

Y’avait bien quelques camions de travaux, mais rien de bien suspect pour l’instant. Améliana avait parlé d’un attentat, alors probablement qu’il cherchait une bombe ou une connerie du genre. ‘Fin une bombe à 5% de chances d’exister. À moins que…

Toutes ses réflexions furent interrompues par un cliquetis qu’il ne reconnaissait que trop bien, puis des pas qui arrivèrent doucement dans son dos. C’est ça rapproche-toi.

— Ça fait un bail.
La voix était brouillée par une sorte de casque, mais elle était impossible à confondre. Un vieux deuil qu’il n’avait jamais réussi à faire.
— Je savais que c’est toi qu’elle enverrait.
— Faut croire que je suis son larbin préféré.
— J’aurais plutôt dit l’un de ses seuls amis.

Allez-vas’y fais un pas de plus.

— Dites, puisque ça fait longtemps qu’on s’est pas vus, vous voudriez pas me montrer un peu votre gueule ? Le p'tit retour à la Frontière ça a dû vous changer.
Aucun mouvement.
— Je serais bien curieux de voir comment se débrouille celui qu’on appelle le Taureau, c’est vrai…
— Mais vous avez du boulot ici, apparemment. Vous vous êtes reconvertis dans le meurtre en masse de civils ?
— Si c’est ce qui permet de faire bouger les choses…

Voilà qu’il lui chantait la berceuse classique du terroriste. Pas besoin de voir sa gueule pour savoir qu’il avait changé.

—  Rien ne va changer et vous le savez.
À défaut de pouvoir reculer, Al’ s’avança de deux pas, juste pour voir si son adversaire suivrait.
— Je pourrais te dire la même chose. Ça fait combien d’années que tu fais le chien de la Mairie ? Combien de civils que tu as tué ou mutilé avec l’excuse de la légalité ?
— Beaucoup.
Aucune réaction. Il fit un pas de plus.
— Fuis donc en avant. Il y aura toujours quelqu’un pour te rattraper.  

Les camions qu’ils avaient cru figés s’ouvrirent d’un coup. En sortirent des jeunes, des pauvres, des frontaliers, des infirmes, et même ces jumeaux qu’il n’avait jamais connu mais dont il ne se sentait pas moins coupable de la mort. Tous aussi déformés par la rage que trop familiers.

Al’ inspira. Puis fit un pas de plus. Ce n’était pas le moment pour se flageller. Ni de céder à la tragédie qu’ils ne cesseraient de vouloir lui écrire. Aussi terrifiant, égoïste et hypocrite que soit devenu son reflet dans leurs regards.

— Eh bien essayez voir.

Et d’un coup, il se précipita dans la foule de zombies qui l’entourait. L’homme qui le tenait en joue essaya de tirer, manqua, prépara un second coup. Pendant ce temps, Al’ en avait tabassé deux et pris un troisième comme bouclier humain, puis commencé à reculer en tirant sur ce qui approchait.

L’avantage de ses cauchemars, c’est qu’il y avait toujours les munitions illimitées. Les ennemis aussi, hélas. Un bain de sang digne du dernier film d’action qu’il avait vu s’engagea alors, Al’ profitant de chaque esquive pour se rapprocher un peu plus du bord de l’arène.

4ème étage ? Avec un peu de chance, il atterrirait sur le toit d’une bagnole.

Alors qu’il entamait son ultime sprint vers le saut de l’ange salutaire, il sentit au dernier moment une étreinte. Plus douce que toutes les brises et plus douloureuse que toutes les balles.

Comme à chaque fois, elle allait l’aider à se réveiller, et puis elle disparaîtrait, avant qu’il ait eu le temps de se retourner pour voir son visage une dernière fois.

Comme à chaque fois, il n’allait pas laisser son souvenir être une tragédie.

Il inspira, une dernière fois. Et sauta vers la vie éphémère et incertaine qui l’attendait.





… Pour se réveiller, défoncé comme jamais et en sueur, sur le sol froid qu’il venait de percuter.

Pas le boulot, pas chez lui. Putain, j’ai dormi où cette nuit ?

— Voulez-vous que j’appelle quelqu’un ?

Une silhouette féminine se pencha vers lui. Une vieille Sydonia, modèle infirmière, avec son sourire par défaut. L’hosto, donc. Il essaya de se redresser d’un coup, sentit une vive douleur dans le bras, vit le plâtre qui l’entourait et se sentit grimacer. Le robot l’aida stoïquement à se relever, puis à se rallonger.

— Non ça ira, je me porte comme un charme.

Il avait vraiment sauté au final ? Nan, je serais pas tombé que sur le bras. Dans ce cas…

Alors qu’il peinait encore à faire la différence entre le rêve qui l’étreignait et la réalité qui lui échappait, les lunettes qui étaient posées sur l’espèce de table de chevet scintillèrent. Un appel entrant pour lui. Je serai dispo quand je me souviendrai de comment je m’appelle, hein.

