Voix d'Esquisse
« Vous ne sortirez jamais d'ici. »
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Date d'inscription : 01/06/2012
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Voix d'Esquisse
Dim 14 Jan - 19:45
(Il s'agit d'un rappel du contexte présenté dans le sous-forum Introduction.)

C'était en 2012.

Ou peut-être quelques années après 2012. Après tout, l'Esquisse ne date pas d’hier. Ses premiers habitants non plus, en fait. C'est d'ailleurs à peu près la seule chose qu'on puisse dire d’eux sans relancer un interminable débat.

En tout cas, qu'on soit arrivé ici hier ou la décennie dernière, tout le monde est là depuis 2012. À partir de là… chacun mesure midi à sa porte. D’après la voisine du dessus, il s’est écoulé « au moins cent quintes » depuis le Clocher, quoi que cela veuille dire. Chez l'explorateur d'en face, on a vu les espiaigles revenir dix fois de leur migration et la cocotte-minute chanter huit fois depuis leur dernier passage. À en croire le vendeur de journaux, le CVC a changé quarante-cinq fois de secrétaire et c'est la dix-septième fois depuis le début de sa tournée qu'on lui demande d'expliquer le sigle.

Vous, vous avez compté à peu près trois jours depuis le moment où vous avez brutalement ouvert les yeux sur ce désordre.

L'Esquisse, comme on le nomme par ici.

On ne sait pas trop ce qu’elle est, ni ce qu’on est par rapport à elle. À vrai dire, on ne sait pas non plus pourquoi on est là, ni pourquoi on s’y retrouve parfois sous une forme différente. Nombreux sont ceux qui ne savent même plus à quoi ils ressemblaient, avant, ni qu’il y a pu avoir un avant l’Esquisse. L’un aura un bras supplémentaire, l’autre perdu la parole. L’un aura retrouvé sa jeunesse, l’autre perdu l’esprit. L’un sera dans le corps d’un animal, l’autre, infortuné, ne sera plus qu’un objet parlant. C’est que l’Esquisse en compte beaucoup, du mécanique au presque humain et il n’est pas toujours facile de savoir si on a affaire à quelque chose d’inerte, à un animal ou à l’un de vos semblables.

Soit. Peut-être qu’à défaut de quand et de qui vous êtes, il faudrait préciser où. Ce qui est sûr, c’est que dans l’Esquisse, le ciel est globalement mauve quand vous levez la tête, qu’il ne s’y trouve pas de soleil et que la lune est un morceau de fromage qui rebondit. Hier, vous avez cherché l’Inspiration pour y faire trempette, en pensant qu’il suffisait de suivre les lampadaires qui poussent à perte de vue dans les plaines pour la trouver. Finalement, vous avez adopté une gelée de compagnie, fui une nuée de pamplemouches géantes et vous voilà, vous ne savez trop comment, dans un chariot qui revient des Monts Vêtus.

Alors, le regard perdu dans la contemplation d'une jeune éolienne dont les pales éclosent à peine, vous faites le point. Quoi qu'il en soit, vous allez probablement rentrer en Ville, passer une nuit à l’Hôtel et partir décrocher l’une de ces offres d’emploi qui pendouillent un peu partout. Il paraît que les Hussards azur cherchent des gens dégourdis pour des missions plus ou moins louches, mais bien “payées”… pour ce qui sert d'argent ici. À défaut, il y a de la concurrence : le Syndicat des marchands, les Magendarmes, ou même les fromineurs proposent toujours une babiole, un repas à l’œil, un service en échange d’un autre.

La nuit tombe soudainement, comme à chaque fois. La lumière disparaît, l’Esquisse est plongée dans le noir aussi soudainement qu’une pièce dont on aurait éteint la lampe. Vous avez de la chance, un de vos compagnons de voyage a un corps qui brille dans le noir, aussi votre trajet peut-il continuer sans trop d'encombres. Il y en a qui se réveillent avec des particularités plus utiles que d’autres, songez-vous, avant de poser un regard compatissant sur cette femme dans un corps de banane qui vous accompagne. Trop longtemps, qu'elle est là. Pas une Tempête, pas une pharmacopée miracle, n'a pu lui redonner une apparence un peu plus humaine.

