¶ La tartine mythique (pv: Ariane)

Cerbère ouvrit des yeux ronds. Il venait de tomber sur les marches compacte, qui, joueuses, au lieu de l'amortir, se durcir à son atterrissage.

- Kaïïïïïïï ! fit le chien sonné.

Il se redressa sur ses pattes arrières en titubant, puis se laissa tomber pour s'asseoir au sol, les pattes avant entre ses pattes arrières pour le maintenir debout.
Toujours nu comme un vers, il attendit que sa vision se stabilise afin d'y voir à nouveau un monde qui ne tournoyait pas.

Encore ces escaliers de toutes les couleurs ? Encore ces escaliers dont il savait qu'ils étaient dangereux ? Il se rappelait y avoir revu son maître adoré, et son corps était encore couvert des blessures qu'il s'était fait en défendant John.
Il se demanda d'ailleurs pourquoi est-ce que ce triste monde l'avait arraché à son maître qu'il avait été si heureux de retrouver, et ravala un sanglot de désespoir.
Il allait devoir tout recommencer. Se remettre à chercher chaque jour, pistant l'odeur de son maître disparu et la retrouvant sur des leurres destinés à l'embêter lui, et seulement lui.

Alors qu'il allait recommencer à monter les marches, dans l'espoir de retrouver son maître plus haut - ou juste de s'échapper d'ici pour reprendre ses recherches - le chien aperçut un humain, et se rua vers lui, heureux d'avoir de la compagnie et la langue au vent.

- Cerbère !! se présenta la bête d'un air fier.

- Salut toi, quelque-chose me dit que tu as envie de jouer ! Tu connais le cherche la tartine ? Non ? Alors c’est très simple, dans cet escalier il y a un groupe de gentilles tartines cachées on ne sait où. Le but c’est de trouver la tartine tachetée comme dans une chasse au trésor pour lever la malédiction qui me fait ressembler à un tas de gélatine ambulant… On joue ensemble ?

Ce que le chien compris ne fut pas énorme. Cherche et joue fut les seuls mots dont il connaissait le sens. Mais... qu'est-ce que cet homme voulait qu'il cherche ? Il le regarda, interloqué. Et puis, s'il ne lui donnait pas d'odeur à chercher, comme pouvait-il pister quelque chose dont il n'avait pas connaissance ?
En tout cas, l'homme avait dit que c'était pour jouer, donc c'était un jeu !

L'homme partit devant le chien sans attendre de réponse - qui n'aurait de toutes façons été qu'un jappement. Il le suivit donc à quatre pattes, courant joyeusement, désireux de connaître les règles du jeu dont il avait parlé précédemment. Comme ça il pourrait jouer avec lui !
Il le suivit donc docilement en observant ses faits et gestes.

- Jou...er ? parvint a articuler Cerbère en souriant.

- Wowh du calme !!! C’est quoi ce délire-là ?!

Cerbère était en train de lécher les pieds de l'homme, car il s'était arrêté, et la bête n'avait toujours pas compris le jeu, or, elle le voulait vraiment ! La seule chose que l'homme avait trouvé était des miettes de pains, qu'il s'était empressé de manger.

- Dis mon bon toutou, tu aimes les tartines ? Il y en a plein qui jouent à cache-cache ici ça te dirait de te servir de ton flair pour les trouver ? Renifle-donc les miettes !

Cette fois, le chien compris. Il voulait qu'il trouve ce à quoi ces miettes appartenaient ! Il courut dans tous les sens, nez au sol, avec le souvenir en tête des morceaux qu'il avait mangés. Mais alors qu'il cherchait joyeusement, tout se mit à vibrer, avant de s'arrêter de nouveau.
Le chien gémissant et tremblotant de peur sous l'effet de la surprise, aperçut rapidement la ligne de la porte entrouverte. Il ne fit ni une, ni deux, et se précipita pour l'ouvrir - d'autant plus que ça avait l'air de sentir très bon par là-bas !

Effectivement, les rêves de Cerbère semblaient s'être concrétisés. Une immense table était recouverte de dizaines - que dis-je, de centaines de tartines ! Le chien avisa la plus grosse, la plus appétissante et se mit en tête de l'attraper, courant après elle comme le chien rendu fou par la nourriture qu'il était. Il avait complètement oublié le pourquoi du comment il était arrivé là, tout ce qui comptait, c'était cette grosse tartine qui le fuyait.

Au bout d'une longue course poursuite, Cerbère l'attrapa enfin.

Après avoir attrapé une première tartine, qu'il jeta dans un coin pour en faire des réserves, le chien s'attaqua à une deuxième.

Après une petite course poursuite, il mit enfin la patte dessus, amusé et haletant.

Cela ne gêna pas plus que ça la bête que de se faire recouvrir de la bave gluante. Il se remit à poursuivre les tartines.

- Jouer ! Jouer ! faisait le chien en courant dans tous les sens pour attraper d'autres tartines.

Il mis à nouveau la patte sur l'une d'entre elles.