Résolu à promptement ignorer la sollicitation, il se tourna de l’autre côté, puis laissa son regard se balader sur les murs blancs de la chambre — dont il constata qu’il la partageait avec un colocataire. Vu l’endroit, le traitement décent qu’il recevait et le fait que son banquier ne soit pas en train de frapper à la vitre pour lui parler de son découvert, ça avait dû compter comme accident du travail.

Du coup ça devait être cette histoire d’attentat… Non, ça c’est le film que j’ai vu hier… Ouais, on devait plus être sur une histoire à la con. Restait juste à savoir laquelle, si c’était seulement important.

Après quelques minutes de plus à tenter de réfléchir ou à défaut de se rendormir, il saisit finalement ses lunettes, dans un “je regarde juste rapidement” qui le happa pour de bon. Évidemment, il s’y trouvait une pile d’appels manqués et de messages en tout genre, pour la plupart seulement des rapports et des informations en tout genre liés à tout ce qui s’était passé lors de sa « nuit ». Voyant que Saikawa était au bureau, il l’appela.

— Vous… allez bien ? osa-t-il à peine demander.
— Au moins assez pour aligner quelques mots dans la même phrase.

Quelques échanges passés à le rassurer sur son intégrité physique (où il se rendit compte qu’il avait été assez gavé d’antidouleurs pour ignorer qu’il s’était aussi pris une balle dans le ventre), il se rappela enfin de l’histoire. Juste une interpellation un peu plus malheureuse que les autres, dans un quartier difficile qui vouait — probablement à juste titre —  tellement de haine envers la police et la société dans son ensemble qu’elle avait organisé par endroits sa propre défense, et qu’il était impossible d’y aller sans être armé jusqu’aux dents. De telles démonstrations de force ne faisaient évidemment que renforcer l’hostilité en retour, mais puisque plus personne ne se faisait confiance, toute tentative de négociation avait échoué, et le prévisible était arrivé. La police avait malgré tout pu faire une bonne prise, mais il y avait des morts dans les deux camps, et la prochaine bataille promettait d’être plus sanglante encore.

Bref, un beau merdier. Voilà pourquoi j’avais oublié.

— Je vais repasser faire mon rapport. On va avoir du pain sur la planche.
— Euh…. Si vous pouviez plutôt rester là où vous êtes…
— C’est bon, je suis pas en sucre.
— Je veux dire, les transports sont un peu perturbés pour l’instant, et on ne peut pas venir vous chercher…

Plutôt que de perdre son temps à tirer les vers du nez à son collègue, Al’ demanda au robot d’allumer l’écran de la chambre et d’y mettre les infos. Au programme : un attentat, toutes les voitures du périph’ prises en otage et la COSHA sur le front. C’était pire encore que dans son rêve.

Un peu perturbés en effet.

Sentant une flemme monumentale s’emparer de lui à l’idée d’affronter une Ville affolée, Al’ consentit donc à attendre bien sagement, ou du moins à dicter son rapport par commande vocale dans les toilettes de l’hosto, avant de se faire tanner par un médecin qui passait sur le fait qu’il n’aurait même pas dû pouvoir se réveiller et de se faire suivre à la trace par la Sydonia. Il finit donc par regarder en boucle les informations, comme beaucoup de citadins affolés et de travailleurs frustrés.

— C’est marrant qu’ils aient fait appel à des prestas, hein ?
— T’as vraiment le temps de me parler en ce moment ? Ton ennemi mortel est en action.

La connaissant, elle devait être en train de jubiler devant ses écrans, à gratter le moindre petit détail discordant pour en faire tout un dossier.

— J’ai bien cinq minutes vous vérifier si un débile qui se jette sous les balles y a survécu.
— Je serais passé à la télé si j’étais mort. Dis plutôt que tu t’emmerdes.
— Aussi. On peut passer te voir ?
Il jeta un regard en coin à la Sydonia.
— Ouais, mais je risque de m’endormir en plein milieu. Et la conversation sera pas tout à fait privée.
— Ça marche. Je m’occupe de quelques glandus et je décolle.

Deux répliques sans l’insulter, elle devait être crevée. Ou, sur un malentendu, sérieusement s’inquiéter. Trois heures plus tard (qu’il avait surtout passées à végéter), heureusement, elle avait retrouvé ses bonnes vieilles habitudes.

— Si tu voulais faire le cowboy, c’est pas ici qu’il fallait postuler, ducon.
Al’ soupira. Il lui avait raconté son rêve pour la faire marrer un coup, pas pour qu’elle lui fasse la morale alors qu’il peinait déjà à piger ce qu’elle disait.
— Et les traumas, pour ta gouverne, ça se soigne.
Cette fois, il la fusilla du regard.
— N’est-ce pas ? J’adorerais avoir le numéro de ton psy, ‘fin si tu l’as pas buté en pensant que c’était un espion de la COSHA.
Pas pour rien que “Parano” était son surnom depuis quelques années.

