Épreuve 5 - Équipes A et C [ ♦ ♠ ]

Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Ven 22 Mar - 23:46

Épreuve n°5 - L'épopée


Alors que vous effectuez un trajet qui n’a plus de secrets pour vous tant vous l’avez fait et refait dans votre vie, le destin décide de vous surprendre en posant sur le chemin toutes les embûches dont il est capable pour vous en détourner. Votre trajet de routine devient subitement une épopée riche en péripéties qu’il vous faudra braver si vous souhaitez atteindre votre destination !



Nous rappelons que les forums devant poster sur ce sujet sont les suivants : Dusk Lumiris, Esquisse, Ilukaan, Infernum, Just Married, Les Chroniques d'Irydaë, Madelle, Master Poké, Nano RP, Peek a Boo ! et Valoran's Battlefront.
Pour les autres, c'est par ici

Rappel du fonctionnement:


Quelques petites consignes :

  • En début de post (uniquement dans le premier post s'il s'agit d'un mini-RP), nous vous invitons à présenter sommairement votre univers et votre personnage de manière à nous fournir assez d'éléments pour tout comprendre.
  • Les mises en page sont autorisées, mais nous comptons sur vous pour faire attention à la lisibilité en évitant les couleurs/polices illisibles et les tailles d'écriture en-dessous de celle par défaut. Si vous avez un doute, vous pouvez venir faire des tests sur ce sujet et demander des avis sur la shoutbox.
  • Si vous voulez avoir votre avatar qui s'affiche joliment à gauche, vous pouvez utiliser la balise de transformation :
    Code:
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Anonymous
Eien Gaho
Invité
Sam 23 Mar - 15:17


Les règles sont simples : aucune. Le but ne change pas : arriver à l’heure au boulot.

Get set.

Fébrilité accrue, tu ouvres et refermes à plusieurs reprises tes mains enveloppées dans des gants de cuir. Tu es sur le qui-vive, tu laisses l’adrénaline prendre le contrôle intérieurement. Un feu naît dans tes entrailles, tes yeux rivés sur cette lumière rouge, obnubilée comme un taureau en pleine corrida.

Ready ?

C’est bientôt l’heure. Tu te places comme il faut sur ton siège, calant ton corps contre les courbes de la machine, osmose parfaite. Le ronronnement sourd du moteur te fait frissonner sous ta combinaison en cuir. Tu ne te lasses pas. Et tu sens que ça arrive, l’impatience crépite.

Go !

Les feux du circuit de ta routine passent du rouge au vert, en passant par l’orange en une fraction de seconde. Réflexe mécanique, déclenchement sonore. Les pneus crissent, stridents, marquant le bitume. Tu exploses et deviens un faisceau lumineux, fusionnant avec la ville néon, fendant ses grandes avenues.

__________________________________________________


Tu es confiante quand tu chevauches ton fidèle destrier métallique. Vous connaissez les routes tokyoïtes et n’avez peur de rien, mais comme tout le monde, vous devez faire face aux aléas de la vie.


Déviation.


Tu es contrainte de ralentir, des barrières jaunes striées de bandes noires, criant textuellement une alerte aux travaux, se dressent devant toi. Tu roules au pas en passant devant cet événement inattendu, le toisant d’un regard accusateur. Tu as un air renfrogné sur le visage, sous ton casque noir, fronçant nez et sourcils.
Mais qu’importe, tu n’es pas le genre de personne à paniquer, à être perturbée au moindre changement. Bifurquant sur la droite, tu reprends la situation en main. Tant pis pour ce moment où tu sirotes d’habitude ton iced coffee tout en observant, avec des cœurs dans les yeux, le beau Yuya travailler. A la place, tu vas dans ce petit coffee shop que tu as repéré deux rues plus loin la dernière fois.


Stop.


Toutes ces bêtises te retardent davantage. Légèrement contrariée d’avoir été coupée dans ton élan, c’est sans grande conviction que tu commandes ton café au comptoir. Tu traînes même des pieds en te dirigeant au bout pour attendre que l’on hèle ton prénom.
Ca ne tarde pas, et la douce voix qui semble chanter – à tes oreilles – ton identité te fait relever la tête immédiatement. Tu lâches un « oui ? » qui déraille et tu ne sais plus où te mettre. Conditionnée quand même à récupérer ton dû, tu ne peux t’empêcher de buguer devant ce sourire que tu sais professionnellement parfait. La gêne s’installe pour l’homme, « Quelque chose ne va pas mademoiselle ? ». Reprise de tes esprits. Oh non Eien, ne perd pas de vue tes objectifs. « Ah, non, c’est parfait merci ! » et tu fuis.


Cédez le passage.


Tu es fière de toi, tu as réussi à repousser tes excès de passion. En vérité, c’est plutôt surprenant que tu y sois arrivée. Une cigarette se glisse entre tes lèvres, petite pause émotionnelle, petit bonheur simple de la vie. Mais la tienne n’est pas tranquille, c’est bien connu. Toujours à être perturbée.
En effet, une dizaine de minutes plus tard, de nouveau sur la route, tu es cette fois contrainte de laisser passer un petit convoi religieux déplaçant une relique au temple voisin. Et que les dieux te pardonnent ton affront et cet irrespect, mais les foudres de Madame Fa sont bien plus terribles, sans exagérer. Tu klaxonnes, ils s’arrêtent, étonnés. Tu relèves ta visière. « Police, je dois passer ». Personne ne pose de questions, ils s’écartent et tu files. Tu es fière de ton ingéniosité et tu culpabilises en même temps de leur avoir menti. J’irai déposer des offrandes, promis juré.


50 km/h.


Tu n’es plus si loin de ton lieu de travail, tout va bien. Enfin pour ça, il faudrait qu’on arrête de s’acharner sur toi. Cependant, ce vœu n’inclut pas les aléas provoqués par toi-même. Car il est bien là le problème aussi ma pauvre Eien : tu te laisses trop facilement distraire par un rien. Par exemple, voir un autre camarade motard te donne forcément l’envie de interpeller et lui proposer une petite course sur cette grande avenue.
Evidemment, tu choisis bien tes cibles, elles refusent rarement. Et c’est sans un autre mot que vous accélérez encore et encore. Les kilomètres augmentent sur le tableau de bord, dépassant de loin la limite de vitesse autorisée. Les zigzags entre les voitures et les camions deviennent de plus en plus serrés, abrupts, secs. Mais tu exécutes cette chorégraphie avec une facilité déconcertante. Trop prise dans le jeu, tu distances ton opposant en un instant. Tu vois dans ton rétroviseur qu’il te fait un signe, acceptant sa défaite. Un large sourire s’étend sur ton visage, mais la satisfaction redescend bien vite quand tu remarques que tu as raté ta sortie de très loin. Ah, on ne peut pas toujours être gagnante sur tout.


Ligne d’arrivée.


Tu as perdu tant de minutes avec tes bêtises et tout ce que tu récoltes, c’est de la panique. Tu peux déjà entendre la voix aiguë de Madame Fa, avec son accent chinois nasillard, résonner à tes oreilles pour te réprimander. Tu accélères alors davantage pour t’éviter ce supplice.

Tes plans sont sabotés en croisant la vieille Uomi-san. Tu adores discuter avec elle mais aujourd’hui et vu l’heure qu’il est, tu n’as clairement pas le temps là. « Je dois me dépêcher, je vous vois tout à l’heure baa-san ! ». Tu fais de grands gestes désordonnés, preuves de ton empressement. « Oh non, non ma petite Eien. Je veux juste que tu donnes ceci à Madame Fa, je n’ai pas eu le temps de passer la voir encore ». Ah, ok, si c’est juste ça, tu veux bien faire cette petite livraison, après tout, tu y vas alors ça ne change pas grand-chose. Tu attrapes la petite boîte qu’on te tend. « Attends attends attends, ma petite Eien, il faudra aussi lui dire que … » et blababla. Tu te maudis. Tu as oublié à quel point Uomi-san aime s’épancher sur des explications sans fin.
Tu commences à suer, le temps passe. Que les dieux te pardonnent encore une fois, mais tu coupes la parole à ton interlocutrice. « Je dirai à Madame Fa de vous appeler ! Vous savez comment je suis, je vais oublier la moitié des choses ! ». Tu ponctues ta phrase d’un petit rire nerveux. Et fort heureusement pour toi, Uomi-san acquiesce et te libère de son joug en te chassant d’un signe de main. Soulagement.

L'enseigne se fait voir au loin, comment le rater en même temps. Le petit restaurant chinois aux couleurs dorés est annoncé par un grand néon rouge en forme de dragon. Ce dernier te paraît bizarrement plus grand et menaçant par rapport à d’habitude. Tu choisis d’ignorer cette drôle d’impression et gares ton bolide sur une des places réservées aux employés.


Podium.


Tu entres en trombe dans le restaurant.

Assise à la table du fond, une cigarette entre les doigts, Madame Fa guette. Hésitante mais bien obligée, tu avances vers elle avec appréhension. Tes pas sont rythmés par le tapotement de l’index de ta patronne sur la table en bois. Tu pries mentalement pour être dans les temps. « Eien », s’élève la voix, bien moins douce que celle du serveur au coffee shop tantôt, « Tu m’expliques ? ». La culpabilité au bord des lèvres, les émotions explosent et s’écoulent en flots. « Je peux tout vous expliquer Madame Fa ! ». Un sourcil se hausse chez l’autre parti. « J’ai pris le chemin de tous les jours, mais il y a eu cette déviation qui m’a fait aller dans un coffee shop que je connaissais pas et – et – et il y avait ce serveur… EUH il m’a fait perdre du temps, oui voilà ! ». Tu n’allais quand même pas dire que t’as été à deux doigts d’avoir un crush comme ça. « Eien – … ». Tu coupes tout, tu es lancée. « Il y a aussi eu les moines ! Vous saviez que c’était aujourd’hui qu’ils déplaçaient la relique ? Moi je savais pas. Du coup bah ils m’ont coupée la route. Puis après y’a eu ce motard… ouais non je voulais dire Uomi-san ! ». En évoquant la vieille dame, tu te souviens du paquet qu’elle t’a confiée et tu le déposes précipitamment, non sans délicatesse, devant ta patronne. « Enfin voilà, c’est ça, c’est – JE SUIS EN RETARD PARDON ».
Madame Fa écrase sa cigarette dans le cendrier en face d’elle, se lève et te tape la tête avec son éventail qui t’arrache un « aïe » douloureux. « Je m’en contrefiche de ta vie, je veux des explications pour ça ! » et elle pointe un bout de papier, faisant part d’une plainte de livraison dont tu t’es chargée la veille. « Oh ça… », c’est une autre histoire.

Anonymous
Mary Nephilim [MP]
Invité
Sam 23 Mar - 17:58
Introduction:

« Mission accomplie. Je retourne au QG. »

Combien de fois as-tu répété ces mots depuis presque un an et demi ? Tu en perdrais sans doute le compte. Vol d’objets de valeur, meurtres, escroqueries… Tout cela est devenu une routine pour toi. Parfois, tu n’en ressors pas indemne, la perte de ton bras gauche en est la preuve. Mais tu sens que chaque méfait que tu commets te rapproche un peu plus de ton but. Détruire Arceus et construire un monde meilleur où Il n’aurait pas sa place. Où chaque être, humain comme Pokémon, vivrait en harmonie avec la nature, où les guerres s’arrêteraient et où la religion en tant que dogme n’aurait plus sa place. Cela ne ramènera pas les gens que tu aimes et qui ne sont plus là aujourd’hui, et plus le temps passe, plus tu perds malgré toi ce qui te rends humaine et douée d’émotions autre que la colère ou la mélancolie. Mais une fois que tu auras éliminé Dieu et que Sa tête ou Son cœur encore palpitant sera dans ta main, tous ces sacrifices en auront enfin valu la peine.