Vous regardez les lueurs fluorescentes s’étaler sur la rampe du chariot. Derrière vous, alors que vous vous attendiez à observer le désarroi de ceux qui vous suivent, désormais plongés dans le noir, c'est un autre spectacle qui s'offre à vous. Chez eux, on n’a point de lumière, mais on a trouvé une étrange mixture à se mettre dans les yeux pour voir dans la nuit. Plus loin, on a capturé un crapaud à tête de lampe-torche, équipé le chariot de phares portatifs, ou simplement commencé à discuter pour voir s'il y avait de quoi en créer un en commun. Bientôt, c’est toute une colonne de lueurs qui chemine derrière vous, sous les regards amusés et les commentaires des campeurs à peine installés sur des talus avoisinants. Que ce soit dans les chariots ou sur les bords des routes, chacun y est allé de sa créativité. On n’est jamais totalement taillé pour son séjour dans l’Esquisse, mais elle est ainsi faite qu’on peut toujours s’y dessiner un chemin.

Il en va de même face à toutes ces choses qui nous échappent encore : le réveil inexpliqué, les montagnes habillées, le fleuve alambiqué… Ces absurdités, certains les étudient, d’autres les acceptent, d’autres encore les admirent – il est vrai que l’Esquisse est parfois belle. Pas un jour ne passe sans qu'une expédition ne quitte la Ville, sans qu'un poème ne la célèbre, sans qu'un marchand n'essaie de le revendre devant le Clocher, ou sans qu'un nouveau groupe de téméraires ne tombe dessus, ne s’en empare et ne s'en inspire pour tracer les contours de nouvelles histoires.
Telle est l'Esquisse, un monde qui s'écrit et se réécrit au gré de vos desseins – et parfois des siens.

C'est maintenant à vous de prendre le pinceau. Quoi que vous en fassiez, vous laisserez votre marque quelque part.



Si vous avez apprécié votre lecture, vous pouvez en découvrir plus sur l'Esquisse en allant lire le concept du forum si pas déjà fait, puis la présentation de l'univers des Brises qui est le "point de départ" des annexes.


Dernière édition par Voix d'Esquisse le Dim 28 Jan - 22:56, édité 1 fois
Folie d'Esquisse
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Folie d'Esquisse
Dim 24 Juil - 16:50

Anciens contextes et teasers

Purement facultatifs, juste à titre d'archive





Premier contexte des Brises



Ce n'est pas son monde. Et ce n'est pas un rêve.

C'est en guidant sa conscience à travers ses vagues d'émotions que l'être humain le voit.

Noyant jusqu'à l'horizon, il y a ce ciel qui s'agite et s'écoule en torrents sereins. Il voit quelque chose d'étourdissant, mais aussi de merveilleux, dans ce flot d'images mauve, où le soleil semble cependant manquer à l'appel. Quelque chose qui l'intrigue et attire irrésistiblement le regard de sa curiosité naissante. Si ce n'est pas un rêve, alors qu'est-ce ? Un autre monde ? Une nouvelle dimension ? Et le reste ? Qu'est-il advenu de la vie qu'il laisse derrière lui ? Et qu'est-ce qui l'attend dans celle-ci ?

Ces questions ne trouvent pas encore de réponse. Chaque pas le plonge un peu plus dans l'inconnu, le perd dans le fleuve de sa pensée, l'enlève à son berceau de conceptions et d'habitudes. Il ne sait plus s'armer de certitudes. Par-ci, cet objet aux airs de banane pourrait aussi bien être un téléphone. Par-là, ce fruit mystérieux pourrait tout à fait colorier en bleu les oreilles de qui le mangera. Tantôt il s'en exaspère, tantôt il s'en méfie. Il vient même à s'en inquiéter lorsque certains de ces objets s'animent comme s'ils étaient dotés de vie. Mais au coeur de son trouble, au creux de ses vagues, il sent poindre une toute autre lueur que celle de ce soleil perdu. Celle d'une curiosité qui ne cesse de grandir en réponse à l'appel de ce nouveau monde.

Sa voie désormais éclairée, il réalise qu'il n'est pas le seul à l'emprunter.  Parmi les vagabonds qui marchent près de lui, les plus aventuriers se jettent à corps perdu dans toutes les surprises que peut leur offrir ce monde nommé l'Esquisse. D'autres, plus casaniers, tentent d'y retrouver un semblant de quiétude en dépit de tout ce qui s'y passe. En marge, les rêveurs égarent leur esprit loin de la scène de ce monde. Au centre, les acteurs se prennent à la monter ensemble.

Tous peignent, à leur manière, les traits de leur nouvelle vie dans l'Esquisse, tout comme vous peindrez la vôtre. De quelles teintes en iriserez-vous les jours ?  Sous quelle forme en tracerez-vous les chemins ? Qu'offrirez-vous à la lumière, et que laisserez-vous attendre dans l'ombre ? Quelle place dans votre toile réserverez-vous aux visages qui la couvriront ? Les assortirez-vous de propres aplats ou des coups furieux de votre pinceau ? Inscrirez-vous vos péripéties sur la toile céleste, les murs de la Ville, les pierres de plaines inconnues ou même les pages du temps ?