En réponse, Améliana haussa les épaules.

— Fais ce que je dis, pas ce que je fais.
— C’est pas supposé être utilisé littéralement.

Mais ça nous résume bien, je crois, hein. Peu importe les conseils qu’on donne aux nouveaux, on fait genre qu’on est prudent mais on se jette dans les pires emmerdes, on prône le repos mais on sait pas quoi faire d’une heure de trou, et plus il faudrait parler parler des trucs qui nous travaillent, moins on le fait.

Al’ sourit brièvement, puis rassembla son courage. De toutes les choses qui avaient inspiré ses cauchemars et étiré leurs conversations, il y en avait juste une dernière qui n’avait pas été dite.

— Et… Blague à part, merci. C’est…
Il se mordit la lèvre inférieure, puis se résolut à continuer.
— …Parce que j’ai des potes comme toi, que je perds pas totalement la boule. Et que j’arrive à me dire que dans quelques heures, je replonge dans cet enfer, sans la moindre idée de combien d’horreurs je vais devoir me taper avant de servir à quelque chose, ni de si ça vaudra le coup au final.
Lui tournant le dos, la commissaire qu’il considérait comme sa meilleure amie sembla réfléchir quelques instants, puis lâcha enfin, sur un ton simple :
— Ouais, moi aussi.

C’était super niais à avouer, mais ça faisait un bail que la force de l’idéal ne suffisait plus à le faire tenir en permanence sur ses deux jambes. Comme Al lui lui avait prédit il y a longtemps. De fait, les seules choses qui l’empêchaient encore de crever ou de devenir complètement nihiliste étaient finalement le bol, les potes, le sommeil et l’alcool.

Pas exactement la recette de la vie qu’il s’imaginait, mais comme quoi, fallait pas aller la chercher très loin.


Où que soit ce vieux con, j’espère qu’il la trouvera aussi.
S’il arrête de se prendre la tête et de faire genre pendant deux minutes… M’enfin ça c’est pas dit.




— P’tain il s’est vraiment endormi comme une merde.





Informations obligatoires pour le registre des personnages :


ET C'EST LA FIN  ! Merci aux rares qui auront lu cette... euh.... fiche ? fanfiction ? Si vous avez encore soif, j'ai un encore un mini-mot de la fin inintéressant :
Le mot de la fin:



(Merci à Ara' pour la super signature ♥)

Test:

Stilgar
Petit pimousse au rapport !
Personnages : Crevette, Rosalina Ngwenya, Amundsen, Agate Withcroft-Molina, Langouste, Crevette des Câbles
Messages : 958
Date d'inscription : 07/01/2019
Stilgar
Mar 15 Aoû - 23:27
__–Hm.

__–Je suis partagé.
__–Je suis partagé, parce qu’outre les corrections somme toute très mineures que je t’ai déjà indiqué sur Discord, outre la litanie de compliments dont je t’ai déjà abreuvé sur Discord là aussi, cette fiche, que j’attendais non sans une certaine impatience, me laisse quelque peu perplexe.
__–Mais, pour commencer, parlons de ce qui saute aux yeux et mérite plus qu’une validation tacite : la mise en page est parfaite, les personnages sont délicieux, leurs interactions un plaisir à lire, le style est un régal, surtout pour moi parce qu’il me fait penser à énormément de trucs que j’ai déjà lu et vu et qui ont fait mon adolescence : y’a du Glen Cook, du Sin City, du Alien, du Kotor, du western spaghetti, y’a de la sueur, du sang et des larmes. C’est un texte qui a de la texture. Qui est râpeux, qui laisse un goût de fer et de terre sous la langue. Là, on a toute l’essence à la fois du style noir et du réalisme très proche du sol, très dans le quotidien, dans l’ennui, les imprimantes qui ne fonctionnent pas, le PQ et le mal au dos quand on se lève le matin. Et c’est quelque chose qui me touche tout particulièrement. Pour résumer ; je l’attendais beaucoup et non seulement je n’ai pas été déçu, j’ai en plus retrouvé tout ce que j’aimais et bien plus.
__–Ensuite, parlons de ce qui me frappe très personnellement. Eelis, mine de rien, t’es quelqu’un avec qui je fais du RP depuis un petit moment, dont j’ai déjà validé une fiche et assisté au processus de création de cinq maintenant, ce qui me donne un certain recul sur l’évolution de la manière dont tu conçois ses personnages. Et, hmm. Il y a là un subtil mélange. Déjà, de l’attachement pour le réel, le concret, la banalité du réel en fait, qui est en quelques sortes apparu avec Minoru, s’est développé avec Dylan, fermement ancré comme un élément important de ton style avec Agate et arrive à une magnifique maturation avec Al’. Ensuite, toujours de ce tragique, de cet inéluctable. Tous tes persos pavent la voie de leur propre destruction et c’est un délice doux-amer que de voir la machine inexorable du destin qu’ils alimentent eux-mêmes les écraser. Là, on en a un nouveau formidable exemple, avec un Al’ qui s’enfonce de plus en plus dans ce qu’il redoutait et détestait tant. Al’ devient Al. S’il ne meurt pas avant, il trouvera lui aussi un petit jeunot en colère à qui passer ses lunettes… et le cycle recommencera. (Al’’, peut-être ?) Ce passage en particulier, m’ai saisi : Mais ça nous résume bien, je crois, hein. Peu importe les conseils qu’on donne aux nouveaux, on fait genre qu’on est prudent mais on se jette dans les pires emmerdes, on prône le repos mais on sait pas quoi faire d’une heure de trou, et plus il faudrait parler parler des trucs qui nous travaillent, moins on le fait.
     Et enfin, je connais Al non pas comme un perso que j’ai vu naître et grandir, mais surtout au travers de ce qu’on en a discuté ensemble et de ce que j’ai vu de lui en RP, mais j’ai eu l’impression de retrouver certains éléments vraiment constitutifs. Typiquement, le fait de tourner en rond dans sa déprime et son cynisme. Pour finir sur ce que ce personnage a d’eelisien et d’en quoi il témoigne l’évolution de ton style, quelque chose auquel je suis très sensible, c’est le niveau de langue. C’est loin d’être quelque chose d’évident, que d’arriver à saisir, véritablement saisir, la manière donc un groupe social parle. Et les dialogues, qui sont un peu l’épine dorsale de cette fiche, sont… si succulents. Si bien construits. Ils sont ciselés dans le marbre. Et c’est d’autant plus frappant qu’en terme de registre, si la vulgarité de Dylan et le thème d’Agate l’annoncent, c’est quelque chose, je crois, de tout à fait inédit pour toi. Une première expérience à faire ce mix entre le sombre du film noir et le crasseux du réalisme dystopique, qui est couronnée d’un très retentissant succès.