Habillée d’un long trench-coat en cuir noir censé t’aider à dissimuler ton appartenance à la Team Galaxy, ta ceinture remplie de Poké Balls ainsi que ta prothèse, tu arrives à la gare de Voilaroc et en sort après avoir récupéré ton sac à dos. Alors que tu sors du bâtiment, tu aperçois, à travers le drap noir de la nuit et les rayons de la lune, ta destination : les locaux de la G Corporation, cet immense gratte-ciel appartenant soi-disant à une entreprise pharmaceutique de renom dont la lettre G guide la ville tel un phare sur une plage, mais qui est en fait la planque de l’une des organisations criminelles les plus dangereuses du monde. Le trajet est en apparence simple, mais pour être certaine que personne ne te suit, tu prends toujours un itinéraire plus compliqué en sortant de la gare. Pour commencer, tu fais mine de te diriger vers le Centre Pokémon avant de bifurquer légèrement du côté du casino de la ville, puis tu empruntes diverses ruelles menant vers les hangars. De là, tu peux directement accéder à l’arrière du gratte-ciel, dont les portes ne s’ouvrent que grâce à plusieurs scanners rétiniens et vocaux. Autrement dit, tu fais toujours en sorte d’assurer tes arrières, même dans tes trajets routiniers.

Mais il faut croire que le destin a décidé de te mettre des bâtons dans les roues, ce soir.

Les sirènes de la police retentissent et te mettent tout de suite en alarme. Les forces de l’ordre sont-elles au courant de qui tu es ? D’où se trouve le QG ? Tu te décales de l’entrée et te range du côté d’une poubelle dont le couvercle fait office de cendrier, comme si tu voulais fumer une cigarette, en te mettant légèrement de dos pour que ton visage ne soit pas découvert immédiatement. Tu tournes plusieurs fois la tête, afin de comprendre la situation, et ce que tu vois ne te plait vraiment pas. On dirait que plusieurs voitures bloquent la rue principale, ce qui t’empêche de rejoindre le Centre Pokémon sans te faire remarquer par la police. De toute façon, s’ils ne t’ont pas reconnu avant, ils t’empêcheront eux-mêmes de passer par là. Qui dit blocage de voitures dit certainement course-poursuite, ou future fusillade. Reste à savoir avec qui. Et surtout, comment tu vas parvenir à rentrer au QG sans encombre… Il te faut une distraction.

Tu sors deux Poké Balls, l’une contenant Poltergeist, ton Ectoplasma, et l’autre Umbra, ta Zoroark. Une fois apparus devant toi, le spectre et la renarde t’observent, attendant patiemment leurs ordres.

« J’ai besoin de passer de l’autre côté. » les informes-tu. « Poltergeist, lance une Ball’Ombre sur une des voitures et sauve-toi dès qu’ils t’auront repéré. Umbra, prends mon apparence et mène-les vers le sud aussi vite que tu peux. Retrouvons-nous vers le casino dès que possible. »

Les deux créatures nocturnes hochent la tête tandis que tu te diriges vers le coin d’un immeuble, à l’abri des regards. Tu lèves ensuite ton index et ton majeur et désignes les agents de police, et ton plan se met à exécution. Une sphère d’énergie noire et mauve percute un véhicule de plein fouet, la faisant se soulever et atterrir sur le capot. Dans la seconde qui suit, une forme sombre prenant peu à peu une forme humaine sprinte dans la direction opposée à celle des voitures.

« Merde, on a des cibles hostiles en plus ! » s’écrie un des agents. « Unités McKoy, Kent, Wells, avec moi. Les autres, tenez vos positions ! »

Aussitôt, une dizaine de personnes se sépare des véhicules et pourchassent la Zoroark, armes de services et Poké Balls à la main. Dès qu’ils se sont suffisamment éloignés, tu fonces vers la ruelle de l’autre côté de la route, et te fraies un chemin dans des allées où les immeubles ressemblent davantage à des murs de labyrinthes. Quand enfin le son des sirènes te paraît moins fort, tu ralentis ton allure jusqu’à arriver près du casino. Tu pousses un soupir de soulagement et en profites pour t’arrêter un peu et reprendre ton souffle. Les hangars ne sont…

« C’est toi qui a distrait les flics ? » s’enquit une voix dans ton dos, tandis que tu sens la froideur d’un revolver dans ton dos. « Je devrais te remercier, mais j’ai pas l’habitude de laisser des traces derrière moi. Giovanni aime pas trop, tu comprends ? »

Tu te raidis tandis que ton agresseur t’attrape par les cheveux et colle son arme contre ta tête et se rapprochant de toi. Le R sur son torse ainsi que ses paroles ne font aucun doute. Il fait partie de ces Sbires Rocket que tu méprises parce qu’ils n’ont aucune autre cause que s’enrichir et voler les Pokémon d’honnêtes gens pour des fins personnelles, là où tu contribues à construire un avenir beaucoup plus noble. Ton visage se crispe, entre la peur et la colère tandis que le Rocket élargit son sourire, amusé par le spectacle que tu lui offres. Mais contrairement à d’autres qui essaieraient de marchander, tu ne te rendras pas sans combattre. Jamais.

« Si tu voulais me tuer, tu aurais dû le faire quand tu en avais l’occasion. »

De ta main robotique, tu attrapes le revolver et le dévie juste avant que le coup de feu ne parte et ne retentisse, et de ta main droite, tu frappes ton ennemi en plein visage, ce qui te fait perdre l’équilibre tandis qu’il titube, surpris par la douleur. Néanmoins, à peine as-tu le temps de te relever qu’il te braque de nouveau, prêt à faire feu.

« Fais tes prières, sale p… »

Une boule d’énergie noire et mauve touche le Rocket à la vitesse d’un boulet de canon. L’impact est tellement puissant que ses mains se détachent de son corps et pulvérise complètement l’arme à feu tandis que l’homme pousse un gémissement de douleur. Ton regard balaie le périmètre, jusqu’à ce que tu aperçoives la source de l’attaque. Poltergeist se tient à une centaine de mètres, le sourire satisfait, comme la plupart des Ectoplasma. Tu hoches la tête en signe de compliment, puis tu t’approches de ton agresseur, horrifié par le sang qui s’échappe encore de ses mains, et le plaque au sol, ta prothèse contre sa bouche pour éviter qu’il ne hurle trop.

« Si tu veux avoir une chance d’en ressortir vivant, je te conseille de répondre honnêtement à mes questions. » siffles-tu. « Es-tu seul ? »

Comprenant qu’il n’a guère le choix, le Sbire obtempère et acquiesce. Tu remarques ensuite plusieurs Poké Balls fixées à sa ceinture, comme toi. On dirait qu’il n’a pas utilisé ses Pokémon pour garder l’effet de surprise en essayant de te tuer, mais tu veux en être sûre.

« Ces Pokémon sont-ils à toi ? »

Il secoue la tête. Ton emprise sur lui se resserre alors que tu l’imagines en train de voler de pauvres innocents.

« Tu les as volés ? Est-ce pour cela que la police te recherche ? »

Il hoche de nouveau la tête, pour les deux questions. Tu entends alors le bruit essoufflé d’une femme qui se transforme peu à peu en celui d’une bête. Tu esquisses un sourire tandis que tu remarques qu’Umbra vous a rejoint, et qu’elle est saine et sauve. La suite est toute tracée.

« J’ai assez perdu de temps comme ça. Eliminez cette pourriture, la police se chargera du reste. Nous rentrons. »

Le Rocket a à peine le temps de crier que des griffes et des crocs plongent dans sa chair et abrègent ses souffrances. Le monde se passera d’une vermine comme lui, et bien que tu sois contrariée d’avoir eu autant d’embûches sur ton trajet du retour, tu dormiras du sommeil du juste pour avoir contribué à la société en se débarrassant de racailles comme lui.
Anonymous
Clare Hare - Infernum
Invité
Sam 23 Mar - 19:13


Spoiler:


Comme tout matin, Londres virait dans cette couleur particulière d'un soleil levé.
Clare tâchait de regagner sa routine en se rendant à Ligma.
Mais au moment de traverser la route, elle se sentit alpaguée par une force inflexible.
Brusquement, sans prévenir, elle se retrouva plongée dans les abysses.


L'obscurité se referma sur elle. Son cri de stupeur se coupla à un bruit de course. Un son métallique fendit l'air. Une voix d'homme s'éleva, forte et théâtrale.

— Qui ose pourfendre ces lieux ?!

Clare recula, paniquée.
— Répondez !
— Clare, Clare Hare ! glapit-elle dans l'espoir que cette réponse tienne l'inconnu à distance. Mais les pas se rapprochaient.
— "Claire Air" ? Voilà qui n'est pas commun... Avez-vous atterri ici sans explications ?
Elle ravala un nouveau cri.
— Je... Oui, balbutia-t-elle. L'homme grogna, visiblement déçu par cette réponse.
— Venez.

Clare ne savait pas comment elle pourrait le suivre dans pareille obscurité. Mais sitôt l'eut-elle pensé que les ténèbres se délitèrent. L'inconnu ressemblait à un pirate  : il portait une longue perruque noire et bouclée, un chapeau tricorne, et une épée rangée dans son fourreau. Après avoir marché un temps considérable, le pirate disparut derrière un rideau rouge. Poussée par la peur à l'idée de rester seule dans la pénombre, Clare traversa ce rideau à son tour. La vive lumière de l'autre côté l'aveugla.
Elle dut cligner des yeux plusieurs fois, afin de découvrir ce qu'elle n'aurait jamais imaginé.

Des fauteuils par dizaines étaient disposés dans un salon immense où ronflait un gros feu de cheminée. Un tapis long de plusieurs mètres s'étendait sur le parquet, cousu à l'effigie d'une fresque gigantesque si riche en scènes qu'elle donna à Clare le tournis.
Le choc, ce fut cette foule dense qui remplissait la pièce. Une sorte de lord anglais, un robot, ce qui ressemblait à une harpie pleine de plumes, un vieux borgne, une jolie blonde au style french cancan, et un griffon, étaient assis dans les sièges. D'autres se tenaient debout : un immense chien se léchait le pelage devant la cheminée, une jeune femme, à la mine renfrognée, parlait à un bel homme blessé à l'arcade. Dès qu'il vit Clare, un petit garçon accourut jusqu'à elle. Il lui offrit un gros câlin, tandis que tous les autres s'étaient tus.

Le pirate se racla la gorge, solennel.

— Merci d’accueillir "Claire" "Air".

Celle-ci resta percluse.
Le chien aboya, la femme contre le mur détacha sa clope des lèvres, et la jolie blonde se leva tel un ressort, alors que le petit garçon câlinait toujours les jambes de Clare avec affection.

— Mon dieu, pauvre chérie !  Vous ne voyez pas qu'elle est morte de panique ?! Griffon, va vite lui chercher une tasse de thé !

Ledit griffon lui envoya un regard de reproche. Mais devant l'air sévère de la blonde, il s'arracha à son fauteuil, dans un cri tonitruant qui fit se dresser les poils de Clare ; le parquet trembla sous ses pas. La blonde s'approcha d'elle. Clare dut nourrir des efforts "monstres" pour ignorer le griffon qui se dirigeait maintenant vers une table remplie de gobelets et qui, de ses serres d'aigle, attrapait un des thermos.

— Tu dois te poser mille questions ! Oh la la. Germain, s'il te plaît, laisse la dame tranquille ! Le petit garçon se détacha de Clare, les yeux plein d'étoiles. La blondinette attrapa alors le bras de Clare qui accepta d'être menée, complètement déboussolée, jusqu'à un des fauteuils de velours. Une fois assise, Clare remarqua que tous continuaient de la détailler.

— Dis-nous, d'où tu viens ? Lui demanda avec douceur la blonde, après s'être rassise à son tour. À sa question, quelques-uns se penchèrent en avant, curieux d'entendre sa réponse.
— Je... de... Londres ? Souffla-t-elle sans comprendre.
— Ah ah ! Quelques-uns rirent. La femme avec sa cigarette tapa dans la main de son voisin, comme fier d'avoir gagné un pari.

— J'en étais sûr ! Elle adore Londres ! Assura une voix dans le groupe.
— Elle ? Murmura Clare. Elle se sentit soudain prise d'un douloureux mal de crâne.

— Ta créatrice expliqua la harpie dont les yeux, d'un bleu céruléen, la fixaient sans cligner. Le griffon revint avec le gobelet de thé chaud et le tendit à Clare. Cette dernière l'attrapa en refrénant ses tremblements, et le griffon repartit - boum boum- vers le fond de la salle.
— Nous avons tous été créés par elle. Toi aussi.
— Par qui ?
— Par ta créatrice,
répéta, imperturbable, la harpie.
— Je ne comprends pas...

Ils échangèrent un regard éloquent, le chien y compris. On aurait dit qu'ils s'étaient attendus à sa réaction.

— Nous sommes le produit de son imagination. Les personnages principaux des histoires qu'elle a créées.
— Elle qui ? Insista Clare qui commençait à paniquer.
— On ne sait pas. Quelqu'un, répondit le bel homme.

