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•Souvenirs d'un fumeur•

Anonymous
Invité
Invité
Dim 10 Fév - 18:13
•12 Mars 2001•

Je marchais. Je n'étais pas une personne qui nageait dans la confiance en soi et ma démarche n'avait rien d'assurée, comme celles des autres garçons de mon âge. J'aurais plutôt dit que mon corps se recroquevillait, doucement, lentement. Comme un escargot qui rentre dans sa coquille pour y trouver la sûreté. Mes épaules se courbaient, ma tête restait baissée, mes yeux suivaient mes pieds sur le sol. Non, rien en moi n'était assuré ou même moqueur, bien au contraire. Alors je n'avais pas bien compris ce qui s'était passé. En tout cas, s'était arrivé très vite. Trop pour que j'ai le temps de bien assimiler, de bien analyser ma situation. Bien trop rapidement.
Mon dos buta contre le fond de la ruelle. Je sentis une peur inconnue me nouer la poitrine. En y repensant plus tard, je déduirais que cette peur était en fait une crainte puissante de la douleur et de la mort. Une sorte de frayeur instinctive tapie en moi depuis toujours. Une frayeur comme celle qui fait monter l'adrénaline en vous et vous fait vous surpasser physiquement. Mais en cet instant précis, tout ce que je voulais c'était disparaître et mes capacités physiques étaient aussi puissantes qu'une limace à demi morte.
La scène me faisait penser à une série B complètement dépassée. Moi, pauvre victime acculée dans une ruelle, pourchassé par de sombres personnes aux intentions pas très claires. Sauf que les vieilles séries ne parlaient pas du long filet de sueur courant sur votre dos, de vos jambes figées et tremblantes, ou encore de votre puissante envie de hurler à l'aide comme une fillette. Évidemment, sinon le héros n'en était plus un. Je n'aurais jamais pensé que ce genre de trucs m'arriveraient un jour. Je m'étais fourré dans un beau guêpier.
Ils étaient deux, un peu plus âgés que moi. Pas beaucoup. Mais suffisamment pour avoir envie de martyriser de pauvres âmes, telles que moi. La raison de cette agression ? Aucune. Oh ils m'avaient sortit, juste avant que je parte en courant après le premier coup, une excuse du type « J'sais que tu m'a r'gardé d'travers, bâtard. » Ce genre de choses m'auraient presque fait rire tellement c'en était pitoyable. Mais lorsque ça m'est adressé, c'est moins drôle. Et puis juste après m'avoir balancé ça, avant même que je puisse en placer une, il m'avait fait un magnifique croche-patte de façon à ce que je m'étale gracieusement par terre. Bam. Ma fureur était alors montée d'un cran, ou peut être deux. Je m'étais relevé et l'avait défié du regard. Ce n'était pas vraiment dans mes habitudes, mais je l'avais tout de même fait, juste pour prouver que je n'allais pas me laisser faire.
Ces deux abrutis ont alors tout simplement craqués une durite dans la rue. Un poing s'est élancé vers moi et m'a broyé la mâchoire. Je n'en suis pas fier, mais je suis partit en courant. Écoutez, mieux vaut fuir que mourir. Je n'aurais certainement pas dû car ils m'ont suivit. Et nous avons fini par atteindre cette fameuse ruelle, où la peur m'a soudainement saisit dans son étau.
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