__–Mais.

__–Une question que je me suis posée un peu tout du long de cette fiche, c’est, à part des éléments de décor, comme le génie génétique, le robot-policier, la Sydonia ou autres, où est le cyberpunk ? Où sont ses thèmes, ses messages, son approche très particulière du monde, ses enjeux, autant esthétiques que narratifs et conceptuels ? Le rapport entre l’humain et la machine, à notre propre corps qui est dépassé par la technologie, à un environnement qui s’artificialise tellement que tout ce que nous voyons, sentons, y compris nous-même, a la texture du métal et du plastique, l’altération profonde de toutes les structures sociales par l’IA, le capitalisme le plus débridé et prédateur qui s’infiltre jusque dans nos corps et nos esprits et dans absolument tous les aspects de notre quotidien, cette dualité terrible entre le contrôle toujours plus fin, plus précis, plus pernicieux et ces espaces de liberté inconcevablement grands qui s’ouvrent notamment dans le virtuel, les deux à cause de la technologie, le scientisme généralisé, la mort de toutes les religions, de toutes les croyances, de tous les espoirs et en même temps le repli sectaire et les délires mystiques qui explosent, les nouveaux dieux-machines ; dieux-néons, comme dans la chanson de Simon et Garfunkel ?
__–Et peut-être plus grave encore… où est l’Esquisse ? Cela peut paraître assez incroyable, mais autant le cyberpunk a une présence visuelle faible mais existante, qui s’exprime plus par des gadgets et des éléments assez tertiaires certes, mais qui s’exprime, autant tout ce qui fait le caractère esquisséen des Câbles est absent. Si, les cyantifiques sont mentionnés dans une proposition entre tirets et elle est présente en négatif, quand Al et Al’ se rendent au musée de la Terre. On pourrait aussi inclure la Frontière, mais c’est un élément d’univers qui est très fréquent et loin d’être unique à l’Esquisse des Câbles, c’est même un cliché de forums RP que d’avoir un espace de jeu séparé entre « la ville » et « le reste sauvage ».
__–Cela m’ennuie. Aucune mention d’un personnage non-humain ou partiellement altéré, de la ségrégation envers les non-humains, des Objets, des diverses sectes typiques de l’Esquisse, du ciel violet, de l’électricité sous forme de foudre, des lois de la physique qui partent en vrille, des technologies typiquement esquisséennes, aucun jeu de mot foireux, aucun élément absurde en soi mais accepté et quotidien dans l’univers, pas de boisson bigarrée, d’animal de compagnie multicolore à neuf jambes qui flotte tenu à une laisse par une petite fille-grenouille, ou que sais-je !
__–Je suis donc devant un dilemme. L’histoire est un morceau de littérature d’une qualité rare, à laquelle il me semble exclu de changer quoi que ce soit, mais d’un autre côté, autant l’univers de la police terrienne semble bien compris, autant le principe de la dystopie où le désespoir, la vacuité et l’absence d’avenir sont les mots d’ordre sont très bien compris, autant le côté film noir est tout à fait là, autant… c’est presque hors-sujet.
__–Je vais donc pour l’instant ne laisser aucune piste, aucune demande particulière de modifications. tu en as déjà pas mal à faire, j’ai moi-même une annexe sur la police à sortir et il y a toute la place pour y mettre un peu plus de cyberpunk. et, surtout, un peu plus d’Esquisse.
__–(On vit quand-même dans un monde incroyable où je dis ça à la fonda.)