Clare les regarda à tour de rôle, certaine d'être victime d'une farce. Mais ils gardaient l'air très sérieux.

— Ce n'est pas possible...
— Moi aussi j'ai eu du mal à le croire,
admit le lord anglais d'un ton qui se voulait amène.
— Bardas a tenté de découper Griffon en morceaux, rappela quelqu'un.

Ils rirent tous. Le pirate en question redressa le dos, piqué au vif.

— En tant que capitaine, pirate de la camaraderie des mers du brouillard, mon devoir est d'affronter le danger !
— Arrête ton cinéma, elle t'a créé quand elle avait dix ans. Et les mers du brouillard, ça n'existe même pas...
grogna le borgne.

Le pirate prit un air courroucé.

— Bien sûr que ça existe !
— Moi tout c'que je sais, c'est qu'aucun pirate n'oserait porter une perruque aussi ridicule.


Il resta sans voix, offusqué, puis se détourna, toujours de manière théâtrale, pour regagner les abysses de l'autre côté du rideau.

— Ne fais pas attention à lui, ma chérie, il a tendance à rester dans son personnage.
— Il n'accepte pas l'idée d'être une invention,
souligna la harpie. À la fin de sa phrase, le silence retomba, preuve qu'ils partageaient, sans se l'avouer, le même avis que ce pirate.

— Pourquoi sommes-nous là ? demanda Clare. Elle avait fini par se résigner à ne plus chercher de cohérence dans cette journée.
— Parce que notre histoire est terminée.
Elle releva ses yeux, perdue.
— Terminée ?
— La conséquence d'un déménagement pour ma part.
dit le robot de sa voix mécanique.
— Une grotesque histoire d'amour, regretta le bel homme.

La blondinette soupira, déplorant leur manque de clarté à l'égard de la nouvelle venue.

— Elle nous a créés, puis elle a décidé d'arrêter notre histoire. Et quand cela arrive...
— Nous atterrissons ici ? chuchota Clare. Elle se sentit, tout à coup, envahie par un sentiment vertigineux d'angoisse, comme si elle expérimentait l'heure de sa propre mort.
La blonde hocha de la tête en silence. Clare reposa ses yeux sur le gobelet qu'elle n'avait pas bu. Elle repensait à Fang, à Abraham, au petit garçon, à ses parents. Tout cela... n'avait été qu'une création, dictée par les pensées de cette prétendue créatrice ?
— Je ne veux pas... s'entendit-elle dire.  Comme ils restaient silencieux, elle chercha à se défendre :
— Je... ils étaient vivants ! J'ai partagé avec eux ! J'ai vécu !
— À travers ta créatrice, oui, tu as vécu, assura la blonde.

Mais Clare se releva de son fauteuil, loin d'être satisfaite. Une fois debout, à sa propre surprise, une hypothèse s'imposa à elle. Elle se tourna vers eux, frappée de savoir comment s'enfuir d'ici.

— Peut-être... Que mon histoire n'est pas encore terminée ? Peut-être que cette scène fait partie de mon histoire ? Murmura-t-elle avec espoir.
— Tu veux dire qu'elle l'aurait écrite ?
Lui offrant un sourire bancal, Clare acquiesça.

Aussitôt l'eut-elle pensé qu'une nouvelle force la saisit, à la manière d'un crochet qui la tirait par le nombril. Des couleurs dansèrent devant ses yeux, défilant si vite qu'elle fut forcée de fermer les yeux. Des sons se couplaient, se mélangeaient : des rires, des pleurs et puis.
Clare rouvrit les yeux.

Elle se trouvait de nouveau sur le trottoir.
Le feu passa au rouge et les passants traversèrent. Clare se tenait là, debout, retournée par un sacré vertige : elle voyait, face à elle, la bâtisse de Ligma que la plupart ne pouvaient voir.
Elle venait de vivre un malaise : une étrange absence. Mais de ce qu'il s'était passé plus tôt, elle n'en gardait plus le moindre souvenir.
Anonymous
Chafouin [Irydaë]
Invité
Sam 23 Mar - 20:22
Présentation:

-Arête toi le daënar ! Je suis Melinios, mage de Süns, j’immole tous ceux qui croise ma route à l'aide de mes poings enflammés, tu n'es ni la première, ni la dernière de mes victimes ! Présente toi donc à ton bourreau !

Chafouin leva un regard ennuyé dans la direction de ce drôle de personnage, le mage My'trän faisait apparaître des flammes autour de ses mains comme pour prouver qu'il ne bluffait pas, Chafouin se dit que ce nouvel obstacle n'était qu'une crotte sur sa semelle de plus, il en avait accumulé tellement en seulement une semaine, ou peux être était-ce plusieurs  ? Il en avait perdu le compte à présent, dire que tout cela avait commencé de manière si tranquille pour aller chercher un objet si simple et pourtant si précieux à ses yeux qu'il n'aurait jamais d'autres occasions de se procurer. Il tenta de se remettre bien droit alors que son ventre le faisait souffrir, son épaule gauche était endolorie et sa jambe droite blessée, mais il ne comptait pas se rendre à ce type, ça sûrement pas.

De nombreux jours auparavant il était monté dans une navette faisant la liaison entre Prorig, la ville où il vivait et Skingrad, la capitale de la région pour aller retirer un colis très spécial coûtant une fortune sur le marché. Ce qui promettait d'être une croisière tranquille sur les mers de quelques jours avait rapidement tourné au cauchemar quand des nuages noirs s'étaient regroupés au-dessus du navire où Chafouin se trouvait, lui qui était très superstitieux avait vu cet événement d'un très mauvais œil et le destin lui avait donné raison.

Surgissant des flots dans une fracas terrible, la tête gigantesque d'une créature n'ayant rien à envier aux léviathans et krakens des légendes avait surgit de l'eau. La taille du monstre était telle qu'on ne pouvait à peine discerner le reste de son corps, cette créature avait regardé le navire de ses yeux maléfiques, habités d'une malice étrangement humaine. Chafouin était resté hébété devant cet événement, les terribles chotgors étaient des créatures quasi mythique, les hommes ayant survécu à une telle apparition étaient rares et d'ailleurs Chafouin se rappela qu'une rencontre avec un chotgor était aussi souvent le dernier événement dans la vie d'un homme. Comme pour lui donner raison, la créature de cauchemar avait fondu sur le navire, le taillant en pièce comme si la coque n'était que du papier, envoyant hommes, métaux et bois à la mer et envoyant Chafouin dans le néant.

Du moins ce ne fut pas la fin, il se réveilla sur la plage d'une immense jungle, la jungle de carter. Cet immense environnement était réputé impossible à traverser, les hommes s'y rendaient uniquement pour y mourir, rares étaient ceux qui la traversaient de part en part sans y laisser des plumes. Et pourtant Chafouin n'avait pas le choix, il s'était lancé dans cette jungle, ne comptant que sur son ingéniosité pour s'en sortir, fabriquant des outils avec le bois qu'il réussit à grappiller, pour éloigner les créatures sauvages, ayant toujours pour certitude que Skingrad se trouverait au bout du chemin. Il mit des jours à traverser cette jungle et se blessa de nombreuses fois.

Mais les certitudes ne suffisent pas toujours à garder les gens en vie et alors qu'il se faisait poursuivre par un énorme lézard de plus de quatre mètres nommé mogoï, une intervention tout aussi incroyable lui sauva la vie sous la forme d'un dragon monté par un dragonnier de la célèbre cité-état de Dyen. Le combat fut rude entre les deux géants, mais le dragonnier vint finalement à bout du mogoï, ayant eu du mal à supporter de prendre une vie pour sauver Chafouin qui l'insultait copieusement en retour en argumentant qu'à aucun moment il n'avait eu besoin de son aide, il lui posa cette charade, le prévenant qu'il ne le laisserait pas repartir en cas d'échec  :

«  Je me tortille dans ma grotte,
Je peux voir la lumière du jour,
Je peux sentir les saveurs extérieures et sortir la tête,
Mais je ne quitterai jamais totalement mon antre,
Qui suis-je  ?  »

Chafouin lui aurait volontiers dit d'aller se faire voir s'il avait oublié le fait que le dragonnier était juché sur un reptile encore plus grand que le mogoï, mais il avait finalement trouvé la réponse à cette charade après quelques minutes de réflexions et de grommellements intenses.

Le dragonnier le laissa partir, mais le prévint qu'il aurait pu le faire monter sur son dragon s'il n'avait pas fait preuve d'un ton aussi grossier. Mais qu'importe, il était en vie pour un jour de plus, c'était tout ce qui comptait. Bizarrement, après cet événement, sortir de la jungle de carter avait été plutôt facile. Et il aurait presque cru que ce petit périple se serait achevé tranquillement si ce bandit magique ne l'avait pas alpagué alors qu'il pouvait apercevoir les faubourgs de Skingrad au loin. Ainsi ce drôle de malandrin voulait qu'il se présente, très bien il allait lui faire ce plaisir et même plus.

-Je m’appelle Chafouin, évidemment, c'est pas mon vrai nom, mais c'est comme ça que les gens m’appellent, j'ai plus de 37 ans et j'ai toujours grandi sans le sous et en ne comptant que sur moi-même. J'ai trimé toute ma vie pour avoir la vie que je désirais. Le mage avait baissé les mains, quelque peu étonné par la tournure que prenait cette présentation. Mes journées normales se composent ainsi, je me lève de bonne heure mais n'ouvre jamais mon cabinet avant dix heures pour profiter du petit déjeuner, je travaille jusqu'à midi et demi, heure à laquelle je vais souvent à la taverne, déguster un énorme steak ou deux si j'en ai l'envi et l'argent. Je passe le reste de l'après-midi à travailler ou  à jouer aux cartes quand le labeur manque. Le soir venu je vais régulièrement au bordel quand l'envi me vient. Je fume et je consomme de l'alcool régulièrement, mais je pratique de l’exercice physique et je bois régulièrement de l'eau pour compenser ces vices.

Cette fois le mage était vraiment étonné et sans doute un peu gêné, il ne devait pas avoir souvent de tels numéros. Chafouin pris un ton plus agressif en fronça les sourcils.

-Cette vie que je mène, je l'ai acquis par de nombreuses activités, légales ou non, je n'hésite jamais à voler, kidnapper, torturer et tuer si nécessaire, les braves gens comme ceux qui le méritent, je ne fais aucune distinction. Et toi Méli-machin, tu as fait une grossière erreur aujourd'hui.

Il leva ses bras, dévoilant les mécanismes de grappins portatifs qu'il possédait à chaque poignet, ces gadgets pouvaient tout autant servir d'armes que d'objets utilitaires entre ses mains une simple pression dans le bouton de sa mitaine et les objets pouvaient perforer un crâne avec facilité.

-Tu t'es mis entre moi et une bouteille de vieux rhum douze ans d'âge venant de Zochlom, que le destin dans sa grande puterie, m’empêche de récupérer depuis des jours, d'autres auraient  sans doute rebroussés chemin ou aurait abandonné pour aussi peu, mais pas moi. Entre toi et tous les obstacles que j'ai bravés, tu n'es clairement pas le plus dangereux. Maintenant amène toi, je vais te faire mordre la poussière, le mage.

Son ennemi hurla de rage et se lança vers lui, ce que Chafouin fit de même. Malgré ses blessures et sa fatigue, il était déterminé à tuer ce dernier adversaire, ce qui mettrait fin à son voyage, son épopée.

Son épopée pour du rhum.

[1252 mots]
Anonymous
Lauriane Feroë
Invité
Sam 23 Mar - 21:05



Introduction:


Le doux son de la pluie parvient jusqu’à mes oreilles malgré la fenêtre fermée. C’est le matin, c’est humide, il y a du vent, et il fait froid. La météo n’est pas faite pour m’encourager à suivre mon programme, qui est censé commencer par une séance de jogging, au parc.

Restes chez toi. Simple conseil d’ami.” Semblait me dire le Destin.

Je suis tentée de l’écouter. Puis je me souviens qu’il n’a jamais vraiment été mon ami. Alors pour une fois que je m’accorde un jour de repos, il serait dommage de ne pas en profiter. Et puis ça fait quelques jours que je n’ai pas couru, ça me fera du bien. Sans plus de réflexions, je décide d’y aller malgré l’averse, légèrement amère quant au fait de finir trempée. C’est ainsi que mon duel contre le monde commence.