Instrument de votre chef-d'oeuvre ou glaive de votre cause, votre pinceau dessinera sur ces interrogations les traits d'un nouveau personnage.


Ce post a été écrit à l'occasion de la sortie d'une nouvelle annexe dans les Brises (celle sur les organisations). Il est totalement facultatif et sert seulement à donner l'ambiance générale et, après ça, expliquer ce que ça implique pour ceux qui étaient déjà sur le forum avant. Vous pouvez donc le passer, le lire en diagonale ou directement jeter un coup d'oeil à l'annexe concernée !


Un nouveau souffle sur la Ville


La Ville n’est pas fatiguée.

Aujourd’hui, la journée a été trop courte. Quelques heures à peine, à vue de nez. Peut-être encore moins. Alors, comme à chaque fois que cela se produit, les rues se vident et les verres se remplissent. Il n’est pas une taverne qui refuse cet afflux de fêtards et de désœuvrés, sous les lueurs d’un Marché encore effervescent.
Petit bar juché au sommet d’un bâtiment, l’Esquirol affiche complet. Trop complet, même, à tel point qu’on a réparti les clients comme on a pu entre les tables. La boisson aidant, ces assortiments aléatoires créent parfois des amitiés ; il semble bien que la cyantifique à votre gauche a sympathisé avec le marchand en face de vous. Cela fait un bon moment qu’ils parlent de tout et de rien en enchaînant les whisquisses. En espérant qu’ils se souviendront de leur franche camaraderie le lendemain - ou qu’ils l’oublieront tous les deux.
À votre droite, il y a un étrange personnage. Un petit téléviseur avec des pattes, que vous avez d’abord confondu avec un Objet - il en est qui fréquentent aussi les bars - mais qui vous a assuré être un Dessinateur ; non pas que la limite entre les deux soit bien claire de toute façon. Il a siroté calmement son verre de thé-au-riz, avant de vous alpaguer discrètement.

« Dites-moi, ça ne vous dérange pas, vous, d’être à la même table qu’un cyantifique ? Avec tout ce qu’ils font… »