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Stilgar
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Stilgar
Sam 19 Aoû - 22:42
Et après… la corédaction avec Eelis de huit pages d'annexes pas encore sorties parce que, ouh, c'est loin d'être fini mes gaillards, nous avons enfin tout ce qu'il nous fallait pour valider cette fiche !


Al' des Câbles (oui, enfin) Giphy

Félicitations !



__-Te voilà officiellement la première personne avec un DC sur les Câbles.


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Eelis
Qu'est-ce qui est jaune et qui traverse les murs ?
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Eelis
Dim 20 Aoû - 13:23
Bon, même si j'ai déjà aussi pas mal répondu sur Discord, en MP, et même via Google docs sur cette fameuse annexe (qui nous fait inaugurer le concept d'une fiche se référant à une annexe avant sa sortie), 'fallait que je réponde ici aussi.

Merci à toi pour le temps pris à répondre à tooooutes mes questions sur les Câbles depuis des semaines, à lire cette fiche (devant laquelle tu n'as pas fui en constatant sa longueur), à répondre une deuxième fois à mes questions pour les quelques modifs de stats que tu m'as demandé, et puis au final pour la validation ♥ Je suis touchée évidemment par les compliments que tu m'as fait, par le fait que ça t'ait plu au point de qualifier ce torchon de littérature, tout ça tout ça.
Concernant ce qui te rend « perplexe », je pense que c'était compliqué de faire autrement tant la police telle que décrite par les annexes n'est ni très esquisséenne, ni très cyberpunk dans son concept et dans son quotidien, surtout avec un perso qui ne s'en étonnera pas puisqu'il n'a connu que ça, et que vu la taille que ça commençait à faire j'ai dû faire aussi des choix parmi les 10 000 trucs dont je voulais parler... Cela dit je comprends évidemment. Eeet... Bon, déjà, on va dire que c'est de la continuité finalement de mon parcours professionnel, puisque j'ai bien réussi à valider un master de socio quantitative avec un mémoire sans quanti et sans socio sur pas mal d'aspects, et que je pourrai donc me vanter ainsi d'avoir fait une fiche sans Esquisse et sans Câble dans l'Esquisse des Câbles ('fin presque, car en réalité j'en ai bien mis même si c'est plutôt par touches ou par omission d'éléments qui ne fonctionneraient pas). Mais surtout...
Comme je l'ai dit sur Discord, si tu veux de l'esquisséen, je vais me donner le défi de t'en donner tellement dans mon premier post RP que tu me demanderas d'en mettre moins.
Et si tu veux du cyberpunk, eh bien, je promets que si TC des câbles il y a (c'pas les idées qui manquent, ne serait-ce que Sydonia des Câbles qui me tente bien), sa fiche sera tellement dégoulinante de cyberpunk que tu me demanderas aussi d'en mettre moins.



(Merci à Ara' pour la super signature ♥)

Test:

Eelis
Qu'est-ce qui est jaune et qui traverse les murs ?
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Eelis
Mer 30 Aoû - 21:37
Bon, pas si longtemps après avoir fait ce travail une fois, je reviens avec mes nouvelles stats pour Al'...

Stats (le retour)


CONSTITUTION : 4
Né avec une constitution déjà très bonne à la base, Al' a aussi passé les dernières années à l'entretenir et à la développer, de sorte que tous les aspects de sa force, de son endurance et de sa résistance sont très développés, même pour les standards de la police, et qu'il connaît bien ses limites (à part quand la résistance à la douleur les lui fait un peu ignorer). Il essaie de ne pas faire n'importe quoi niveau bouffe, mais ne fait pas aussi bien qu'il le devrait, et a surtout bien de la chance que son corps ne soit pas très rancunier.

HABILETÉ : 2
Al' est totalement standard de ce point de vue là. Il est clairement plus efficace pour attraper et recharger vite son arme que pour manier un dé à coudre, et la délicatesse c'est pas trop son truc.

AGILITÉ : 3
Bien que plutôt ordinaire à la base, Al' s'est entraîné à courir vite, tant sur le terrain qu'en salle, et s'en sort également bien lorsqu'il s'agit de grimper, de sauter ou d'avoir des réflexes. Ce n'est pas sa force mais ce n'est plus ce qui va le ralentir.

AUGMENTATION : 0
Al' n'a aucune prothèse... Du moins pour l'instant.