Lorsque je sors du bâtiment, les gouttelettes me fouettent le visage, comme des petites gifles bien humiliantes. Je ne me laisse pas intimider et commence à marcher vers le parc. Heureusement, il n’est pas trop loin de chez moi. Je n’ai qu’une rue à longer, puis une dizaine de marches à descendre. Pas trop compliqué.

Cependant, le trajet devient un peu plus incertain, lorsqu’une voiture se présente, en face de moi. Pendant un instant, les yeux de l’automobiliste et les miens se croisent. Il me regarde. Je le regarde. La voiture fait un écart. La roue pénètre la flaque. Et c’est ainsi que Moïse écarta la mer rouge. Trempée, bouillonnante, je me retourne vers ce petit con pour lui expliquer comment je vais, à mon tour, écarter sa mère morte. Mais je suis confrontée à un nouvel élément imprévu. Un bon gros doigt d’honneur des familles qui dépasse gratuitement de la fenêtre du véhicule, déjà en train de s’éloigner. À peine crédible, je lui rend son geste, en vain.

Je t’avais prévenue, Lauriane.
Toi, ta gueule.” Lâché-je dans ma tête.

Ce petit jeu entre moi et l’univers aurait pu s’arrêter là. Mais l’univers est comme un gosse. Il est chiant, imprévisible, et il ne sait pas quand il doit s’arrêter.

Hey, c’est pas gentil de parler de moi comme ça!

J’ai un ami qui est un peu pareil. Je suis sûr qu’il aurait bien rigolé quand je me suis cassé la gueule dans les escaliers, rendus glissants par la pluie.

Ça t’apprendra.
Bordel, t’es qui, toi ?
Le Karma.

J’imagine un instant le Destin et le Karma se faire un high five, parfaitement exécuté. Pas celui que tu fais avec tes potes, où vous évitez de taper trop fort pour pas vous exploser la main. Pas non plus celui que tu fais quand t’es bourré et que t’arrive pas à viser l’autre. Non. Le Destin et le Karma, quand ils échangent un high five, c’est le genre de geste effectué en synchronisation totale, accompagné d’un claquement satisfaisant. Comme les ballons. Les ballons ça claque bien aussi. Quand on se les prend dans la gueule.

-Madame, ça va?

Un peu sonnée, je mets une paire de secondes à comprendre ce qu’il vient de se passer. Je dévisage le gosse, qui se trouve un peu plus loin. Lui et ses deux copains doivent avoir une dizaine d’années.

-Je suis désolé, je voulais pas vous tirer dessus.
-Ouais, mais on n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie. Moi, par exemple, je voulais pas que tu naisses. Mais il y a fallu que tu viennes me faire chier. Alors reprends ta merde et casses toi.

Ah, ce que ça défoule ! Ça fait du bien. Calmé, le larbin de ses parents tourne les talons, la tête basse. Je fais de même, en m’essuyant l’eau que j’ai sur la figure.

C’était pas très gentil, ça, Lauriane.
T’y vas fort, je trouve.
Lâchez-moi, tous les deux. Je veux juste faire mon sport, tranquille.
Apparition de mec relou, niveau maximum, en case A3.

La silhouette se détache du banc sur laquelle elle était assise, sans tenir compte de la pluie. Faisant mine de ne pas le remarquer, je commence à trottiner. Avec un peu de chance, il va comprendre que je suis occupée et ne pas m'aborder. Mais l’homme me rattrape et adapte sa cadence à la mienne, un grand sourire aux lèvres.

-Vous aussi vous aimez courir sous la pluie ?

Ignore-le, Lauriane. Ignore-le.

-Je vous trouve vraiment charmante.
-Étant donné votre acuité visuelle, c’est étonnant que vous me trouviez.

Quoi ? Je suis en survêtement, trempée. J’ai de la boue sur les fringues, les cheveux qui me tombent sur le visage, et je suis tellement saoulé que je dois tirer une gueule pas possible. Ce mec doit être aveugle pour me trouver "charmante".

-Hahaha, et drôle, en plus de ça. Vous seriez d’accord pour prendre un chocolat chaud, après ?

Je ne peux réprimer un sourire fourbe.

-Oh, très certainement.
-Génial ! Je connais un café pas très loin, je suis ami avec le gérant. On pourrait aller là-bas.
-Excusez-moi, je crois qu’il y a un malentendu. Je prendrai un chocolat chaud, sans vous.
-Hahaha, je prendrai un thé, alors ! Dit-il avec un clin d’œil.

Je vais me le faire. Je vais vraiment me… Non, enfin. Pas me le faire. Mais… J’ai pas à me justifier dans mes propres pensées. Par chance, mon téléphone vibre dans ma poche. Je peux donc ralentir le rythme, et dégainer cette merveille de technologie, me permettant d’échapper au relou. Je décroche.

J’active ma carte piège !

-Bonjour, madame… Feroe Lauriane ? Je vous appelle concernant votre abonnement téléphonique.

Oh non, pas ce foutu opérateur et ses appels à deux balles... En plus l'homme chiant, est toujours là, il m’attend. D’un geste nonchalant, je lui fais signe de partir en lui tournant le dos. Ça pourrait très bien être un appel important, après tout, il n'en sait rien.

-D’accord…
-Nous proposons désormais un nouveau forfait susceptible de vous intéresser.

Je l’écoute à peine, plus concentrée sur le fait que l’autre énergumène me colle, encore et toujours, aux basques.

-Oui chéri, je suis au parc, là.
-… Avec un prix qui est… Je vous demande pardon ?
-Non, je suis pas toute seule, il y a un mec bizarre qui me stalk depuis cinq minutes.
-Vous… vous voulez que j’appelle la poli…
-D’accord, je prendrai du pain en passant. À tout à l’heure, bisous!

Raccrochage au nez. Pivot latéral droit. Surveillance des environs. Constat de la retraite de l’ennemi. Passage du téléphone en mode silencieux. Reprise de l’activité. Héhé, je suis trop forte !

Elle est douée…
Ouais, mais c’est pas très sympa ce qu’elle a fait.
Tu proposes quoi ?
Quand elle regardera son téléphone, elle aura deux appels manqués de son patron.
Ooooh!
Connards.

Les minutes qui suivent se déroulent néanmoins sans nouvel accroc. Sans présence perturbante. Sans gamelle pendant que je cours. C’est presque louche.

Je m’ennuie. On joue ?
Ok ! Lances un dé ?
Bonne idée !

Mes sens s’éveillent. Je ralentis ma course. Un nouvel obstacle s’apprête à se dresser sur ma route. Où ça ? Quand ?

Échec critique.

DIS-MOI, BORDEL !

Un Dragon furieux sort de nul part. Que fais-tu, Lauriane ?

Une bourrasque attire mon regard vers le ciel. (Merde, j’ai de la pluie dans les yeux!) Un Drattak survole le parc.

Image de Drattak:

Sa gueule se charge en énergie, puis un rayon en jaillit. L’attaque s’écrase quelques dizaines de mètres plus loin, là où jouaient les gosses de tout à l’heure.

-STRIKE ! Cheh !
Il pivote dans ta direction, et te prends pour cible.

Et merde. Je porte ma main à ma ceinture en quête des Pokéball contenant mes compagnons.

Échec. Tu as oublié tes Pokémon à la maison. Tu ne fais pas le poids, toute seule.

MAIS QUELLE CONNASSE JE SUIS ! Sans réfléchir, je prends mes jambes à mon cou.

Ah… Réussite critique. La police a été appelée par des passants et vient d’arriver sur les lieux. Dommage…

Je croise en effet des gens en uniforme. Chacun est accompagné d’un Pokémon de service. Soulagée de ne plus être la proie du reptile géant, je ne ralentis pourtant pas. Ce qui est bien mal pensé de ma part, puisque les escaliers luisants me rappellent à nouveau que, si un jour je tombe, le sol sera toujours là pour me réceptionner. Fort aimable.

Tsss... Karma, t’es vraiment un enfant !
Pardon, j’ai pas résisté.

Heureusement, pas de nouveau chauffard sur le chemin du retour. Tremblante de froid, les vêtements imbibés d’eau et essoufflée après avoir couru comme une dératée, je parviens à me hisser jusqu’à mon appartement par la force de l’ascenseur. La chaleur de mon chez-moi me ragaillardi un peu, et me donne la foi de me changer, en faisant couler le chocolat chaud promis. Ma tasse en main, des vêtements secs sur le corps, je me laisse choir sur le canapé qui fait également office de lit et dégaine mon portable. Putain, deux appels manqués...

-ATCHHAAAA !

A tes souhaits !
Echec et mat.
*High five parfait*

Je déteste ma vie.
Anonymous
Harold Haddock
Invité
Sam 23 Mar - 21:16


Coucou ! :


Épreuve 5 - Équipes A et C [ ♦ ♠ ] Tumblr_pou3u9OQ0S1vcop2wo1_100

Run boy run.



Une épreuve de courage sur un chemin qu'il connaissait, il fallait se rassurer tout de même, que ce ne soit pas trop compliqué pour le jeune et chétif garçon. Les abords de la ville n'avaient de secret pour aucun des jeunes, ils l'empruntaient jours après jours pour diverses raisons. Seulement cette fois-ci fut différente par bien d'inévitables péripéties.

Le principal intéressé, Harold Haddock troisième du nom, chaussé de ses bottes, d'un manteau lui conférant une chaleur en ces temps de froid et d'un bonnet, menait la marche. Rare pour le jeune garçon, il n'était ni meneur, ni confiant, pourtant cela ne l'empêchait pas de paraître déterminé.

Le chemin était simple, l'épreuve aussi. Il leur suffisait de passer par le glacier, les cavernes, le fjord pour reprendre la route de la ville. Tracé au millimètre près au préalable par le jeune Lupy, aucun écart ne lui serait permis - il se l'imposait. Sa détermination n'avait d'égale que son inconscience.

« C'est une mauvaise idée. »

Voilà ce que murmurait la petite voix dans sa tête, mais d'un claquement sec de langue il la fit taire. Les moqueries s'étaient tues alors qu'il acceptait le défi lancé, une hargne nouvellement allumée dans son regard clair. Il n'avait laissé aucun mot à ses parents, que risquait-il ? Perdre un bras ? Il connaissait ce chemin, l'empruntant pour rejoindre le fjord, observer l'océan, s'entraîner sous la voix tonitruante de son père.

Il réussirait et sa vie changerait ainsi pour le meilleur.

Ses camarades le suivent, il a repéré Astrid, son regard sérieux, sa mine renfrognée, bien sûr qu'elle n'approuvait aucunement ce test. Mais le membre de la maison du Loup ne pouvait plus reculer, il serait encore considéré comme un lâche, un moins que rien, rebut, déchet... Il serra les dents, enfonçant son pied dans la neige et continua sa marche, essayant de les semer. L'imprévisible tempête qui commençait à s'élever ne put le dissuader de faire demi tour, pourtant il fut laissé par plusieurs de ses camarades, tous des sorciers sans possibilité de sortir leurs baguettes. Trop jeune... C'était une bêtise. Trop tard. Elle était la première épreuve.

Harold descendit son masque sur ses mirettes, inconscient mais prévoyant, ainsi il put continuer sans se soucier de terminer aveugle cette course.

Course ? Non, il était le seul qui devait y aller. Pourtant sa fierté, nouvellement acquise, lui dictait d'arriver le premier. S'il avait su...

La grotte de glace, gelée était la suite sur leur chemin. Ils avaient confiance, ils venaient jouer là tout le temps, s'y réfugier quand les tempêtes leurs bloquaient la route. Ce qu'elle ferait une nouvelle fois. La prévenance du jeune sang-pur faisait que dans ses affaires se trouvait plusieurs lampe, s'emparant d'une il éclaira la pénombre. Le silence macabre était couvert par le criant blizzard au dehors. Ils n'étaient plus que six, et Harold les distançait largement, il les perdrait et le cherchait. Si la neige ne l'aveuglait pas, la détermination s'en chargeait très clairement aux yeux des autres. Le souffle visible du Norvégien indiquait la température chutant drastiquement, mais il ne craignait pas le froid, habitué depuis l'enfance, sa tolérance était élevée.

Un craquement sinistre fit reculer d'autres courageux, le groupe s'amoindrissait, Harold restait en tête, n'écoutant aucunement son instinct de survie qui lui hurlait de rentrer chez lui, il n'avait rien à prouver à quiconque.