Vous regardez la jeune fille déjà à moitié endormie sur la table. Vous savez que derrière cet air innocent, il se dit de plus en plus de choses - vérifiées ou non - sur les activités de ce «peuple» un peu particulier. Expériences éthiquement discutables, secrets bien gardés… Depuis l'Éternuitée, les cy-antis avancent chaque jour de nouvelles preuves et théories contre les cyantifiques. Il ne serait pas étonnant que l’écran cathodique qui vous parle en fasse partie.
Avant que vous ne puissiez donner votre avis à votre interlocuteur, la porte s’ouvre dans un fracas. Soudainement, un petit vieux armé d’une épée laser, une motarde en tongs et un cow-boy chinois, tous vêtus de vert, entrent en trombe, puis encerclent l’homme-oiseau qui mangeait son croix-sang à la table d'à côté.
« Alors, mon coco, c’est toi qui a essayé de pigeonner l’un des nôtres ? demande d’un air menaçant le jedi septuagénaire en plaquant les mains sur la table.
Je ne vois pas de quoi vous parrrrlez… Veuillez me laisser trrrrranquille, répond-il calmement.
Désolée mon poulet, mais on a des preuves. », assène la motarde avant de jeter sous le nez du malheureux volatile une bourse dont la simple vue semble faire frémir l’accusé, qui essaie alors de se lever, avant que son regard ne croise celui du vieillard - ou plutôt de son arme. Vous le voyez jeter ensuite un œil à sa voisine de table, une dame en costume chic.
« Qu’est-ce que vous attendez ?! Vous avez déjà oublié notre contrrrrat ?!
Au prix que nous avions convenu ?
J’imagine que je n’ai plus vrrrraiment le choix ! »
Sans masquer son sourire mesquin, la lady attend quelques secondes, puis claque des doigts. Aussitôt, tous les clients des deux tables autour d’elle se lèvent.
« Vous allez me faire le plaisir de quitter ce bar, vous importunez mon client. »
Loin d’être impressionnés, les trois loubards répliquent.
« On a une affaire à régler avec votre ‘’client’’. Vous voulez pas déclencher une guerre avec nous, je me trompe ?
Au prix qu'il nous a promis, si.  »
La tension a été suffisamment palpable pour déloger la petite cyantifique de son sommeil.
« Les Hussards et les Verts-Veines ? Encoore ?
T’inquiète. Le bar a appelé le Syndicat, ça d’vrait plus tarder.
Aaaahh d’accord. » se contente-t-elle de répondre, avant de fermer à nouveau les yeux.
Vous remarquez que le petit téléviseur sur pattes a disparu. Comme quelques autres clients, qui ont laissé leurs verres sur la table.  À leur place, c’est le gérant du bar, un petit écureuil que la cyantifique voulait disséquer un peu plus tôt, qui vient personnellement vider leurs consommations. Un établissement sans gaspillage, ça fait plaisir à voir.
Au moment où cette pensée vous traverse, un verre est jeté contre le sol. Le temps de trouver d’où, où plutôt de qui vient l’acte, ce sont deux personnes qui arrivent en courant dans l’Esquirol en pleine pagaille.
« Halte là ! »
Les lascars et les mercenaires se retournent vers les Magendarmes, qui brandissent une épée en bois. Avant de reprendre leur discussion comme si de rien n’était.
« J’ai dit : halte là ! insiste le mousquetaire freluquet qui les a interpellés.
Oui ben, déjà on court pas, et ensuite vous allez nous laisser régler cette affaire. » rétorque le papy, en pointant son laser vers la cavalerie - sans effet particulier.
Quelque peu décontenancé, le maigrichon s’approche malgré tout. C’est cette fois la dame toute d’Azur vêtue qui l’intercepte, d’un geste de la main lancé à ses subordonnés.
« Huit contre deux. »
« Ah oui ? »
Pour rajouter au bordel ambiant, c’est cette fois un grand homme qui s’avance avec sa cape flottant au vent. Il est talonné par trois aventuriers - visiblement recrutés pour combler les effectifs - et celle qui semble être une représentante du Syndicat des marchands.
« Si vous vouliez régler ça en privé, il fallait le faire ailleurs. Nous avons un accord pour protéger ce bar. »
Le patron du bar, qui a fini de siphonner toutes les boissons, acquiesce d’un hochement de tête et vient se loger sur la tête du chevalier fuschia.
Face à tout ce remue-ménage, votre voisine s’est à nouveau réveillée. Après avoir jeté un vague regard à la scène, elle lâche :
« Au fait, il est parti où le piaf ? Je le vois pu. »
Les trois groupes se retournent, vers la chaise désormais vacante. Un court instant de silence s’installe.
« Bon bah… je crois qu’on va devoir vous laisser, à la revoyure ! lance la motarde Vert-Veine avant de se précipiter - malgré ses tongs - vers la sortie de service, talonnée par ses deux acolytes.
Si vous pensez qu’on va vous laisser partir comme ça ! jette à son tour le Magendarme, avant de se lancer à leur poursuite.
Ramenez-moi mon pognon ! » darde la Hussarde en costume, avant de lancer ses hommes à leurs talons.

Ainsi se conclut, sous la stupéfaction des nouveaux clients et l’amusement des réguliers, cette escarmouche comme il semble s’en dérouler de plus en plus souvent dans la Ville. Des conflits que personne n’aurait pu imaginer il y a un mois de cela, tant ils impliquent des acteurs dont on n’entend parler que depuis récemment. Pour certains, c’est comme si, du jour au lendemain, des groupes aux intérêts divergents et enchevêtrés avaient soudainement poussé comme des champignons. Pour d’autres, les graines étaient déjà là depuis longtemps et n’ont fait que trouver un terrain particulièrement fertile, dans cette Ville grandissante et désorganisée. Quand bien même une bonne partie des Dessinateurs continue de faire sa route loin de cet échiquier, il suffit parfois d’une interaction avec la mauvaise personne pour se retrouver happé dans ses engrenages, pour le meilleur comme pour le pire. Difficile de dire si cet homme-oiseau est la victime d’un malentendu ou un caïd qui maîtrise parfaitement son jeu.

« Probablement les deux à la fois… » soupire le marchand, alors qu’il vous rejoint à la sortie du bar, en portant son acolyte sur son dos. Dehors, le jour vient de se lever et quelques personnes déambulent dans les rues pour y placarder des affiches. Quêtes, publicités et annonces en tout genre se mélangent sur les murs du Marché insomniaque. Votre compagnon de beuverie improvisé détourne brièvement son regard pour vous dévisager un instant, puis il s’interroge :

« Au fait, j’t’ai pas demandé, t’es quoi toi ? »




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