MÉDECINE : 0
Cybernétique : 0
Psychologie : 1
Al' sait mettre un pansement sur une plaie qui saigne (en oubliant une fois sur deux de la désinfecter), appeler l'équivalent du SAMU face à une personne en train de clamser et identifier qu'une température corporelle au-delà de 42 est effectivement source d'inquiétude. Cela dit, il lui arrive quelques fois d'avoir d'être pas trop con avec un collègue ou une victime, quoi que ce soit assez caché derrière une couche grasse de cynisme et des verres teintés.


INGÉNIERIE :
Robotique :
Armement : 1 (dont 1 gratuit via Tir léger)
Véhicules : 1
Infrastructures :
Électronique :
Al' n'est clairement pas l'un de ces geeks qui savent tout démonter, mais même lui a fini par apprendre à s'occuper de sa bagnole et de son flingue, tant que la panne est courante. Par contre, quand c'est son astrette qui déconne, il révèle toute son incompétence.


MAÎTRISE DU COMBAT : 3
Mêlée : 2
Tir léger : 3
Tir lourd : 1
[Arme Spéciale] : 0
La police lui a donné les bases et plus d'une occasion de se battre, sur différents terrains (quoi que essentiellement urbains) et dans des situations assez variés, tant pour arrêter des gens à base d'armes non létales que pour leur tirer dessus sans trop d'espoir qu'ils en réchappent, en équipe comme seul. Aidé par sa constitution et le sang-froid qu'il a développé au fil du temps, il est globalement reconnu comme un bon combattant, qui pourrait prétendre à intégrer la DANGER avec quelques efforts.
Pour le combat de mêlée, il a complété la formation de la police par un entraînement spécifique au corps à corps, pour maîtriser plus que le coup de matraque et l'art d'enfiler des menottes à quelqu'un, parce qu'ils peuvent facilement se retrouver mis à mal par des prothèses ou des altérations esquisséennes, lui n'en ayant pas du tout à mettre en face. Il n'est pas spécialement adepte d'un art en particulier et clairement pas le genre à faire des compétitions sportives, préférant plutôt les arts martiaux mixtes et un peu plus libres, mais à défaut de briller sur les tatamis il sait ce qu'il fait en corps-à-corps et ne pourra pas si facilement se faire surprendre.
Le tir léger est clairement sa spécialité. Au-delà de la formation en police, il a pu, en huit ans, toucher à une vaste gamme d'armes (du moins celles utilisées par la police, les armes esquisséennes pas trop trop), et les utiliser dans des situations variées, en plus de pratiquer de son côté les jours où il n'avait que ça à foutre. Plutôt qu'un assoiffé de sang qui se réjouit de ne pas pouvoir compter son nombre de victimes, il sait que pour se payer le luxe de ne pas tuer (ce qu'il veut quasi toujours éviter parce que c'est pas son boulot et que chaque vie le hante), il faut viser sacrément bien.
Enfin, ce qu'il maîtrise le moins est le tir lourd, car il a techniquement été formé mais qu'il n'a pas tellement eu l'occasion d'appliquer à part une ou deux fois, en plus du fait que tuer en masse ou à grande distance c'est pas trop sa came. Si vraiment il n'y a que lui pour le faire et qu'il peut rester fixe, il s'y collera, mais faut pas en demander plus.
Pour préciser un peu, il manie ('fin imaginez leur équivalent Esquisse cyberpunk) :
- les armées de police sublétales type matraque, tonfa, taser, LBD, grenade de désencerclement, flashbang
- les armes létales classique : fusil d'assaut, fusil à pompe, grenade d'attaque et de défense et les armes de poing classiques (genre le pistolet quoi)
- il a aussi les bases pour utiliser un fusil de précision, mais ne va probablement pas en exploiter le plein potentiel ni bien se débrouiller avec d'autres armes de tir lourd

[SCIENCE] : 0
Cyance : 0
Une certaine personne a déjà essayé de lui expliquer des trucs de maths, et sa mère des trucs en physique, mais... euh... hm... Non.

SURVIE : 0
Chasse et Cueillette : 0
Al' est bien allé quelques fois à la Frontière, c'était bien assez pour lui donner des raisons de rester en Ville.

PERCEPTION : 2
Pistage : 2
Bien que n'étant pas enquêteur, Al' a appris à remarquer rapidement les trucs qui sont importants, du moins pour lui : savoir si quelqu'un est armé, repérer le troisième bras qu'il va falloir menotter en plus des deux autres, réfléchir quelques instants quand une rue paraît bien trop calme... Il essaie aussi de toujours garder un oeil sur les collègues, surtout quand le contexte est tendu.
Concernant le pistage, bien qu'étant un peu un éléphant dans un magasin de porcelaine au naturel, le boulot lui a fait prendre de bons réflexes pour suivre quelqu'un. On peut donc raisonnablement lui demander de faire preuve de discrétion quand il doit se faufiler quelque part ou retrouver quelqu'un dans une foule.