Si. Il devait prouver à ses camarades, à son propre père qu'il n'était pas un faiblard. Rebrousser chemin n'était nullement une option dans ce plan bien ficelé qu'il suivait dans son petit crâne de personne trop têtue. Ce qui achèvera de le séparer du groupe sera l'éboulement qui précéda un glissement fulgurant de neige. La course à la sortie commença, retourner sur leurs pas était dorénavant impossible. Ce test de courage se transformait en quête de survie. Les grognements agacés et les souffles apeurés ne parvinrent pas aux oreilles de l'intrépide Lupy, il les avait déjà perdus dans sa course effrénée. Rapidement il trouva la sortie, s'inquiétant pour les autres il les attendit, impétueux mais pas insensible.

La tempête courait toujours, dangereuse pour eux. Encore des désistements, ils restèrent aux abords de la grotte. Harold n'était pas prêt d'abandonner. Jamais. Le voilà seul à devoir rejoindre le fjord. Le chemin se traçait tout seul. Il n'y était pas encore qu'il croisa un animal, tout noir avec de grands yeux verts se reflétant dans les siens. Le jeune homme plissa les mirettes pour distinguer la créature. Que ce pouvait-il être ? Il se trouvait loin du refuge animalier de sa génitrice, et il savait de source sûre qu'aucun animal ne s'en échappait. Il était alors intriguant de voir une quelconque créature sur son chemin, il y avait bien des ours, des renards ou des rênes mais celui-là était trop petit et trop noir pour en être. En s'approchant il put ainsi reconnaître un... Chat. Un chat au long poil noir. Perdant son temps, il s'accroupit en tendant amicalement sa senestre.

- Qu'est-ce que tu fais là mon grand ?

Pour simple et unique réponse l'animal feula en lui sautant à la gorge, l'obligeant à basculer sous le coup de la surprise.

Un peu violente comme réaction.

Harold s'extirpa difficilement de ces griffes plantés dans son anorak, cherchant sa chair - qu'elles réussirent a atteindre au visage. La frayeur passée, pour les deux, le félin se tourna et s'enfuit dans la tempête, abandonnant le jeune garçon qui se remettait de ses émotions et ne remarqua donc pas la blessure sévère qu'abordait le chat.

Un haussement d'épaule plus tard, il reprit sa route, son épreuve n'était pas conclue encore. Seulement Harold n'atteindrait jamais le fjord, en raison de son itinéraire dévié par la tempête, sans qu'il ne put s'en apercevoir n'ayant pas pris soin de s'encombrer d'une boussole - pourquoi faire ? Les yeux fermés il aurait pu rejoindre sa destination. Il traçait son chemin, même son ouïe était trompée par les mugissements du vent. Il s'approchait dangereusement du bord des glaciers. La glace dure sous ses pieds lui fit froncer les sourcils, Harold se remarqua en montée et non en train de descendre dans la vallée. Un léger juron passa ses lippes alors qu'il se rendait compte de sa fausse route.

Prêt à faire demi-tour pour retrouver son chemin, le blizzard masqua l'entente d'un craquement terrifiant, des grognements et pas de course effrénée dans la neige. Le sol lui donnait en revanche toutes les informations dont il avait besoin. Ahuri l'apprenti sorcier scruta dans le lointain, cherchant la provenance des ces vibrations. Une minuscule silhouette se détacha du paysage, noire... Le chat ! En plissant un peu plus les yeux il pu distinguer un poursuivant, gros en comparaison du félin. Se confondant avec la tempête il lui fut pourtant possible de distinguer un loup. Un véritable loup. Les yeux écarquillés Harold n'écouta pas cette pulsion de vie qui lui sifflait à l'oreille de partir, et loin.

Non.

Aussi rapidement qu'il lui était possible de courir, il pris la direction des deux animaux, pour une raison qu'il ignorait. Une chose était sûre : il devait sauver ce chat. Tant pis pour le défi. La vie du félin était plus importante. Tant pis pour l'acceptation des autres. Il se rapprochait dangereusement des animaux. Tant pis pour la fierté dans le regard de son père...

Il saisit le chat et s'écarta de côté, dérapant sur la glace. Sa glissade paraît maîtrisée, seulement le choc de son corps contre le sol indique le contraire. Il serait mentir que d'accorder à Harold l'agilité et la grâce. Le craquement intercepté par le vent hurlant parvient finalement à ses oreilles. Ils sont au bord du précipice, et pour l'avoir visité il sait la crevasse profonde sous lui. En deux gestes le jeune homme ouvre son vêtement pour y cacher l'animal, remarquant enfin le liquide rouge s'échappant de sa patte arrière. Il se redresse en une grimace, la chute ne l'a pas raté. Le temps lui est compté entre la glace qui menace de s'effondrer sous ses pieds et le loup chargeant de nouveau.

Ses jambes s'activèrent aussi rapidement que possible, mais qui était-il pour semer un canidé habitué à la neige, la tempête et la glace ? Pourtant il ne pouvait se résoudre à abandonner. Ce chat, il ne l'avait pas remarqué au préalable, requérait son aide. Lui aussi, sans qu'il ne le sache, nécessitait la sienne. Pourtant le loup ne le suivait pas, Harold n'y prêta pas attention dans sa marche rapide - il lui était impossible de courir.

Six pas.

Nouveau craquement.

Trois pas.

La glace céda et lui aussi.

Dans sa chute il poussa un court hurlement de surprise avant de se mettre en boule pour protéger l'animal. Au péril de sa vie s'il le fallait. Il ne dut sa survie qu'à l'épaisse poudreuse six mètres plus bas. Son regard se porta au petit être qu'il tenait contre lui avant de sombrer lentement, une douleur aiguë le prenant à la jambe.

Son épreuve et sa vie s'achèveraient ici semble-t-il.


La suite :
Anonymous
Elerinna Jelica
Invité
Sam 23 Mar - 21:23


Spoiler:


Bousculant quelques passants sur mon passage, je me frayai un chemin à travers les allées étroites du centre-ville d’Arnlo. Je me fondais dans l’obscurité des ruelles. Mon pas était rapide, les petits talons de mes bottines claquant contre le pavé des rues. J’avais attendu ce retour en ville avec une certaine impatience ; pourtant, j’étais contrainte de me dérober aux yeux de tous. Mon départ avait causé tant de remue-ménage qu’un retour non dissimulé risquait de me coûter la vie. Pour conserver mon anonymat, j’étais vêtue d’une longue cape dont j’avais remonté le capuchon pour dissimuler ma chevelure.

Mon retour me permettrait de retrouver mon père, à qui je n’avais donné aucune nouvelle depuis mon départ. Mais avant ça, il me tenait à cœur de jeter un œil à l’atelier de couture que je tenais par le passé ; l’Atelier Jelica, la plus grande maison de couture d’Arnlo, qui habillait jusqu’aux plus hauts dirigeants de la ville.

Un sourire étira mes lèvres quand j’aperçus enfin la grande vitrine de l’Atelier. Il était placé dans l’une des rues les plus commerçantes de la ville où les nobles Parlèms déambulaient en masse. J’avais laissé les rênes de la boutique à Opale, une employée capable de réaliser un travail très complexe.

Cette pause ne fut que de courte durée. Je me tournai et entamai le trajet qui menait au domaine de mon père. Je commençai à descendre la vaste rue. J’avais tant emprunté ce chemin par le passé ! Les choses avaient considérablement évolué depuis, mais cette route m’était encore familière.

Pourtant, un malaise s’installait à mesure que je m’enfonçais dans la foule. Les passants me contournaient et me dévisageaient avec un certain mépris. Mon accoutrement n’était pas adapté à la mode Parlèms, je le savais – en plus du claquement métallique de ma prothèse qui attirait l’attention sur ma personne. Je pris la décision de ne pas ôter ma cape pour ne pas dévoiler les armes accrochées à ma ceinture. Il n’était pas d’usage de voir une femme armée, ici. Je rabattis cependant le capuchon qui dissimulait ma chevelure, priant tous les dieux pour que l’on ne me reconnaisse pas.

Ce fut un échec. J’eus à peine le loisir d’effectuer quelques pas qu’une voix s’éleva parmi un petit groupe d’hommes.

- Regardez ! s’exclama-t-il. C’est la jeune Jelica ! Je la croyais morte !

Surprise, je stoppai ma marche pour mieux observer le groupe d’où provenait la voix. Mon sang ne fit qu’un tour : ces hommes, paisiblement installés à la terrasse d’un salon de thé de renom, étaient les hommes de main de mon époux ! Ces hommes m’avaient chassée et laissée pour morte à l’extérieur de la ville ! Je leur devais la perte de ma jambe.

Sans réfléchir davantage, je me mis à courir. Mon cœur battait à tout rompre. Derrière moi, j’entendis ce même homme hurler au reste du groupe :

- Suivez-la !

Les trois hommes de main de Roderick se lancèrent à mes trousses.

Dans la panique, je ne pris cependant pas le soin de réfléchir à mon trajet. Je devais me rendre au domaine Jelica au plus vite ! J’optai instantanément pour le chemin que je connaissais si bien, celui que j’avais emprunté tous les jours pendant plus de dix ans ; le plus rapide, mais également le plus risqué.

Je devais traverser la rue marchande, pour finalement arriver sur la grande place et longer les quais jusqu’au domaine de Père.

Dans ma course, je bousculai les nombreux passants qui me bloquaient le passage, certains se retrouvant à même le sol. D’autres s’écartaient pour me laisser passer, ainsi que mes assaillants !

A bout de souffle, j’arrivai enfin au bout de la rue marchande. La grande place se dessinait devant moi dans toute sa splendeur. Je me stoppai net en apercevant face à moi le marché d’Arnlo auquel la plupart des commerçants vendaient leurs marchandises. Je jurai en l’apercevant, voyant derrière moi les hommes de Roderick approcher à grands pas ! Pour pouvoir passer sans entrave, je devais nécessairement le contourner. Non ! Je n’avais guère le temps pour cela ! Je m’élançai avec impétuosité à travers les différents stands qui jonchaient la place, décrochant de ma ceinture ma rapière télescopique.

Devant moi, un marchand de tissu vantait à une jeune femme la qualité de ses matériaux. Il n’eut pas le temps de me voir arriver. Je le fis tomber au sol en le bousculant d’un bras avant de sauter sur son stand, déchirant d’un coup de rapière le tissu suspendu pour pouvoir redescendre et continuer ma course ! Le hurlement de la jeune femme attira les hommes de Roderick qui, eux, contournèrent le stand. A défaut de les avoir semés, je les avais au moins ralentis !

Je courus aussi vite que mes jambes le permettaient à travers les stands et finis par quitter la place sous les regards horrifiés et les injures des passants et des marchands qui s’écartaient tous pour me laisser passer.

Les poumons en feu, je gagnai les quais. Plusieurs bateaux y étaient amarrés et les marins s’activaient dans cette zone très vivante de la capitale Parlèms. Epuisée, je ne pus m’empêcher de m’arrêter quelques instants pour reprendre mon souffle.

Alors que j’étais recroquevillée sur moi-même, essoufflée, un mauvais pressentiment me gagna. Je relevai aussitôt la tête et manquai de tressaillir. Face à moi, une rapière à la main, Roderick m’observait. Il ne fallut que peu de temps avant que les hommes qui me poursuivaient ne nous rattrapent. Ils n’étaient plus que deux. Le troisième était certainement celui qui avait prévenu mon tendre époux de mon retour en ville.

- Quelle surprise ! s’exclama Roderick avec un sourire mauvais. J’étais installé devant un agréable feu de cheminée, et voilà que l’un de mes hommes vient me prévenir du retour de ma femme. Quel bon vent vous amène, ma chère ?

Je fronçai les sourcils en jetant un rapide coup d’œil aux deux hommes qui s’esclaffaient derrière moi. J’étais coincée ! Je n’avais plus le choix.

- La simple envie de saluer mon époux, répondis-je en décrochant ma cape pour la laisser tomber au sol.

Roderick sursauta en apercevant les armes accrochées à ma ceinture. Pris de court, il hurla à l’attention de ses subalternes :

- Tuez-la !

Les deux hommes se jetèrent sur moi en dégainant leurs armes. Heureusement, je sus me montrer réactive et usai de ma Vérité pour me retrouver derrière eux ; leurs dagues s’abattirent dans le vide tandis que j’enfonçai ma rapière dans le dos de l’un d’eux. L’arme le transperça ; j’ôtai ma rapière et l’homme tomba au sol dans un bruit sourd.

Son ami le vit se tourna aussitôt pour m’attaquer à son tour ! Je m’accroupis pour éviter sa dague et utilisai cette parade pour le faire tomber d’un croche pied. L’homme se retrouva au sol et je l’immobilisai en posant furieusement mon pied sur son abdomen. Je levai mon arme à deux mains et l’abattit sur lui.

Je tournai la tête vers Roderick : il courrait dans ma direction ! Il tenta de m’attraper par les cheveux ; sa main se referma dans le vide. J’avais à peine eu le temps de me téléporter derrière lui. J’avais abandonné la rapière sur la dépouille de son homme de main, mais la lame d’une dague que je gardais toujours à ma ceinture était fermement posée contre son cou alors que je maintenais sa tête de mon autre main.

- Lâche ton arme, Roderick, ordonnai-je.  

Il laissa tomber sa rapière au sol sans rechigner. Je le poussai loin des armes en le faisait tomber à terre. Il roula sur lui-même et quand il tenta de se relever, je le menaçai de ma dague pour qu’il reste en place.

- Pitié, Elerinna… implora-t-il, la voix tremblante.

Je m’accroupis avec un large sourire aux lèvres et observai sa jambe droite quelques instants. Alors qu’il s’apprêtait à poser la main sur mon épaule, je levai ma dague et labourai sa jambe de plusieurs coups de couteau sans prêter attention à ses hurlements de douleur.

Quand j’eus terminé ma besogne, je me relevai et écrasai sa jambe en insistant sur le poids de ma prothèse métallique jusqu’à entendre ce bruit si caractéristique d’un os qui se brise. Sa jambe serait à présent inutilisable. Ce n’était que justice.

Le laissant ainsi en pleurs et en sang derrière moi, je quittai les quais sous les regards des matelots qui m’observaient avec horreur.

Je terminai mon chemin et finis par arriver au domaine. Père considéra mes vêtements couverts de sang avant de finalement me prendre dans ses bras.

Mon retour à Arnlo avait été… fracassant.
Anonymous
Frédérica Braincroft(PaB)
Invité
Sam 23 Mar - 22:02
Le jour appartient à ceux qui se lèvent tôt, disaient-ils.
Cela tombait bien, puisque de la journée, elle n'en voulait guère. Elle ne vivait que la nuit depuis sa mort.
Pourtant, son apparence laissait facilement croire qu'elle était une femme diurne, appréciant les mondanités sans fin et les romances en tous genre. Mais comme on le dit souvent, il ne faut pas juger un livre à sa couverture. Cela s'appliquait à merveille à sa personne. Les romances ? Elle n'en avait cure. Les mondanités ? Quelle horreur ! Non, ce n'était pas une grande sociable, se cachant derrière un masque de manières et de noblesse qui la faisait paraître forte et belle. Elle était telle une rose. Belle en apparence.

Mais les apparences sont le maquillage de la réalité. Et la réalité chez cette femme était hideuse. Elle avait été bafouée de son vivant, et dans sa mort elle n'était que fatigue et traumatisme. Colère et effrois. À tel point, qu'elle en était devenue une chimère. Une femme mi-humaine, mi-bête. Et pour couronner le tout, elle possédait l'ADN de la créature la plus vile de la genèse... La vipère. Immonde serpent, et image du diable.
Elle se sentait monstrueuse.

Et cette soirée ne faisait guère exception. Elle se tenait fasse à son miroir. Se contemplait. Ses yeux dorés fixé sur la réflexion de son corps couvert par endroit d'écailles blanchâtres. Malgré le fait qu'elle soit déjà apprêtée, elle se trouvait d'une laideur sans nom. Heureusement qu'elle ne vivait que la nuit... Cela lui permettait de ne pas prendre de potions tout le temps pour cacher sa véritable nature.
Elle soupira et se leva, et lissa les pans de sa longue robe tout droit sortie du XIX ème siècle. Pour une fois elle portait quelque chose de beige, presque taupe. Mais cette robe était un véritable chef d'oeuvre de couture. Dentelles et perles apportant ce côté luxueux à l'habit, et cette coupe, bien que chaste, mettait en valeur la poitrine de la Britannique. Ses talons claquèrent ensuite sur le sol à mesure qu'elle s'éloignait de sa chambre. Elle devait se rendre au "konbini" le plus proche afin de se procurer de quoi boire.

Bien qu'elle ne l'assume pas vraiment, Frederica était une alcoolique. Et cette faiblesse pour les spiritueux elle est tombée dedans un demi-siècle après sa mort. C'était devenue une habitude de boire au point de tomber de fatigue après avoir pleuré pendant plus d'une heure. Mais depuis peu, elle enchaînait les visites, les interactions sociales qu'elle avait pourtant en horreur fut un temps... Mais pour une fois depuis quelques mois, elle était de nouveau seule, et du brandy ? Elle n'en avait plus.

Donc elle se retrouvait dehors, à minuit passé, afin de s'emparer de l'alcool le plus fort qu'elle pouvait se procurer.

L'allée se fit sans encombre. Elle connaissait parfaitement le chemin et savait qu'il n'y avait absolument personne pour venir l'embêter. Elle passait donc inaperçue malgré sa tenue plus que remarquable. Elle arriva dans la boutique de nuit. Adressa un simple regard au vendeur. Un homme roux, gringalet et à l'air penaud. Le pauvre était la bouche baie, face à la stature de la femme en face de lui. Après tout, elle était facilement plus grande que lui d'une tête et Frederica restait une chimère... Ce qui n'était guère anodin. Et les hommes, craignaient les chimères. Leur agressivité. Leur haine à leur égard... Et ils avaient raison. Elle-même, si elle n'en avait pas été une, elle les aurait craint. Mais au final, elle était l'une d'entre elle.
Le regard haut et digne elle se dirigea vers les alcools, sans aucune hésitation. Elle s'empara rapidement de la première bouteille de Whisky disponible et s'en alla en caisse. Ses yeux dorés plongé dans celui apeuré du caissier. Elle déposa sur le comptoir le montant exact de la bouteille et s'en alla sans même adresser un mot entendant une fois dehors un faible "au revoir" de la part du malheureux.

Elle était de nouveau seule, et le froid parvenait à transpercer le lourd tissu de sa robe et la dense fourrure de son manteau. Mais cela ne l'empêcha pas de reprendre la route. Au contraire. Elle marcha tranquillement, profitant de la douce solitude que lui apportait la nuit, et pensant à la chaude étreinte qui l'attendait à l'ouverture de la bouteille contenant ce liquide ambré tant convoité.

(ost à lire en boucle (si nécessaire ) pendant la lecture)

Dans sa marche, elle commençait à avoir une étrange sensation. Elle sentait quelque chose peser sur elle, sur son dos plus précisément. Une sensation étrange, mais semblable à celle que l'on ressentait quand quelqu'un vous épiait. Pensant qu'il ne s'agissait que de son imagination qui lui jouait des tours, elle ne chercha pas à augmenter la cadence de ses pas, ni même à se retourner. Mais quelque chose dans cette sensation avait un côté clairement malsain, quelque chose qui semblait s'attacher à elle et qui ne semblait plus vouloir la lâcher.
C'était étrange, mais aussi persistant. Elle comprit que cela n'était pas normal lorsqu'elle entendit le bruit d'un caillou tombant au sol. Étrange... Puis, la tuile d'un toit tomba sur elle. Comme si on la lui avait lancée. Ses réflexes l'avaient pousser à l'éviter, mais elle comprit bien vite que la situation était bien plus critique qu'elle ne le pensait...

Suivant son instinct, elle déguerpit, courant. Elle n'était pas du genre à fuir, mais son esprit lui hurlait de courir, de trouver refuge auprès de la foule. Ce qu'elle tenta de faire. Mais dans sa fuite, elle finit par tomber face à face avec une personne tout de noir vêtu et arborant un masque semblable à ceux que l'on voyait au carnaval de Venise.
Le silence n'avait plus cette aura bienfaitrice... Non. Il était inquiétant, angoissant même. Elle était comme paralysée sur le moment et finit par bouger un trop tard lorsque l'individu masqué la chargea.

Tout fut très rapide, même pour elle. Tout ce dont la blonde se rappelait, c'était d'avoir reculé et d'avoir fini violemment plaquée contre le mur le plus proche. Elle avait le souffle coupé et une main agrippait fermement sa gorge. Elle savait qu'elle se trouvait dans une situation affreuse et bien qu'elle essayait de se débattre, elle ne parvenait pas à se défaire de la prise de son agresseur, qui semblait se resserrer, lui faisant pousser un gémissement de douleur.
Elle cessa tout mouvement lorsqu'elle sentit tout le poids de l'individu se plaquer contre elle. La personne avait retiré son masque pour dévoiler un visage d'une pâleur mortifère et des yeux d'un rouge de sang. Les traits féminins ajoutaient du cachet à cette albinos, dont le visage était étrangement prêt du sien.
Son regard était intense et souffle d'un calme glaçant était accompagné d'une délicate odeur de jasmin... et de sang.
La Britannique avait bien trop peur pour piper mots et c'est l'étrangère qui commença à parler.

" Je m'attendais à tellement plus de résistance de votre part lady Braincroft..." Susurra-t-elle avec un fort accent qu'elle pouvait identifier de Russe.

Frederica ne comprenait pas.

"Mon maître m'avait toujours dit de faire attention avec vous... De ne jamais attaquer de manière précipitée... À croire qu'il avait tort."  Rigola-t-elle en affichant un sourire carnassier.

La blonde ne comprenait toujours rien. Elle sentit le souffle de l'autre femme contre son oreille, puis contre sa joue. Le bout de la langue de celle-ci vint se poser contre le lobe de l'Anglaise puis une vive douleur suivit lorsqu'elle pinça avec ses dents celui-ci. Une vague de dégoût vint traverser le corps de la lady, faisant naître dans le creux de son estomac de terribles nausées.

"Mais l'heure n'est guère au bavardage... Mais bientôt, nous nous reverront sans aucun doute milady."  Gloussa-t-elle.

Elle relâcha la Britannique en la jetant au sol avec force et disparut dans la nuit. Le souffle court et la peur au ventre, elle sentit des larmes couler le long de son visage. Que venait-il de se passer ?
Elle ne le savait guère. Elle se releva donc, et s'en alla vers l'appartement où elle vivait, les jambes tremblantes.

Mais en ouvrant la porte de sa chambre, elle constata avec horreur que les lieux avaient été saccagés, mit à sac pendant son absence.

Quelque chose la ciblait... Mais quoi ? Qui ? Pourquoi ? Trop d'interrogations se mêlaient dans son esprit désormais embrumé par l'horreur de la scène... Mais tout ce qu'elle savait à ce moment-là, c'était que quelque chose de gros se préparait... Et que cela n'allait guère lui plaire.

(La robe )
Anonymous
Jericho Swain
Invité
Sam 23 Mar - 22:30

Contexte:

Le Grand Général noxien sentait la magie pulser dans ses veines, comme un crépitement diffus et contagieux, qui gagnait progressivement chaque fibre de son être. Il révisa mentalement les plans de bataille, fignolant les détails, recentrant son attention. Il n’avait pas usurpé le titre de Maître tacticien. Cent quinze victoires consécutives, et ce, en l’espace de seulement six lunes. Cent quinze victoires où son brillant intellect avait sans peine déjoué les pathétiques tentatives ennemies pour menacer ses positions. Cent quinze victoires durant lesquelles il avait fait pleuvoir la mort arcanique et les volées de corbeaux sur ses opposants. Cent quinze glorieuses victoires aux côtés de ses coéquipiers, et pas une qui ne lui soit pas due.

Il était le mage le plus craint des Champs de Justice, le thaumaturge le plus habile et retors, toujours à même de renouveler sa gamme de sortilèges et de malédictions pour prendre ses adversaires à contrepied. Le stratège le plus habile aussi. On n’avait jamais vu, de mémoire humaine, de leader aussi viscéralement charismatique, de commandant à ce point versé dans l’art de la guerre. Il lisait le champ de bataille avec l’aisance que confère une vie de pratique, telle une partition. Ses hommes étaient ses notes, et Swain composait une symphonie, un crescendo assourdissant, un déferlement presque poétique de violence maîtrisée. En bout de ligne : un seul point d’orgue. La victoire.