GESTION : 2
Commandement : 2
Économie : 1 (dont 1 gratuit via Gestion)
Politique : 2
Concernant la gestion, Al' a l'équivalent d'une L1 en administration/gestion, une expérience avec la paperasse policière (et non policière) et au fil du temps une bonne idée de comment se gère un commissariat. Il est aussi très fréquemment obligé de supporter la surcharge de travail, tenir le compte des magouilles en parallèle et, évidemment, travailler en équipe, y compris avec des gens qu'il ne connaît pas. Sans dire qu'il y excelle, il se démerde bien et on n'a pas grand chose à lui reprocher.
Concernant le commandement, il a déjà eu l'occasion de gérer un petit groupe sur des interventions musclées ou sur des magouilles en tout genre dont il était parfois à l'origine. Bien que pas très corporate et ayant tendance à souvent se plaindre, il sait être efficace sur le terrain, fait preuve de sang-froid et inspire une certaine confiance à ses collègues (même si c'est bien aidé par ses compétences en combat, sa petite popularité et sa carrure), avec lesquels il se montre assez sympa, ou du moins relativement prévenant et soucieux de ne pas les envoyer au casse-pipe. Son zèle arrive parfois même à faire retrouver un peu d'espoir en la police à quelques collègues.
Niveau économie, c'est tout sauf un investisseur, mais il a déjà été témoin voire participant dans du trafic de budget ou de dépense, ainsi que spectateur des guéguerres de thune entre commissariats, et à force commence à comprendre de quoi ils parlent.
Pour le volet politique, Al' a une expérience avec toutes les situations merdiques que peut rencontrer un flic en général (et les rapports de pouvoirs entre lesquels une affaire peut se retrouver coincée), confortée par le fait qu'il a bossé dans plusieurs commissariats (où il a pu voir les choses sous plusieurs angles différents et être des deux côtés d'une embrouille) ainsi que beaucoup de souvenirs de discussions avec certaines personnes qui les connaissaient mieux que lui. Les réseaux et jeux de pouvoir qu'il connaît le mieux/le plus finement sont ceux qui sont internes à la police (il connaît bien la situation et le fonctionnement de chaque unité et de chaque commissariat, connaît des gens un peu partout et pourrait donc demander des potins ou faire un raccourci dans une procédure dans certaines situations moyennant éventuellement de donner quelque chose en échange, et peut avoir une idée de ce qui les intéresse en général), mais il a aussi quelques contacts à la Mairie ou dans d'autres services (public ou même privés) avec lesquels la police interagit. Je pense pas qu'il connaisse tous les quartiers/connaisse des gens dans tous les quartiers, mais je le vois bien avoir une bonne idée de la situation dans chaque quartier (ses principales problématiques, les précautions qu'il faut y prendre), et en connaître 2-3 un peu plus en profondeur (connaissance de la géographie, de criminels notoires ou même moins notoires qu'il pourrait contacter, de certains réseaux...) parce qu'il y a bossé. Sans être un expert, il peut avoir de bonnes intuitions/raisonnements politiques dans les situations. Concernant les réseaux criminels, j'imagine qu'il doit en connaître quelques uns et avoir déjà passé des marchés, mais pas vraiment en profondeur, et par contre avoir une bonne idée de comment ça marche en général ; ce que font les gens pour cacher un corps ou un objet volé, comment se font les trafics, les rapports de pouvoir et nuances entre criminels, quel genre d'info ou de service venant de la police va intéresser un criminel...
Outre la vue générale sur les situations et les connaissances qu'il a, Al' est ami avec une commissaire d'un autre quartier, s'entend bien avec celui auquel il doit répondre, et a probablement quelques potes/amis dans d'autres commissariats/unités (et un vieux pote de fac en mairie) qui sont donc beaucoup plus susceptibles de lui rendre des services ou de le contacter spontanément pour le tenir informé de quelque chose qu'ils ont vu.


INFORMATIQUE : 0
Code : 0
Piratage : 0
Sécurité : 0
Traitement de données : 0
Al' sait se connecter à la SX et aller dans le lieu pour lequel on lui donne un manuel compréhensible par un enfant de 4 ans, sans charabia. À part ça, il se perd même dans les rues normales de la SX, et le fait d'avoir un autre corps que le sien le perturbe trop pour qu'il soit parfaitement à l'aise dans une situation de combat ou de visée. Il laisse donc ce genre de travail aux geeks.