Il devait se hâter ; le prochain affrontement commencerait sous-peu. Bientôt, il pourrait savourer tout à son aise les dithyrambes qui accompagneraient son cent seizième succès. Mais pour l’heure, son invocateur et lui-même devaient trouver la salle d’invocation. L’Institut de la Guerre était, certes, l’un des complexes de bâtiments les plus vastes de Runeterra. Et, il fallait le souligner, l’architecture des lieux -toute en colonnes ombrageuses et en alcôves mal éclairées, en couloirs interminables et en salles hautes où le plafond se soustrait au regard- avait de quoi dérouter. Mais ce bon à rien en toge violette qui l’accompagnait faisait ce trajet tous les jours en sa compagnie depuis des mois. Comment pouvaient-ils être perdus ? En tant que champion, il devait se préparer pour la bataille à venir, pas se préoccuper du numéro de l’antichambre dans laquelle il passerait les prochaines heures reclus.

Avec une expression parfaitement à mi-chemin entre l’impassibilité et l’exaspération, le Maître tacticien quitta sa bulle de concentration et revint à l’instant présent. À sa droite, le jeune invocateur trottinait en se dévissant le cou -qu’il avait trop long- à force de regarder tout autour de lui. Il suait profusément.

Tobby, mon garçon, dites-moi que vous savez où nous allons.

Les bégaiements du dénommé Tobby et la manière dont il agrippait nerveusement les manches bouffantes de sa tenue vinrent confirmer les craintes du général. Sans une once de remord, il doubla le rythme de sa propre foulée et planta là son prétendu assistant.

Je trouverai seul.

Swain était le dirigeant de facto de Noxus, l’empire militaire le plus craint du continent. Un meneur d’hommes polyvalent et rompu à l’exercice du pouvoir absolu. Il connaissait sur le bout des doigts le tracé de toutes les lignes de ravitaillement, et se souvenait du lieu de chacun des campements qu’il avait fait dresser lorsqu’il était parti en campagne aux frontières de leurs territoires. Il trouverait.

Les colonnes défilaient, titanesques, forêt de marbre et de granit. Dans cette salle aux allures de cathédrale vide, il était seul. Ses pas claquaient, réveillant des échos qui allaient mourir loin derrière lui, aux confins de cette pièce insensée. Le noxien avait semé Tobby au cinquième tournant, juste après le corridor aux tapis damés. Il se souvenait de cette aile de l’Institut. Il quitta la fausse cathédrale, descendit une petite volée d’un demi-millier de marches et pénétra dans un énième couloir. Il s’arrêta devant la trente-sixième porte qu’il rencontra. D’un geste leste, il s’empara de l’anse rouillée qui servait de poignée au lourd panneau de bois et l’ouvrit à la volée.

En toute logique…

Un placard. Le général referma la porte avec délicatesse, cherchant à étouffer le son grinçant de son échec. Derrière lui, deux invocateurs en grande conversation passèrent, lui décochant au passage des regards interrogateurs. Il rebroussa chemin, le pas toujours plus frénétique, dévalant des colimaçons, retraçant des souterrains, traversant des salles de plus en plus exigües et de plus en plus obscures. Les torches aux murs s’espaçaient, et il n’avait plus vu d’éclairage magique depuis une éternité. Le dirigeant noxien finit par déboucher sur une sorte de crypte, où la mousse, les lichens et l’humidité régnaient sans partage. Il sentit un courant d’air, venant de sa droite. Abandonnant tout semblant de réflexion logique, il se mit à courir, le martèlement de ses bottes sur la terre meuble et celui du sang à ses oreille se couvrant mutuellement.

Là. La lumière, au bout du tunnel. À l’extérieur, il retrouverait son chemin bien plus aisément. Il était un homme de terrain, après tout. Exactement.

Il émergea et dut se couvrir les yeux, tant le déferlement de lumière, naturelle comme artificielle, agressait ses pupilles après toute cette obscurité. Autour de lui, des arbres, des lanternes, des orbes magiques suspendus et des…

Mais q-…

Il se jeta à terre et plaqua ses mains sur le sommet de son crâne. L’instant d’après, il sentit la chaleur de l’explosion lui lécher le dos. Il rampa, tandis que les morceaux de maçonnerie et les débris retombaient en pluie incandescente. Il n’avait pas fait deux mètres qu’une hache de jet démesurée se ficha sous son nez. Très dignement, il se releva. Moins dignement, il reprit sa course, alors que déjà les flèches pleuvaient sur lui et que des sortilèges tous plus mortels les uns que les autres venaient lui rappeler pourquoi on avait interdit les guerres runiques.

L’air lui-même s’embrasait, puis, sans que l’on ne puisse discerner le moindre nuage, la foudre frappait, une, deux, trois fois. Toujours plus proche. Des pièges explosifs et des chausse-trappes jonchaient le sol, et il manqua plus d’une fois de perdre une jambe dans sa fuite. Mais il refusait de ralentir. Il aurait juré avoir entendu le rugissement d’un dragon, quelques pas derrière lui. De tous les lieux de l’Institut où il aurait pu s’échouer, il avait choisi la Faille de l’Invocateur. Le lieu des combats, où les propriétés magiques sont renforcées et les armes ordinaires miraculeusement plus létales que dans tout le reste du monde. Mais à la différence des champions qui le prenaient pour cible, il n’était pas invoqué et risquait donc sa propre existence. La vraie, l’unique. Quelle. Bonne. Idée.

...

Il était très en retard.

...

Maudit Tobby.



Dans un univers parallèle :

[10:24] MadChickenz (Teemo) purchased Rabadon’s Deathcap
[10:31] [All] MadChickenz (Teemo): GG, report Swain
[10:33] [All] MadChickenz (Teemo): AFK in base
[10:34] [All] Jean Pierre du 82 (Ziggs): lol
[10:40] [All] MadChickenz (Teemo): from the beginning
[10:42] [All] MadChickenz (Teemo): tired of these f***ing morons always being in my team
[10:51] [All] Jean Pierre du 82 (Ziggs): easy game
[11:04] A summoner has reconnected
LicornePouèt
On fonce, on verra bien après!
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LicornePouèt
Sam 23 Mar - 23:17

Univers:
Personnage:

Médor leva la tête, l'esprit encore embrumé par l'inaction.

Oui, c'était évident.

Il étira longuement ses pattes antérieures dans un gémissement, puis passa aux pattes postérieures, non sans ronchonner.

Il n'y avait pas à hésiter.

S'ébrouant avec la grâce caractéristique des canidés pour chasser les derniers engourdissements, il prit ensuite le temps de humer un instant l'air.

Pas de doute.
                         Il devait uriner.

Grommelant intérieurement, il se dirigea vers le couloir.

Il entendit discrètement des voix parvenir de derrière lui. Il pressa le pas, imaginant déjà devoir subir le bavardage creux de quelque congénère. Malheureusement, le bruit de leurs pas semblait se rapprocher de secondes en secondes. Désemparé, il décida de bifurquer dès que l'occasion s'en présenta.

La bonne nouvelle, c'est que les pas s'éloignaient. La mauvaise, c'est qu'une lourde pile de classeurs s'écroulait peu à peu, entraînant bientôt dans sa chute divers manches ainsi que ce qui s'apparentait à un étendoir à linge accroché au plafond.

Médor passa rapidement sur le b****l de pourquoi quelqu'un s'était amusé à entasser des balais et des manches de pelle cassés dans une salle, juste à côté d'une tour de classeurs montant jusqu'au plafond et un étendoir, et commença à s'insulter mentalement.
Néanmoins, sa vessie lui rappela l'objet de sa quête, et il se concentra sur le déblaiement du chemin.

Ceci fait, les mâchoires endolories et la bouche pleine d'échardes, il arpenta rapidement les quelques mètres qui le séparait des escaliers.

Enfin, là où aurait dû se trouver les escaliers. A la place, il y avait un mur. Un joli mur hein, avec de l'ardoise aux volutes sibyllins.
Le loup regarda autour de lui. Il eut un doute. Avait-il tourné à droite ou à gauche la dernière fois ?

Revenant sur ses pas la queue basse, il scruta un instant le seuil qu'il avait dégagé des instants plus tôt. Puis il continua, pressentant où avait été son erreur.

En effet, dans sa précipitation urinaire, il avait mal tourné.

Revenu dans le droit chemin, il aperçut enfin pour de bon les escaliers. Impatient, il dévala joyeusement ses douces marches.

Et s'arrêta précipitamment par un craquement sinistre. Il scruta sa patte arrière qui le lançait insidieusement. Patte arrière qui avait disparu mystérieusement; sauf si on prenait en compte le trou béant autour d'elle.

Il secoua doucement sa patte, sans résultat. Il tira, mais elle resta coincée. Il tira plus fort, et lâcha un glapissement, un bout de bois venait de se planter dans sa fragile chair.

S'il s'était attendu à se faire attaquer par l'escalier !

Fortuitement, Médor connaissait aussi la douceur, et entreprit d'y aller mollo sur la manœuvre de sauvetage. Peu à peu, millimètres après millimètres, ses doigts réapparurent à sa vue, non sans quelques écorchures.

Enfin libéré, délivré, il put à nouveau réfléchir à autre chose, à savoir son besoin de vidange.

Malheureusement, chacune des marches suivantes semblaient avoir bien pris note de leur sœurette, et n'attendaient que de craquer à leur tour sous son poids pourtant fort convenable à son sens.

Par chance, il avait encore de la minutie en stock, et décida d'y aller mollo également sur la cavalcade dans les marches. Peu à peu, centimètres après centimètres, le rez-de-chaussée apparut à sa vue, non sans quelques frayeurs.

Il ne lui restait plus qu'à traverser le hall et...

Une silhouette féminine apparut à sa vue, pile au milieu du chemin et au moins aussi accueillante que ses foutus escaliers. D'un ton clair et sans équivoque, elle rappela à Médor la tache qui lui avait été confiée en premier lieu, à savoir récupérer une Clé à Palette auprès d'un de ses pairs missionné. Pair qui avait refourgué la mission à un autre, qui, un peu paumé, avait baladé l'objet partout avant de nonchalamment le poser dans la salle où débuta notre récit, et repartir en quête d'inutilité.

Le loup réagit à peine à l'absence de réaction qu'avait apparemment créé le piège traître dans lequel il s'était coincé quelques minutes auparavant, à seulement quelques mètres de cette charmante PNJ de quête. Il avait l'habitude à force.

Et, sentant le noir regard de l'inquisitrice sur sa pelisse de chair à canon, il s'en repartit gravir la meurtrière construction croulante et néanmoins reluisante. Heureusement, la montée semblait moins sujette à faire rompre la lunatique structure, et il parvint sans trop d'encombres en haut.

La seconde épreuve était de ne pas se perdre à nouveau. Bien sûr, toutes les portes se ressemblaient, alignées comme de fainéants écoliers en pause intercours contre les murs. Bien sûr, il connaissait les secrets de quelques-unes, et se fichaient des secrets des autres, tant que ceux-ci ne lui sautait pas dessus. Mais bien sûr, il avait en premier lieu suivi son distrait pair cité plus haut, et n'avait pas tellement pris note du chemin, tout persuadé qu'il l'entreprendrait une unique fois.

Médor se mit donc à renifler le sol à la délicate odeur désagréable, espérant se transformer en fin limier.

Au moment où il commençait à se sentir puissamment ridicule, sa supposée piste se stoppa net au pied d'une porte.
Fermée.
Sinon ce n'était pas drôle.
Forcément. Les porte restaient tout le temps ouvertes, ils pourraient être assiégés par des téléphones hématophages qu'elles resteraient grandes ouvertes, mais pile à l'instant où cette porte avait besoin d'être ouverte, celle-ci s'était close.

Sentant la patience le quitter pour de bon, Médor se mit à fixer la poignée. Et lui sauta dessus, tous crocs dehors.

Étonnamment, il se fit mal.

Moins étonnamment, il réitéra.
La douleur aussi.

Frustré, il décida de gratter le bas de la porte de toutes ses forces, éjectant quelques blocs de craies.

Attendez... Blocs de craie... ?

La porte s'ouvrit, enfin libérée, délivrée de ces fichus parpaings blafards qui la retenaient prisonnière.

Se sentit relativement débile, et accusant le coup que la colère pouvait l'aveugler, il pénétra dans le lieu.

Et se retrouva nez à nez avec une agrafeuse grande ouverte couverte de punaises pointes en haut, l'ensemble articulé sur des trombones et des stylos emmêlés, le tout emmitouflé dans un enchevêtrement de petits carrés jaune adhésifs.
Ce qui s'apparentait à la tête avait beau être à peine plus grand qu'une agrafeuse classique, si le terme s'appliquait encore ici, Médor eut un instant de recul face à la bestiole.
L'Objet lui chuintait mollement, peut-être de joie ou de vieillesse, dardant ses Bic vers lui.

Mais le loup s'en foutait, et il décapita l'abomination d'un grand coup de mâchoire véloce.

Ceci fait, il comprit vite qu'il s'était trompé de salle. Et accessoirement pourquoi la porte était bloquée, mais soit.

Maugréant sur tout l'univers, il essaya de se remémorer le trajet à nouveau.

Diantre, il n'y avait pas quinze salles non plus à l'étage !

Et finalement, il tomba dessus par hasard. Se méfiant, il rentra suspicieusement dans la pièce.

Cela ne l'empêcha pas de bousculer le mini-aquarium qui servait de cale-porte, et d'entendre cette dernière claquer sombrement derrière lui.

C'était un running gag ou quoi ?

Faisant tout son possible pour rester calme, il se hissa pour tenter d'agripper la poignée entre ses mâchoires. Il y parvint.
Un peu trop bien, car la poignée y resta plutôt que sur la porte.

Explosant de rage, il se rua sur la porte et tenta tour à tour de la mordre, la griffer et la défoncer de ses solides épaules de quadrupède.
Puis, exténué mais toujours enfermé, il hurla à la mort, sa vessie choisissant son moment pour se rappeler à son humble souvenir.

Ce fut à ce moment que la porte s'ouvrit sur un de ses compagnons, justement celui qu'il avait voulu évité tout à l'heure.
Compagnon qui semblait affable pour parler de son état d'esprit.

Je... Je dois aller rendre la Clé à Palette !



Et Médor s'enfuit de la pièce, l'instrument calé entre ses pré-carnassières. C'était tout ce qu'il avait trouvé, mais tant pis.

Il courut jusqu'aux escaliers, leva la première patte pour descendre l'édifice et...

... loupa la marche. Quelques douloureux tonneaux plus tard, il était arrivé aux pieds de la propriétaire de l'objet de quête.
Faisant fi de cette fierté au moins au temps détruite de que son dos, elle prit l'ustensile sans un mot et disparut dans l'ombre.

Douloureux, le regard vide, la vessie au bord de l'explosion, Médor n'y croyait plus. Il marcha d'un pas lent jusqu'à la sortie. Huma l'air un instant.
Les arbres torturés n'avaient pas bougé d'une racine dans le sol sablonneux.

Il contourna la bâtisse. Et là, il put enfin...




















Se réveiller.

Il avait la tête lourde, envie d'uriner. C'était d'ailleurs ce qui l'avait réveillé.

Ho non...



lâcha-t-il comme une plainte.


Code:
<transformation perso="Médor" />

Épreuve 5 - Équipes A et C [ ♦ ♠ ] 1BTcicf

Médor, wild furry friend:
Anonymous
Stanéria [NRP]
Invité
Dim 24 Mar - 0:04

Heavensaw ! Tout commença en Heavensaw. C’était une contrée tout ce qu’il y avait de plus paisible avec ses prairies verdoyantes, ses nains chaleureux et des petits oiseaux vous chantant des sérénades… jusqu’à ce que le vol d’un miroir sacré bascule l’équilibre des mondes et ouvre un portail démoniaque droit sur les enfers ! En guise de verts pâturages, ce sont des marais ou des déserts cauchemardesques et les bestioles démoniaques qui y vivent vous sifflent une toute autre chanson. Pas étonnant que les habitants aient filé dard-dard par la Brèche pour envahir tout ce monde joyeux. Et dans le lot, un jeune elfe noir qui profite de l’euphorie général (un bon massacre en perspective, ça galvanise toujours les troupes) pour échapper à ses obligations familiales et vivre sa vie. 270 ans plus tard, Stej avouera s’être largement épanouie en tant qu’assas… ahem, récolteur de dettes pour un capitaine pirate prêteur sur gages. Et puis hein, un bon massacre, ça fait toujours plaisir. Toujours.




"Ivre" n’était pas le mot exact qu’il emploierait. "Déchiré" non plus, il savait tenir une bouteille (ou trois ou quatre). Non, c’était quelque chose de plus subtil comme "éméché" ou "légèrement pompette". Une expression on ne peut plus ridicule si vous voulez son avis : avec sa sœur, il passait direct de "sobre" à "raide mort sous la table", pas de chichi avec les intermédiaires.

Stej en était à ces pensées brumeuses et totalement hors de propos pour un elfe noir honorable (il fallait vraiment qu’il ait un coup dans le nez pour se croire honorable) qui cherchait à dépenser sa récente paye dans un endroit classe et raffiné… avec une légère, très légère préférence pour le stupre et la luxure. Mouais, pas de chichi on avait dit. Enfin bref, tout ça pour dire qu’il titubait tout simplement vers le bordel qu’il fréquentait habituellement sur les quais, son p’tit nid d’amour factice mais hey ! les filles et l’alcool étaient de bonne compagnie.

Quelle ne fut pas sa surprise de rencontrer avant destination une superbe créature aux cheveux d’argent et le regard noisette qu’on les ingénues. Ce qui l’étonnait par ailleurs vue les rues de ce côté-ci d'Isotier. "Z’êtes perdue ma mignonne ?" l’aborda-t-il. "Nullement" lui répondit la belle avec un p’tit sourire qui le fit craquer. "Je suis exactement là je voulais être." Stej (ivre, rappelons-le) se sentait déjà sous le charme de ces yeux de biche et la laissa passer ses bras autour de son cou. "Ici, avec toi." Mais avant qu’il puisse lui répondre, un froid intense s’abattit sur sa nuque et l’assomma sur le coup.

Le sol tanguait toujours sous l’assassin mais rien qui ne soit attribuable à sa gueule de bois. Sa tête le lançait et le froid ressenti était à présent localisé au niveau de ses bras. A priori, il était à bord d’un navire, pas trop loin de la côte. En faisant le point, Stej lâcha un "Bordel c’est quoi ça ?!" de circonstance en remarquant qu’un amas de glace emprisonnait ses poignets au mât central. "Hey !" cria-t-il à l’aveuglette. "Mignonette ?! Z’êtes là ?"

"Yoru" souffla la jeune femme en entrant dans son champ de vision. Exit la petite jupe affriolante et le décolleté outrageux. Dommage. "Vous étiez mieux gaulée tout à l’heure" lui fit-il remarquer. "Et depuis quand les elfes de bonne famille jouent-elles les filles de joie et kidnappent leurs potentiels amants ?"
"Demie-elfe."
"Ce qui fait tout de même une moitié de famille de respectable…"
"Contrairement à vous, Messire Stej" sourit Yoru en dépliant un parchemin. Un avis de recherche, à son nom, avec une somme plutôt flatteuse.
"Effectivement… chasseuse de prime ça paye plus qu’une petite sauterie dans une ruelle. Mais on peut toujours concilier les deux, j’suis pas difficile."
Yoru effaça son sourire goguenard d’un geste de main, la volute blanche émanant du bout de ses doigts venant geler ses lèvres. Merveilleux, une mage de glace…

La demie-elfe parut satisfaite et rejoint la barre pour le large, ce qui l’éloignait encore plus d’Isotier. Il avait beau travailler pour un pirate, Stej n’avait rien d’un marin. Une violente secousse relégua son mal de mer en seconde place et sa migraine augmenta même d’un cran quand un rugissement digne des enfers fit vibrer le pont du navire. "Oh put… Un dragon !!" hurla-t-il à sa ravissante ravisseuse (il n’avait rien contre le corsage de cuir mais là, ce n’était pas le moment). "Délivrez-moi si vous voulez avoir une chance !"
"Et avoir en plus un assassin en liberté à gérer ? N’y pensez pas !" Mignonne et loin d’être stupide… C’était souvent le souci avec les mages mais pour le coup, ça ne l'arrangeait pas des masses. Puis l’instant suivant, tout partit magistralement en vrille.

La bête ailée qui les aborda était bien trop grande pour que le bâtiment puisse la supporter sans domage. Si le pont ne craquait pas sous son poids, les flammes ardentes qui s’abattirent sur la magicienne le mirent d’avantage à mal. Sous la chaleur, la glace qui maintenant Stej en plaça finit par fondre et en voyant le regard d’onyx du dragon cuivré, il aurait peut-être mieux fallu qu’il se fasse oublier. "Reste en dehors de ça Oisillon" gronda le dragon…ne ? L’elfe noir n’était pas un spécialiste en dracologie mais il lui semblait bien entendre une voix féminine (ou alors, c’était que le manque se faisait sentir plus qu’il ne le pensait). "Un peu d’aide ne serait pas de refus !" osa l’engueuler Yoru en bombardant le grand vers avec tout l’arsenal de ses sorts. Elle avait créé autour d’elle un micro-hiver, dont le givre se rependait de plus en plus dangereusement à mesure que le dragon faisait fondre la glace. "C’pas mon combat ma belle !" Ce fut tout ce qu’il ajouta avant de sauter à l’eau, sous le hurlement indigné de la demie-elfe.

Rejoindre le port à la nage n’était envisageable, l’assassin connaissait ses limites. En revanche, il put atteindre une plage de galets où il se laissa tomber malgré le sol on ne peut moins meuble. Les échos de la bataille à bord du navire lui parvinrent faiblement, quoique le craquement sinistre nettement audible quand le bateau s’ouvrit en deux lui laissa deviner la vainqueur. Pour tout dire, Stej en fut même ravi : c’était toujours une chasseuse de prime en moins qu’il lui faudra tuer plus tard. "T’es trop con mon pauvre gars" se dit-il tout de même. "T’sais même pas qui l’envoyait." Bah, il aviserait en tant voulu. Pour l’heure, il devait encore retrouver les jolies demoiselles et la promesse de leurs charmes lui donna un regain d’énergie.

Il faisait encore bien nuit quand les lumières d’Isotier furent enfin en vue. La dragonne semblait s’être envolée plus loin dans les montagnes maintenant que son problème avec la mage était réglé. Et le sien aussi par ailleurs. Tout ce qu’il avait à faire était de continuer de marcher à couvert jusq… "Bon…" soupira Stej avec un air las en percevant dans son dos un grincement étrange, "qu’est-c’qu’il s’passe encore ?" Petit coup d’œil derrière lui pour y voir un squelette avec une hallebarde. Uhm soit, rien de bien alarmant, il avait vu pire lors de fêtes populaires chez lui. Seulement, des cliquetis d’armures s’ajoutèrent aux grincements des rotules usées du revenant ; or, celui qu’il avait vu ne portait pas le moindre équipement. "Hey. A la base, j’voulais juste tirer mon coup moi ! Pas m’faire emmerder à tout bout de champ par une magicienne pseudo-nympho, une dragonne vengeresse venue d’nul part et une bande de morts-vivants qui vont finir plus morts que vivants s’ils continuent de m’les briser menu !!" s'insurgea-t-il, visiblement à bout.

Un rire hystérique, indéniablement celui d’une femme (mais qu’est-ce qu’elles avaient toutes  ce soir ?!), s’éleva derrière la mini-armée qui l’encerclait peu à peu. "Mais c’est qu’il mordrait… j’aime les hommes qui ont du caractère, ils font de parfaits protecteurs" se dévoila une orque à l’opulente poitrine, puant la magie nécromante à plein nez et l’air bien trop supérieur pour qu’il se calme.
"Ecoute-moi bien la grognasse !" fulmina Stej. "Même avec une cloche sur ta tronche, j’te voudrais pas en tant qu’lanterne dans ma baraque alors maint’nant, tu prends ta bande de marioles déglingués avec toi et tu dégages !!"
"Fumier" fut le seul avertissement qu’il reçut avant que les squelettes ne se jettent sur lui.

Quand l'elfe noir arriva enfin devant les portes de la maison close, elles furent réellement closes. Dépité, couvert de poudre d’os, une dague cassée et la tête de la nécromancienne orque tenue par les cheveux dans une main, il s’était même tapé un détour pour éviter les activités matinales des quartiers plus huppés du port et atteindre les quais moins fréquentables. "Oh Stej ! On t’a attendu toute la nuit mon chou, tu nous as manqué" lui dit Rosalyne, sa préférée. Elle l’acheva en lui posant un bisou sur la joue avant de partir avec un salue de la main… Les femmes étaient décidément bien contre lui cette nuit mais pas comme il l’aurait souhaité.
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