CONDUITE : 0
Terrestres Motorisés : 3
Aériens Motorisés : 2
Montures Terrestres : 0
Montures Aériennes : 0
[Spécialisé Simple] : 0
[Spécialisé Complexe] : 0
Les compétences d'Al' en conduite sont très spécialisées et relativement limitées à ce qui lui est utile pour le boulot, donc la bonne vieille voiture de police (volante ou pas) et plus exceptionnellement un hélico quand son chef avait besoin d'un taxi pour aller rendre visite à un pote. Il fait de temps en temps des course-poursuites avec les bagnoles, quoi qu'il ait clairement de chance de les gagner dans les hauteurs.
Et puis, il y a la moto. Pratique pour contourner le code de la route et les obstacles en situation tendue, il s'en est d'abord servi en contexte professionnel avant d'en faire son véhicule personnel, qu'il lui est déjà arrivé en cas de coupe de budget sévère, de voiture pas dispo ou juste d'opération un peu trop officieuse pour y aller avec la bagnole du taf. Il y est très à l'aise et s'amuse bien avec.

RICHESSE : 1
Popularité : 2
On ne choisit pas la police pour le salaire, surtout quand on refuse de jouer totalement le jeu des primes sur le nombre de personnes tabassées la dernière semaine et qu'on a tendance à tout dépenser vite. Donc Al' est payé tous les mois, mais pas de quoi vivre la belle vie.
Concernant sa réputation, Al' est, au bout de huit ans d'expérience et de zèle, bien connu au sein de la police, à la fois pour ses compétences en combat (il a quelques arrestations assez notables à son actif et s'est fait surnommé « le Taureau » dans son dos pour des raisons évidentes), son efficacité (on sait que si on le met sur un truc, il va être fiable, savoir se démerder et ramener des résultats), le fait qu'il comprenne assez bien la Ville même en-dehors de son périmètre (ce qui peut le distinguer de ceux qui travaillent dans son commissariat) et son idéalisme (du moins son envie de faire les choses pour une autre raison que l'argent). Ce n'est pas au point de pouvoir rentrer n'importe où et être reconnu, ni être forcément bien connu quand il est reconnu, mais il y a un peu partout des personnes qui le connaissent directement ou indirectement, et ceux qui ne le connaissent pas pourront facilement trouver des informations sur lui. Il a plus de chances d'être connu par les gens qui ont aussi une forme d'idéalisme et qui le voient un peu comme quelqu'un de fiable (et réciproquement), par des collègues particulièrement ripoux qui vont surtout vouloir éviter de l'avoir dans les pattes, ou juste par des gens entre les deux mais qui ont besoin de main d'oeuvre, sachant qu'il file facilement des coups de main en-dehors même de son périmètre. Il connaît la générale de DANGER de visu, et elle le verrait comme assez fiable pour être susceptible de faire appel à lui sur un coup.
En-dehors de la police, il est assez connu dans son quartier d'affectation, parce qu'il est souvent en contact avec la population et discute de temps en temps avec les gens, quand il en a le temps (ou plutôt quand il décide de le prendre). Il a une réputation un peu ambigue où d'un côté il fait peur et reste un flic qui fait des trucs de flic (avec en plus une rigidité sur certains sujets)... et de l'autre, il peut paradoxalement paraître plutôt sympa, prompt à discuter et à leur dire honnêtement ce qui se passe (voire se montrer critique envers la police quand il pense qu'on va pas l'enregistrer...), connaissant bien le quartier et pouvant donner un coup de main entre deux coups de poing. De fait, il est parfois détesté (parce que police) et parfois apprécié (parce que quitte à avoir affaire à la police, certains vont préférer avoir affaire à lui).
À part ça, il est aussi un peu connu d'autres services ou entreprises qui travaillent avec la police, comme la Mairie ou la COSHA, mais c'est beaucoup plus restreint et va surtout concerner des gens qui ont eu l'occasion de travailler directement avec lui. Il a déjà été démarché par quelque compagnie de sécurité privée pour être garde du corps ou mercenaire, avec des salaires alléchants, mais a refusé.
Pour la Ville, sinon, c'est un anonyme parmi tant d'autres.


Avatar numérique



Pour son avatar dans la SX, Al' ne s'est pas cassé la tête. Soit c'est juste lui (quand il y est pour le travail), sans aucun changement, soit (quand il y est à but perso ou pour le travail mais officieusement) c'est lui avec un corps un peu plus gringalet et des yeux verts (l'apparence d'Al des Sables quoi), qu'il a choisi dans le but d'avoir l'air un peu plus "sympa" et se fondre dans la masse.
Il peut lui arriver de changer quelques détails de plus dans son apparence, quand c'est par exemple pour aller rencontrer discrètement un indic, mais il faut que quelqu'un lui dise comment faire à chaque fois et comment l'enlever après.
Étant totalement inculte en la matière, il lui est aussi arrivé de se prendre des virus et autres pièges qui ont modifié son avatar, problème qu'il a toujours résolu en allant embêter un collègue qui avait vaguement l'air de s'y connaître.

Ses statistiques sont donc les mêmes que hors SX :
CONSTITUTION : 4
AGILITÉ : 3
HABILETÉ : 2
AUGMENTATIONS : 0



(Merci à Ara' pour la super signature ♥)

Test:

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